Etat du hockey suisse : de la concurrence, tabarnak !

Bonjour à tous, bonjour à toutes,

Je me promenais tranquillement le long d’une rivière cybernétique lorsque, sans le vouloir forcément, je suis tombé sur certains papillons qui ont été déposés sur les berges de mon dernier article.

J’avais pourtant bien prévenu que je ne visais pas à descendre le hockey Romand dans son ensemble, mais certains ne l’ont visiblement pas compris. Pour clarifier cette situation, une petite bafouille s’impose.Car je suis votre ami. Eh oui, votre ami. Croyez m’en. Bien sûr, j’aimerais pouvoir, comme certains d’entre vous, me convaincre de manière béate et suffisante que le hockey Romand domine la ligue, comme les statistiques le prouvent depuis des lustres ! J’aimerais aussi vous accompagner dans vos élans enthousiastes lorsque vous applaudissez à tout rompre les exploits des Ngoy, Breitbach, Villa et autres Neininger dans les élites de votre pays. J’aimerais enfin pouvoir vous donner raison lorsque vous affirmez que certains de vos joueurs méritent de jouer en Ligue Nationale (la vraie, la LNH –NHL).

Seulement voilà…
Ne vous déplaise, jusqu’ici, les joueurs suisses les plus complets que j’ai eu l’occasion d’observer dans votre pittoresque pays ne jouent ni pour Fribourg, ni pour Genève, et encore moins pour des clubs de ligues inférieures.
Constat encore plus inquiétant ; le seul joueur complet qui pourrait, selon moi, briguer une position dans une franchise Nord-Américaine se trouve être un certain Ivo Ruthemann. Dans une moindre mesure, un Ambuhl pourrait intéresser, éventuellement, un team comme les New-York Rangers (…)
Et…
Voilà !
Est-ce que quelqu’un veut réellement tenter de me convaincre qu’un Bezina a sa place dans un jeu vif et explosif tel que celui pratiqué outre-Atlantique ? Qu’un Sprunger peut masquer un gardien dans son slot pendant plus d’une demi-seconde ou résister aux checks de Bertuzzi et consorts ? Qu’un Montandon peut en apprendre à Chelios ? Que Snell est un blue-liner (!) d’exception (!!!) ?
Voyons, un peu de sérieux.
C’est que pour l’instant, le hockey Suisse passe son temps à confirmer ce que je pense de lui : un microcosme emplit de joueurs talentueux, mais qui ne perdraient leur confort pour rien au monde, à qui il ne faut surtout pas suggérer de prendre des risques en allant se frotter à d’autres ligues plus relevées. Le cas Streit constituant l’exception qui confirme la règle.

Selon moi, cela déteint fortement sur le comportement de l’équipe Nationale, de laquelle personne n’attend plus rien, si ce n’est de rares exploits honorables durant les phases qualificatives, ou mieux, durant les matches de préparation. En quelques sortes, lorsque l’équipe Nationale n’est pas soumise à une pression formidable et qu’elle s’octroie le droit de prendre quelques risques, notamment offensifs, on constate qu’elle parvient à battre de grandes équipes telles que celles de la Slovaquie et de la République Tchèque. En revanche, dès que cela commence à compter, la Suisse ne joue plus réellement au hockey, se contentant le plus souvent de se regrouper dans sa zone de défense et opérant des contres lancés par un maximum constant de deux joueurs.
On retrouve là cette fameuse peur de prendre des risques qui anime les joueurs de nationalité Suisse jour après jour. Cette désagréable impression que le patineur suisse n’a qu’un objectif, réellement, celui d’enfin arriver à décrocher un contrat juteux auprès de Lugano ou du SCB… A croire que c’est là toute l’ambition de la majorité des joueurs helvétiques.
Et puis…
Et puis le grand protectionnisme du championnat en matière de joueurs étrangers… Un non-sens absolu ! Enfin, pour une nation qui souhaiterait sensiblement augmenter le niveau de son hockey sur glace, bien sûr. Car si l’on ajoute à la frilosité des joueurs suisses celle de la ligue nationale helvétique, on se demande bien comment les jeunes joueurs pourront évoluer favorablement. La grande différence entre la Suisse et les Nations du hockey se situe dans la concurrence. Dans tous les vrais pays du patin, les jeunes doivent faire face, dès l’âge de 8 ans puis année après année, même pendant leur période de professionnalisme, à une concurrence quantitativement nettement supérieure à celle que le réservoir de joueurs suisses est en mesure de provoquer. Ce manque de compétition a, selon moi, deux conséquences néfastes. La première, évidente, se situe dans le fait que certains joueurs qui évoluent dans la LNA n’ont absolument pas le niveau de l’élite des autres pays. La seconde, plus perverse et malicieuse, permet aux meilleurs joueurs de votre championnat de briller sans jamais trop se fatiguer. Comment espérer ensuite que ces derniers se transcendent lorsqu’ils se retrouvent engagés en équipe nationale ?

Pour faire face à cet indéniable nivellement par le bas, la solution passe probablement par une augmentation de joueurs étrangers. Cela permettrait non seulement d’établir une plus grande concurrence dans votre pays, mais aussi d’y développer une réelle culture du «role-model» dans laquelle des Riesen, Von Arx ou autres Gardner ne seraient plus figures de proue. Bien entendu, j’entends déjà les chantres du protectionnisme armer leurs Fassbinders, prêts à bondir à l’idée qu’aucun joueur Suisse ne se retrouve en situation de supériorité numérique après l’arrivée d’excellents étrangers prêts à leur chiper leur pitance jusque dans leur assiette. Pourtant, il existe plusieurs pays dans lesquels ce problème a été solutionné. Voyez la Russie, par exemple.
D’autre part, combien de temps encore cette association, toute privée qu’elle soit, qu’est la Ligue Suisse de Hockey sur Glace peut-elle violer la loi Européenne en matière d’emploi ? Là où la plupart des dirigeants faisant preuve de bon sens et d’un minimum d’intelligence aurait profité de l’arrivée de ce dilemme légal pour réfléchir aux issues à tous ces problèmes, les pontes de la LSHG ont décidé de ne rien faire, et surtout pas trop vite. Si je ne m’abuse, ils sont même revenus en arrière, en passant de 5 étrangers par club en 2006/2007 à 4 en 2007/2008.
C’est très bien, le jour ou la tergiversation ne sera plus possible, en d’autre termes lorsqu’un joueur européen se retrouvera au Tribunal, malheureux de ne pouvoir exercer son métier sur le territoire européen, la Ligue se plaindra de ne pas avoir eu le temps de se préparer et vous demandera de pleurer avec elle.
Quoiqu’il en soit, même en faisant fi de ce problème légal que peu d’entre les fans de hockey maîtrisent (c’est mon cas aussi), si des solutions ne sont pas adoptées rapidement pour provoquer plus de concurrence dans le microcosme du hockey helvétique, il se passera très peu de temps avant que la Suisse paie cher son immobilisme en dégringolant dans les classements internationaux.

Bien amicalement tout de même,
Frank LeDoublon


Les autres papiers de l’ami Frank :

Rétrospective : une horreur ! Cette fois, c’est la borne ! Rétrospective : une horreur ! Bonjour à tous, tabarnak !

Écrit par Frank LeDoublon

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18 Commentaires

  1. niquel comme article, ca serait juste bien que les dirigeant de la ligue réalisent quen fonce dans le mur..un peu plus détranger en LNA augmenterait aussi le niveau de la LNB et des toutes les ligues en dessous ( par effet domino )

  2. Cest vrai que Roman Josi, Etienne Froidevaux, Marc Wieser, Pascal Berger, Yannick Weber, Dario Bürgler et jen passe nintéressent pas des équipes de NHL.

    Vous allez laisser écrire ce gars longtemps encore?

  3. Je sais pas si la comparaison est réellement appropriée mais en foot ça na en aucun cas améliorer le niveau du championnat et on est plutôt en train dessayer de revenir à un système limitant le nombre détranger. donc je suis pas sûr quaugmenter le nombre détranger soit réellement sain.

    par contre je suis daccord avec le problème présenté et jaime bien lire des articles « vu dailleurs » ça permet de voir les choses différemment..

  4. Cest vrai que lauteur y va un peu fort sur ce coup-là…
    Beaucoup de petites nations du hockey doivent nous envier le niveau de notre championnat et la densité des joueurs qui sy trouvent

  5. Cest un éternel débat. Trop détrangers risque aussi de « décourager » nos jeunes qui sorienteront vers dautres sports. La DEL en a fait lexpérience et ils ont limité le nombre de joueurs étrangers il y quelques années pour permettre a plus de joueurs allemands daccéder à la DEL. Le problème se situe surtout au niveau des sacrifices que le sport de haut niveau nécessite, surtout pour les très jeunes (8-12ans) et leurs parents. Jen sais quelque chose, jai 4 enfants et tous font (ou on fait) du sport de competition, cest très lourd à gérer, sans parler du coût. On veut bien voir notre beau drapeau floter dans les airs en versant une petite larme de fierté (ah la croix Suisse, quelle est belle), mais on investi pas dargent dans le sport/étude. On peut pas avoir le beurre et largent du beurre, cest bien connu. Dautres pays le font, pourquoi pas la Suisse. A quand de vraies accadémies de sport ? Cest LA solution pour permettre à un maximum de jeunes de pratiquer du sport de haut niveau en faisant des études. Voilà , je marrête, sinon je vais faire exploser votre site.

  6. y a un truc quon oublie.. certes augmenter le nombre de joueurs étrangers amènerait encore plus de concurrence, mais encore faut-il avoir largent pour en avoir plus… des clubs comme Berne, Davos, Lugano, ouais pas de problème de ce côté là, mais ceux comme ambri, langnau et jen passe qui se trouvent avec des petits budgets par rapport aux grosses cylindrées de suisse, comment feront-ils pour payer ces étrangers en plus?

    Sinon, je pense que mettre trop détrangers, empêcherait les jeunes de se faire leur place. On en arriverait à une situation, où vue la concurrence que pourrait faire les grandes équipes, celles qui laissent la possibilité aux jeunes dévoluer, ne pourraient plus le faire car le désquilibre serait trop grand…

    un étranger de plus ne serait pas de refus, mais plus, je ne vois pas linteret..

    et comme la dit schäferli, je crois quon a pas à se plaindre de la qualité de notre championnat, car on est très loin den avoir un mauvais!

  7. le protectionnisme suisse….
    et le protectionnisme nord-américain???
    la NHl na pas le même rôle que le championnat suisse. ce sont des franchises, pas des clubs, il ny a pas de mouvements junior, rien à protéger si ce nest le pognon… et encore. la draft est un bon moyen de se protéger. ça ne fait pas si longtemps quon draft beaucoup deuropéens… avant, les Européens apparaissaient très tard dans les rondes, voir jamais (Bykov, Khomutov si je ne mabuse nont jamais été drafté… seulement contacté par après, )comme « agent libre » selon les thermes modernes »
    et si on prends les ligues mineurs nord-américaines, les nombreux européens sont ceux qui ont été draftés puis repoussés plus bas… des ligues qui ressembles à des purgatoires, où tu napprends que moyennement à jouer au hockey mais surtout à te battre et à être individualiste. jsuquà il ny a pas si longtemps, il y avait un plafons salariales ridicule (genre 60000 dollars par saison brut,, la moitié après les taxes). qui voulaient aller là-bas se faire péter une jambe pour la moitié du salaires que tu pouvais toucher en suisse ou en allemagne. POURQUOI TANT DE CANADIENS SONT VENUS CHEZ NOUS?
    le problème de la Ligue suisse: cest une association, géré par les clubs qui votent pour prendre des décisions. donc automatiquement, il ny a pas de vision densemble pour faire avancer le hockey. chacun vote le truc qui larrange. ça ne fait rien avancer, on stagne!

    Jadmets quon fait beaucoup derreur en Suisse. Mais on a un système basé sur le sport, avec des promotions et des relégations, avec des clubs qui doivent gérer des mouvements juniors.
    Finalement rien de comparable avec le système nord-américains.
    Quant aux Suisses en NHL: quand je pense à ce que certains ont fait en Suisse pendant le lock-out, je me dis que Sprunger, Ambühl, les jeunes Josi ou Froidevaux auront leur place un jour… pour autant quils aient de la chance. Parce quavec tous les trades pourries quils se passent en une saison, Tu peux vite te retrouver dans un club où lentraîneur ne te veux pas et peux bousiller ta carrière…

    Enfin voilà, une longue diatrime à la mesure de certaines inepsies déaballées par notre ami LeDoublon à moins que ce soit LeHoublon…

  8. @Bench-Warmer

    Pour ce qui est des inepties (avec un t), tu ne te défends pas mal.

    Si jamais, Bykov et Khomutov ont été draftés par les Nordiques en 1989.

    Pour ce qui est des performances des Suisses pendant le lock-out, soit un championnat que des Thornton ou Nash ont éclaboussé de leur talent en jouant sur un huitième de patin (et je suis généreux), il est vrai que cela constitue un passeport express pour la grande ligue. (Et à part ça, ni Josi, ni Froidevaux nont disputé le moindre match de LNA pendant le lockout.)

  9. Tout nest pas faux dans cet article, mais prendre pour exemple la Russie est un peut-être un peu exagéré, non ? Le club russe doit avoir un budget au moins le triple de celui du SCB !

    Et Vidarr, si Josi ou Froidevaux nont pas joué un match durant le lock-out, cest peut-être tout simplement du au fait quils navaient que 14 et 15 ans, non ?

  10. Diminuons le nombre déquipes à 8 ou 6.
    Joueurs étrangers illimités.
    Des patinoires enfin vides.
    Une équipe de suisse toujours autant nulle.
    Mais comme on sen fout de léquipe suisse…..
    Comme au foot dailleurs.

  11. @Viðarr
    Si tu nes pas assez au courant pour savoir lage du joueur le plus prometteur de ces dernières années (Josi) du moins approximativement, cest que tu ne connais strictement rien au hockey. Dès lors, tu nous feras le plaisir de garder tes commentaires dincultes du hockey pour toi. Merci

  12. Article affligeant reprenant les « polémiques » des 5 dernieres années(voir plus pour certaines). Lamentable et inutile, jespere que cest un journaliste bénévole!

  13. Apparemment, il faut tout vous expliquer avec des mots pas trop compliqués (il est bien connu quYvan Quentin est un bourrin), alors je mexécute :

    Moi y en a bien savoir que Josi et Froidevaux y en a pas être bien vieux. Dailleurs, eux y en a jouer chez les juniors à lépoque du lockout. Du coup, ça y en a être spécialement crétin de dire queux y en a avoir leur place en LNH au vu de leur prestation pendant le lockout.

    Vous y en a comprendre ou moi y en a devoir faire un petit dessin ?

  14. Premièrement je dois vous avouer que personnellement ça ménerve de voir nos meilleurs joueurs partir en NHL. Ce que je veux voir cest des matchs intéressants ici avec des joueurs auxquels on peut sidentifier. Payer des forfaits astronomiques sur internet pour voir des équipes nord-américaines, en frétillant parce quil y a un suisse qui fait 3 shifts en 4e ligne, ça ne remplacera jamais lémotion de voir un derby à la pato.
    Deuxièmement, sur le problème du nombre détrangers en Suisse, je ne vais pas payer un abonnement de 500chf pour voir une brochette de second couteaux canadiens surpayés dans un championnat écrasé par les 3 équipes les plus riches, pendant que les jeunes du cru… se trouvent également dans les gradins à regarder les mêmes second couteaux surpayés et autres récalés NHL à la Carter qui nont plus dautres ambition que de poser leur cul sur des lingots.
    Lintérêt du championnat se limiterait dès lors à: « Qui a réussi à engager les pseudo-stars nord-américaines les plus chères cette année? »
    Je remercie mille fois les gens de la ligue pour leur vision pragmatique des choses. Eux comprennent les sensibilités du public et répondent à ses intérêts.
    Frank, cest un peu souvent la même rengaine il me semble: « la NHL cest cool, les canadiens cest forts ». Mais je lui reconnais au moins le mérite de déchaîner les passions, ce qui devient assez rares la majorité de la presse étant insipide.

  15. Jajouterai que Frank semble complètement oublier le fond de la question: que désire le public suisse? Je vais lui donner quelques indices: une équipe à laquelle il peut sidentifier, voir des jeunes se développer, le faire rêver en voyant des gens proches réaliser des prouesses, un championnat équilibré où la formation est un pilier, une politique du sport qui encourage les jeunes à se donner, des rivalités intercantonales…
    Pense-t-il vraiment que de voir un championnat caviar bâti avec des douzaines de pseudo-stars importés et démotivés fait envie à qui que ce soit?

  16. A mon avis, tu as tort tudor.

    Les gens se foutent pas mal de quoi est composée leur équipe. Des internationaux, des étrangers, des jeunes qui ont fait toutes leurs classes dans le club. Ca na aucune importance.

    Ce que veulent les fans, cest de voir leur équipe gagner. Peu importe de quoi elle est composée. Un jeune du cru, cela fait plaisir, mais sil ny en a pas, ça ne change rien.

  17. Pavel, ça métonnerait que tu crois à ce que tu viens décrire. Les gens aiment voir des suisses sur la glace car ils peuvent un peu simaginer être à leur place. Qui est lidole de Gottéron? Sprunger! Quel maillot porte le 80% des enfants à St-Léonard? Sprunger!
    Quel intérêt aurait une équipe composée de mercenaires inconnus qui changeraient chaque année? Aucune! De plus le championnat serait beaucoup plus nettement dominé par les 3 clubs qui ont de largent, soit Berne, ZSC et Lugano qui auraient chacun une dizaine de cracks surpayés, pendant que tous les autres abandonneraient leurs mouvements juniors dans le but déconomiser pour acheter des seconds couteaux canadiens ou autres. Réfléchissons de manière étendue, cette solution serait un suicide pur et simple pour le champmionnnat suisse.
    4 étrangers par équipe est la meilleure solution: elle garantie que les étrangers soient de bonne qualité et que le niveau de jeu soit tiré vers le haut.

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