Footix et la rentrée lousonnoise

Désormais, chaque mois, Carton-Rouge a le plaisir de sortir ses griffes dans le nouvel hebdomadaire régional répondant au doux nom de Riviera Chablais votre région. Notre mission : croquer une thématique d’actualité sur le sport suisse avec impertinence. Nous publions quelques jours plus tard cette chronique sur notre site. La huitième édition traite d’un genre particulier de « fan » de foot, qui s’est montré particulièrement présent dans nos contrées depuis quelques semaines.

28 juin 2021. La Suisse bat la France. Et tout le pays devient d’un coup fan de la Nati. Tout le monde se prend d’un amour inconditionnel pour Shaqiri, Seferovic ou Sommer (qui est trop beau). Tous vont dans les rues pour faire la fête, offrant à la nation un sublime moment de communion. Mais dans le lot, une bonne partie des supporters détonne un peu. Mais si, vous savez, ces gens qui ont allumé la télé à la 90ème parce qu’ils ont entendu leur voisin gueuler sur le 3-3. Ceux qui n’ont pas pleuré après Suisse-Ukraine, Suisse-Pologne ou Suisse-Suède. Ceux qui ne savent pas que le reste de l’année, Shaqiri refuse la sélection pour aller se faire une greffe de cheveux, que Sefe loupe le but vide une fois sur deux, que Sommer (qui est trop beau), même lui, nous fait des boulettes. Et qui s’en foutent. Mais ce sont quand même ceux-là qui sont arrivés avant vous dans l’une des rares fan zones disponibles à Suisse-Espagne, vous obligeant à vous rabattre sur le bar miteux du coin ou chez vous. Ce sont aussi les mêmes qui, cinq minutes après la défaite, alors que vous enragez encore sur le rouge injuste de Freuler, vous disent que «c’est pas grave, ils ont quand même bien joué» et qui deviennent fans ultimes de l’Italie, qui «heu mais t’as vu comme ça joue devant ?» Alors bon, tant mieux si ces gens sont heureux ainsi. La nuit du 28 juin fut grandiose grâce à cela. Mais il reste un petit je ne sais quoi de gênant quand même.

Et voilà que le 12 septembre dernier, le Lausanne-Sport décide d’inaugurer son nouveau Stade de la Tuilière. Qui est plein comme un œuf, ce qui au doigt mouillé doit être la première fois pour le LS depuis son improbable campagne en Europa League en 2010. Dans les travées, les gens sont là pour profiter du soleil et voir un derby de Super League. Ils se disent sûrement qu’Ineos fait quand même un sacré boulot, sans rien connaître du génocide du foot vaudois qui est mené en coulisse par les géants du pétrochimique. Mais où étaient ces 12’150 supporters il y a quelques saisons, lors des matchs à se geler le cul à la Pontaise face à Kriens ou Wohlen ? De même, que pensent les rares fidèles, ceux qui ont vécu la faillite, de tout cela ? Nul doute que tous se réjouissent de ce nouvel écrin. Nul doute non plus que certains ont déjà fui devant les manigances de Ratcliffe et sa clique. Enfin, nul doute que si la météo est moins agréable que ce 12 septembre, ou que si le LS retombe en Challenge League, il ne restera pas grand-chose de ces 12’150 spectateurs, nouveau stade ou non. C’est la règle, beaucoup de «fans» sont là quand tout va bien, nettement moins quand ça ne va pas. En Suisse, on est assez doué pour cela. Et bien que ce soit logique, c’est quand même un peu facile…

A propos Joey Horacsek 84 Articles
Bon ça va, je vais pas vous sortir ma biographie

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