Le grand retour des Diables Rouges ?

A trois journées du terme du premier tour, c’est l’occasion de refaire le baromètre de la Zweite Liga. Avec en prime une excellente nouvelle à t’annoncer : le classement laisse entrevoir l’éventualité d’un retour dans l’élite d’un monstre sacré du foot allemand, le 1. FC Kaiserslautern.

On commence par rappeler les modalités de cette deuxième division germanique : les deux premiers sont directement promus, le troisième joue un barrage aller-retour contre l’antépénultième de Bundesliga. Même topo en bas du classement : les deux derniers sont relégués, l’antépénultième est barragiste contre le troisième de Dritte Liga.

Sur un nuage

1. FC Kaiserslautern (1er, 33 points) : Après avoir flirté avec la relégation en troisième division en mai 2008, Kaiserlautern paraît en mesure de retrouver la Bundesliga et tu n’imagines même pas à quel point cela réjouirait la rédaction de CartonRouge.ch, tant ce club, ce stade et ce public méritent leur place dans l’élite. Les Roten Teufel ne proposent pas le football le plus chatoyant de la ligue mais font preuve d’une remarquable efficacité, grâce notamment au duo magique Martin Amedick – Rodnei. Non contents d’assurer à leur équipe la meilleure défense du championnat, les deux défenseurs centraux du 1. FCK marquent régulièrement des buts décisifs (7 en 14 matchs à eux deux), transformant chaque corner ou coup franc concédé contre les Roten Teufel en péril mortel. Avec encore le prometteur gardien Sippel, digne successeur de Neuer dans les buts de l’Allemagne M-21, les talentueux Sam et Ilicevic à mi-terrain ou les éventuels futurs mondialistes slovaques Jendrisek et Nemec en attaque, Kaiserslautern s’appuie sur une colonne vertébrale redoutable. Il faudra voir comment réagira l’équipe en cas de blessures ou de coups durs car l’effectif est le plus jeune de la catégorie et n’est pas trop étoffé. Mais pour l’heure, les Roten Teufel sont sur leur petit nuage après leur succès 1-0 lundi dans le choc au sommet contre Bielefeld grâce à un exceptionnel Tobias Sippel au but et à une tête victorieuse de Sidney Sam. Le tout devant 35’042 spectateurs en ébullition dans le mythique Betzenberg. Qui a dit que la 2e division le lundi soir, ça ne marchait pas ?

FC St. Pauli (2e, 29 points) : S’il est un peu moins fringant qu’à la fin de l’été, St. Pauli continue de jouer les premiers rôles. Malgré quelques couacs ici ou là (notamment une défaite 3-2 à Augsburg concédée à la 93e), les Kiezkicker continuent de séduire par leur enthousiasme, leur allant offensif et leur homogénéité. Après 14 journées, on ne peut plus parler de surprise de début de saison mais bien d’un candidat crédible à la montée. Seule ombre au tableau, l’image idéaliste et romantique du club hambourgeois s’est un peu brouillée après le derby de la honte à Rostock, entre le geste imbécile du joueur Deniz Naki, qui a fait mine d’égorger les fans du Hansa après un but, et les débordements violents des supporters, démontrant que la violence n’est jamais très loin de l’antiracisme et de l’anticapitalisme militants.
Fortuna Düsseldorf (4e, 24 points) : A priori farfelue en début de saison, l’hypothèse de voir le néo-promu Düsseldorf enchaîner une deuxième ascension d’affilé ne peut plus être complètement exclue. Meilleure équipe de la ligue à domicile, le Fortuna commence à gagner en consistance à l’extérieur, comme en témoigne le 2-2 arraché dimanche à Munich contre 1860 après avoir été mené 2-0. Le néo-promu peut compter sur un contingent étoffé et quelques individualités intéressantes, comme le milieu de terrain Marco Christ ou les attaquants Martin Harnik et Ranisav Jovanovic. S’il ne s’était pas fait abuser voici trois semaines par une relance éclair d’un… petit ramasseur de balle à St. Pauli, le Fortuna serait même au contact du podium. On en saura un peu plus sur les réelles possibilités du Fortuna cette saison après le match au sommet de vendredi contre Bielefeld ; on va faire l’impasse sur le tirage au sort de la Coupe du Monde pour aller voir ça, je te raconterai.
SC Paderborn (8e, 20 points) : Alors qu’il paraissait voué à la lutte contre la relégation, le néo-promu Paderborn poursuit son petit bonhomme de chemin, sans faire beaucoup de bruit mais en sachant profiter des moindres occasions pour marquer des points, notamment à domicile. S’il n’était pas parvenu à s’imposer à Wolfsburg, barré par l’incroyable duo Dzeko-Grafite, le buteur turc Mahir Saglik s’affirme comme un joueur dominant en 2. Liga. Emmenant dans son sillage une équipe est-westphalienne solidaire et homogène qui paraît avoir les moyens d’éviter de faire une nouvelle fois l’ascenseur entre deuxième et troisième division.

En progrès

FC Augsburg (6e, 22 points) : Le très ambitieux Augsburg commence peu à peu à trouver ses marques et à faire l’amalgame entre les nombreux joueurs chevronnés débarqués à l’entre-saison. Emmenés par le meilleur buteur de la ligue, l’ancien joueur de l’Eintracht Francfort Michael Thurk (13 buts), les Bavarois marquent beaucoup de buts. Le problème, c’est qu’ils en prennent beaucoup aussi, avec notamment un gardien Simon Jentzsch qui prouve chaque week-end à quel point Felix Magath avait eu raison de lui préférer Diego Benaglio à Wolfsburg en hiver 2008. Néanmoins, si le FCA parvient à résoudre ses problèmes défensifs et vu la grande expérience de son effectif, il fera un candidat crédible à l’ascension.

MSV Duisburg (7e, 22 points) : Après un bon début de saison, Duisburg a connu une série noire avec notamment des défaites 4-1 à Kaiserlautern, 3-0 à domicile contre Bielefeld et 1-0 sur la pelouse du petit voisin Oberhausen. Comble de malchance, les Zebras ont perdu sur blessure leur buteur vedette Sandro Wagner. Un gros coup dur, même si le Danois Søren Larsen, meilleur buteur de son groupe de qualifs pour la Coupe du Monde, devant, entre autres, Cristiano Ronaldo et Zlatan Ibrahimovic, a retrouvé quelques couleurs après ses déboires toulousains. Une nouvelle déconvenue en Coupe à Augsburg (5-0) a fini par être fatale à l’entraîneur Peter Neururer. Son successeur, le Croate Milan Sasic, qui avait réussi des miracles à Kaiserlautern avant d’être curieusement limogé au printemps dernier, commence à redresser la barre et à reconquérir le public très courroucé de la MSV-Arena. Le chemin vers la tête du classement est encore long mais, vu la qualité de l’effectif à disposition, un retour des Zebras aux avant-postes ce printemps n’est pas exclu. Côté suisse, l’ancien gardien de Schaffhouse Marcel Herzog a profité d’une blessure du titulaire Starke pour jouer ses premiers matchs. Mais, a priori, on ne tient pas là un futur international sorti de nulle part à la Albert Bunjaku.
Hansa Rostock (13e, 18 points) : Le Hansa a traversé une très mauvaise passe avec une série de quatre revers d’affilé. L’entraîneur Andreas Zachhuber y a miraculeusement survécu et est parvenu à redresser la barre avec deux victoires contre Karlsruhe et le FSV Francfort, grâce notamment à un Mario Fillinger (ex-Hambourg) retrouvé. Ce n’est pas encore le Brésil mais ça a permis de calmer la crise qui couvait et de se donner un peu d’air au classement. Mais la route du maintien est encore longue.

Ça se complique

DSC Arminia Bielefeld (3e, 28 points) : Au soir de la 11e journée, Bielefeld paraissait parti pour faire cavalier seul dans ce championnat, en restant sur huit victoires consécutives, dont sept sans encaisser le moindre but. Sans jamais déclasser ses adversaires mais en s’appuyant sur un remarquable gardien, Dennis Eilhoff, une défense intraitable et une attaque réaliste. Mais il a suffit que l’offensive, qui reste très dépendante de l’Italien Giovanni Federico, coince un peu pour que la belle machine se grippe : un seul point et aucun but marqué lors des trois derniers matchs. Bielefeld reste l’un des principaux prétendants à la montée mais ce ne sera peut-être pas aussi facile qu’il n’y paraissait il y a un mois.

1. FC Union Berlin (5e, 23 points) : Révélation du début de saison, le néo-promu berlinois est en train de rentrer dans le rang, puisqu’il reste sur trois défaites consécutives contre Karlsruhe (2-3), Kaiserslautern (0-2) et St. Pauli (0-3). C’était relativement prévisible, personne ne pensait sérieusement qu’Eisern Union pouvait fêter une deuxième ascension consécutive, il allait fatalement redescendre de son nuage à un moment ou un autre. Et la blessure de l’attaquant vedette colombien Mosquera, out jusqu’à Noël, n’a rien arrangé. Néanmoins, le bilan reste très positif pour le club de Berlin-Est, largement en avance sur son objectif, le maintien.
Rot-Weiss Oberhausen (9e, 20 points) : Alors que tout le monde le voyait lutter contre la relégation, Oberhausen avait créé la sensation en s’immisçant dans les premières places du classement en début de saison. Depuis un mois, c’est toutefois beaucoup plus dur ; le club de la Ruhr a notamment raté une superbe occasion de creuser un gouffre avec le premier relégable en s’inclinant à domicile contre le FSV Francfort. Les points pris en début de saison garantissent au Rot-Weiss une marge encore confortable mais la modestie de l’effectif ne permet pas d’exclure une mauvaise série qui replacerait le club dans les affres de la lutte contre la relégation.

Décevants

Energie Cottbus (11e, 18 points) : Cottbus visait le retour immédiat dans l’élite mais si l’Energie devait changer de ligue cette saison, ce serait sans doute plutôt vers la troisième division que vers la première. La défense est folklorique, l’attaque maladroite et même le gardien Tremmel, meilleur atout du club lors des deux dernières saisons, se met à encaisser des buts douteux. La victoire obtenue dimanche contre Oberhausen (3-0) a donné un peu de répit à l’entraîneur Wollitz et le retour de blessure du Chinois Shao, révélation du début de saison, laisse augurer des jours meilleurs. Mais tout au plus pour un championnat de transition à mi-classement, pas pour briguer une promotion.
SpVgg Greuther Fürth (10e, 18 points) : cinquièmes en 2005, 2006, 2007 et 2009, sixièmes en 2008, les Unaufsteigbaren de Fürth ne devraient pas se mêler à la course à la promotion cette saison. S’il est capable de belles choses, Kleeblatt est beaucoup trop inconstant pour jouer les premiers rôles, par exemple en étrillant Oberhausen 4-0, avant de perdre 4-0 huit jours plus tard à Rostock, en s’inclinant 2-4 contre Bielefeld après avoir mené 2-0 ou en perdant 4-5 à domicile contre Augsburg. C’est pas mal pour le spectacle mais ça ne fait pas avancer au classement. La perméabilité de la défense et le spleen du buteur Sami Allagui, resté à l’insu de son plein gré au Playmobil-Stadion, semblent autant de freins supplémentaires aux ambitions du Greuther cette saison. C’est peut-être en Coupe que Fürth peut connaître ses plus belles satisfactions avec un quart de finale facile à jouer en février à Munich contre le Bayern.
SC Karlsruhe (12e, 18 points) : L’ancien pensionnaire de Bundesliga reste toujours miné par la crise et les querelles intestines. L’élection d’un nouveau président n’a pas permis de ramener la sérénité dans la maison blanche : l’entraîneur Markus Schupp reste contesté, tout comme le manager Rolf Dohmen, dont le poste a été mis au concours sur le site internet du club (si tu veux postuler, c’est ici). Il faut dire que, sur le terrain, le KSC continue d’aligner les résultats en dents de scie. La défense est fragilisée par la nonchalance de Dino Drpic, M. Nives Celsius, alors qu’en attaque Tarvarjärvi ne convainc pas plus à Karlsruhe qu’à Neuchâtel, Fink, meilleur buteur de 3. Liga l’an dernier, peine à s’adapter à sa nouvelle catégorie de jeu, le capitaine Iashvili n’a jamais été un buteur et Chrisantus galvaude autant d’occasions qu’un Alexandre Rey des grands soirs. La victoire obtenue vendredi contre Koblenz permet au KSC de s’éloigner un peu de la zone rouge mais il faudrait maintenant enfin parvenir à enchaîner les victoires pour passer dans la première moitié du classement.

Munich 1860 (15e, 15 points) : 1860 ambitionnait une place dans le premier tiers du classement, c’est donc une déception de le retrouver juste devant la zone de relégation. A l’instar de l’Américain Cooper, les recrues estivales n’ont guère convaincu jusque-là et les rares satisfactions proviennent surtout des jeunes lancés par l’entraîneur Ewald Lienen. S’ils ont souvent laissé échapper des victoires qui leur tendaient les bras, les Löwen ont tout de même laissé entrevoir un certain potentiel qui devrait leur permettre de grignoter des places au classement et s’éloigner de la zone rouge.

Mal barrés, comme prévu

TuS Koblenz (16e, 12points) : Comme prévu, Koblenz va devoir souquer ferme pour assurer le maintien. Le TuS a tout de même réussi une bonne opération sur le marché des transferts avec l’arrivée de l’Albanais Skela, héros du maintien de Cottbus en Bundesliga en 2008. Le trio Ervin Skela – Njazi Kuqi – Shefki Kuqi constitue sans doute le principal motif de croire au maintien de Koblenz. Pas sûr que cela suffise.
FSV Francfort (17e, 9 points) : La démission théâtrale et larmoyante de l’entraîneur Thomas Oral, alors même que son équipe venait de réussir son meilleur match de la saison en tenant en échec le leader Kaiserlautern, a ému toute l’Allemagne mais le déclic escompté s’est fait attendre. S’il y a un léger mieux  depuis un mois, le deuxième club de Francfort reste scotché dans les profondeurs du classement et son effectif ne plaide pas vraiment pour un redressement spectaculaire. Ce d’autant plus que, attendu comme le Messie, l’ancien Bâlois Jürgen «Champions League-Teilnehmer» (!) Gjasula n’en finit pas de décevoir.

Rot Weiss Ahlen (18e, 7 points) : Christian Constantin peut être jaloux : Ahlen en est déjà à son cinquième entraîneur de l’année 2009 ! Les chocs psychologiques à répétition n’ont guère fonctionné puisque le Rot Weiss est resté sevré de victoire pendant plus de six mois, avant de trouver plus moribond que lui vendredi dernier à Aachen pour enfin renouer avec le succès. Néanmoins, avec encore cinq longueurs de retard sur la place de barragiste et une attaque anémique, Ahlen fait toujours figure de relégué en puissance. Et ce d’autant plus qu’il pourrait perdre son meilleur atout, le gardien Sascha Kirschstein, pressenti à Hanovre pour remplacer le regretté Robert Enke.

Au fond du trou et continue à creuser

Alemania Aachen (14e, 16 points) : Les supporters de l’Alemania Aachen pensaient avoir bu le calice jusqu’à la lie après les défaites 0-5 et 1-4 à domicile contre St. Pauli et Union Berlin. Mais l’Alemania leur a réservé vendredi une nouvelle avanie en s’inclinant 0-2 sur son terrain face à la lanterne rouge Ahlen, qui était sevrée de victoire depuis le 10 mai. C’est un euphémisme de dire que les fans étaient courroucés après ce nouveau couac. Les détracteurs de notre sélectionneur national de hockey sur glace peuvent se rendre à Aachen s’ils veulent entendre des «Krüger raus», l’entraîneur Michael Krüger étant déjà contesté à peine deux mois après son intronisation. Mais, plus que d’un nouveau changement d’entraîneur, c’est d’un psy dont a besoin l’ex-favori à la promotion, qui paraît tétanisé par son entame de saison calamiteuse. Aujourd’hui, il n’est bien sûr plus question d’ascension du côté du Tivoli mais bien d’éviter la relégation car une équipe qui reste sur deux matchs/zéro point et zéro but marqué contre l’antépénultième et la lanterne rouge du classement n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise.

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. « …Le tout devant 35’042 spectateurs en ébullition dans le mythique Betzenberg. Qui a dit que la 2e division le lundi soir, ça ne marchait pas ?… » C’est ton excellent confrère Yves Martin, je crois. Mais bien sûr, difficile de comparer la deuxième division helvétique avec son homolgue allemande. Une autre culture, un autre monde…

    Sinon, merci Julien pour cet excellent résumé de la situation en zweite Bundesliga, c’est un vrai plaisir de lire (et d’apprendre avouons-le) tout ça.

    P.S. : et la jolie blonde-chatain à forte poitrine, elle a un rapport avec Münich 1860 ou pas ? 😉

  2. Merci à askaris pour cette importante précision, je ne connaissait pas cette gente dame, désolé. Je suis très heureux d’avoir appris aujourd’hui à quel point M. Dino Drpic était un homme chanceux 🙂

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