Racketlon – mes championnats du monde à moi

Les championnats du monde de Racketlon se sont déroulés du 21 au 24 octobre 2021 à Langnau am Albis, dans la banlieue zurichoise. Plus de 250 joueurs et joueuses étaient réunis pour tenter de décrocher les différents titres de champions du monde. Et il se trouve que dans le tas, il y avait moi.

Par le biais de cet article j’aimerais tout simplement tenter de vous faire rentrer dans le monde du racketlon par la grande porte, celle des championnats du monde. Vous faire vivre l’ambiance qu’il y a lors de ces tournois et vous expliquer à quel point ce sport est extraordinaire et qu’il faut absolument le tester si vous aimez les sports de raquette. Alors, en voiture Simon, direction racketlon !

C’est quoi le Racketlon ?

Le racketlon est un sport qui combine les 4 principaux sports de raquettes. Un match se compose de 4 sets de 21 pts, sous forme de tie-break, chacun se déroulant dans un sport différent, dans cette ordre : tennis de table, badminton, squash et tennis. Le gagnant est celui qui récolte le plus de points. Par conséquent, chaque point compte et tous les sets deviennent extrêmement tactiques, le but étant d’écraser l’autre dans sa discipline de prédilection et de limiter les dégâts dans sa discipline la plus faible. Ainsi, les tactiques de jeu dépendent réellement du profil du joueur adverse, ce qui rend le sport toujours tactique, mental et intéressant.

Pourquoi c’est génial ?

Vient le moment de la partie « promotion de mon sport méconnu ». Le racketlon, c’est génial parce que c’est la possibilité de jouer à 4 sports super fun et de s’entraîner dans ceux-ci en ayant un objectif. Nombreux sont ceux qui se découragent après quelques années de pratique d’un sport car il arrive une période où l’on stagne. Le racketlon, c’est la possibilité de progresser dans 4 sports tout en voyant le résultat dans un seul tournoi. C’est aussi génial car c’est ouvert à tous, même les championnats du monde. Pourquoi ? Comment ? Vous en saurez plus un peu plus tard. Ce sport de manches, c’est aussi une communauté nationale et internationale, une sorte de grande famille qui se retrouve à chaque tournoi. Il y a également une grande entraide car vous avez toujours la possibilité d’aider un autre joueur, même s’il est bien plus fort que vous, en lui donnant des conseils sur son sport faible alors que c’est votre sport fort. Par conséquent, peu de gens se la pètent vraiment car même si le gars va t’écraser au tennis, il ferme sa gueule car il a pris une petite branlée dans un autre sport. Forcément, cela rend un peu plus humble. J’ai encore évidemment des tonnes d’arguments mais j’ai peur que cela fasse un peu trop vendeur de tapis, alors je vais me retenir et m’arrêter là.

Allez viens faire du Racketlon ! On est bien bien bien bien !!!

Les catégories de jeu

Les championnats du monde de racketlon, ce n’est pas comme les autres sports. Il n’y a pas uniquement l’élite de la discipline qui est conviée. En effet, en plus de la catégorie principale (Elite A) qui décernera le « vrai » titre de champion du monde, il y a toutes une ribambelle de catégories de jeu pour les joueurs et joueuses d’un moins bon niveau. En effet, il y a 6 catégories hommes (A à F) et 3 pour les femmes (A à C). Ainsi, tout le monde peut jouer dans un groupe adapté à son niveau et tenter de devenir champion du monde ! En rentrant à la maison, on dira juste qu’on est champion du monde, pas besoin de dire que c’est la catégorie R6-R9. Il faut également ajouter à cela toutes les catégories d’âge pour les plus vieux expérimentés ainsi que pour les plus jeunes. Tout cumulé, ce tournoi aura couronné 29 champions et championnes du monde.

Mon parcours

Mon parcours dans le tournoi (en catégorie C, étant 198ème mondial) n’a pas été une véritable réussite puisque j’ai perdu mes deux premiers matches. Je finis tout de même avec une belle victoire au bout du suspense (à 1 point près) contre un joueur qui ne représentait pas un bon profil pour moi, ce dernier étant beaucoup trop fort dans mon sport n°1 le tennis de table. J’ai donc réussi à remporter la mise en gagnant sur mes sports faibles, le badminton et le squash, récompensant mes efforts de ces derniers mois. Au delà du fait que je profite aisément de cette tribune pour, une fois n’est pas coutume, parler de moi, je trouve que cela démontre bien ce que je vous expliquais précédemment. Joueur de tennis de table et de tennis depuis une quinzaine d’années, le racketlon m’offre de nouveaux challenges en badminton et en squash, sports dans lesquels je peux progresser plus facilement. Et c’est justement grâce à mes progrès dans ces disciplines que j’ai pu éviter de repartir bredouille. Néanmoins, mon expérience de pongiste et de tennisman me reste très utile ! C’est donc du super win-win !

Des potes au top

Une quinzaine de joueurs et joueuses de mon club, le RC Léman, a participé à ces championnats du monde « à domicile » avec beaucoup de très jolis résultats. 2 sont sortis du lot en ramenant des médailles à la maison.

Tout d’abord, le président du club, Cédric Junillon dont je vous avais déjà parlé il y a quelques années, qui avait récemment pris sa retraite au niveau Elite international s’est inscrit pour la catégorie +40 ans, 1ère catégorie seniors. D’habitude méticuleux sur sa préparation, il n’a pas pu s’entraîner comme il le voulait : « Avec une préparation raccourcie, je suis arrivé sans pression, sans aucune attente. J’avais tendance à vite me frustrer quand je faisais des erreurs en Elite. Pour ce tournoi, j’ai essayé d’appliquer la technique de Nadal qui disait que même lui n’était pas assez bon pour ne pas faire de fautes et qu’il fallait juste l’accepter. Je voulais aussi prendre du plaisir et profiter de ce tournoi. » explique le joueur qui évolue sous bannière française mais qui vit à Lausanne depuis plus de 20 ans.

Le tirage au sort tombe et Cédric jouera contre Magnus Eliasson, 3x champion du monde Elite, une des légendes du racketlon. « Je me suis dit, c’est comme Jean-Claude Dusse. Oublie que t’as aucune chance, vas-y fonce ! Sur un malentendu, ça peut passer ! » dit Cédric. Et effectivement, c’est passé ! Cédric étant le plus jeune joueur de la catégorie, il a pu notamment compter sur le fait qu’il était plus frais physiquement. Il remporte le match de 4 points (6-21 21-11 21-11 12-21). Ensuite, il déroule sur le reste du tournoi et devient donc champion du monde +40 ans. « Je me suis rendu compte qu’en plus de 10 ans sur le circuit international, c’était mon 1er « vrai » titre individuel. Cela fait vraiment plaisir car cela récompense de nombreuses années d’efforts. Seul petit regret, je n’ai pas eu l’explosion de joie sur la balle de match car j’avais un peu de marge. Mais je m’en contente ! » explique Cédric qui avait décroché l’argent lors des championnats du monde en double avec son compatriote Arnaud Génin.

Le champion Cédric entouré de ses coéquipiers de club !

Je n’oublierais pas de citer Magnus Ekstrand, qui ajoute une médaille d’argent à son palmarès déjà bien fourni en se plaçant 2ème en catégorie +45 ans. Magnus, champion du monde seniors par équipe, a dû s’avouer vaincu devant André Bandi dans une finale 100% suisse.

Le niveau de jeu

Les derniers paragraphes pourraient laisser penser que c’est un sport de plagiste, de ratés des sports de raquette, des gens qui font joujou avec des baballes. Que nenni !

Le niveau en Elite est absolument incroyable. Beaucoup de joueurs ont eu un niveau international dans un des sports, même parfois deux, et il est impossible d’y jouer si vous n’avez pas un niveau national dans une ou plusieurs disciplines. A ce petit jeu, il y a un extraterrestre, la légende, le Federer du racketlon : le danois Jesper Ratzer. Ce type, c’est le blond du sketch de Gad Elmaleh. Petite famille parfaite, médecin et je mets tout de suite fin au suspense, il est venu cueillir à Zurich son 6ème titre de champion du monde. Ancien top 30 danois au badminton (pays n°1 en Europe), il s’est entraîné comme un dingue dans les autres sports et est actuellement dans le top 10 danois au squash et a un niveau national au tennis de table. Son plus mauvais sport est le tennis dans lequel il doit jouer environ R2-R3 en équivalence suisse. Quel loser.

Finale Elite A – Ratzer (DEN) vs Griffiths (GBR) – Squash

De plus, le tennis étant le dernier sport pratiqué, il a un aspect tactique encore plus grand car les joueurs connaissent le nombre de points exacts pour remporter la rencontre. Le tennis est clairement le jeu le plus dénaturé car il est plus facile de faire des fautes et il suffit parfois de remettre la balle et être plus patient que son adversaire. La meilleure à ce petit jeu-là est la championne du monde de cette édition 2022, la Danoise Stine Jacobsen. Stable au tennis de table, très forte au badminton et très solide au squash, elle n’a généralement pas besoin de forcer son talent lors du tennis. Malgré le fait qu’elle soit une joueuse respectable, elle choisit la tactique de faire uniquement… des grosses louches en fond de court qui tombent près de la ligne de fond. Avec la fatigue et la pression de fin de match, ses adversaires craquent généralement avant elle. Même si cela paraît fou, elle arrive même régulièrement à gagner le set avec cette tactique. Alors oui, c’est moche. Mais il faut avouer que cela fonctionne très bien. Et si tout le monde ne fait pas cela, c’est aussi parce que ce n’est pas si facile à réaliser.

Balle de match de la finale dames avec les fameuses louches de l’enfer.

Les Danois ne sont pas les seuls à très bien se défendre. Une dizaine de nation sont représentées dans la catégorie Elite, très majoritairement européenne. Tous les matches sont passionnants à suivre et on se demande toujours comment c’est possible d’atteindre un tel niveau de jeu dans 4 sports différents. C’est également intéressant de voir de très près, des joueurs de niveau international dans toutes les disciplines et surtout de pouvoir échanger avec eux. Lors de mes derniers championnats du monde, j’avais eu la chance d’avoir l’ancien 128ème mondial de badminton (qui est devenu un ami très proche) comme coach sur le banc alors que je n’avais pas même pas de licence de badminton à l’époque. La grande classe et c’est aussi cela le racketlon.

Point décisif : le gummiarm

Je terminerai cet article en vous parlant d’un des plus grands suspenses tous sports confondus. Si les deux joueurs sont à égalité après les quatre sports, il faut jouer un point décisif appelé « gummiarm » (très imagé comme nom). Il se joue sur un point au tennis où le serveur n’a le droit qu’à un seul service ! Après avoir bataillé sur quatre sports, tout se joue là-dessus. Je vous laisse imaginer la tension. Lors de ces championnats du monde, plusieurs gummiarm ont évidemment eu lieu. Au 1er tour de la catégorie Elite, le suédois Lindberg, spécialiste de tennis ne devait pas laisser son adversaire, l’Allemand Max Plettenberg marquer 6 points au tennis sous peine de perdre la rencontre. A 15-5 pour le suédois, il est dos au mur. Il arrive cependant à retourner la situation, sauvant 6 balles de match et gagnant le gummiarm sur une faute de service de l’Allemand. Une fin de match à couper le souffle avec un public en folie. Il rejoindra au 2ème tour le Français Damien André qui a réussi à se défaire de la tête de série n°2 au… gummiarm. A noter qu’une des deux demi-finales femmes Elite s’est également jouée au gummiarm. Tu loupes la finale des championnats du monde d’un point, tu dois quand même avoir les boules !

Si vous êtes arrivés au bout de cet article, c’est certainement parce que le racketlon vous intéresse ! N’hésitez pas à visiter les sites internet de la fédération suisse et de la fédération internationale ! Il y a de nombreux clubs en Suisse ! Si si je vous jure.

A propos Valentin Henin 67 Articles
Je raconte des trucs, je fais des vidéos, tout ça, tout ça...

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