Clubbing : River Plate

C’étaient les vacances, du coup on est partis loin. Très très loin, à l’autre bout de la terre ou presque. Là où il ne fallait surtout pas aller en fait, car c’était l’hiver. Vu qu’on est un peu bête, on y est quand même allés. C’est donc en Argentine que clubbing t’emmène ce mois-ci. Bon… en réalité on était en Asie, mais il faut avouer que de faire un numéro sur le Tianjin Teda ça le faisait pas trop.

L’histoire complètement bidon du club :

On pense bien souvent à tort que le nom de River Plate provient tout simplement du Río de La Plata qui se jette dans l’Océan Atlantique à Buenos Aires. Mais cette théorie ne tient pas debout. Depuis quand est-ce qu’on parle anglais en Amérique du Sud ? En Guyana peut-être d’accord, mais ça ne compte pas. Non, le fondateur de River Plate n’est autre que Dick Rivers, chanteur de rock français un peu has-been qui cache bien son jeu, mais qui est en réalité Argentin et a fêté récemment ses 132 ans. Il a également fondé un River Plate à Montevideo, de l’autre côté du fleuve, en Uruguay et il ambitionnerait bientôt de créer un troisième River Plate à Memphis, Tennessee.

Moi j’ai toujours trouvé qu’il avait l’air argentin.

Couleurs, symboles et surnoms à la con :

Au niveau des couleurs on est sur du rouge et du blanc, pour changer. Oui mais là ça n’est pas pareil, il s’agit d’une belle bande diagonale rouge sur fond blanc qui s’apparente un peu à ce que porte Miss Orléanais chaque mois de décembre, mais dans l’autre sens. En effet, une bande diagonale se doit d’avoir un sens, et celle-ci va de droite à gauche. Il faut encore rajouter son short noir à cet uniforme pour qu’il devienne absolument mythique et reconnaissable parmi et par tous (seul le Rayo Vallecano a essayé de l’imiter). Cette bande focalise tellement l’attention qu’elle en est devenue à la fois le symbole incontestable du club et son surnom. On fait volontiers référence à la bande ou à la bande rouge (Banda roja) lorsque l’on parle de River, ce qui donne également un savoureux jeu de mot. Le vrai surnom reste cependant celui de Millonarios (que l’on n’a pas besoin de traduire) et qui a souvent colporté une image de club riche et bourgeois. Enfin, si on veut faire dans les animaux, il y a celui de la poule, mais c’est un surnom à la base péjoratf donné par les supporters de Banfield qui s’est popularisé, et celui du lion qui est un peu plus glorieux.

Stade et supporters :

River Plate évolue au Stade Antonio Vespucio Liberti mieux connu sous le nom de Stade Monumental de Buenos Aires. Il se situe à quelques encablures du Rio de La Plata, dans la commune de Belgrano, un quartier plutôt riche de Buenos Aires. Le Monumental est le plus grand stade du pays puisqu’on peut actuellement y entasser plus de 60’000 personnes, contre 80’000 à l’époque. Outre River Plate, il accueille souvent la sélection albiceleste ainsi que des concerts de Lady Gaga. La finale de la coupe du monde 1978 pas du tout truquée Argentine-Pays-Bas s’y est d’ailleurs déroulée. Les supporters de River sont, comme partout en Argentine, des gros malades. Chants ininterrompus, tambours, drapeaux, fumigènes, papelitos et chorégraphies, les gradins des stades argentins sont un spectacle à eux seuls et River ne déroge pas à cette règle. Quand on pense qu’en Ligue des Champions on pénalisera sans doute bientôt une équipe de 3 points car un de ses supporters a osé s’allumer une clope dans le stade…

En Europe, un truc pareil c’est six mois de suspension.

Les grands rivaux du club :

Il n’y a pas photo, tout le monde est au courant, le rival de River est bien sûr Boca Juniors, une équipe créé par de jeunes dentistes. En Europe, tout le monde a tendance à préférer Boca, parce que c’est plus cool d’être soi-disant pauvre et populaire lorsque tu viens d’un pays moins favorisé. Ce derby est probablement le plus chaud au monde, il dépasse sans doute City-United, Milan-Inter, Dortmund-Schalke et Fenerbahçe-Galatasaray réunis… La rivalité est également plus grande qu’entre un Barça et un Real. Bref, s’il y a bien une chose à voir dans sa vie au niveau football, c’est un Superclásico. Celui-ci est même devenu une attraction touristique majeure de Buenos Aires, au même titre que la visite de la Bombonera, stade de Boca. Alors oui, il y a déjà eu des morts (par exemple en 1968) et ce derby dégénère souvent en bagarre sur le terrain, même en match amical. Il faut dire que ces deux clubs se tirent la bourre pour avoir le titre de meilleure équipe du pays. On n’exagère pas en disant qu’en Argentine, le football est plus important que la vie pour une bonne partie des hinchas. Il existe également des rivalités avec les autres principaux clubs de la capitale comme Independiente, Racing ou San Lorenzo mais sans aucune commune mesure avec ce qui se passe entre River et Boca.

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade :

Le problème actuel du football argentin est qu’il lui est impossible de conserver ses meilleurs joueurs, et cela même pour l’une des plus grandes écuries du continent comme River. Un joueur qui explose et cartonne va immédiatement faire ses valises pour aller en Angleterre, en Italie ou en Espagne. Donc finalement tu dois espérer que tes joueurs soient bons, mais pas trop quand même… un peu comme en Suisse même si ça n’est pas à Sion ou à Lausanne que ça arrive. Pour cette raison notamment, les joueurs emblématiques sont plutôt à chercher dans un époque lointaine où le football ne faisait pas office de caricature de l’économie de marché et du capitalisme. On retrouve parmi les icônes du River des joueurs tellement vieux que même nos parents n’en ont jamais entendu parler. Angel Labruna ça te dit quelque chose ? Peut-être vaguement. Il s’agit du meilleur buteur de tout les temps du club, issu des années 40 et 50, avec presque 300 buts. Autant dire qu’à cette époque on ne shootait que du pointu de toute façon. Plus proche de nous, on peut sortir Enzo Francescoli qui est pourtant Uruguayen, l’éternel loser Ariel Ortega qui a quand même réussi l’exploit de démissionner d’un club en tant que joueur ou encore Ramón Díaz icône du River des années 80 et 90. Quoi qu’il en soit beaucoup de grands noms de l’histoire du football argentin et même mondial sont passés par là : Di Stefano, Crespo, Sorín, Mascherano, Passarella, Saviola, Gallardo… la liste est longue.

Rien à voir avec l’article, mais les loutres tout le monde trouve ça mignon.

Le joueur qui a joué pour le club mais qui se ferait balancer des tomates à la gueule s’il osait revenir :

Étonnamment, passer des couleurs du River à celles de Boca ou vice-versa est une chose relativement courante. Cela ne signifie pas pour autant que ce cas de traîtrise le plus lâche soit bien accepté. Mais pour trouver un mec qui attise la haine des supporters de River, il faut se tourner vers une ancienne gloire du club et du football argentin, j’ai nommé Daniel Passarella. Capitaine et joueur emblématique de l’albiceleste championne du monde en 1978 et icône du River des années 70 et 80, il devient par la suite entraîneur puis président du club. Il est directement rendu responsable par les supporters de la première relégation de l’histoire de River Plate en 2011. Une véritable catastrophe qui a engendré à l’époque des pleurs et des émeutes au sein même du Stade Monumental. Lorsque l’on sait que l’actuel président de la République, Mauricio Macri, est l’ancien président de Boca, ça laisse songeur… Comment passer du statut de dieu vivant à celui de zéro !

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore :

Bien évidemment on aurait pu se contenter de nommer ce match épique du 26 juin 2011 face à Belgrano Cordoba qui condamnait River à une descente historique en seconde division. On préfère cependant se remémorer le positif. Il y a par exemple cette victoire finale en Copa Libertadores de 2015 face aux Tigres de Monterrey, mieux connus sous le nom de club à Gignac. Un 3-0 cinglant pour River au Stade Monumental lors du match retour qui marque le retour de ce club au premier plan après quelques saisons de galère en seconde division. Une édition notamment marquée par une confrontation en huitième de finale de feu face à l’ennemi juré. Un match retour qui n’ira jamais à son terme, des supporters de Boca ayant envoyé du spray au poivre sur les joueurs de River… De quoi discuter des journées entières en Argentine. Il y a également cette finale de coupe intercontinentale de 1986 et cette victoire 1-0 de River face au Steaua Bucarest, ce qui constitue l’unique titre mondial de la bande rouge et qui détonne un peu parmi ses 36 titres de champion d’Argentine.

Une fin classique de Superclásico.

Bon ok, et actuellement :

Après un passage en seconde division, River Plate est bel et bien de retour dans l’élite du football argentin. Avec un titre de champion en 2014 et un titre continental en 2015, le club des millionnaires est gentiment en train de retrouver son rythme de croisière d’antan. Après c’est un club argentin, il reste donc condamné à vendre ses meilleurs joueurs chaque année. Si sa popularité n’est pas près de diminuer en Argentine et même en Amérique du Sud, il est vrai qu’en Europe ce club est fréquemment snobé par rapport à Boca Juniors. Ce dernier séduit davantage par son côté populaire, tandis que River représente aujourd’hui encore la bourgeoisie. C’est pourtant un comble de penser que l’ancien président de Boca est l’actuel président de la république et que River a connu de graves ennuis financiers ces dernières années. Comme quoi tout fout le camp !

A propos Olivier Di Lello 141 Articles
...

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.