Lorsque j’ai décidé de couvrir cette finale de Coupe de Suisse, j’ai appris qu’elle se déroulerait à … Gümligen ! Gümliquoi ? Pourtant la logique et l’écologie auraient situé cette confrontation entre Genève et Neuchâtel, donc à Morges ou Pontarlier par exemple. Et bien non c’est à Gümlimachin … J’ai immédiatement googleisé (à l’époque je ne boycottais pas encore tout ce qui vient du pays de Trump) ce « mot » et j’ai découvert avec un certain soulagement que cette petite bourgade n’était pas située en Appenzell ou dans les Grisons, mais dans la banlieue de Berne, à Muri bei Bern. Mais quelle idée d’organiser ça chez les Suisses-tots ! Encore un coup du lobby schwyzerdütsch qui s’en prend régulièrement aux Romands et qui a décidé de priver cette partie du pays d’un des seuls événements sportifs majeurs qui s’y déroulait chaque année ? En fait, Swiss Basketball fait actuellement énormément d’efforts afin de développer ce sport du côté teuton du pays, où le handball, le rink-hockey, le souper à 18h et le hornuss sont rois. Belle initiative, avec un speaker un peu bilingue et l’hymne chanté en allemand.
C’est forcément avec une petite pointe d’appréhension que je m’apprête à traverser la Sarine : rendez-vous en terre presque inconnue.
Gümligen, son château du XVIe siècle…
Et sa Mobiliar Arena. Le fait que La Mobilière soit le sponsor principal de la Fédération suisse de basketball n’est donc pas un hasard …
L’avant-match
Les deux équipes participant à cette finale ont chacune réalisé un exploit. Les gamins d’Union Neuchâtel ont battu les vétérans de SAM Massagno 82-75 le 8 mars 2025 en effectuant un match parfait. Quant au Lions de Genève, ils ont éliminé l’ultra-favori Fribourg Olympic 91-88 en 1/4 de finale le 18 décembre 2024. Il s’agissait tout simplement de la deuxième défaite de Fribourg en Coupe de Suisse depuis 2017.
Pourtant, un rapide coup d’œil au classement actuel du championnat de SBL nous permet de découvrir que les Lions de Genève ont gagné 19 matchs de saison régulière, ne perdant que les 3 rencontres de championnat contre Fribourg Olympic.
Et oui, il n’y a que neuf équipes de première division masculine de basket en Suisse. C’est surtout dû à des problèmes financiers, puisque ces dernières années, Boncourt, Vevey et Swiss Central se sont retirés du championnat. Même si le basket suisse se distingue de plus en plus à l’international, plusieurs équipes sont actuellement en difficulté, notamment Union Neuchâtel.
Les Neuchâtelois ont drastiquement réduit leur budget en début de saison, misant sur les jeunes et n’engageant que deux étrangers, contre quatre pour la plupart des équipes. L’équipe a également été énormément touchée par les blessures, ce qui explique son classement à une inhabituelle 6e place, qui n’est d’ailleurs pas encore assurée à deux matchs de la fin de la saison régulière.
Huit jours avant cette finale, un coup de tonnerre a d’ailleurs résonné dans le ciel neuchâtelois puisque le club a lancé un appel au dons afin de sauver le club et en annonçant qu’il était possible que l’équipe ne soit pas en mesure de terminer la saison. Bref, la première finale de Coupe de Suisse pour le club depuis dix ans semblait compliquée dès le départ, ce qui a fait dire à l’entraîneur unioniste le matin du match : « Si Union Neuchâtel remporte la Coupe de Suisse, ce sera un miracle ». Quel enthousiasme !
La finale féminine
Chez les filles, le Classico opposait Nyon Basket à Elfic Fribourg, quadruple tenante du titre. De manière surprenante, ce sont les Vaudoises qui ont emporté la mise en prolongations, 78-72, déclenchant chez leurs supporters le chant traditionnel lors des victoires : « Oh Nyon ! ».
Le match en deux mots
Aucun miracle.
Les trois étoiles du match
⭐️⭐️⭐️
Boris Mbala, numéro 1 des Lions de Genève, MVP, plus de 28 minutes de jeu, 21 points. Oui il est fort, oui il est physique, oui cela a été le meilleur joueur du match, mais en plus c’est le seul qui calmait ses coéquipiers lorsqu’ils râlaient systématiquement à chaque décision d’arbitre (Anabir, quand le ballon heurte ton pied, l’arbitre siffle « pied », c’est normal…).
⭐️⭐️
On a quand même envie d’attribuer cette étoile à toute l’équipe d’Union Neuchâtel qui s’est bien battue, avec ses blessures, avec son effectif limité, avec son manque d’expérience, avec ses problèmes financiers : chapeau Messieurs. Rester dans la course jusqu’à la toute fin du match, c’est déjà un miracle, comme dirait Mitar. On espère de tout cœur que cette équipe sortira de ses problèmes de trésorerie et gagnera enfin un trophée ces prochaines années.
⭐️
On aime « la gueule » de Juwann James, vétéran américain de 38 ans qui a pas mal bourlingué. Si un jour j’ai besoin d’un garde du corps, je prends Juwann James ! C’est surement un super gars dans la vie qui dort tout le temps avec un nounours, mais avec ses 1,98 m, quelle pièce ! Juwann James a réalisé un match correct, mais nous lui attribuons cette étoile pour l’ensemble de son œuvre, lui qui use les parquets suisses depuis 2012.
Le déroulement du match
Après une première mi-temps plus que compliquée pour Union Neuchâtel, avec un 1/15 à trois points et un déficit somme toute raisonnable de 5 points (27-32), les Unionistes sont revenus avec le couteau entre les dents pour se retrouver devant leurs adversaires après 25 minutes, après leur avoir infligé un 20-6.
Genève est revenu très fort en début de dernier quart et est repassé devant. Muni d’un banc plus fourni, les Lions s’envoleront gentiment et iront somme toute tranquillement remporter la victoire.
La minute médicale du match
Trois joueurs majeurs d’Union étaient de retour de blessure et un quatrième, Eliott Kübler, incertain. Et bien on a aimé Eliott, son investissement, sa motivation, ses fautes utiles et son jeu défensif de dingue, lui qui finalement a tout de même foulé le parquet durant presque 17 minutes. On espère qu’il en a enfin fini avec les blessures.
Et sinon dans les tribunes ?
Les supporters de Genève sont arrivés en retard pour cause d’accident sur l’autoroute. Après investigations, nous avons appris qu’il s’agissait d’un car de Suédois qui avait pris feu juste avant Yverdon. Hasard ? Je ne pense pas. De toutes façons, on vous avait dit de ne pas organiser ça en Suisse allemande ! Ça porte malheur !
Les 2200 places de la Mobiliar Arena de Gümligen ont presque toutes trouvé preneur. Les supporters neuchâtelois semblaient être plus nombreux que les Genevois, mais vu la distance et le complot suédois, c’est normal. Une jolie ambiance !
Le coup de gueule
Pour la deuxième année consécutive, les fédérations nationales de volleyball et de basketball n’ont pas réussi à s’entendre afin de ne pas organiser leurs finales de Coupes de Suisse le même jour. Mais comment font-ils pour ne pas comprendre qu’une partie du public auraient envie de suivre, sur place ou à la télévision, les deux compétitions ? Surtout qu’en ce jour du 5 avril 2025, probablement pour la première fois de l’histoire de l’univers, deux clubs neuchâtelois se sont qualifiés pour les finales de Coupes de Suisse : Union Neuchâtel en basket masculin et le NUC en volleyball féminin. Contactés par ArcInfo, les responsables des fédérations ont trouvé une bonne vingtaine de raisons pour expliquer qu’il était impossible de choisir l’un des 364 autres jours de l’année. On s’incline, continuez ainsi, c’est très bien.
Le couac du match
La tireuse à bière du secteur D, celui d’Union Neuchâtel, qui tombe en panne avant le match. Quelle catastrophe.
La buse du match
Lors de mon premier article sur carton-rouge.ch, Uni-on est en finale du 18 mai 2022 (déjà bientôt 3 ans !), j’avais nommé Isaiah Williams buse de la série pour ses connaissances géographiques, et j’avais promis qu’il serait dorénavant la buse de tous les matchs auxquels j’assisterais. Et bien chose promise chose due ! Malgré ses plus de 31 minutes de présence, il n’a marqué que 6 points. Même s’il a quand même gagné la Coupe de Suisse, bien fait quand même. Oui, à CR, on oublie jamais !
La rétrospective du prochain match
Et bien, si Union Neuchâtel survit financièrement, alors le championnat reprend dans trois jours par une nouvelle rencontre entre ces deux équipes, à Genève cette fois.
Crédits photographiques :
Photo du château de Gümligen : Wikipedia Guemligen Schloss mit Park – Muri bei Bern — Wikipédia
Autres photos prises sur place par le soussigné
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