Au Portugal, le foot ressemble à autre chose

Il est de notoriété publique que les Portugais ont le meilleur football, les plus beaux stades, les meilleures équipes, les joueurs les plus adroits sur un terrain… En tout cas, c’est l’impression que ça donne quand on nous entend parler, que ce soit à Lisbonne ou en Suisse.
Tout en restant objectif, et bien que mon âme de Portugais s’indigne, si le foot ici n’est pas le meilleur, il se vit néanmoins autrement !

Mateus Galiano da Costa, zéro malgré lui

Cela fait déjà huit mois qu’un joueur angolais, Mateus le bien nommé, défraie la chronique, non pas par son talent, mais par sa présence dans le championnat principal : la Super Liga. Mateus est un joueur médiocre appartenant à un club tout aussi médiocre, le Gil Vicente. A la fin de la saison dernière, ce dernier (et Mateus n’y est pour rien, vu qu’il n’a joué que quatre matchs) se sauve in extremis et un club de Lisbonne, le CF. Belenenses, est relégué. Histoire banale ? Sûrement pas, en tout cas pas au Portugal…

Mateus a été aligné illégalement par le Gil Vicente au vu des règlements de la Fédération Portugaise de Football qui stipulent clairement qu’un joueur professionnel devenu amateur ne peut redevenir professionnel avant une année au moins d’amateurisme. C’est clair, non ? Mateus était employé comme journalier par un club de division inférieure, le FC Lixa, où il jouait le week-end comme amateur (question de fiscalité : le FC Lixa déclarait le minimum en faisant de Mateus un smicard touchant 375 euros par mois). Puis, le Gil Vicente le fait signer comme professionnel et commet l’irrégularité qui va entraîner «l’affaire Mateus». Son inscription n’est pas homologuée par la Ligue mais par un tribunal civil (!).

Ailleurs, la sanction aurait été limpide et surtout respectée : Gil Vicente pénalisé, Mateus retiré, championnat continué… Mais voila, Gil Vicente ne l’entendit pas de cette oreille. Il n’accepta pas la décision et inscrivit quand même l’international angolais (qui a quand même joué les trois matchs de l’Angola en Allemagne cet été) sur ses feuilles de match.

Conséquence, tous les clubs adversaires de Gil Vicente se plaignent à la Ligue (et attention, ce n’est pas la fédération, ce serait trop simple ! Mais ça, c’est une autre histoire) qui décide… de ne rien décider, en recourant aux tribunaux sportifs, qui font traîner l’affaire en attendant de voir Ronaldo, Figo et tous les autres être élus l’équipe la plus spectaculaire du mondial ! Eh oui, je le disais bien, on a bien le football le plus attractif !

Imbroglio portugais

Revenons à nos moutons, et résumons un peu cette histoire de fous qui a donné l’occasion à la FIFA de menacer la sélection et les clubs disputant des compétitions européennes de suspension. Pour faire simple, tout se résume aux plaintes déposées par les adversaires du Gil Vicente et de l’attitude de ce dernier. Les clubs se plaignent à la Ligue, recourent aux tribunaux sportifs et obtiennent gain de cause avec la relégation de Gil Vicente en seconde division. Celui-ci riposte en recourant aux tribunaux civils. Conséquence : les premières journées du présent championnat ont été paralysées parce que personne ne savait contre qui et où il devait jouer… Le comble : l’adversaire du Benfica, le plus grand club du monde (en termes de masse associative) et qui avait déjà vendu 40’000 billets pour la première journée de la Super Liga est le Belenenses. Tu as suivi ? Le Belenenses est-il relégué ? Ou alors non, parce que Gil Vicente devrait, selon les statuts de la FIFA (organisation dont est membre la fédération portugaise de football) être relégué en ligue inférieure ou être suspendu de un à cinq ans pour avoir recouru aux tribunaux civils pour une affaire ayant trait au sport. Afin que tout soit parfait, il ne manquait plus qu’à Leixoes, troisième de la 2e division la saison dernière, de se mêler de cette imbroglio en prétendant qu’il devrait être promu en 1re division à la place de Belenenses.

Le cirque

Ici, personne n’a rien compris (nous non plus!), sauf peut-être les clowns qui représentent les clubs en question. De son côté, le Gil Vicente n’a pas joué les trois premières journées de championnat, sous prétexte de ne pas savoir où se rendre (le bus du Gil est passé par ici, et par là, comme le furet du bois joli).
Finalement, le 28 septembre dernier, après deux mois de lutte intestine, de menaces et du rejet par le Tribunal Administratif et Fiscal (TAF) de Lisbonne de la contestation présentée par le Gil Vicente, la direction du club a annoncé que sa première équipe allait jouer la 5e journée de la seconde division portugaise (Liga de Honra). Et le championnat de super liga a enfin repris ses droits. Heureusement que cette humiliante affaire n’a pas eu plus d’écho dans la presse européenne…

Si, au Portugal, on n’a peut-être pas le meilleur championnat, nos dirigeants de club sont sans aucun doute les rois de l’amateurisme !

Écrit par Bernardo Gross

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1 Commentaire

  1. Juste superbe!!! la triste réalité du football portugais….même si on a les meilleurs joueurs, les meilleurs stades etc…. lol

    Si seulement il n’y avait eu que ça…que dire des super décisions de cette fameuse liga…..bravo!

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