Pigeon d’octobre 2 : Lewis Hamilton

A la mi-octobre, un sportif célèbre a cru bon de faire une sortie médiatique prônant le végétalisme comme « seule solution pour sauver la planète ». Et essayez de deviner l’auteur de cette tirade : un cycliste prônant par ailleurs son sport comme moyen de transport ? Un coureur d’orientation qui se fait du souci pour ses forêts ? Un golfeur lors du Greenpeace Masters de Crans-Montana ?

Perdu ! Il s’agit du tueur de suspense attitré du sport probablement le plus polluant du monde, le Cristiano Ronaldo à roulettes et à couettes, j’ai nommé Lewis Hamilton.

Pour replacer les choses dans leur contexte, le résident occasionnel de Luins a prouvé une fois de plus que sportifs et politique ne faisaient pas bon ménage en déclarant que les gens devaient se convertir au véganisme, que l’agriculture est la chose la plus polluante au monde ou encore que le fait que la viande soit bonne pour la santé est un mensonge. Si tous ces éléments peuvent être à de degrés divers débattus, c’est surtout la personnalité qui se pose en moralisateur qui prête au mieux à rire, au pire à pleurer. En effet, le pilote le plus jet-setteur de l’histoire de la F1 possède une impressionnante collection de voitures de luxe, des maisons aux quatre coins du monde et, jusqu’à il y a peu, un jet privé pour se promener d’une très coûteuse villa à l’autre. Et ce n’est pas une pseudo prise de conscience ressemblant plus à un coup marketing quand on situe un peu le personnage – un peu comme le régime sans gluten de Djokonnard – qui va réduire son impact écologique…

Car Lewis Hamilton, s’il est talentueux, n’en reste pas moins une belle merde sur la piste et en dehors. Citons pêle-mêle de nombreuses disputes ou accrochages avec d’autres pilotes (notamment ses coéquipiers quand il sent que son leadership interne est menacé) ; plusieurs belles consignes d’équipe, le plus souvent pour flatter son ego car il a déjà championnat gagné ; plusieurs autres magouilles en course, notamment en Australie en 2009 ; des « burns » effectués en marge du grand prix d’Australie en 2010 avec sa Mercedes privée (mmh que c’est bon pour l’environnement, ces gaz de moteur chauffé à blanc et ces résidus de pneus…) ; un look en permanence chargé en bijoux en métaux et pierres précieuses, dont l’exploitation minière dans des pays en développement est un modèle de justice sociale et écoresponsable, comme tout le monde le sait ; des insinuations infondées de racisme que les stewards auraient eu envers lui après avoir été – justement – sanctionné pour des accidents en course ; une vidéo postée sur ses réseaux sociaux dans laquelle il tourne en ridicule son propre neveu de cinq ans parce qu’il porte une robe de princesse ; une implication dans les Panama Papers pour frauder les taxes découlant de son jet privé ; une garde-robe aussi improbable que coûteuse dont on est en droit de penser que les pièces ont été cousues dans de sombres usines au Bangladesh ; des sponsors (Mercedes, Sony, MV Agusta, Bombardier, Monster Energy, …) dont l’image inspire autant le développement durable qu’avoir Kevin Fickentscher au goal inspire confiance pour une défense ; et enfin, comble d’ironie pour un prétendu défenseur de l’environnement, il s’était affiché sur les réseaux sociaux avec des tigres en danger d’extinction dans un parc spécialisé, ce qui lui avait attiré les foudres de la PETA selon qui les animaux n’étaient pas bien traités dans de tels parcs.

Alors bon, je peux entendre que certains de ces points ne sont pas de vrais scandales et que d’autres sportifs ont pu en faire, du moins en partie, de même. Certes, mais d’une part la liste est quand même sacrément longue (et pas exhaustive), et d’autre je n’ai pas souvenir de beaucoup de célébrités osant se poser en donneur de leçons écologiste avec un tel passif, récents élus au Conseil National mis à part. Et on ne parle même pas ici de l’arrogance générale du Dan Bilzerian de la Formule 1, qui mériterait à elle seule un pigeon.

L’habit ne fait pas le moine, mais le look donne un bon indice pour trouver le connard

Et que dire de la Formule 1 du point de vue écologique ? Le sport élu le plus chiant au monde selon un panel de juges made in Carton-Rouge pollue non seulement considérablement durant les courses et autres innombrables séances d’essais, mais cet aspect est totalement négligeable en comparaison de l’impact environnemental qu’ont les nombreux déplacements d’un circuit à un autre. Effectivement, l’un des effets pervers de délocaliser les courses historiques d’Europe vers des pays aussi passionnés par le sport automobile que respectueux des droits de l’Homme est que de plus en plus de transports d’un pays à l’autre se font en avion, avec les voitures, le matériel, les dizaines de mécanos et tout le reste transitant dans ledit zinc. Mais évidemment, du point de vue d’un gars confondant le rôle de pilote de F1 avec celui de modèle pour un défilé Jean-Paul Gaultier, c’est bien plus écoresponsable de se gaver de steaks de soja cultivé sur des terres cramées en Amazonie plutôt que de limiter tout ou partie des incohérences de son comportement précitées.

Alors, pour que le frère caché de la famille Kardashian puisse avoir un animal auquel il ne risque pas de faire du mal et qu’il puisse se pavaner avec une des rares babioles en or qu’il ne s’est pas encore offerte, je vous propose, chers lecteurs, de voter pour lui offrir notre magnifique récompense mensuelle. Elle sera du plus bel effet pour garnir la plage arrière de sa McLaren P1 ou de sa Stallion Cobra qui fonctionnent sans doute à l’hydrogène.

A propos Joey Horacsek 89 Articles
Bon ça va, je vais pas vous sortir ma biographie

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.