Le gaspillage made in Sion : les vrais potentiels (1/3)

Entre vrais potentiels gâchés, jeunes laissés en rade et régressions fulgurantes, Sion sait gaspiller et son président aime le faire plus que tout. Gaspiller du temps, de l’argent, des joueurs de qualité, des entraîneurs de renom… Enfin tout ce qui permettrait à Sion d’être champion un jour ou l’autre. Petite revue d’effectif en trois volets des personnes qui auraient pu ou dû faire gagner le titre aux Valaisans.

Germano Vailati

Prémice du plus grand fiasco de l’ère CC, la chute de Vailati est avant tout symbolique de la politique à court terme du club. Celui qui a pris lentement mais sûrement la place de Borer s’installe dans les cages valaisannes l’année de la promotion-victoire en coupe (2006). Talent repéré par l’inspiré Moulin, Germano devient vite un incontournable par sa régularité.
Alors que Sion tient dans ses cordes son gardien pour les 10 prochaines années (ou une plus-value de quelques millions), un passage à vide de trois matchs va condamner le portier tessinois. Décrié par son président, il est rapidement accusé de mettre une sale ambiance dans le vestiaire et d’avoir récemment pris le melon. Relegué sur le banc dans un premier temps au profit de Gonzalez, la quête commence rapidement dans des contrées, comme d’habitude, exotiques. Et quoi de mieux qu’un «Buffon africain, meilleur gardien d’Afrique» surcoté pour remplacer le défaillant portier de cambrouze.
Rapidement démasqué, l’imposteur qui a pris sa place se révèlera être la plus pathétique des sagas made in Sion. Entre un gardien au niveau douteux, au comportement de diva au salaire pharaonique et l’imbroglio juridique qui va suivre, le club sera perdant sur toute la ligne. Frais juridiques, mensonges médiatiques et défaite généralisée, Sion en prend plein la tronche et se retrouve au bord du précipice. Mais Bulat a su nous sauver la mise !

Abdoul Karim Yoda

Le gamin est talentueux et ça, personne ne pourra le démentir. Vitesse, vision du jeu, dribble et bonne frappe, le Français possède une palette qui ferait pâlir pas mal de monde en Super League. Cependant, lors de sa signature à Sion, le désormais ex-Servettien a négligé de se renseigner sur les structures d’encadrement du club ainsi que sur son projet à long terme. Certes, on a bien dû lui faire remarquer que son chèque de paie allait doubler et que Sion était un gros poisson, mais on a aussi omis quelques détails plus fâcheux.
Rapidement pris dans la spirale du «joue pas–progresse pas», Abdul se tape en plus toutes les misères puisqu’il est fragile et ne tarde pas à se blesser. Gentiment mis aux oubliettes, il a aujourd’hui toutes les peines du monde à réintégrer de manière durable et crédible l’effectif pro du FC Sion. Son avenir n’est certes pas complètement noirci mais le jeune a pris un sacré retard dans sa progression. Son retour tarde et il pourrait bien simplement tomber dans l’oubli ou signer à Servette. Triste destinée…

Marco Maglioglio

Nous sommes en fin d’année 2004 et tout n’est pas à son beau fixe du côté sédunois. Alors que l’ambition est clairement la montée en Super League, sion n’y arrive clairement pas alors que les moyens sont là. La saison avance et l’Yverdon de Cornu se profile comme le favori à la montée. On en a ras la casquette de bouffer des flûtes de champagne à gogo du côté de Tourbillon alors CC se dit qu’en volant le cerveau vaudois, il devrait régler l’affaire tranquillement. Tel un Jean-Michel Aulas du pauvre, Costantinus dérobe le seul joueur de valeur de l’effectif a Pierre-André dans un geste de couardise.
Marco arrive en Valais avec le statut de meilleur joueur de la division et de grand espoir pour le football suisse. D’abord peu utilisé puis rapidement rétrogradé en réserve, Maglioglio constate péniblement le chemin de croix des titulaires incapables de rattraper le TGV yverdonnois composé de grands noms du football suisse. Cornu est promu, CC déçu et Maglioglio perdu! Caramba, encore raté! Il faudra attendre 2006 pour voir Sion monter. Marco lui, commencera sa pénible descente aux oubliettes.

Saidu Adeshina

J’ai placé Adeshina dans cette catégorie, mais le joueur nigérian aurait également pu être introduit dans la troisième catégorie de ma saga (Régressions fulgurantes). C’est au cours de la saison 2007-2008 que Saidu décide de poser ses valises dans le vieux pays. Arrivé dans une équipe engagée en Europa League, l’ex-joueur de Bellinzone joue d’ailleurs ses premières minutes sous la tunique valaisanne face à Galatasaray dans ce mythique match où Sion menait 3-0 contre les Turques à la demi-heure de jeu.
Intenable dès son entrée, le nigérian laisse entrevoir un potentiel rare. Il est rapide, vif et profite de toutes les largesses des défenses adverses. De plus, il est très engagé physiquement et laisse ses trippes sur le terrain. Enfin, tout ce dont on avait besoin à l’époque dans une équipe au potentiel affirmé mais à l’engagement limité.
Alors que le joueur avait les qualités de s’imposer en Super League et de se pérénniser dans le onze de base valaisan, la prochaine fenêtre de transferts verra CC sortir le chéquier et acheter son remplaçant afin de pallier aux errements offensifs sédunois. Un peu comme d’hab’ me direz-vous mais cette fois, on tenait quelqu’un qui, dans un cadre de travail sain, aurait certainement fait exploser les compteurs à court terme.

Enes Fermino

La sélection de Fermino dans cette catégorie fera sourire certains d’entre vous car le joueur n’a jamais vraiment été un incontournable du onze de base sédunois ou un gros coup médiatique. Cependant, il n’en reste pas moins un joueur très talentueux. Débarqué de la Chaux-de-Fonds à l’orée de la saison 2008-2009, son arrivée ne fait pas trop de bruit et les attentes placées en lui ne sont pas forcément gigantesques. On se dit que c’est un pari sur l’avenir peu onéreux et qui peut se révéler payant. A bon entendeur…
Le joueur est humble et bosse tranquillement. Il s’installe paisiblement dans le onze de base valaisan au point qu’il est titularisé pour la finale de coupe de Suisse. Stable et en pleine progression, il se destine à devenir le patron de l’entrejeu valaisan. Certes, ce n’est pas Gelson mais le type fait le job et plutôt pas mal. Il a cependant une marge de progression à accomplir.
La saison le termine et là CC pète les plombs! Alors qu’il avait été raisonnable l’été passé en misant sur une stabilité qui commençait à s’installer, il décide cette fois de faire table rase. En une année, on comptabilise 26 départs (!) pour 16 arrivées. Parmi les arrivées, Mitreski, Sauthier, Chihab et dans une moindre mesure Zambrella peuvent tous jouer à la place de Fermino. Vite cantonné au banc puis à la réserve, il est aujourd’hui en prêt à Locarno.

A signaler

Le club ne porte aucunement l’entière charge de ce gâchis. Il est simplement un acteur principal dans le gaspillage de talent aujourd’hui récurrent en Valais. Il serait trop simple de lui poser l’entière charge sur les épaules et ce n’est d’ailleurs pas le but de cette saga. Les joueurs sont également responsables de leurs destinées et de leurs choix de carrière. Venir à Sion n’était pas forcément le choix le plus judicieux quand on connaît le turnover. On peut également relever que certains d’entre eux, malgré un transfert sous des cieux plus radieux, n’ont pas non plus su percer au plus haut niveau.

Écrit par Ernest Shackleton

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3 Commentaires

  1. Bonjour,

    En tant que supporter du FC Sion, je me réjouissais de lire cet article, je m’imaginais déjà le sourire au lèvre à l’évocation de ces fameux joueurs oubliés ou sacrifiés trop vite.
    Mais force est de constater que votre séléction est très médiocre et peu pertinente.
    Remonter jusqu’en 2004 pour citer des joueurs pareils, ça me laisse perplexe.
    Vous parlez de joueurs qui auraient pu faire gagner le titre aux Valaisans, j’espère pour vous que vous parlez des -21 ans et de la 1ère ligue promotion.

    -Vailati : Très bon gardien de Challenge league à coups sur, mais a très vite montré ses limites à l’étage supérieurs ( pas seulement au FC Sion). Quand un gardien atteint la super league à 27ans, je ne vois pas trop le potentiel.

    -Yoda : Joueur talentueux je vous rejoins, mais qui a bénéficié de beaucoup de temps de jeux sans jamais vraiment réussir à creuver l’écran. Il a laissé passé sa (ses) chance(s), alors que l’effectif Sédunois manquait cruellement de milieux de terrain ayant son profil (c’est un comble).

    -Adeshina : Après avoir creuvé l’écran avec Bellinzone, il a montré ses limites à l’échelon supérieur. Et encore une fois ce n’est pas une question de temps de jeux 27 matchs en 07-08 ; 24 en 08-09 et 16 en 09-10.Tout ça pour des prestations plus que moyennes. Pour moi il n’a donc également rien à faire dans cette catégorie, il n’a simplement pas le niveau et est retourné à ces premiers amours en Challenge league, ce qui lui va comme un gant ( à l’image de ceux qu’ils arborait lors de ses piètres prestations à Tourbillon).

    Il y aurait eu tellement d’autres joueurs à signaler dans cette rubrique, dont certains ont passé par Tourbillon il n’y a pas si longtemps :

    On aurait pu pour commencer parler des sans-papiers :

    – José Gonçalves, le solide défenseur héros de la folle épopée Thounoise en ligue des champions, très peu utilisé avant d’être oublié puis transféré outre-atlantique
    -Stefan Glarner, arraché au FC Thun, qui n’a même pas eu l’occasion de s’illustrer avec la première équipe, et qui maintenant fait le bonheur du FC Zurich
    -Mario Mutsch lui dont C. Constantin révait, et qui avait justement le profil technique et rapide qui manquait à l’équipe. Parti chez les rivaux du FC ST-Gallen ou il est devenu un titulaire indiscutable.
    -Billy Ketkeophomphone son nom de famille faisait déjà trembler tous les commentateurs de super league. Heureusement pour eux on n’entendit pas une seule fois son nom sur une de nos pelouses.
    Crédité d’une très bonne saison en ligue 2, il n’aura même pas l’occasion de montrer sa valeur.

    -On pourrait ajouter dernièrement le cas Manset, à cours de forme, mais détenteur d’un potentiel certain. Son cas a été géré de manière désastreuse.
    -Zambrella ancien espoir du foot Suisse, restant sur des bonne saisons en série B Italienne, quel gâchis de voir ce fin technicien évoluer avec les -21…
    -Danilo engagé pour remplacer Sio à l’inter saison, auteur de 22 buts en 44 matches de championnat Hongrois, il aurait certainement mérité plus que quelques mois avant d’être poussé dehors.

    D’autres noms me viennent également à l’esprit :
    -Paito le virevoltant latéral ( parti à Xamax), Monterrubio (repartit trop tôt en France), Kali international Angolais et patron de la défense laissé libre sans explications.
    -Les joueurs de casino Mitreski et Dos Santos. Le premier solide défenseur et le 2ème fin technicien, meneur de jeu de la grande équipe des Grasshoppers de l’époque et dont Constantin voulait absolument la venue (encore un…)
    -Zakrewski dit « Zaki » international Polonais sensé être le nouveau Ouatarra, reparti aussi vite qu’il est venu, sans avoir eu le temps de montrer ses talents
    -Regazzoni néo international poussé vers la sortie, alors que ses déboulés dans les couloirs ravissaient tout Tourbillon.

    Bref je vais m’arreter là, sinon vous n’aurez plus d’idées pour les 2ème et 3ème volets. C’était pourtant un thème intéressant, dommage du peu de recherche.

    Amicalement

  2. @Moret

    Ta sélection est aussi subjective que celle du rédacteur… Tu n’as pas plus raison que lui !

    Et si j’étais toi, j’attendrais les autres volets. Je pense que certains des noms que tu cites se retrouveront dans les autres articles.

  3. Ça pue Bloody Monday tous vos articles, de l’acharnement, de l’acharnement et de l’acharnement

    Il fut un temps où on esquissait un sourire, mais là vraiment plus rien, niet, nada. On sent toujours une frustration par derrière les fagots…

    Je sais, vous allez encore parler d’humour…

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