Le petit Nico, las…

Votre mission, si vous l’acceptez, sera de rendre dans les temps un article sur le match Kriens-LS sans que les lecteurs ne se rendent compte que la veille, c’était l’anniversaire de l’un de vos meilleurs potes, que vous avez évidemment pris la Fédérale de l’année, êtes rentré à point d’heure et n’étiez objectivement même pas en état de pisser droit.

Dans l’impossibilité de remplir un car (pas assez nombreux… Mais quelle équipe faut-il aux supporters pour qu’ils se secouent un peu le dard ?) et un peu coincés par les prix des minibus, c’est finalement en voiture et train que la douzaine de BWFK se rend au Kleinfeld, où nous retrouvons une petite dizaine de RL. Ma foi, avec un noyau de 20 gars motivés, il reste possible de mettre un peu d’ambiance.Devant Favre de retour de maladie, et avec Katz suspendu et Geiser blessé, la défense a dû être réorganisée avec l’apport de Mayila Dadie, titulaire pour la deuxième fois après son match contre Bienne il y a six semaines. Si notre milieu de terrain restait pour sa part «classique», les deux attaquants alignés l’étaient dans la continuité du tournus instauré depuis quelques matches, avec cette fois-ci le duo Hélin-Carrupt. Madou semble avoir perdu une partie de son aura auprès de Dragani, lui qui avait pourtant commencé six fois titulaire lors des sept premiers matches de la saison.
Vous l’aurez compris, les brumes des vapeurs de la veille ont tissé devant mes yeux un brouillard suffisamment dense pour que mes facultés d’analyse, déjà passablement faussées par ma bonne foi de tous les instants et ma légendaire neutralité, soient réduites à leur plus simple expression.
Une chose est certaine, le LS dominait, et les trois ballons tournaient bien, lorsque la défense adverse se fit abuser par quelques excellents Nicolas Hélin, qui dribblèrent tous les gardiens avant de marquer un panier à trois points dans un angle pourtant fermé.
Installés derrière le but à dix mètres de l’action, nous étions particulièrement bien placés pour apprécier la jolie trouée du goalie Grasseler, bien provoquée par le pressing de notre Hélin favori… L’égalisation, 25 minutes plus tard et à 100 mètres de là, a également semblé résulter d’une mauvaise sortie de Favre, mais honnêtement et sans avoir revu les images (et avec deux pour mille) impossible de juger.

A la mi-temps, on sent bien que le LS est intrinsèquement supérieur à son adversaire, et qu’il y a la place pour passer, ce que confirmera Carrupt à l’heure de jeu. Marrant, car autant le goal de Kriens à cette distance m’avait semblé tout à fait quelconque, autant celui d’Abdul m’a procuré un grand frisson de là à là et m’a semblé absolument magnifique, même si je n’en garde aucun souvenir. Il faut dire que l’effet stroboscopique des maillots jaunes stabilo du LS n’aidait pas non plus à se concentrer.
Tout allait bien jusque dans les 5 dernières minutes, dans une ambiance bien débile et festive. Mais les belles histoires ne sont pas complètes s’il n’y a pas au moins un salaud au générique, et on le sentait tellement venir… Mais d’abord un petit rappel des faits.
– Le 5 juillet 2009, en provenance de Concordia Bâle, le meneur de jeu Nico Thüring signe un contrat tout ce qu’il y a de plus valable avec le LS.
– Toujours le 5 juillet, les supporters le voient accoudé à une barrière du stade à Payerne, pour assister au match amical de ses nouveaux coéquipiers contre Fribourg.
– Le 10 juillet, le LS se fend du communiqué suivant : Le FC Lausanne-Sport a le regret d’annoncer que Nico Thüring ne portera pas les couleurs lausannoises pour la saison à venir. Malgré un contrat signé entre les deux parties la semaine dernière, le joueur a subitement émis le souhait de ne plus être intégré au contingent du LS et de pouvoir rompre son contrat signé quelques jours plus tôt. Ne souhaitant pas conserver un joueur ne se sentant pas prêt à s’impliquer à 100% dans le club, la direction du Lausanne-Sport a accepté la demande de Nico Thüring et l’a libéré de son contrat.
– Le 28 juillet, Nico Thüring signe au SC Kriens, vous l’aurez deviné.
– Le 21 septembre, je demande à un dirigeant du LS dans quelles conditions le traître s’est barré, et pourquoi le LS n’a pas fait barrage pour l’empêcher de signer chez un adversaire direct, ce que nous aurions été en droit de faire. Je ponctue ma question d’une phrase du type «Quand il nous aura planté deux goals avec Kriens, on aura moins le sourire.» Je comprends à demi-mot que le LS a touché un petit quelque chose. Je regrette alors que le club n’ait pas communiqué à ce sujet, car l’expression «Libérer du contrat» laisse à penser qu’on a juste été les plus gentils garçons du monde, et que décidément y en a point comme nous…
Et nous voilà de retour en ce vaseux 3 octobre. A la 88ème, Thüring botte un corner pour Tadic, qui égalise. Après la superbe réaction de Madou quelques instants plus tard, le même Thüring plante son troisième goal personnel de la saison, arrachant le nul pour ses couleurs.
Question : en imaginant qu’il nous manque deux points à la fin de la saison pour se hisser à la deuxième place, à combien estimez-vous le prix de notre gentillesse ? Juste pour savoir, au moment de boucler les comptes, si on a bien fait de laisser ce con se foutre de nous.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Kriens – Lausanne 3-3 (1-1)

Kleinfeld, 600 spectateurs.
Arbitre : M. Gut.
Buts : 11e Hélin 0-1, 34e Nogueira 1-1, 62e Carrupt 1-2, 87e Tadic 2-2, 89e Madou 2-3, 92e Thüring 3-3.
Kriens : Grasseler; Barmettler, Ferricchio, Ribeiro, Fanger; Pacar, Foschini, Souto, Karanovic (72e Tadic); Thüring, Nogueira (84e Stadelmann).
Lausanne : Favre; Mayilla, Buntschu, Sonnerat, Bilibani; Rey (41e Pimenta), Ndzomo, Marazzi; Tosi (84e Boughanem); Carrupt, Hélin (78e Madou).
Cartons jaunes : 28e Nogueira, 93e Souto.
Notes : Lausanne sans Katz (suspendu), Geiser, Stadelmann (blessés).