Le Hertha Berlin fait le break

Depuis le début de la saison, jamais l’écart entre le leader de la Bundesliga et son dauphin n’avait excédé les trois points. C’est donc un premier break qu’a réussi le Hertha Berlin en s’octroyant quatre longueurs d’avance après son succès 3-1 à Cottbus dans un Berlin-Brandenburg-Derby disputé dans un Stadion der Freundschaft comble et en ébullition (tout arrive…).

Pourtant, les affaires de l’Alte Dame étaient mal emmanchées face à sa traditionnelle bête noire Cottbus, qui a profité d’une grosse bévue du gardien berlinois Jaroslav Drobny pour ouvrir le score. Jadis coutumier de ce genre d’erreurs, le portier tchèque du Hertha était pourtant devenu un modèle de régularité depuis le début de la saison mais là il est retombé dans ses vieux travers. Le Hertha a même frôlé la catastrophe lorsque Yula manquait le 2-0 en tirant à côté du but vide ; peu après, Voronin égalisait de la tête. Lucien Favre et les siens ont connu une nouvelle frayeur lorsque Radeljic a tiré sur la latte ; peu après, Voronin donnait l’avantage au Hertha… Si ça ce n’est pas la réussite qui fait les champions en fin de saison, ça y ressemble tout de même un peu. En deuxième mi-temps, Andreï Voronin s’est offert le triplé après un magnifique solo dans la défense de l’Energie. Et dire que l’Ukrainien n’aurait sans doute jamais porté le maillot berlinois si le jeune Tunisien Amine Chermiti ne s’était pas blessé en début de saison.

Hoppenheim est magique !

La Bundesliga est bien la ligue de tous les paradoxes : habitués au score fleuve, Hoffenheim et le Werder Brême ont concédé samedi dans un Rhein-Neckar-Stadion à guichets fermés leur deuxième 0-0 d’affilé en se quittant sur un score nul et vierge qui contrastait avec le 5-4 du match aller. Le Werder n’a toujours pas gagné en championnat en 2009, Hoffenheim n’a plus goûté aux joies de la victoire depuis 5 matchs. Il faut dire que la réussite insolente qui accompagnait le néo-promu au premier tour a disparu, avec trois tirs sur les poteaux samedi. Et puis les Kraichgauer paient aussi leurs méthodes musclées avec trois éléments suspendus contre le Werder. En revanche, les joueurs d’Hoffenheim Andreas Ibertsberger et Christoph Janker, qui encouraient une suspension pour s’être présentés en retard à un contrôle antidopage, ont été absous de toute sanction.
La Commission compétente a estimé que ce manquement n’était pas le fait des joueurs mais du club lui-même. L’entraîneur Ralph Rangnick a été sévèrement tancé par le président du comité olympique allemand pour le peu de considération qu’il porte à la lutte contre le dopage et Hoffenheim risque jusqu’à 150’000 euros d’amende, voire un retrait de points. On pourrait penser que cette peu reluisante affaire inciterait le milliardaire Dietmar Hopp a faire profil bas mais ce n’est pas le genre de la maison : le mécène d’Hoffenheim et fondateur de l’entreprise SAP (qui investit massivement dans le foot et le handball mais vient de supprimer 3’000 emplois) a pris prétexte des incidents du match Karlsruhe – Stuttgart pour assimiler tous les supporters allemands à des hooligans avec un méprisant «Tradition ? Nein danke». Il a fallu des décennies de domination insolente au Bayern Munich pour être détesté dans quasiment toute l’Allemagne ; en quelques mois, Hoffenheim est arrivé à un niveau de détestation égal, au point de presque faire passer Franz Beckenbauer pour un modèle d’humilité et Mark van Bommel pour un parangon de fair-play. J’ai bien dit presque.

L’exploit du Bayern

C’est la peur au ventre que le grand Bayern Munich attendait la venue d’Hannover 96, terrifiant à l’extérieur cette saison (10 matchs, 1 nul, 9 défaites). Et pourtant, sous les yeux d’une Allianz-Arena pleine et médusée, Stajner a fait croire que le gag était possible en ouvrant de superbe manière le score pour Sechsundneunzig. Mais, guère dangereux dans le jeu, les Rekordmeister ont pu renverser la situation sur balles arrêtées. Si l’on excepte le 3-1 d’Altintop, qui a avantageusement remplacé Ribéry, blessé, avant de se blesser lui-même, tous les buts munichois ont été marqués de la tête, sur corner ou coup franc. C’est dire que, malgré l’ampleur du score (5-1), le Bayern n’a pas complètement rassuré.
Malgré ses récents déboires, Diego Benaglio a été titularisé lors du succès étriqué de Wolfsburg sur Karlsruhe (1-0). Le gardien de la Nati s’est un peu remis en confiance avec deux arrêts décisifs en début de match et un blanchissage. Le 7e but en 5 matchs d’Edin Dzeko a suffit aux Wölfe pour dominer un Karlsruhe qui méritait mieux. Mais en ce moment la chance n’est pas avec les Badener, qui ont perdu sur blessure leur gardien titulaire Markus Miller et héritent de la lanterne rouge. Une défaite le week-end prochain contre Bielefeld serait sans doute rédhibitoire dans la course au maintien pour le KSC.

Retour sur terre pour Leverkusen

La faiblesse du Bayern Munich en Coupe avait permis à Leverkusen de faire illusion mais la venue du VfL Bochum à la LTU-Arena a ramené les Rheinländer à leur triste réalité actuelle : celle d’une équipe en plein passage à vide. Malgré une dette domination et 25 dernières minutes à 11 contre 10, Werkself n’a pu faire mieux que match nul contre Bochum (1-1) et voit la Ligue des Champions s’éloigner gentiment mais sûrement.
Entre un Bielefeld amputé de toute sa ligne d’attaque (Wichniarek était blessé) et un Francfort privé de ses deux pointes hellènes (Amanatidis et Liberopoulos), les débats n’ont pas volé bien haut avec au final un pauvre 0-0 qui n’arrange personne.

Hambourg sombre

En Bundesliga encore plus qu’ailleurs, le vérité d’un jour est rarement celle du lendemain. Il y a quinze jours, le SV Hambourg remportait un succès probant contre Leverkusen et se posait comme un candidat très sérieux au titre. Deux semaines, deux défaites et sept buts encaissés plus tard, les Rothosen cotent sérieusement à la baisse. Samedi, le HSV a été laminé 4-1 par la lanterne rouge Mönchengladbach sous les yeux ravis des 50’273 supporters du Borussia-Park. Emmenés par un éblouissant Marko Marin, les Fohlen paraissent métamorphosés par rapport au 1er tour et quittent enfin la dernière place du classement. A priori, Gladbach a toutes les cartes en main pour assurer son maintien ; le Derby samedi prochain à Cologne s’annonce d’ores et déjà brûlant. Quelques heures après sa déroute du Borussia-Park, Hambourg a pu se consoler en apprenant qu’il aurait le privilège d’accueillir son meilleur ennemi du Werder Brême en demi-finale de la Coupe d’Allemagne. L’autre demi-finale opposera Leverkusen à Mainz.

Un peu alerte centenaire

Même s’il n’a pas tous les diplômes requis, l’entraîneur Markus Babbel a redonné des couleurs au VfB Stuttgart après un 1er tour difficile. Les Souabes ne sont plus qu’à trois points de la Ligue des Champions après un succès amplement mérité contre Dortmund (2-1) devant une Mercredes-Benz Arena ausverkauft, avec notamment un magnifique but victorieux pour Mario Gomez. En revanche, Dortmund attend toujours son premier succès de l’année 2009 du centenaire. Introduit à la 68e, Alex Frei n’a guère eu l’occasion de briller, on peine à comprendre pourquoi son entraîneur Jürgen Klopp lui préfère le duo Zidan-Valdez, même si la Paraguayen a inscrit le but égalisateur samedi. Si le mentor du BVB est un motivateur charismatique, il n’est pas parvenu, à l’instar de ses prédécesseurs Jürgen Röber et Thomas Doll, à donner une identité collective, un fond de jeu et de la constance dans les performances des champions d’Europe 1997. Du coup, le Borussia paraît condamné à une nouvelle saison avec aussi peu de relief que les précédentes. C’est pourquoi, je suis assez circonspect devant la hâte des dirigeants dortmundois à vouloir prolonger le contrat de Jürgen Klopp.

Du changement à Gelsenkirchen

A Gelsenkirchen, c’est le public qui a tranché : c’est sous les sifflets de ses propres fans et d’une Veltins-Arena pleine à craquer que Schalke 04 a battu Cologne (1-0) sur une remise de Rakitic et une reprise de Jones. Les supporters königsblaue, excédés par les piètes performances des Knappen cette saison, réclamaient les départs de l’entraîneur Fred Rutten et du manager Andreas Müller ; et ce n’est pas le pauvre spectacle présenté contre Cologne qui a calmé les sifflets, malgré la victoire. Trois jours plus tard, le manager Andreas Müller, qui avait succédé au très controversé Rudi Assauer en 2006, était licencié avec effet immédiat, payant quelques campagnes de transferts que n’auraient pas reniées Christian Constantin. L’entraîneur hollandais Fred Rutten lui reste en place mais sa position apparaît plus que précaire. Et je termine par une spéciale dédicace au lecteur, qui se reconnaîtra (ou pas), qui nous avait récemment exposé dans les commentaires, avec son sempiternel ton professoral, que les fans de Schalke 04 étaient juste bons à faire tournoyer des écharpes et à jalouser Hoffenheim mais n’étaient pas capables de remettre en cause leurs dirigeants. No comment.

Écrit par Julien Mouquin

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