Hon y groit !

Quelle que soit la religion, les convertis sont souvent les plus jusqu’au-boutistes. C’est le cas de Yakin, récemment converti à la défense à trois, qui préfèrerait crever que de revenir à la défense à quatre qu’il avait pourtant instaurée à son arrivée et avec laquelle la Nati a disputé toutes ses qualifs… Quitte à nous sortir une composition complètement inédite dans un énième coup de poker.

Le match en deux mots

Allez Louïa !

L’homme du match

Michel Aebischer : le gars n’a jamais joué milieu gauche cette saison dans son club de Bologne, et pour son dépucelage à ce poste, qui plus est en match international à l’Euro, il réussit un assist et plante un goal.

Il faut bien comprendre que Yakin conçoit son job de sélectionneur comme une grande partie de Football Manager grandeur nature, en se foutant du fait qu’il n’y a pas de sauvegarde. Et à force d’aligner tous les joueurs à tous les postes, il y a fatalement une fois où tout s’aligne. C’était hier.

La saucisse du match

Moi.

Je n’avais pas compris que le football de Yakin se jouait dans une dimension parallèle. Une dimension dans laquelle les matches de qualification ne servent pas à préparer le tournoi qui vient, une dimension dans laquelle les choix effectués pendant deux ans ne préjugent rien de la suite.

Ainsi tu peux changer de système à chaque rassemblement, faire jouer n’importe qui à n’importe quel poste, n’avoir aucun systématisme dans tes schémas, voire même ne jamais vraiment exercer aucun schéma plus de trois matches de suite, et le jour J tu alignes un gars qui a 45 minutes d’expérience internationale et un autre qui n’a quasi pas joué les qualifs, et finalement après 12 minutes c’est le 2^ème qui fait la passe au 1^er pour l’ouverture du score.

C’est bien, ça permet de relativiser : du coup je connais autant le foot que n’importe quel footix qui ouvre un demi-œil tous les deux ans, ou que ma voisine qui confond l’Euro et l’Eurovision et qui s’étonne que ça se répète deux fois en quelques semaines.

Le tournant du match

Plus que celui du match, j’espère que c’est le tournant du tournoi pour la Nati : l’entrée de Breel Embolo à la 74^ème.

Au moment où il entre, personne n’attend rien de lui, on est juste contents de le revoir sur un terrain après sa grave blessure. Mais il ne peut pas s’empêcher d’en planter un au passage.

Embolo, même avec toutes ses carences techniques, ça reste aujourd’hui plus fort que Amdouni, Okafor et Duah réunis.

L’esthète du match

Entré à la 79ème minute, Martin Adam est attaquant au Ulsan HD Football Club, en Corée du Sud. Dans un championnat où la taille moyenne des joueurs doit avoisiner le mètre soixante et dans lequel les attaquants se font la courte échelle sur corner, il ne doit pas passer inaperçu avec son mètre nonante-et-un et son quintal.

David Lemos a salué son entrée par un « C’est un tronc d’arbre ! », et effectivement j’ai vu des Golgoths moins impressionnants. Lors de son entrée, tu avais vraiment l’impression qu’un combattant de MMA ouzbek avait été convoqué par erreur.

Le geste pourri du match

Content qu’on soit petit à petit sortis de la polémique sur le mauvais gazon du centre d’entraînement de la Nati, cela commençait à sentir la mauvaise excuse en cas de défaite.

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Le chiffre à la con

Un.

L’apprenti-magicien-Yakin-qui travaille-sans-filet a eu raison hier. Pour l’instant ça fait encore 10-1 en faveur de n’importe nawak, mais on est le lendemain d’une victoire hyper importante, on ne va pas bouder notre plaisir.

Des victoires comme hier, il va m’en falloir encore quelques unes pour oublier le Qatar, les qualifications de merde et les amicaux approximatifs. Mais dans l’absolu je préfère gagner en ayant tort avec Yakin que perdre en ayant raison avec n’importe qui d’autre.

L’anecdote

On a senti la Nati vaciller en deuxième mi-temps, après la réduction du score hongroise. Widmer, averti dès la 4^ème minute, était à deux doigts du rouge et semblait physiquement au bord de la rupture. Et vous savez ce qu’a fait Yakin ?

Il n’a pas fait rentrer Steffen à contre-emploi, il n’a pas demandé à Shaqiri de jouer sur les mains, il n’a pas fait rentrer un golden retriever… Rien de tout ça. Il a sorti Widmer, latéral droit, pour faire rentrer Stergiou, latéral droit.

On va peut-être pouvoir en faire quelque chose, finalement.

Si le match était une bière

Tu es dans un pub, désespéré, tu commandes une Heineken light sans alcool en cherchant le numéro de Dignitas sur ton Natel, et on te sert une Triple Karmeliet qui te redonne goût à la vie.

La minute Johan Djourou

C’est compliqué quand la Suisse joue. Déjà je fais venir des potes à la casa, et je passe une heure avant le match à les engueuler à cause de la composition de la Nati, comme si c’était de leur faute. Et pendant le match, j’ai du mal à me concentrer sur les commentaires.

J’ai quand même bien noté que Djourou avait du mal avec les liaisons. Pour résumer, les Zhongrois n’ont pas été les zhéros à la zhauteur du match.

C’est pas grave, Johan. Faut pas avoir zhonte.

Le pronostic d’avant-match selon l’indice ADOLF (Average Deluxe Omniscient List of Football)

Etonnant faux pas de notre indice, qui plaçait la Hongrie 5^ème. Mais c’est parce que les données que nous utilisons sont rationnelles. On pouvait prédire que Yakin allait jouer à la roulette russe avec 5 balles dans le barillet, mais pas qu’il allait gagner, cette fois.