Qu’elle est belle, la SBL

Si le mois d’octobre est synonyme de fête de la bière ou sortie champignons, c’est aussi le retour du championnat de basket le plus palpitant du continent : la Swiss Basketball League (SBL). En raison de sa diffusion mondiale – avec des pics d’audience dépassant la finale des Jeux Olympiques – et une multitude de maillots vendus notamment en Chine, la mythique ligue de basketball suisse conserve son nom anglophone pour conquérir toujours plus le monde et concurrencer la NBA. Et au contraire de la ligue américaine, la SBL promet du suspense sans équivoque pour cette nouvelle saison. Non, on déconne. Mais ne boudons pas le plaisir de découvrir les forces et faiblesses des équipes en lice pour cette saison 2021/2022, et plus particulièrement des équipes romandes. 

Spoiler alert donc, c’est Fribourg qui va, comme à l’accoutumée, encore gagner. Avec, en prime, une éternelle et misérable exposition médiatique à l’échelle de la Suisse. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir une équipe nationale réalisant quelques exploits (victoire contre la Serbie), un club local qui régate au niveau européen (justement Fribourg) ou encore un joueur NBA en activité, Clint Capela, qui bénéficie d’une place de titulaire à Atlanta, du statut de meilleur rebondeur de la grande ligue et d’un contrat digne d’un All-Star.

Bref, rien de nouveau sous la grisaille suisse en vue de ce championnat suisse qui, une fois encore, verra (probablement) Fribourg rafler le titre cette saison. Car oui, l’équipe basée à St-Léonard fait encore figure de favorite avec un recrutement cinq étoiles pour le championnat. Pour espérer régater dans l’une des compétitions européennes auquel il participait cette nouvelle saison (Basketball Champions League), le club fribourgeois a conservé plusieurs de ses meilleurs éléments (Cotture, Maquiesse) et prolongé l’artisan du succès du club, à savoir le coach Petar Aleksic. L’ancien sélectionneur de l’équipe de Suisse est un stratège hors pair, qui s’est toutefois laissé une option de partir pour un championnat plus huppé si cela venait à se produire durant la saison.

Arnaud Cotture ne fait pas dans la dentelle.

Du rififi au bout du lac 

Les pensionnaires de la salle du Pommier n’ont pas su récolter les fruits de leur bonne intersaison 2020. Avec un effectif incroyable, composé notamment d’une pléthore de joueurs suisses internationaux, l’équipe fondée en 2010 sera passée complètement à côté de son objectif ultime : celui de remporter le titre. Alors, n’importe qui se serait dit qu’il fallait simplement remettre la même recette dans la marmite en espérant effacer ce faux-pas en playoffs contre Bâle qui n’avait aucun sens pour tout suiveur du championnat. Mais non, c’est bel et bien l’inverse qui se produit pour cette nouvelle saison. Le fruit mûr s’est si vite desséché qu’il apparaît aujourd’hui aussi fade qu’une compote trop cuite.

Tous les cadres sont partis, et l’effectif s’est retrouvé démuni de nombreux joueurs qui représentaient le cœur de l’équipe et composaient une armada talentueuse. D’abord, c’est les départs de l’un des meilleurs joueurs de la saison Tim Derksen, du energizer Michel-Ofik Nzegue, du sniper Roberto Kovac vers Massagno et surtout l’enfant du pays genevois, Jeremy Jaunin, qui ont choqué plus d’un supporter. Cherchant plus de temps de jeu relatif à son statut d’international et une stabilité dans le cadre familial, le magicien de 170 cm s’en est allé du côté de Nyon. Dans le lot des talents débarqués l’an dernier à Genève, c’est les départs conjugués des expérimentés Ive Ivanov et Donatas Sabeckis qui pèsent également dans la balance. Ce dernier, meneur lituanien de 30 ans et 197 cm, apportait une certaine maîtrise dans l’organisation du jeu par son expérience européenne avec ses 5 passes décisives par match. On compte presque la totalité de l’effectif qui a donc fait ses valises, l’ambiance n’étant pas au beau fixe en fin de saison après le camouflet des playoffs selon le très informé média Le Cinq Majeur qui parle même de « cauchemar ». Même pas besoin de regarder les Feux de l’Amour, les Lions de Genève sont là pour ça.

Le panier de la victoire pour Starwings. Et derrière les SIG qui font la tronche.

Alors s’il y a eu tout de même des arrivées notoires (Marco Portannese, Vid Mlienkovic), certains sont aussi restés dans la barque qui tangue. Outre le prometteur ailier suisse Brandon Kuba et Thomas Jurkovitz (frère de), l’un des survivants est le pivot Eric Adams qui sort d’une grave blessure avant les playoffs. Son impressionnante envergure lui laissera encore une fois le rôle de dominateur sous les panneaux, avec des dunks et contres à la pelle derrière son profil défensif. On nous souffle à l’oreillette que ce serait lui-même qui se serait chargé d’éliminer Pierre Maudet de la course au conseil d’État genevois le printemps dernier… De quoi définitivement laisser des doutes sur la capacité du club du bout du lac à régater face à Fribourg ou aux Tessinois de Lugano ou Massagno (contre qui Genève a perdu en match préparatoire). Au moins, le fin tacticien Andrej Stimac est toujours là.

Qui sera le nouveau David contre Goliath ?

Dans ce championnat qui se vit à deux vitesses, quelle est la place pour l’exploit ? Elle est faible. Celui des Starwings de Bâle de la saison dernière a peut-être donné des idées à certaines équipes, s’imaginant enfin dans le rôle de David qui bouscule Goliath. Mais il paraît impossible car l’exploit était le plus illogique de ces dernières années dans le basket suisse. Alors non, ça ne viendra sûrement pas… et encore moins de Nyon BBC qui joue avec les moyens du bord ou de Swiss Central (Lucerne), qui vient de monter dans l’élite. Alors qui pour potentiellement endosser ce rôle ?

Les habituels outsiders que sont Union Neuchâtel ou BBC Monthey peuvent titiller les grands. Ce sera difficile, mais pourquoi pas après tout. Comme chaque saison, ils se sont démenés pour proposer une concurrence digne de ce nom. On notera, comme d’habitude, la faculté du club valaisan à composer avec ses moyens pour essayer de régater, avec notamment un vivier suisse prometteur sous les ordres de Patrick Pembele. Cette fois-ci, les Chablaisiens pourront compter sur la signature du jeune Denzel Tchougang, intérieur suisse de 208 cm (!) revenu des États-Unis, mais aussi sur les prolongations des intérieurs Thomas Salman et Brunelle Tutonda ainsi que Marlon Kessler, qui sort d’une saison intéressante à la mène. Pour le concurrencer, c’est le recrutement de JaCory Payne qui va faire saliver les supporters du Reposieux. Ancien de Starwings et récent finaliste du championnat hollandais, l’Américain sort d’une saison en Suisse à 22 points de moyenne et 4 passes décisives par match. De quoi rendre la concurrence en Suisse romande plus rude qu’elle ne l’est déjà. Hormis Boncourt, qui semble être plus à la peine que les autres équipe pour attirer les gros poissons. À croire que l’Allaine n’est pas le meilleur cours d’eau pour pratiquer la pêche.

Car oui, il est loin le temps des succès des années 2000 chez les Tchaits-coutchies. Bien que très décevant la saison dernière, le club jurassien a toutefois assuré un minimum son été en prolongeant les contrats de l’efficace ailier Juraj Kozic (15 points de moyenne), du meneur Marc Seylan et son intérieur serbe Nemanja Calasan, qui assurait une production de 10 points et 7 rebonds en moyenne par match. Malgré tout, aucun transfert retentissant n’est à mettre au crédit des pensionnaires du Chaudron qui stagnent depuis quelques saisons. Dans la région, n’est pas le HC Ajoie qui veut.

 

Pronostic peu fiable

  1. Fribourg Olympic
  2. Spinelli Massagno
  3. Lions de Genève
  4. Union Neuchâtel
  5. Lugano Basket
  6. Starwings Basel
  7. BBC Monthey
  8. BC Boncourt Red Team
  9. BBC Nyon
  10. Swiss Central
A propos Vic Perrin 21 Articles
Un peu casse-cou, mais pas trop casse-couilles

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