Pigeon d’août 3: Nathan Zana

Un an. C’est le temps qu’il aura fallu au Vevey Riviera Basket, malade sous perfusion, pour entendre les trois « bip » annonçant son décès tragique, celui d’une relégation au troisième échelon national. À l’image d’une saison sportivement moyenne, l’institution vaudoise aura manqué son lancer-franc administratif en perdant sa licence en deuxième instance. Ou presque.

Une sentence qui pousse donc le club aux portes du Tribunal arbitral du sport pour une partie judiciaire face à la Swiss Basketball League. Un scénario improbable il y a encore quelques mois, et qui s’avère aujourd’hui aussi passionnant qu’un match décisif en finale de playoffs (à défaut d’y participer en championnat). À qui la faute ? La Ligue ? Le Club ? Difficile à dire…

Mais tout de même, les Vaudois pouvaient s’attendre à ce bourbier après que Nathan Zana, président du club, a déclaré en février dernier accuser un manque d’« environ 130’000 francs pour couvrir le budget de l’exercice en cours ». On est assez loin du compte d’un simple bière-saucisse à rembourser à ton pote après le barbecue du weekend dernier. Le grand manitou ajoutait d’ailleurs pour Le Matin.ch que le club vivait « un peu au mois le mois ». Rassurant quand ton club navigue déjà à vue depuis sa promotion en 2017. Finalement, il n’y a pas qu’avec les voyages en période de Covid que les gens ne planifient plus grand-chose…

Un scalpel et de la charcuterie

Tel le chirurgien qui opère une liposuccion nécessaire, Nathan Zana incarnait ce sauveur d’expérience pour le pensionnaire de la Galerie du Rivage. Et c’était légitime pour cet homme sûrement de bonne foi qui fût longtemps un joueur important du basketball helvétique à Pully. Mais n’attendant pas de stabiliser un club à la recherche du succès d’antan, Zana finalement pas marché pour l’ancien meneur aux yeux plus gros qu’un ventre inopérant.

Pour ce premier anniversaire de présidence, le bilan est donc aussi flatteur qu’une armoire vide de titres en LNA depuis 1991. Le coup de scalpel vécu ces sept derniers mois charcute le VRB d’un diagnostic sans appel, amputant les jambes de ce club historique. Évidemment, les « patients » supporters vaudois auront vécu, en plus du coronavirus, une saison étrange de bout en bout avec notamment un bilan négatif avant l’arrêt du championnat, une communication interne opaque, une suspension évitée de justesse pour défaut de paiement auprès de la ligue, ou encore des salaires impayés chez plusieurs joueurs cadres selon les très informés David Pinto et Florian Jas, qui relatent les faits dans leur excellent podcast « Le Cinq Majeur ».

Autant dire que les ingrédients proposés par Nathan Zana et son organisation sont suffisants pour réaliser un agréable séjour à la morgue. D’autant plus que pour pouponner ce cadavre tout frais, le club ne s’est pas privé d’un recrutement clinquant cet été avec les ailiers Jonathan Dubas et Markel Humphrey, les prometteurs Suisses Clayton Le Sann et Tristan Von Nieda ou encore les spectaculaires américains Amir et Antonio Williams. Le tout sans licence (encore) octroyée pour la LNA et en comptant toujours sur une probable procédure judiciaire qui coûtera, sans nul doute, une blinde.

On cherchait une définition du mot « merdier », elle est bien là pour cette opération à cœur ouvert. Et sans anesthésie pour ce club que l’on espère tout de même se maintenir dans l’élite. Un petit pigeon en salle de réveil ?

A propos Vic Perrin 21 Articles
Un peu casse-cou, mais pas trop casse-couilles

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