Le racketlon, le sport que vous connaissez presque

Dans le régional de l’épate de ce mois de septembre, vous allez découvrir le sport qui passionne Cédric Junillon, un sport que vous ne connaissez certainement pas. Enfin, sûrement pas dans cette forme. Pourtant des suisses y brillent au niveau international. Ce sport, c’est le racketlon. Et comme Carton-Rouge ne recule devant rien, je ne fais pas qu’en parler, je suis allé le tester !

Mais c’est quoi ce sport ?

J’ai effectivement participé aux Interclubs de ce sport. Mais avant de revenir sur mon expérience de racketlonien, mettons fin à ce suspense insoutenable. Le racketlon, kesako ? Comme tous les sports en « -tlon », il s’agit d’une combinaison de sports déjà existants. Et vous l’aurez compris, on parle ici de raquette. En effet, le racketlon n’est rien d’autre que la combinaison des quatre sports de raquettes les plus pratiqués, c’est à dire le tennis de table, le badminton, le squash et le tennis. Bien évidemment il n’est pas question de les jouer en même temps ou d’essayer de taper la balle de ping-pong avec une raquette de tennis. Un set de 21 points dans chacun des sports, de la plus petite raquette à la plus grande, constituent le match.

Mais là où se trouve toute la particularité de ce sport, c’est que chaque point compte ! En effet, ce n’est pas comme dans les sports de raquette où un set est égal à un point peu importe le score du set. Comme dans tous les autres sports du monde en fait, si t’as plus de points que l’autre tu gagnes (sauf en hippisme, mais on n’est pas là pour parler gastronomie). Avec ce système, il est tout à fait possible de perdre trois sports sur quatre et de finir par gagner le match. Quand t’es bon nulle part mais que t’es moyen partout, eurêka, le racketlon est là pour toi !

Cédric Junillon à l’oeuvre dans les 4 sports de raquettes

Un suisse d’adoption, roi du racketlon

Maintenant que vous connaissez les règles, il est temps de s’intéresser à notre régional de l’épate, Cédric Junillon. Ce jeune homme de 37 ans fait partie des meilleurs joueurs suisses de racketlon. Tout d’abord bon tennisman en France dans son adolescence (espoir régional), il déménage dans notre beau pays à 18 ans pour faire ses études à l’EPFL. Malheureusement, il n’a pas le budget nécessaire pour jouer au tennis. Il décide alors de s’inscrire à un sport universitaire gratuit et c’est vers le tennis de table qu’il se tourne. Ayant déjà un bon sens de la balle, il tape dans l’œil de l’entraîneur qui décide de le faire progresser. Il intègre ensuite un club et devient un bon joueur de ping (ce n’est pas insultant de dire « ping », c’est comme ça que l’on dit dans le milieu). Un soir de match, un adversaire repère ses gestes tennistiques et lui propose d’essayer le racketlon. Fort de ses qualités dans deux des quatre sports, Cédric décide donc de s’inscrire à l’Open international de Zurich en 2008. Il souligne : « Je pensais que j’étais aussi assez fort en badminton et en squash. J’ai vite compris que ce n’était pas le cas ! Je m’étais inscrit en troisième catégorie et j’ai quand même perdu contre un Hongrois de 50 ans. J’ai vu ce qu’étaient les vrais joueurs de squash. Je me suis rendu compte après qu’il était champion du monde senior de racketlon, donc je n’étais pas trop ridicule » explique-t-il en rigolant.

J’ai pu faire le même genre de constatation au tournoi. Tennisman et pongiste de club depuis quelques années, je me présente à la première manche des Interclubs qui se déroulait le 19 août dernier à Kriens assez confiant. Avec mon classement de débutant, je joue en troisième et donc dernière position masculine. Je peux vous assurer que malgré cela, j’ai eu le droit à quelques belles claques dont un 15-1 au squash. Un peu comme si le FC Bâle jouait le FC Chêne Aubonne. Heureusement, j’avais gagné 15-1 au ping quelques minutes avant (un peu comme si après le match, Aubonne proposait la revanche à la buvette du club). J’ai même eu l’occasion de prendre une autre belle leçon de squash et de perdre au badminton contre un Suisse-allemand certes grand mais avec un physique loin d’un sportif de haut niveau. En regardant son ventre, on voyait un beau six-pack mais c’était clairement celui de bières. A la fin des quatre sports, nous avions marqué le même nombre de points. On joue donc un point décisif au tennis (appelé « gummiarm », les germanophones apprécieront). Je m’en sors avec fierté avec un retour gagnant ligne extérieure. Mon adversaire n’aurait pas refusé un challenge.

Assez parlé de moi, revenons à notre régional de l’épate. Après avoir découvert ce sport, Cédric Junillon participe à nouveau à l’Open de Zurich l’année suivante puis se prend de passion pour le racketlon. Il décide alors de s’entraîner plus régulièrement notamment dans ses deux sports faibles, le badminton et le squash. Ce travail va payer puisqu’en multipliant les tournois, il se retrouve à la 11e place mondiale fin 2016. Pour vous donner une idée et pour les connaisseurs, il estime actuellement avoir un niveau de B14 au tennis de table, d’une petite série B au badminton, d’être dans le top 25 romand au squash et un classement de R2 au tennis. Rien qu’un classement comme celui-ci dans un seul sport mérite le respect. Mais il y a encore un gouffre avec les tous meilleurs. L’anglais Calum Reid, considéré comme l’un des meilleurs joueurs du monde a fait escale en Suisse pour jouer, à la surprise générale, les Interclubs à Kriens. Cédric m’explique qu’en Suisse il serait classé respectivement comme ceci : B15, série A, top 10 suisse, R1. Rien que ça !

Encore un petit sport…

Inventé au début des années 90 dans les pays nordiques, le sport n’est malheureusement pas encore reconnu comme tel. Mais il se développe bien, notamment en Suisse, avec environ vingt tournois par année. Malgré cette offre alléchante, les licenciés se font assez peu nombreux. Après le tournoi, j’ai donc été gratifié du matricule 220 suisse. Juste de quoi se la péter un peu. Et si vous êtes une fille, c’est encore mieux. Ma coéquipière est devenue 32e suisse après un seul tournoi. Une aubaine ! Mais Mesdames, si vous souhaitez monter plus haut, il y aura de la concurrence. En effet, la numéro 1 suisse est une ancienne numéro 1 mondiale ! Cédric encourage en tout cas tous les amoureux de raquette à essayer : « Il y a une ambiance exceptionnelle. Chacun a des points forts et faibles et il y a donc une grande entraide entre les joueurs. C’est un vrai sport, malgré une combinaison de sports existants au même titre que le triathlon par exemple. Le système de points change dramatiquement le jeu. De savoir qu’on va jouer quelqu’un de plus faible et qu’on doit l’écraser et pas seulement gagner cela révolutionne tout. C’est aussi l’occasion de jouer de très bons joueurs. J’ai pu jouer contre le champion de Bulgarie de squash. C’était une superbe expérience. Stefan Edberg a aussi participé à quelques tournois. » ajoute-t-il.

En dehors du racketlon, Cédric s’est lancé un nouveau défi. Joueur de 1ère ligue, il va jouer en 5ème ligue de tennis de table cette saison. Mais de la mauvaise main ! Pourquoi ça ? « C’est un tout » explique-t-il « Cela me permet de jouer avec 3 joueurs de racketlon, de les faire progresser et de former une vraie équipe de potes. Je peux aussi jouer de nouveaux adversaires, de nouveaux jeux et découvrir des nouveaux plus petits clubs » conclut-il.

Quant à moi, fort de mon nouveau classement, je vais cette fois jouer à la tête de l’équipe pour la deuxième manche qui se déroulera à Langnau am Albis le 10 septembre prochain. Il me reste donc encore quelques jours pour m’entraîner dans mes sports faibles si je ne veux pas subir la loi de mes adversaires ! Par la suite, je continuerai peut-être les tournois. Et si les anciennes gloires comme Edberg se sont mises à ce sport j’aurais peut-être l’occasion, dans quelques années, de mettre la misère à Roger au ping-pong.

Plus d’infos sur: www.racketlon.ch

A propos Valentin Henin 67 Articles
Je raconte des trucs, je fais des vidéos, tout ça, tout ça...

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.