Uni-On est en finale !

Massagno au Mitar

A mon avis, le basket suisse mérite bien plus d’attention que ce qui se fait actuellement. Alors je m’en vais tenter de temps en temps de combler en (petite) partie ce manque sur ce site. Je suis loin d’être un expert, mais par contre je suis fan d’Union Neuchâtel. C’est donc en toute partialité que je vais vous conter l’exploit réalisé mardi soir à la Riveraine par cette belle équipe composée en grande partie de jeunes talents : se qualifier pour la finale du championnat en battant SAM Massagno et ses grands noms.

Le contexte

Le championnat de ligue nationale A de basketball suisse (SB-League) compte 10 équipes réparties équitablement selon mon échelle de valeurs sur tout le territoire national (2 équipes tessinoises, 2 équipes suisses-allemandes, 6 équipes romandes). Au terme de 3 tours, les 8 équipes les mieux classées sont qualifiées pour les 1/4 de finale des playoffs (best-of 5).

Fribourg Olympic est l’ultra-favori de toutes les compétitions nationales depuis plusieurs années. Ce club est doté d’infrastructures et de moyens inégalés au niveau national. C’est un peu le Bayern Munich ou le Paris St-Germain du basket suisse. Fribourg a survolé la saison régulière, terminant avec 1’287 points d’avance sur le deuxième (j’exagère à peine). Ils ont déjà remporté la Coupe de Suisse et la Coupe de la Ligue. Comme d’hab.

SAM Massagno était longtemps un club moyen dans l’ombre des Lugano Tigers. Depuis quelques années, le SAM a cependant réussi à faire (re)venir au Tessin certaines vedettes suisses (Dusan Mladjan, Roberto Kovac, Marko Mladjan) arrivant gentiment en fin de carrière, les deux premiers étant des snipers à 3 points qui pourraient dégoûter n’importe quel veau devant une mamelle. Ils se sont classés 2èmes au terme du championnat.

Union Neuchâtel est le club formateur par définition. En 2018, les U20 d’Union Neuchâtel étaient composés de jeunes éléments prometteurs. Plusieurs d’entre eux ont été intégrés à la première équipe, et trois sont aujourd’hui membres de l’équipe nationale et des pilliers de l’équipe fanion (Fofana, Grandvorka et Martin). Ces deux derniers se sont malheureusement blessés en début d’année 2022, ne pouvant revenir dans le groupe que peu avant le début des playoffs. Le club est géré par un comité de passionnés et suivi par le meilleur public de Suisse. Je vous ai bien précisé que j’allais être impartial. Nous avons fini brillants 3èmes du championnat régulier.

Lions de Genève était pendant longtemps le club qui arrivait (des fois, un peu) à tenir tête à Fribourg et à leur choper une Coupe de Suisse ou de la Ligue de temps en temps. Cette saison, le club est en pleine et délicate transition (changement du président Imad Fattal, figure charismatique du club depuis 12 ans) et ne s’est jamais réellement relevé de son élimination en 1/4 de finale des playoffs 2021 contre la surprise Starwings Basel (bon en même temps, se faire éliminer par des Suisses-allemands en basket, c’est la honte … en 2021, c’était d’ailleurs la première fois qu’un club d’outre-Sarine arrivait en finale du championnat. Et à mon avis ça va plus arriver de sitôt. Bon pour être honnête, Basel avait alors éliminé Union Neuchâtel en demi-finales. C’est pas une excuse, mais les play-offs se disputaient au meilleur des trois matches, et à huis clos. Basel avait donc un avantage, ils sont habitués à jouer sans public). Cette année, Genève a laborieusement terminé 4ème de la saison régulière.

Quant aux autres clubs, ils sont de tradition (Boncourt), en reconstruction (Lugano, Monthey), surprenant (Nyon, excellent 6ème) ou suisses-allemands (Luzern, Bazel). Boncourt et Monthey sont reconnus pour la ferveur de leur public.

L’événement

Le 17.05.2022 s’est donc tenu le match 4 de la demi-finale des playoffs Union-Neuchâtel – SAM Massagno, à la Riveraine à Neuchâtel. Union menait 2 victoires à 1 avant le match, ce qui était déjà une surprise.

Pour ceux qui veulent (re)voir le match:

Le match en deux mots

Brillant Colon.

L’homme du match

Difficile de désigner un seul joueur tant la performance a été de haute qualité du côté de Neuchâtel. Les nominés sont :

  • Toute l’équipe
  • Le coach Mitar Trimunovic (qui a un nom qui va me permettre plein de jeux de mots dans mes prochains articles)
  • Toute l’équipe
  • La charmante demoiselle de la buvette en haut des gradins
  • Toute l’équipe

Soyons sérieux : on aurait pu désigner Bryan Colon, le capitaine, pour ses 18 points, Fofana pour ses nerfs et cette incroyable capacité à être décisif, Popovic pour sa défense de fer et son panier super-important à la dernière minute, Morris pour son panier super-important à la dernière minute, Anabir pour son contre supersonique à la dernière minute, Martin et Grandvorka, pour leur engagement et pour avoir réussi à revenir de blessures en forme au bon moment, Giddens pour son match dingue et son énergie.

Je vais cependant désigner Justin Chad Timberlake, l’entraîneur-adjoint-joueur d’Union Neuchâtel. Lors du 1/4 de finale des playoffs, Timberlake s’est tordu la cheville et sa dernière saison (et donc sa carrière) semblait se terminer en eau-de-boudin. Il faut préciser qu’il n’était pas vraiment censé jouer un rôle décisif en plus de celui d’entraîneur-adjoint cette saison, mais juste donner de temps en temps un coup de main sur le terrain.

On ne sait pas si Union Neuchâtel s’est dégoté son propre Denis Vipret, mais à l’instar de Grandvorka et Martin, Timberlake est revenu sur les parquets, et de quelle manière ! Hier soir, il a joué bien plus que d’habitude, utilisant son immense expérience pour calmer les troupes et marquer quelques points hyper-importants. A 2 secondes de la fin, il a notamment eu le sang-froid et la présence d’esprit pour obtenir une faute et deux lancers-francs vitaux.

Timberlake mérite ma désignation comme homme du match. Il gagne une bière à la mi-temps du prochain match (prière de se présenter devant le comptoir de la Sandrine).

Le « vieux » Chad avec le « jeune » Selim Fofana.

La buse de la série

Isaiah Williams pour ses connaissances géographiques. C’est personnel. Je m’explique :

En septembre 2020, alors qu’il est capitaine d’Union Neuchâtel et qu’il a prolongé deux mois auparavant son contrat, Isaiah Williams demande à quelques jours du début de la saison d’être libéré de son contrat pour rentrer auprès de sa famille en Belgique. Le club accepte à contrecœur, mais les raisons paraissent nobles.

Cependant, le 5 février 2021, soit 5 mois plus tard, l’intéressé signe à SAM Massagno. Ceci donnera des situations cocasses, soit que l’ancien capitaine qui a fait toute sa préparation avec Union Neuchâtel aura l’occasion d’affronter au cours de la même saison ses anciens coéquipiers sous le maillot de l’un de ses principaux concurrents.

Ok, je n’ai peut-être pas toutes les informations. Mais je m’en fous. Ça m’a énervé. Isaiah Williams mérite donc d’être la buse de tous les matches et de toutes les séries à venir entre Union Neuchâtel et SAM Massagno pour le fait de penser que le Tessin est plus près de la Belgique que Neuchâtel.

Aujourd’hui, il doit peut-être regretter son choix. Je lui conseille un cours d’initiation à Google Maps.

Le tournant de la série

Sans conteste la première victoire d’Union Neuchâtel dans le match 2 au Tessin (87-91). Il s’agissait là de la première défaite de SAM Massagno sur son parquet de toute la saison.

Le geste technique de la série

Difficile de désigner un seul geste. J’aimerais citer l’abnégation et la solidarité des Neuchâtelois. Lors de leurs deux victoires à domicile, le score était à chaque fois serré, Union menant quasiment tous les matches de bout en bout, mais n’arrivant pas à prendre le large, et se faisant systématiquement rattraper lors des dernières minutes. Pourtant, à chaque fois, les Unionistes ont réussi à retrouver des ressources et à passer l’épaule pour quelques points.

Le geste pourri de la série

La mini-émeute déclenchée par Marko Mladjan et son coach, le toujours énergique Robbi Gubitosa (ce qui lui a d’ailleurs valu une faute technique supplémentaire) à 30 secondes de la fin du match 3. En fait, le panneau d’affichage indiquait 3 fautes pour Marko Mladjan. Après qu’il ait pris sa traditionnelle faute technique pour avoir râlé sur une décision arbitrale en faveur d’Union Neuchâtel (donc totalement juste), l’officiel de la ligue lui a signifié qu’il s’agissait en fait de sa 5ème faute, synonyme de fin de partie pour lui (Cheh comme dirait mon fiston). SAM Massagno a même déposé un protêt (retiré par la suite, visiblement le club a revisionné le match et constaté qu’il s’agissait bien de sa 5ème faute) et Marko Mladjan a boudé la cérémonie de remise des prix aux meilleurs joueurs. Dommage pour lui, il a gagné la traditionnelle bouteille de vin mousseux neuchâtelois, qui a finalement été remise à son frère Dusan. On espère qu’il l’a gardée.

Les chiffres de la série

1’450 et 1’315.

Le nombre de spectateurs pour les matches 3 et 4 à la Riveraine. Un public chaud-bouillant, harangué par Fofana ou Giddens après certains paniers spectaculaires, qui a poussé ses favoris et très bien joué son rôle. Vu la chaleur, le caissier doit d’ailleurs se frotter les mains et espérer que le beau temps va persister jusqu’aux matches à domicile de la finale.

Le truc marrant de la série

Les trois Américains de SAM Massagno ont en commun d’avoir tous joué à un moment ou un autre sous le maillot d’Union Neuchâtel : Williams, Taylor et James. Manque plus qu’Averell et on se serait cru dans Lucky Luke.

La rétrospective du prochain match

Il faut être honnête, Union Neuchâtel a décroché le titre de champion de Suisse de basketball derrière Fribourg Olympic. C’est un ogre. Un Everest.

Mais bon … comme dirait Serge Pelletier, ça se joue dans la tête. Et comme dirait Jean-Claude Dusse, on sait jamais sur un malentendu.

Ce qui est certain, c’est que cette solidaire équipe d’Union Neuchâtel est euphorique, que ces jeunes doués entourés de sages expérimentés n’ont absolument rien à perdre contre l’hyper-favori fribourgeois. Certains suiveurs prédisaient en début de saison que les Neuchâtelois pourraient ne pas se qualifier pour les playoffs, du fait de la prudence affichée en ces temps incertains (Covid) par le comité qui avait décidé de ne pas avoir recours à plus de deux étrangers.

Et surtout, surtout, tout Neuchâtel sait maintenant que Mitar sait faire des miracles (il n’y a pas de jeu de mots pour l’instant…).

La phrase du jour

On est en finale, on est en finale…

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