Et 1, et 2, et 3 !

Le week-end dernier, l’équipe de France de handball a réussi un nouvel exploit. En effet, elle est la première équipe de ce sport à réaliser le triplé historique JO, championnat du monde et championnat d’Europe. Les médias français ne sont évidemment pas restés sans voix, ils se sont une nouvelle fois enflammés sur cette équipe en allant jusqu’à lui donner le surnom d’«invincibles». L’année prochaine les ex-experts auront l’occasion d’accrocher une nouvelle médaille d’or de champion du monde, mais pour ma part certaines choses risquent de rendre les choses nettement moins faciles et en voici les raisons.

Il faut tout d’abord préciser que l’équipe de France se base essentiellement sur trois joueurs : Nicola Karabatic, Daniel Narcisse et Thierry Omeyer. Si le premier est jeune (24 ans) les deux suivants commencent à ne plus être des jeunots (30 et 33 ans respectivement). On l’a remarqué avec le peu de forme de Daniel Narcisse en début de compétition (due à une blessure à un doigt qui a perturbé sa préparation) et qui a forcément pesé dans la qualité du jeu de l’équipe. De plus, sans un Sorhaindo exceptionnel, les Français auraient eu énormément de peine à développer un handball efficace sans un pivot de niveau international (on se pose encore la question de savoir pourquoi Bertrand Gille était présent compte tenu du fait qu’il était plus souvent blessé que apte au service). A cela s’ajoute le «problème» au poste d’arrière droit. En effet, Bosquet n’offre pas les qualités requises pour une équipe d’un tel niveau et Xavier Barachet n’obtient pas suffisamment de temps de jeu.

En ce qui concerne les autres joueurs cadres, on remarque plusieurs soucis. Ainsi on voit que Jérome Fernandez a certes montré la voie, mais on se demande combien de temps il pourra tenir à ce niveau. Luc Abalo va finir par se casser une cheville à force de poser son pied dans la zone avant de tirer et Didier Dinart (la clef de voûte de la défense française) démontre, au vu de sa performance en demi-teinte, que le bonhomme aura besoin d’aide pour tenir la base défensive des bleus l’année prochaine. De plus, il est clair que si les blessures venaient à paralyser certains joueurs cadres (au hasard Karabatic et Omeyer), l’équipe n’aurait pas son rendement habituel et aurait énormément de peine à se hisser plus loin qu’en demi-finale.
Si on aborde la problématique du banc, on remarque que l’équipe de France tourne avec 9-10 joueurs, les autres se contentant de faire de brèves apparitions. Si ces choix ne posent pas tant de problèmes pour la compétition, on remarque vite qu’à long terme les nouveaux auront de la peine à augmenter leur niveau et à acquérir un niveau international qui leur permettra de prendre la place des joueurs cadres d’ici 3-4 ans. En effet, quand on s’attarde sur le temps de jeu des joueurs dits «secondaires», on découvre que 7 joueurs sur 17 n’ont pas joué plus de 2 heures (sur les 8 possibles). Il est donc regrettable que Claude Onesta n’ait pas fait plus confiance à ces joueurs lors des matchs moins importants.
Un autre problème à relever et qui fait référence au vieillissement des cadres est que, pour l’instant, on voit mal qui remplacera Thierry Omeyer dans les buts d’ici quelques années. En effet, le meilleur joueur du monde 2009 (eh oui dans ce sport on n’hésite pas à remettre ce prix à un gardien…) a une nouvelle fois été énorme durant ces championnats d’Europe. Le gardien de Kiel a stoppé environ 38% d’arrêts (à titre de comparaison, les gardiens croates et polonais ont été aussi énormes avec 36% et 39%) et il est évident que sans un gardien d’une telle qualité aucune formation ne peut s’imaginer en finale. Le staff de l’équipe va donc devoir rapidement s’atteler à lui trouver un successeur.

Le gros risque maintenant pour cette équipe de France est de prendre la grosse tête comme sa cousine footeuse. A la différence que le sélectionneur français n’est pas Raymond Domenech, ni Jacques Santini… Claude Onesta, le gaillard de Toulouse, a du caractère et sait ce qu’il veut. Il n’a d’ailleurs pas hésité à pousser plusieurs coups de gueule et notamment envers les médias (télévisés) qui considèrent le hand comme un sport de seconde zone. En effet, depuis plusieurs années, France 2 se contente de ne passer que la finale tout en ignorant le reste de la compétition. Pour voir les autres matches il faut être abonné à Canal+. Il y a donc d’un coté, la presse écrite qui fait des efforts pour parler du handball et faire la promotion de ce sport, et de l’autre, la télévision qui rechigne encore à rendre à ce sport la place qu’il mérite. On espère que la télévision publique chère au président Sarkozy n’hésitera pas à montrer plus de match de cette équipe. Claude Onesta a aussi osé poser certains coups de gueule envers les joueurs qui ne se donnaient pas à fond lors des premiers matchs des championnats d’Europe. Franchement, tu imagines Domenech critiquer indirectement Zidane parce que le monsieur fait sa diva ?
Bref, on espère bien se tromper et revoir une nouvelle fois la bande à Karabatic dominer le handball mondial tant cette équipe et ce groupe font plaisir à voir, et ainsi une nouvelle fois montrer que la France ferait mieux de s’intéresser à ce sport plutôt que d’encourager les autres guignols qui jouent à 11 avec leurs pieds (même si certains ont visiblement confondu les deux sports). Il faudra cependant faire attention à la Croatie, la Pologne et l’Islande l’année prochaine en Suède car on risque bien de retrouver parmi ces trois équipes le principal adversaire des bleus.

Écrit par Arnaud Bonvin

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9 Commentaires

  1. D’accord pour dire que l’EdF de hand dépend beaucoup des performances de ses piliers (Karabatic, Omeyer, Narcisse) mais c’est plus généralement le propre des grandes équipes que de disposer d’individualités d’exception. Si l’on enlève Messi, Iniesta et Xavi du Barça, c’est la même chose. Idem avec France 98 (Zidane, Blanc, Barthez) ou la Dream Team (Jordan, Pippen). Bref, l’argument ne me parait pas forcément très pertinent.
    Par ailleurs, les joueurs de handball ont une longévité bien plus grande que les footballeurs. Un gardien peut facilement jouer jusque 35 ans passés et même certains joueurs de champs (Olafur Stefansson va ainsi gentiment sur ses 37 ans).

    Bref, les journalistes suisses feraient mieux de discourir sur les sports qu’ils connaissent vraiment (luge, combat de reines, saut à ski) et laisser les vrais spécialistes (comme goupil) dégoiser sur les performances triomphales de notre glorieuse Equipe de France de handball.

  2. Première ligne  » a réussit’….

    Plutôt  » a réussi » sans « t ».

    Ce que je n’aime pas dans le handball, c’est l’arbitrage à géométrie variable et favorisant TOUJOURS les grandes nations.

  3. Pas faux sur la dépendance des Bleus à quelques joueurs cadres et aux questions qui se poseront à moyen terme pour le renouvellement de cette génération fantastique.

    Mais bon, c’est pas comme si c’était la première fois qu’une équipe (tout sport confondu) allait probablement passer au second plan après une transition de génération surtout quand celle-ci à tout gagner. Pour rappel en hand la Suède qui gagnait tout (enfin presque, leur manque les JO) fin des 90′ – début 2000 enchaine actuellement les contre performances alors que les joueurs ont pourtant du talent et évoluent dans de grands clubs. Espérons juste que la France fasse mieux que ça lorsque son heure de gloire sera passée. Mais n’oublions pas que de jeunes joueurs sont intégrés à la préparation d’avant tournoi. Pas retenus, ils bénéficient quand même de l’expérience au sein du groupe et préparent déjà un avenir à l’EdF (Accambray, Dumoulin, Anic, …)

    Pas faux non plus pour dire que le poste d’arrière droit (dévoué à un gaucher de préférence) est sinistré. Mais c’est comme ça et la France s’en est sortie à chaque fois en cumulant aussi des pépins : blessure de Fernandez aux JO bien suppléé par Burdet, blessure de B. Gille à l’Euro magnifiquement remplacé par Sorhaindo qui était pourtant au fond du trou en D2 avec Paris.
    Ou alors pourquoi ne pas tenter de faire comme les Espagnols qui utilise la naturalisation pour renforcer leur équipe.
    Arpad Sterbik (ex)gardien de la sélection Serbe devenu gardien de but Espagnol (il se blesse à l’Euro), Rutenka, Biélorusse puis Slovène et bientôt Espagnol, Laslo Nagy arrière Hongrois qui a « fuit » l’Euro pour ne pas jouer et ainsi garder toutes ses chances de passer chez les Espagnols …
    Dans ce cas, la France pourrait chopé Olafur Stefansson l’élégant arrière droit de l’Islande !!

    Pour les autres sélections, sur le papier la Pologne devait gagner ou du moins se hisser en finale. Affûtés physiquement, costaud en défense, vif et puissant en attaque ils avaient tout pour réussir. Mais ils ont craqué mentalement face au jeu haché et filou des Croates. Situation où les Français ont réussi à passer. L’avenir est à la Pologne, a elle d’en faire bon usage.

    L’Islande, ça joue bien surtout en attaque mais ça défend pas fort et tout le monde sait qu’un match de handball se gagne déjà en défense. Espérons pour eux qu’à l’avenir ils se renforcent tactiquement en défense car pour ce qui est de marquer des buts ils savent faire (doivent avoir 5 joueurs dans le top 20 des scoreurs avec plus de 30 buts).

    La Croatie vaudra voir. Elle aussi s’appuie sur un axe fort Alilovic le gardien, Balic l’organisateur et Vori le pivot. Déjà c’est l’équipe à la condition physique la moins au point. C’est pour celà que leur style de jeu est haché et qu’ils cherchent constamment la faute pour avoir des jets de 7 m. ou santions de 2min chez l’adversaire et qu’ils provoquent sans arrêt. D’ailleurs en finale la France revient dans le match en accélérant le jeu (remonte 3 buts avant la mi-temps) et prend le large toujours sur un rythme élévé à la reprise. Après le dépositaire du jeu Croate, c’est Balic et lui il est cuit. Faudra voir combien de temps il pourra encore tenir et dans sa tête perdre 2 fois de suite en finale face à la France ça va laisser des traces.

    Pour l’avenir je mettrais bien une pièce sur une valeur sûre qu’est l’Espagne. Ensuite des équipes sont en reconstruction comme l’Allemagne (autre exemple d’une génération dorée dont la relève peine à s’affirmer) et des équipes qui sont en construction et qui ont montré de belles choses lors de cet Euro : les Slovènes coachés par le génial Zvonimir Serdarusic et les Serbes qui se battissent une team de feu dans l’optique du prochain Euro qui organiseront.

  4. Depuis le temps, l’équipe de France a ajouté une 4e étoile à son maillot en offrant une finale à suspence face à des Danois accrocheurs mais étourdis de ne pas prendre l’engagement en début de prolongation …

    Sinon, y’a pas moyen d’avoir un petit article sur Kadetten Schaffhausen, l’équipe qui a failli sortir Montpellier et les frères Karabatic en ligue des champions ?
    En plus comme le Shaktar Donetsk, ils jouent en orange (salut amical à Monsieur Tim G.).

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