
À quelques jours du coup d’envoi de l’Euro féminin en Suisse, nous vous présentons les forces en présence. Aujourd’hui, place au groupe A de la Nati.
La star
Caroline Graham Hansen. Que dire ?
Vous avez tous gueulé quand Rodri a remporté le Ballon d’Or masculin au détriment de votre chouchou Vinicius, mais si vous connaissiez l’ampleur de la cécité qui accable les votants chez les collègues féminins, vous feriez un poil moins de bruit.
Graham (en Green) dans ses oeuvres à Stamford Bridge en avril 2025. #OnYEtait
Jamais ne serait-ce que nominée jusqu’à l’année dernière malgré des statistiques et une impression visuelle qui laissaient peu de place au doute, CGH a fait son entrée dans le classement directement à la deuxième place en 2024. 115 sélections en équipe de Norvège, 51 buts. 34 goals et 28 assists en 47 matches toutes compétitions confondues la saison dernière (2023/24). Vainqueur de la Women’s Champions League, de la Liga, de la Copa de la Reina et de la Supercoupe avec le Barça, la seule chose qui l’a empêchée de toucher le graal individuel est le fameux syndrome Erling Haaland: impossible de gagner quoi que ce soit avec la Norvège pour l’instant. Enfin disons impossible au XXIe siècle puisque Hege Riise et Cie ont quand même été championnes du monde en 1995, championnes olympiques en 2000 et championnes d’Europe en 1987 et 1993. Oui, on le rappelle: en foot, un sport collectif, on veut absolument attribuer des prix individuels. Mais seulement à celles et ceux qui gagnent des titres collectifs d’abord. Allez comprendre.
CGH toujours dans ses oeuvres sur corner à Stamford Bridge en avril 2023. #OnYEtaitAussi
Au fait, Caro a jadis joué au Tyresö FF. Vous allez voir, ça va devenir important. Si si, restez avec nous.
La locale de l’étape
Toute la Nati. Oui, bon, OK. Mais dans les autres équipes ?
Tinja-Riikka Korpela, 38 ans, capitaine finlandaise et gardienne (sur le départ) du Servette FC Chênois Féminin. Rien que le fait qu’elle a débuté en équipe nationale alors que Sydney Schertenleib était âgée de deux mois vaut la peine d’être mentionné. On ajoutera qu’outre des passages au Bayern, à Everton, à Tottenham et à la Roma, la native d’Oulu formée au FC Honka (aucun lien avec Julius et Anttoni) a joué une finale de Ligue des Champions avec le fameux Tyresö FF, qui a notamment vu passer Kristine Lilly, joueuse la plus capée de tous les temps tous genres confondus (354 sélections avec les Etats-Unis entre 1987 et 2010), Michelle Akers, nommée joueuse du siècle en 2002 (on espère que c’était pour le XXe siècle, sinon c’est un peu nul), Marta, qu’on ne présente plus (même les collègues de la rédac’ de Carton-Rouge savent qui c’est, c’est vous dire) ou encore Julie Foudy, double championne du monde et double championne olympique, dont le nom a été repris pour baptiser le seul site spécialisé dans la vente de maillots de foot féminin au monde (à notre très humble connaissance) et Jennifer Hermoso (on ne la présente plus non plus depuis qu’un blaireau chauve – encore un – a pris ses aises). Enfin voilà, un petit club de rien du tout qui a aussi connu de multiples relégations et une faillite en 2014.
Le Tyresö FF en 2013 avec au rayon des légendes Ali Krieger, Caroline Graham Hansen (les deux premières en haut à gauche), Caroline Seger (avec le brassard), Christen Press et Marta (les deux dernières en bas à droite). Elles avaient 2-3 sponsors avant la faillite…
La magnitude sur l’échelle du groupe de la mort
7/10. Pas parce que les équipes en présence sont toutes terriblement fortes, non. Plutôt parce que les niveaux des quatre formations sont tellement proches les uns des autres que ça va être une bouteille à encre digne de la Super League suisse masculine. Bref, un vrai chemin de croix pour accéder aux quarts de finale. Littéralement la croix et la bannière ce groupe.
Le surnom classé au patrimoine immatériel de l’UNESCO
Helmarit ou les chouettes boréales en français, c’est le surnom de l’équipe finlandaise féminine. C’est plus sympa que Stelpurnar okkar (« nos filles ») chez les Islandaises quand même. Par contre vous verrez, la filiation est un grand truc sur cette île (et c’est même pas une blague pourrie sur le thème de la consanguinité).
La minute droits des femmes sponsorisée par Visit Saudi™
Certains d’entre vous débarquent peut-être complètement dans le monde du foot féminin à l’occasion de cet Euro. Bienvenue ! Vous êtes donc probablement assez chanceux pour ne pas être au courant que Martin Solveig (qui ça ?) avait marqué le coup comme il se doit lors de la première cérémonie du Ballon d’Or féminin en 2018. Il avait demandé à la Norvégienne Ada Hegerberg, lauréate du trophée, si elle savait… twerker. Huit longues secondes de gênance absolue, dont deux en gros plan sur le crâne de Kylian Mbappé. Bref, insoutenable.
La joueuse de moins de 25 ans à suivre parrainée par Leonardo Di Caprio
Rien qu’en parcourant le cadre de la Nati, on a l’embarras du choix entre Smilla Vallotto (20 ans), Alayah Pilgrim (22 ans), Seraina Piubel (24 ans), Noemi Ivelj (18 ans), Iman Beney (18 ans), Naomi Luyet (19 ans) ou encore Riola Xhemaili (22 ans), entres autres. Au vu de sa saison 2024/2025 couronnée d’une véritable explosion au plus haut niveau tant au Barça qu’en équipe nationale (à ne pas confondre avec l’implosion de toutes les équipes yverdonnoises sur la même période), le nom de Sydney Schertenleib (18 ans) devrait tout de même fuser sans trop d’hésitation. Un peu comme un tweet « knee jerk » de Nick Kyrgios en somme.
Eh, partez pas ! Promis, on sera intarissable sur la Nati dès le match d’ouverture !
L’instant dyslexie financé par la Fédération internationale des logopédistes
Si les hommes sont tous le fils de (« -sson »), leurs homologues féminines sont naturellement toutes la fille de (« -sdóttir ») en Islande. Oui, les patronymes des joueuses sélectionnées par Þorsteinn Halldórsson (qui est le fils d’Halldór et le père de Þorsteinnsson, bien évidemment) vont être un poil compliqués à retenir et encore plus à prononcer, mais notez au moins celui-ci: Sveindís Jane Jónsdóttir. L’attaquante de Wolfsburg, née à Sandgerði d’un père islandais (oui, vous l’avez deviné: Jón) et d’une mère ghanéenne, risque d’en planter quelques-uns pendant l’Euro. Et bonne nouvelle: si vous croisez la fille de Jón dans les rues de Berne ou de Thoune, vous pouvez simplement l’appeler Sveindís Jane, c’est son nom complet officiel. La partie concernant l’arbre généalogique n’est pas un nom de famille en Islande (contrairement au Johnson anglais par exemple), c’est un simple suffixe patronymique.
« Je ne lis pas le français, mais si ces fils de… à CR ont encore dit des conneries, je fais un malheur. »
Tetcheu, vous en aurez appris des trucs utiles aujourd’hui. Ne nous remerciez pas, partagez juste l’info à votre prochain souper de boîte d’un air aussi docte que condescendant, ça devrait vous garantir un peu de silence et d’espace jusqu’au dessert.
La prédiction de l’indice ALISHA
Crédits photographiques :
Tyresö FF: Anders Henrikson/CC0/Flickr https://www.flickr.com/photos/82700604@N02/10180807913
Sveindís Jane: Katie Chan/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:20230501-Sveind%C3%ADs_Jane_J%C3%B3nsd%C3%B3ttir.jpg
Soyez le premier à commenter