Hé Arnold !

Si les joueurs du LS ont montré toute l’étendue de leur maestria en passant un savon à Bulle en Coupe DE Suisse, leurs homologues hockeyeurs étaient encore à la recherche de cet exploit majuscule qui définit une saison avant le match d’hier. Y avait-il meilleur contexte que celui d’un mercredi soir de Champions Hockey League, au son de l’hymne officiel (Antonin Dvořák doit être drôlement content que sa Symphonie n°9 soit passée dans le domaine public) et des claquements de dents adverses, faute de public nombreux et bruyant ? Absolument, mais on vous raconte tout ça quand même.

L’avant-match

Le Lausanne-Sport et le Lausanne Hockey Club ont décidément beaucoup de points communs en ce début de saison: ils ont tous deux officiellement inauguré leur nouveau stade après de nombreuses tentatives infructueuses (dont 6 pour le LHC face au Centre de Recyclage des Vieux Lions Décrétés Indésirables), ils ont tous deux des dirigeants dont la ligne directrice est aussi convaincante qu’un argument ichtyologique d’Yves Nidegger et leurs classements respectifs en championnat sont sur les traces du record d’apnée en immersion libre établi par Alexey Molchanov cet été (on ne sait pas du tout qui est ce gars, mais c’est rigolo).

Comme on vous le disait plus haut, le seul menu détail qui différenciait encore les deux clubs qui font la fierté de tout un canton (quand le SLO est en congé bien sûr) avant la partie qui vous est contée à travers ces lignes était la capacité à se sublimer face à une glorieuse escouade dans une compétition prestigieuse. Autant vous dire qu’après un lundi soir entier sans Instagram, Facebook et WhatsApp, on comptait sur les Lions pour enfin y parvenir et ainsi remonter notre moral aussi chancelant que celui de Mirko Rochat, qui n’avait plus que ses 21 followers sur Twitter pour sécher ses larmes.

Le match en deux mots

Y’Adler dans la défense du LHC.

Ça fait vachement plus que deux mots. Mais y’a eu vachement plus que deux buts.

Les trois étoiles du match

⭐️ Lean Bergmann. On aurait préféré voir Ingrid, mais le jeune international allemand aux 13 rencontres de NHL à l’âge de 23 ans valait quand même le détour avec ses deux réussites et son omniprésence qui en a certainement poussé plus d’un à se demander ce qu’il pouvait bien foutre à Prilly un mercredi soir.

⭐️ ⭐️ Borna Rendulic. Le deuxième joueur croate de l’histoire à avoir joué en NHL et accessoirement capitaine de l’équipe nationale (oui, il y en a une) nous a gratifié d’une passe aveugle sur le 2-4 de Bergmann (41ème) qui lui vaut à elle seule cette deuxième étoile. On notera encore que le deuxième assist appartient à Jason Bast, locataire de la Litternahalle (l’ancêtre de la Lonza Arena) durant la saison 2015/2016. A Bast from the past, comme on dit au Québec.

⭐️ ⭐️ ⭐️ John Fust qui, en titularisant son attaquant tchèque, nous a fort intelligemment empêché de demander si Jiří Sekáč. Voilà, c’est tout pour nous. Enfin pas tout à fait. Joël Genazzi, deux ans de contrat en moins et donc plus facile à laisser au repos, pourrait, lui, avoir été aperçu à la buvette à la pause selon certaines sources peu concordantes.

Le tournant du match 

Le 2-1 de Cory Emmerton en infériorité numérique (28ème) qui a eu le même effet sur les volatiles adverses qu’un coup de pied dans un nid de guêpes désœuvrées en plein mois de septembre. Les hommes de Pavel Gross, qui semblaient jusqu’alors être venus profiter de la douceur de l’arrière-saison sur les bords du Léman, sortaient soudain de leur torpeur. Deux minutes plus tard, le tableau du score affichait un cinglant 2-3 et les dernières ambitions européennes des Lausannois avaient été mises en bière.

Malgré notre manque d’expertise en lecture de l’avenir dans le marc de bière (biéromancie), on croit pouvoir dire que c’est un mauvais présage.

Le slapshot en pleine lucarne du match

Oui, c’était il y a 8 jours face au CP Berne, mais ce but a probablement mérité une mention mensuelle dans cette rubrique pour l’éternité:

Le vieux rotoillon en cloche du match

La charge à la tête de Fabio Arnold (26ème) qui lui a valu une pénalité de match sur son deuxième shift (à vue de nez) après consultation répétée du film d’horreur que constituait son geste, le tout retransmis sur l’écran géant (il y avait donc plus de caméras que de spectateurs hier soir au vu du nombre d’angles disponibles). On a bien peur que ce qui reste de la victime doive être identifié à l’aide de ses empreintes dentaires. C’est bon ? Vous avez la vanne de boomer du titre ? Non ? Félicitations, vous êtes donc nés après 1996.

« Ouais, on voit pas grand chose sur l’écran de ton Nokia, on va quand même aller consulter la vidéo officielle. »

Le chiffre à la con

20’844. Pour ceux qui avaient perdu le fil, c’est le montant en francs collecté par des supporters du LHC prêts à en découdre pour raccommoder leur fameuse banderole via le site de crowdfunding « We make it ». Promis, ceci n’est pas un tissu de mensonges, loin de là. Alors que le but minimal à atteindre s’élevait à 8000.-, il ne fait maintenant plus un pli que la Section Ouest a gagné suffisamment de galons pour se payer une armée de Bernina dernier cri pour l’aider à enfin remettre les choses au point (de croix).

Oui, on avoue que le rythme effréné du match qui nous occupe nous a forcé à broder pour meubler cette section.

Les anecdotes

Comme on avait fait pas mal de recherches sur Elite Prospects au moment de vous présenter la plus distinguée de toutes les compétitions immortelles et de découvrir pas mal de connexions entre les Aigles et les Lions (tout arrive), on s’est dit qu’on allait voir ce qui y était dit de l’équipe locale pour changer. On n’a pas été déçu. En plus de nous rappeler que Cory Pecker détient le record du nombre de pénalités purgées en une saison (120 minutes en 45 matches en 2007/2008), le site spécialisé maîtrise parfaitement l’art de retourner la lame de patin dans la plaie béante, comme vous pouvez le voir ci-dessous. Autant vous dire qu’on se réjouit de retourner consulter ce tableau quand Christoph Bertschy participera au championnat, à la CHL, à la Coupe des Bains et aux Hockeyades avec Fribourg-Gottéron.

Au fait, on vous avait dit que Killian Mottet jouait (et scorait une chiée) à Fribourg ?

Du côté d’Adler Mannheim, on trouve un certain Cristobal Huet en bonne place dans la rubrique des anciens joueurs cultes, puisque le dernier rempart franco-suisse avait porté les couleurs de l’équipe du Bade-Wurtemberg l’espace de 36 rencontres pendant le lockout de NHL en 2004/2005. Le docte préposé à la page Instagram du club n’a pas oublié.

À Lausanne aussi il s’était passé 2-3 trucs en 2004/2005. Impossible de se rappeler de quoi il s’agit par contre, désolé.

Et sinon dans les tribunes ?

Non, ce n’est pas l’année de naissance du speaker, mais bien le triste bilan de la billetterie.

L’excitation dans les travées de la Vaudoise aréna valait au bas mot celle exhibée par les joueurs des deux escouades sur les réseaux sociaux avant la partie. Voyez plutôt:

Blague à part, on a failli trouver les ultras allemands sympathiques. Jusqu’à ce qu’ils sortent de leur bloc pour entamer une course-poursuite avec quelques illuminés encagoulés locaux. En effet, la distance les séparant de la S.O. ainsi que la barrière linguistique freinaient les cordiaux échanges de patronymes ornithologiques entre supporters.

La minute Jonas Junland

Sacré Jonas, tu nous manques. On se contentera de Lukas Frick et sa perte de puck cauchemardesque en zone défensive qui a débouché sur l’ouverture du score des visiteurs (19ème). Un bel hommage au grand roux au patin noir.

La rétrospective du prochain match

Alors qu’à l’instar de Xherdan Shaqiri confronté au concept de préparation foncière, on est déjà tout moite de sueur angoissée avant le match retour sans enjeu que quelques juniors lausannois iront disputer à Mannheim la semaine prochaine, il faudra d’abord se coltiner deux parties au relief comparable à celui d’un polder. Rendez-vous demain soir dans le fief des anciens coéquipiers de Ville « Coïtinen » (vous vous souvenez ?) et samedi à domicile face à une obscure équipe de la banlieue nord de Payerne en guise de hors d’œuvre.

On se retrouve avant le match pour l’apéro aux food tr… ah non.

Dans le même temps, le directoire vaudois se devra de continuer à répondre aux nombreuses questions qui tiennent les médias de Suisse occidentale en haleine depuis une semaine: Genazzi et Sekáč sont-ils indirectement responsables de la panne générale de Facebook et ses sbires lundi soir ? Le premier nommé portera-t-il le nombre de joueurs ayant fait un aller simple entre Lausanne et Genève ou vice versa à 11 au cours des deux dernières saisons (si on compte l’essai de John Fritsche et si on occulte le transit de Damien Riat par les Gros Nounours de Hershey) ? Est-il possible de divorcer du LHC sans la présence d’un avocat ? Les contrats longue durée signés par les nouvelles recrues locales ont-ils une version papier cette saison ? Martin Gernát est-il en réalité un Genevois dyslexique ? Benjamin Baumgartner et Andrew Desjardins ont-ils fini par sympathiser hier soir ?

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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