Mazepin, petit ange parti trop vite

La nouvelle saison de Formule 1 a repris ses droits et pour l’instant, Ferrari crève l’écran face au duo d’écuries censées régater pour les titres de champion du monde « pilote » et « constructeur ». Les nouvelles coqueluches Charles Leclerc et Carlos Sainz face à Max Verstappen et Sir Lewis Hamilton rendent évidemment cette année 2022 de course automobile ô combien passionnante, mais c’est aussi oublier qu’elle le sera sûrement moins que la précédente à cause de la perte d’un joyau de l’Est : Nikita Mazepin. 

Réputé pour ses « spin moves » et ses sorties de piste, le pilote russe n’est sûrement pas celui qui conduisait les chars du Tsar Vladimir lors de l’invasion de l’Ukraine ces deux derniers mois. Pourtant, si tous les soldats s’inspiraient des exploits de course du petit Nikita, la guerre n’aurait sûrement jamais existé.

Justement, guerre oblige, Haas a suivit le mouvement occidental visant à l’affaiblissement économique de la Russie et, surtout, la déchéance de son image par le boycott de ses icones. «Comme le reste de la communauté de la Formule 1, l’équipe est choquée et attristée par l’invasion de l’Ukraine et souhaite une fin rapide et pacifique au conflit ». C’est en parallèle de ce communiqué aussi efficace qu’un changement de pneus aux stands que l’écurie américaine n’a pas hésité une seconde à débarquer le sponsor et mécène principal Uralkali le 5 mars dernier. Et par conséquent, de virer manu militari son pilote moscovite en perdant les millions injectés par l’oligarque et milliardaire russe Dimitry Mazepin, père de qui vous savez, actionnaire du groupe spécialisé dans la production de potasse. Pour sa seule saison de rookie, celui qui se faisait surnommer « Mazespin » pour son geste signature aura donné des sueurs froides à ses dirigeants, mais aussi aux membres du paddock et aux fans de la série Netflix « Drive to Survive ».

Arrogant avec l’équipe et incompétent à ce niveau de la compétition, l’ex-coéquipier de Mick Schumacher pouvait à tout moment tordre le cou de son staff. Et pour arriver à ce niveau, il lui aura fallu énormément de tours de piste. 189 courses officielles dans des catégories inférieures totalisant seulement 24 podiums, dont 8 victoires, mais aussi plusieurs séances de test chez Mercedes coûtant chacune un million d’euros. Plus simple, il lui aura fallu aussi un sacré apport financier de la part du paternel qui aura déboursé environ douze millions d’euros en catégories junior, quand la plupart des budgets sont de l’ordre de quatre à six millions d’euros selon les estimations du pertinent vidéaste Depielo.

Pierre-feuille-caillou-ciseau.

De « Mazespin » à « Nazepin »

Au final, Mazepin quitte la scène de la reine mère des courses automobiles avec aucun point inscrit au compteur, mais l’envie de faire le bien autour de lui puisqu’il a créé la fondation « We Compete As One » pour agrémenter les plaisirs de sa jeune retraite. Évidemment, on est loin d’une fondation pour la conservation des asticots ou pour la sauvegarde des pissenlits en milieu agricole puisque c’est auprès de ses compatriotes que le blondinet né à Moscou fait son maximum. « Je n’accepte pas ces sanctions, j’ai déjà dit que j’avais l’intention de me battre. Si vous regardez tout ce qui se passe contre les athlètes russes en général, c’est de la cancel culture’ contre mon pays. ». Sujet à un vaste débat, ces sanctions qui plane sur les athlètes russe sont évidemment lourdes de conséquences et peuvent sembler injustifiées pour ceux ou celles qui font en tout cas rêver les gens. Mais chez Mazepin, c’est plutôt l’angoisse et le cauchemar qui prévalent sur et hors du circuit.

Le paddock, ou comment peut naître un serial-killer.

Autant dire qu’il n’est pas porté dans le cœur des autres pilotes du paddock et des acteurs du milieu de la voiturette en général. Car comme le soulignait le Danois Nicolas Kiesa, ancien pilote de F1 chez Minardi et Jordan Racing, « Mazepin ne respecte pas les accords passés entre les pilotes, surtout lors des qualifications. Quand il s’agit de votre comportement et de votre conduite sur la piste, cela fait une différence de savoir que quoi que vous fassiez, papa continuera toujours à payer ». Et c’est vrai qu’à la différence de Lance Stroll qui, certes, bénéficie du soutien paternel chez Aston Martin, le Canadien reste toutefois un pilote très convenable qui tiendrait sûrement sa place dans d’autres écuries de la Formule 1.

Bref, aussi ennuyant qu’une porte de garage en interview ou encore capable de peloter sans vergogne la passagère de sa voiture dans une story sur Instagram, celui qui espérait encore concourir cette saison sous un drapeau neutre peut désormais se remettre le « best of » de ses plus belles sorties de route depuis son canapé. Car chez « Mazespin », il y en a effectivement des belles à retenir pour sa première saison en F1 comme par exemple ses manœuvres défensives complètement aberrantes sur la piste du Grand Prix de Bahreïn ou ses sorties de pistes dont celle au Grand Prix d’Imola en Italie. De quoi mettre le boss de Haas Günter Steiner dans des états pas possible, vu dans la saison 4 de la série Netflix.

Un extrait vidéo qui en dit long, et qui nous fera dire que oui : « Nazepin » manquera à la Formule 1 malgré tout. RIP petit ange parti trop vite…

A propos Vic Perrin 21 Articles
Un peu casse-cou, mais pas trop casse-couilles

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