Ils sont sérieux, et ils ont dix-sept ans

Que les choses soient claires, avant que je geigne : la victoire des Schaffousistes est méritée. On peut estimer à une bonne douzaine leurs occasions, contre cinq bien comptées au LS. Entre une équipe dont l’effectif compte encore de nombreux joueurs qui évoluaient en LNA la saison dernière (ils ont même engagé Sébastien Roth, c’est dire s’ils sont favoris) et une autre dans laquelle la majorité des joueurs n’a pas l’âge de voter, le résultat est logique.

Ainsi, seuls l’engagement, la volonté et la pugnacité de ce LS new look pouvait offrir la résistance nécessaire à éviter une déculottée. D’autant que par les temps qui courent, déculotter des gamins de seize ans pourrait bien valoir son pesant d’embrouilles.Mais reprenons depuis le début. La vingtaine de BWFK et les quelques RL et autres «indéps» prirent place bien avant la rencontre dans un Breite qui a un peu changé depuis la dernière virée par là-bas, en 2003. Le passage en LNA a permis au club de se doter d’une mini-tribune supplémentaire derrière les buts, le tour du stade a été goudronné et des grillages installés. Au niveau de la sécurité, il faudra par contre une fois pour toutes que la Ligue Nationale nous explique ses règlements. Autant certains stadiers poussent la fouille à la limite du body-body, regardent à l’intérieur des mâts en plastique et font mine de confisquer les rouleaux de scotch, autant à Schaffouse il n’y a eu aucune fouille, et nous n’avons même pas dû ouvrir nos sacs, ce qui est très bien ainsi.
La rencontre débute, et nous comprenons assez rapidement que rien ne sera facile. Les Schauffagistes pressent bien, leur milieu de terrain fait très bien tourner le ballon, la possession de balle est donc en leur faveur. LS se crée néanmoins une immense occasion par Basha, qui rate son duel avec Bolli. Il ne manquera pas le second, et c’est par une magnifique pichenette que le LS ouvre le score. La pression des jaunes et noirs s’accentue alors, permettant à Favre de prouver à ses détracteurs, et particulièrement à cet idiot de Martin qui ne fait que le descendre sur CartonRouge.ch, qu’il est dans un grand jour.

Anthony Favre a réalisé un tout grand match

Le score à la pause est un peu flatteur pour le LS, et les avis des supporters assez balancés : certes nos gamins font un match tout d’abnégation et de culot, portant haut les couleurs et mouillant vraiment le maillot (là je voulais faire une allusion à Taylor Rain, mais j’ai pas osé). Mais à ce moment, on a aussi l’impression qu’il va manquer quelques joueurs d’expérience, capables de poser le pied sur le ballon et de changer la vitesse du match à eux seuls. L’entrée de Bugnard à l’heure de jeu ne pouvait à elle seule apaiser cette crainte… Ah, si seulement un gars comme Comisetti était toujours là !
En seconde mi-temps, le LS se fait comme prévu rapidement asphyxier et la possession de balle devient tellement élevée pour les Schaffellerins qu’il aurait fallu une échelle ouverte pour la quantifier. La défense se dégage comme elle peut, Moumouni impose une grosse présence dans les airs et Favre effectue quelques miracles, dont une parade sur sa ligne à faire déprimer un gardien de handball.
Le scénario espéré et classique aurait alors été qu’au plus fort de la pression, le LS parte en contre et effectue un hold-up parfait, mais Gelson n’était pas de cet avis. Sur un corner, il expédie une reprise de volée d’extraterrestre, du tentacule droit, directement dans la lucarne. Après Vurens il y a quelques années, Gelson rejoint le clan de ceux qui ont marqué le goal de leur vie contre nous.
Le match devient hargneux (il l’était déjà passablement). Si Circhetta avait les épaules pour gérer ce genre de rencontres, cela se saurait… Ainsi finit-il par siffler un pénalty bien sévère contre Katz, à cinq minutes de la fin. Diogo s’élance pour transformer son troisième péno en cinq matches (!), et ne trouve rien de mieux que de venir provoquer ses anciens supporters. Me souvenant alors que c’était à cause de son alliance que son accident lui était arrivé à l’époque (arrachage d’un doigt, son alliance restant accrochée au grillage), j’ai presque regretté qu’il n’ait pas porté un Prince Albert ce jour-là.
La fin devint carrément confuse, de l’expulsion de Eli aux débuts de bagarres entre joueurs, Moumouni étant entre autres l’objet d’injures à caractère racistes. L’auteur de ces attaques rejoint donc Sébastien Fournier dans le clan de ceux qui, le jour où ils se tireront une balle dans la tête, ben elle n’a pas fini de ricocher.

Barberis et le LS attendent Delémont

Fin de match frustrante donc, sans qu’il ne soit possible de revendiquer mieux que ce résultat. Je ne crois pas aux «bonnes défaites», mais nos jeunes ont tout donné. Parce qu’on ne peut pas demander à un minot de jouer comme un routard, et parce que le respect du maillot et du club se compte en litres de sueurs, cette équipe mérite du soutien. Je vous invite à venir vous en rendre compte lors du prochain match à la Pontaise, pour un derby romand qui sera chargé d’histoires (au pluriel et avec un tout petit «h») :
– le dernier match LS-SRD 0-3, lors duquel le LS avait scandaleusement soldé la rencontre et provoqué l’ire de ses fans
– la pitoyable pantalonnade du président jurassien Ory qui avait relayé une plainte déposée contre le LS par des escrocs brésiliens (même ce doux dingue de Cornu n’avait pas osé)
– les critiques honteuses du webmaster des SRD en fin de saison dernière, qui avait accusé le LS d’avoir fait exprès de perdre à Baulmes par solidarité vaudoise.
Ça fait trois comptes à régler. Que le match soit beau !

Schaffhouse – Lausanne-Sport 2-1 (0-1)

Breite : 1’620 spectacteurs.
 
Arbitre : M. Circhetta.
 
Buts : 20e Basha 0-1, 73e Gelson 1-1, 85e Diogo (penalty) 2-1.  
 
FC Schaffhouse : Bolli, Da Silva, Montandon, Bochud, Schlauri, Da Silva Gideon Paulo (46e Amirante), Läng (57e Todisco ), Franyov (86e Geiser), Da Cruz (Diogo), Ademi, Rodrigues Gelson.
 
FC Lausanne-Sport : Favre, Katz, Moumouni, Lacroix, Rego, Rey (30e Ebe), Sabia Eli, Alvarez (46e Rodolfo), Pasche (60e Bugnard), Basha, Martins Pedro Henrique.
Cartons jaunes : 26e Montandon, 33e Pasche, 43e Gelson, 47e Ebe, 53e Ademi, 60e Katz, 63e Pedro, 68e Schlauri, 74e Todisco, 85e Favre, 92e Amirante.
 
Carton rouge : 87e Eli.