« Hustle » peut-il devenir le seul (bon) film de basket ?

Depuis la sortie du documentaire The Last Dance, retraçant avec brio la dernière saison de l’égocentrique Michael Jordan avec les Chicago Bulls en 1998, Netflix s’est mis en tête de faire du basket sa nouvelle poule aux œufs d’or après les séries culinaires ou les histoires d’amour qui se terminent toujours bien. Ce new trend, qui fait parfaitement tourner l’algorithme des sportifs du canapé, redonne parfois des lettres de noblesse à la balle orange bien qu’elle ne soit pas encore « the new black » en terme de succès. Car après le documentaire sur le basketteur-rappeur-dirigeant de l’ASVEL Tony Parker, c’est l’acteur Adam Sandler qui s’y colle pour relater la vie d’un recruteur dans « Hustle ». La note ? Un « B+» d’encouragement, comme on ferait dans un lycée aux States. 

Si vous ne vous souvenez pas d’Adam Sandler, il ne faut pas chercher bien loin : l’Américain est probablement l’un des pires acteurs d’Hollywood… ou tout du moins celui qui a rarement eu des rôles à la hauteur de son « potentiel » talent. Car oui, tout le monde ou presque se souvient de ses prestations d’une inoubliable faiblesse dans des navets tels que Amour et Amnésie avec Drew Barrymore, l’invraisemblable Click: télécommandez votre vie ou encore le récent Murder Mystery avec Jennifer « Botox » Aniston. C’est rare de trouver un bon film du natif de New York, bien que l’on puisse un tantinet s’attarder sur Self Control avec le génial Jack Nicholson. C’est dire les frissons qui ont transpercé la peau d’innombrables fans de basket lorsque le nom de Sandler est paru dans la presse comme celui qui produirait et jouerait l’acteur principal dans ce fameux long-métrage réunissant plusieurs joueurs et anciens de la NBA. Aucun lien ici avec un autre navet, Space Jam 2 sorti l’an dernier, malgré le fait que l’actuel star des Los Angeles Lakers LeBron James soit lui aussi producteur des deux films. Et rien a voir non plus avec Martin Scorsese, qui n’a sûrement pas été consulté pour le rôle de metteur en scène et qui doit royalement s’en foutre de tourner avec des divas de la balle orange en ce moment.

Bref, le fameux Hustle sera l’œuvre d’Adam Sandler. Dont acte. Et des idiots à plus de 5’000 km de la Grosse Pomme ont eu la brillante idée de le nommer Le Haut du Panier en français. C’est tout de suite moins classe, mais puisque l’algorithme nous dit de regarder ce film, alors regardons le et distribuons quelques notes (attention : spoilers potentiels).

Le scénario : C, comme « consensuel »

Disons-le d’emblée : le scénario de Hustle ne casse pas trois pattes à un canard. En gros, il est dit sur plusieurs sites spécialisés que « Stanley Beren (Adam Sandler) est un recruteur de basketball en perte de vitesse qui tente de relancer sa carrière en recrutant pour la NBA un joueur étranger au passé mouvementé ». Vu comme ça, ça ne donne pas vraiment l’envie de faire un salto arrière.

Le joueur en question s’appelle Bo Cruz, 22 ans, 2m06 sous la toise et un nom sorti tout droit d’une carrière sur le jeu NBA 2K. Le géant ignoré des radars de recruteurs NBA (étonnant pour son gabarit) est découvert un peu n’importe comment par un Stanley divaguant dans les rues, dépité de ne pas pouvoir voir à l’œuvre le poulain qu’il suit dans une équipe professionnelle du championnat espagnol. Une promesse non tenue qui en amène une autre avec sa visite d’un playground niché où se joue de l’argent contre des défis  « basketballistiques ». Qu’il répétera sur le sol américain. On est loin d’un karaoké géant au Maurerpark de Berlin.

C’est au cours de leurs interactions futures que l’on verra le vrai visage Bo Cruz. Un passé mouvementé qui se résume donc à un casier judiciaire plutôt insignifiant (une baston, ce qui est loin du meurtre ou du vol à main armée) mais également la garde d’une fille d’environ 4 ans qu’il a eu très jeune et qu’il élève seul. Quel passé mouvementé, vraiment.

Bref, après avoir compris le terrible personnage principal du film, voici son parcours trépidant : voyage aux USA tous frais payés – entraînement privé avec Stanley – essai raté pour cause de perte de sang froid – repenti face à la tristesse de l’échec – nouvel essai privé avec le gratin des coach et joueurs – accès à la NBA. 

Merci, bonsoir. 

Les acteurs : B, comme « bien joué »

Le film joue la carte de l’authenticité avec l’engagement de vrais joueurs NBA et d’anciennes gloires pour accompagner Adam Sandler. Grand fan de basket, on sent le quinquagénaire n’être plus le piètre acteur que l’on a pu connaître par le passé mais un homme ressuscité. Révélé récemment sur le film Uncut Gems, il prend ici du plaisir à tourner avec ses idoles et ça se voit. En plus de cela, les quelques basketteurs ayant un rôle important à jouer font mieux qu’un simple dribble. Tout commence avec le pivot Boban Marjanovic, qui interprète dans une scène cocasse un joueur serbe sensé avoir 22 ans pour intégrer la Draft NBA alors qu’il en a bien plus.

Puis le défilé se poursuit avec la découverte fréquente d’au moins 25 vedettes telles que l’actuel présentateur de la chaîne TNT Kenny Smith, reconverti ici en agent de joueurs, mais aussi de Kyle Lowry (Miami Heat), Julius Erving (ancien des Philadelphia Sixers), Trae Young (Atlanta Hawks), Jordan Clarkson (Utah Jazz) ou encore Aaron Gordon (Denver Nuggets). Toutefois, celui qui tient le rôle le plus important, c’est bien sûr l’Espagnol Juancho Hernangomez, ancien joueur des Denver Nuggets ou Boston Celtics dont la carrière peine à décoller. Presque comme dans le film. Il se propose à l’écran comme un acteur intéressant, mais bien meilleur avec un ballon dans les mains. Ce sont d’ailleurs les scènes où il se démarque le plus. Durant le film, il crée une tension palpable avec son rival américain, Kermit Wilts, un jeune joueur prometteur interprété par l’excellent Anthony Edwards qui se révèle être talentueux sur les deux fronts. Avec un nom aussi lunaire et des textes qui seraient souvent improvisés, la star des Minnesota Timberwolves surprend. 

Comme quoi, tourner avec Adam Sandler peut faire émerger de nouveaux talents. Aussi étonnant que cela puisse paraître… 

Le contexte du film : A, comme « ah que c’est kiffant! »

On aurait pu s’attendre à un film un peu ringard, mais il n’en est rien. Ce qui sauve en grande partie le film, c’est la restitution de la réalité (ou presque) du contexte de la NBA. C’est la franchise des Sixers de Philadelphie qui est le théâtre des discussions, des magouilles et des espoirs déchus. Ce qui est assez impressionnant, c’est la proximité qui se crée avec le monde de la NBA, comme si on le vivait pleinement. Car suivre la caméra directement sur le playground ou sur le terrain du Draft Combine, c’est impressionnant. Se retrouver dans les coulisses d’une vie à mille à l’heure, au centre d’entraînement des professionnels de la balle orange ou dans les bureaux du Wells Fargo Center, l’antre des Sixers, c’est aussi prenant. Enfin, vivre pleinement l’arrivée dans le couloir menant au terrain et se retrouver sur le parquet avec 20’000 spectateurs en compagnie du mythique coach des Celtics, des Clippers et désormais des Sixers, Doc Rivers, cela n’a pas de prix. 

Sauf celui d’un abonnement Netflix.

A propos Vic Perrin 21 Articles
Un peu casse-cou, mais pas trop casse-couilles

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