
Ancien joueur de l’équipe nationale suisse de tennis de table, le Genevois Nicolas Champod excelle désormais sous le nom de Swiss11Rally dans la version réalité virtuelle (VR pour « virtual reality ») « Eleven Table Tennis » dans laquelle il est actuellement 2e mondial sur plus de 2 millions de joueurs. Carton-Rouge l’a rencontré.
Après sa carrière de pongiste durant laquelle il a gagné entre autres 4 titres de champion suisse en double mixte avec Rachel Moret, la Coupe Suisse en club et atteint la 350e place au classement mondial, il s’est reconverti en entraîneur. Il officie au club de Bernex (GE) et est également le coach du français Maxime Thomas, médaillé de bronze aux Jeux Paralympiques de Tokyo. En parallèle, il est enseignant remplaçant dans des classes primaires. À côté de ses engagements professionnels, il continue à jouer en ligue nationale au CTT Bernex.
Ce ne sont cependant pas les seules activités de ce Genevois de 34 ans. Il s’est essayé avec brio au racketlon (sport 4 raquettes) dans lequel il a été top 50 mondial en simple ainsi que top 10 mondial en double messieurs et double mixte. Mais c’est un peu par hasard qu’il a découvert son nouveau passe-temps. Il voit passer une vidéo d’un jeu de réalité virtuelle de tennis de table sur Instagram : « J’avais déjà essayé rapidement le jeu à un stand découverte et j’avais trouvé sympa. Mais c’est en voyant que les points ressemblaient vraiment à du ping que j’ai eu envie d’acheter le jeu », explique Nicolas Champod. Il achète donc en janvier 2024 tout le matériel pour y jouer. Pas besoin de console de jeu, il suffit d’acheter un casque de réalité virtuelle comme ceux que propose Meta (Facebook, WhatsApp, Instagram, …). Pour plus de sensations, il s’est également procuré un adaptateur pour raquette. « Depuis, je regrette presque d’avoir acheté ma PS5 deux mois auparavant. Je ne l’ai plus touchée ! ».
Le matériel utilisé par Nicolas Champod
En janvier 2024, il commence tout de suite à beaucoup y jouer et il arrive immédiatement à transférer ses capacités de pongiste dans le jeu. « C’est incroyablement réaliste. Il est vraiment possible de gérer les effets comme dans le ping réel. La seule grande différence réside dans le fait qu’il n’y a pas de sensation de toucher balle-raquette. » explique Nicolas. Après avoir compris le fonctionnement général du jeu contre un bot (l’ordinateur), il se lance dans le mode en ligne et gagne ses 60-70 premiers matchs. « Avec mon passé de pongiste, je suis rapidement monté au classement car mis à part quelques adaptations, je joue comme dans la vraie vie ». Quatre mois plus tard, il pointe à la 220e place mondiale et se dit qu’il y a moyen de truster les meilleures places. Il s’entraîne donc plus sérieusement et joue directement dans la salle de son club pour avoir plus d’espace pour se déplacer. En septembre 2024, il est 2e mondial et gagne dans un match à suspense le plus gros tournoi mensuel face au n°1 mondial français. Les rencontres sont plus longues car il y a beaucoup plus de sets que dans la réalité. Le prize money s’élève à 600 $, pas de quoi devenir riche mais au moins de rembourser le matériel.
Finale du mois de septembre
La gestion des effets est primordiale dans ce sport. On ne s’en rend pas forcément compte en jouant à la piscine du coin sur la table en pierre avec le fameux filet en métal mais quiconque a déjà échangé des balles face à un joueur de club sait que c’est un tout autre sport dès qu’il y a des effets. Et malheureusement, il est impossible de maîtriser tant la création que la réception d’effets sans des heures et des heures de pratique. C’est la raison pour laquelle dans le top 15 mondial, il n’y a que des très bons pongistes. « C’est impossible de bien jouer à Eleven si tu ne sais pas jouer au ping », confirme le Genevois.
À ma connaissance, mis à part les simulateurs de course (voiture, cyclisme) ou avion, c’est la première fois de l’histoire du jeu vidéo qu’on s’approche d’un sport qui demande tactique, technique et eu déplacement physique. Pas besoin de jouer au foot ni d’être sportif pour être bon à FIFA. Les jeux vidéos de sport, c’était un peu la revanche des sédentaires qui préfèrent largement la bière aux haltères et les chips aux dips. La réalité virtuelle pourrait être le début d’une nouvelle ère. « À la fin de ma finale, j’étais mort. J’ai fait l’étoile 10 minutes par terre. » explique Nicolas. On croisera donc peut-être bientôt des gens au fitness qui vont nous expliquer qu’ils s’entraînent pour leur jeu VR !
Bien que les jeux vidéos peuvent développer des compétences cognitives, c’était tout de même plus compliqué musculairement parlant mis à part des pouces saillants. Les assurances-maladies feront peut-être des réductions pour x heures de jeu. Et si on avait trouvé la solution pour baisser les primes ? (Calmez-vous, vous lisez Carton-Rouge, c’est juste pour rigoler).
Faire le ping-pong entre réalité et virtuel
« J’ai même l’impression de mieux bouger dans le ping réel depuis que je joue à Eleven. Je pense qu’il est possible de progresser au niveau technique en jouant à ce jeu, sauf pour le toucher de balle bien évidemment » explique le n°2 mondial. Mais le ping n’étant déjà pas vraiment considéré à sa juste valeur dans l’imaginaire collectif, ce n’est certainement pas la réalité virtuelle qui va améliorer la situation. Cela dit, les frères Lebrun ont réussi l’exploit de populariser ce sport pendant les Jeux olympiques. Ils ont aussi prouvé qu’on pouvait être une star du sport et avoir une tête de geek. Eleven Table Tennis va peut-être éveiller des passions et faire augmenter le nombre de licenciés, qui sait ?
Pour Nicolas Champod, le prochain objectif est de gagner le tournoi du mois d’octobre puis le top 16 du mois de novembre qui regroupe les… 16 meilleurs joueurs du moment. Il va également tenter de se qualifier pour les championnats du monde qui auront lieu en présentiel à Helsinborg en Suède. Étant donné que ce sont les résultats sur toute l’année qui sont déterminants, il devra passer par un tournoi de qualification.
Si vous voulez tester ce jeu, il vous faudra un casque VR mais également une bonne connexion. Ce serait quand même le comble d’avoir un mauvais ping au ping.
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