Entraînement terminé

Une petite mise en jambes suivie par trois corrections, cette demi-finale n’aura pas permis de voir les ingrédients typiques des play-off. Au niveau de l’intensité, des émotions, des retournements de situations et de la tension ambiante, on repassera. La faute à un LHC qui a évolué à son meilleur niveau et à des joueurs ajoulots qui avaient déjà réservé leurs vacances.

Pour le HC Ajoie, le constat est accablant. Fanfaronnant dès le début des séries finales qu’il fallait compter sur eux, qu’ils allaient rééditer le coup de la demi-finale de l’année dernière, le retour sur terre est brutal. Certes, ils se sont heurtés à des Lausannois au maximum de leur potentiel pour la première fois de la saison. Certes, cette série a débuté de manière indécise, les Ajoulots ayant été particulièrement efficaces. Mais plus que le résultat final, c’est la manière dont les Jurassiens ont par la suite sombré qui a étonné. À force de carboniser sa première ligne de façon stupéfiante, c’est la vouivre tout entière qui s’est consumée.

Quatre de chute

Pensant d’abord au gag de la semaine lorsque Réal Paiement avait affirmé avoir besoin de quatre blocs performants pour espérer un sursis, il faut avouer qu’il y avait une part de vrai dans les dires de l’entraîneur canadien. Pour preuve, la quatrième ligne fut la plus dangereuse lors de d’acte III tandis que les jeunes se sont à nouveau mis en évidence lors du dernier match. Enfin, quand je dis «mis en évidence», il convient de remettre cette phase dans son contexte.
Ce dernier point allait être le plus dur à aller chercher pour des Vaudois privés d’Hans Kossmann, malade, sur le banc. Du moins aurait dû être. Malgré une première période relativement équilibrée, il a été difficile de détecter une once de révolte dans l’attitude des Jurassiens. Battus d’avances, ils ont de surcroît multiplié les cafouillages et les mésententes. Dans une deuxième période où le niveau de jeu était incontestablement le plus faible de la série, le but de la tête de Rüfenacht, suivi par un rush supersonique de Tremblay ont porté le coup fatal aux Ajoulots.
Menés de trois unités, les locaux n’ont même pas daigné lutter davantage pour sauver ce qui pouvait encore l’être, et les Vaudois n’ont eu qu’à gérer cette fin ce match tout tranquillement. Charpentier aggrava encore la marque à la dernière minute sous l’œil avisé de certains spécialistes du hockey, tel que Jay-Jay Aeschlimann. Ce dernier avait en effet tout intérêt à venir décortiquer le système de jeu vaudois en vue de la future série de promotion qui mettra aux prises Lausanne et Ambri. En revanche, l’histoire ne dit pas si Dany Gélinas (futur entraîneur du HC Ajoie ?) – également présent au Voyebœuf – lui a soufflé quelques mots sur le sujet…

Prix de la non-combativité

Refusant le combat, Ajoie n’a même pas eu la force de montrer un minimum syndical de frustration. Excepté quelques petits couples qui se sont succinctement formés – tels que Rüfenacht-D’Urso, Tremblay-Roy, Leeger-Barras et Schäublin-Desmarais –, cette partie finale n’a même pas dégénéré malgré les efforts répétés de M. Kämpfer. Permissif au possible, le zèbre a ainsi échoué dans sa tentative d’apporter un semblant d’intérêt dans cette rencontre. À l’issue de l’acte I, nous avions émis l’espoir d’une suite des événements plaidant pour un durcissement des futures échéances. Ce ne fut donc qu’un vœu pieux dans ce domaine, les Ajoulots n’étant visiblement pas plus motivés de donner des poings que d’en marquer. Même James Desmarais n’a pas jugé utile de régler ses comptes avec Grieder.
Sur ce dernier match, en se risquant à une analyse hockeyistique de haut vol à la sauce Joël Grivel, nous pouvons affirmer que le Québécois du HC Ajoie a parfois bien joué, mais il a aussi parfois pas bien joué. Globalement, dans la position d’un supporter ajoulot, il y a de quoi être contrarié la moindre. Même si l’objectif du club de Porrentruy a été atteint, cette fin abrupte laisse un léger goût amer. Beau joueur et doté d’une tolérance toute non-lausannoise, le public jurassien s’est abstenu de conspuer ses troupes sous les quolibets lorsque l’équipe est venue saluer tête basse une dernière fois les spectateurs présents. Côté lausannois, il aura fallu attendre huit ans pour que les Lions disputent à nouveau une finale de play-off et les retrouvailles avec les Abeilles promettent d’être piquantes.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Ajoie – Lausanne 2-6 (0-1 2-4 0-1)

Voyebœuf : 2669 spectateurs.
Arbitres : MM. Kämpfer; Gnemmi et Niquille.
Buts : 13e Tremblay (Charpentier, T. Rüfenacht) 0-1. 21e Tremblay (Rüfenacht, Charpentier) 0-2. 24e Barras (S. Roy) 1-2. 26e T. Rüfenacht (Tremblay, Grieder/4c4) 1-3. 30e Barras (Desmarais, Hauert/5c4) 2-3. 30e Tremblay (O. Schäublin) 2-4. 38e Miéville (Sigrist, Chavaillaz/4c4) 2-5. 60e Charpentier (Tremblay, Villa) 2-6.
Pénalités : 3 x 2′ + 1 x 10′ (Barras) contre Ajoie; 6 x 2′ + 1 x 10′ (Leeger) contre Lausanne.
Ajoie : Rytz; Rauch, Hauert; D’Urso, Kamerzin; Studer, Schoop; Frutig; S. Roy, Desmarais, Barras; Schümperli, Posse; Cé. Aeschlimann, Bartlomé, Orlando; Pedretti, Chétélat, Le Moine; Stocker.
Lausanne : Tobler; Villa, Lardi; O. Schäublin, Chavaillaz; Leeger, Grieder; Zalapski; Tremblay, T. Rüfenacht, Charpentier; Sigrist, Miéville, Gailland; Lüssy, Staudenmann, Baumann; Frunz, Bonnet, Schnyder.
Notes : Ajoie sans Schluchter (surnuméraire) ni Spolidoro et Brunner (raisons indéterminées); Lausanne sans Trunz (blessé), Zeller (surnuméraire) ni Bekar (étranger surnuméraire).

Écrit par Mathieu Nicolet