Et si nous renoncions à comprendre…

…ce qui peut bien se passer à l’intérieur de la tête des joueurs du LHC ? Distillant un hockey digne d’une huitième ligue intercommunale, le schizophrénique club lausannois a rejoué un scénario thurgovien avec succès, dans un final qui a vu Lausanne obtenir une victoire aussi importante qu’inattendue.

A la 48e minute, le cinquième but inscrit par Masa anéantissait tout espoir de retour du LHC. Il faut dire que par la suite, Viège était proche d’infliger aux locaux une défaite encore plus sévère, tant le spectacle proposé par les Lausannois fut désastreux. Le score final avait été de 2-7 que personne n’aurait hurlé au scandale. Voilà pour l’aspect théorique des choses. Seulement voilà, ici c’est Lausanne. Sous ce concept global fourre-tout se cache aussi moult scénarios à rebondissements et autres spécialités prêtes à surgir à n’importe quel moment. C’est là tout l’avantage d’assister à un match des Lions: Même lorsqu’il ne se passe rien, il se passe toujours quelque chose.

La minute du peuple

Illustration parfaite en tout début de match: vous croyiez avoir tout vu avec ce club ? Détrompez-vous. Le LHC a sorti ce soir de sa botte secrète, le coup de la première minute. Vingt secondes: c’est le temps qu’il a fallu au honni Pecker pour figurer sur la liste des compteurs. Trente-huit secondes plus tard, deuxième tir viégeois, et deuxième but encaissé par le très rassurant Walter. Auteur d’un parfait «noircissage», l’ex-portier haut-valaisan suivit la direction indiquée par Gélinas et céda sa place à l’autre gardien numéro deux lausannois Tobler. Cinquante-huit secondes de jeu ont suffi pour en voir des vertes et des pas mûres. Partant avec ce handicap, les Vaudois allaient être obligés de faire le jeu. Il en n’a rien été. Malgré le bel effort solitaire de Bonnet en infériorité numérique, il a fallu une succession de contres défavorables pour que Brulé ne s’enflamme et ne redonne deux longueurs d’avance à ses couleurs.
Il est de notoriété publique que chaque joueur devenu indésirable à Malley marque pour son nouveau club contre Lausanne (excepté Bernasconi: faut pas pousser non plus !). Nouvelle confirmation avec le très joli but réussi par Cory Pecker dans le tiers médian. Echangeant des politesses avec Rüfenacht dès le coup d’envoi, le Canadien, symbolisant l’un des plus gros gâchis du club vaudois, possède toujours une cote de sympathie élevée du côté de Malley.

Tobler et son Walter ego

Puis vint ce fameux scénario rocambolesque. A 2-5, Les Haut-Valaisans commirent l’erreur d’arrêter de jouer. Six minutes, deux efforts individuels et deux cafouillages plus tard, le score avait complètement basculé en faveur du LHC. Le temps mort pris par John Fust en plein vortex n’y changera rien. En dépit du renversement de situation ainsi que l’envolée du public qu’il a créé, il ne faut pas être dupe. La prestation globale fut consternante, le jeu collectif proche du néant. Les six réussites des Lausannois ont toutes été le fruit d’efforts personnels et d’actions ne suivant aucun schéma à proprement parler. Summum du paradoxe, les Lions sont plus efficaces avec un homme de moins sur la glace qu’avec un homme de plus. Autre constat fâcheux: les deux gardiens lausannois Walter et Tobler, inconstants et mentalement fébriles, représentent plus des assurances touristes que des assurances tous risques. Pour prétendre à des performances à la hauteur de ses ambitions à moyen terme, le club vaudois se doit de se doter d’un portier capable de tenir la baraque et de gagner un match à lui tout seul, comme ce fut autrefois le cas avec Thomas Berger par exemple.
Après le match contre la Chaux-de-Fonds, j’avais ardemment fustigé l’absence de caractère de cette équipe qui s’était totalement liquéfiée en fin de match. Sur ce coup, force est d’admettre qu’il en a fallu pour renverser la situation, à l’image d’un Staudenmann qu’il faudrait signer à vie. Ce n’est un secret pour personne: le principal adversaire du LHC cette saison est lui-même. Au four et au moulin, Dany Gélinas ne peut pas non plus jouer au psy, d’autant plus qu’il en faudrait un par joueur. Au vu de la configuration actuelle du championnat, chaque point obtenu sera capital. Avec douze points d’avance sur la barre, la marge semble toutefois être suffisante pour voir la suite avec une certaine sérénité, et d’autant plus que plusieurs éclopés lausannois feront leur retour dans une quinzaine de jours. Rapide, physique, et doté d’une bonne technique, le Canadien Charpentier se révèle une bonne alternative pour rafistoler les soucis d’étrangers des Lions. Elu meilleur lausannois mardi dernier, Il ne lui manque plus que la réussite. Terminons sur une note positive en mentionnant l’excellent match de Chavaillaz. Très propre, le jeune défenseur mériterait assurément un temps de glace plus conséquent, mais cela viendra.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Viège 6-5 (1-3 1-1 4-1)

Malley : 3036 spectateurs.
Arbitres : MM. Koch, Gnemmi et Niquille.
Buts : 1re Triulzi (Schüpbach, Pecker) 0-1. 1re Dolana (Portner, Heldstab) 0-2. 9e Bonnet (4c5) 1-2. 15e Brulé (Botta, Dolana) 1-3. 25e Gailland (Miéville) 2-3. 26e Pecker (Brunold) 2-4. 48e Masa (Brulé, Bucher) 2-5. 53e Rüfenacht (Trunz, Staudenmann) 3-5. 54e Miéville (Chavaillaz, Gailland) 4-5. 56e Baumann (Yake, Charpentier) 5-5. 59e Staudenmann (Lüssy, Leeger/5c4) 6-5.
Pénalités : 3 x 2´ contre Lausanne; 4 x 2´ contre Viège.
Tirs cadrés : 43-31.
Lausanne : Walter (1re Tobler); Trunz, Lardi; Leeger, Grieder; Villa, Chavaillaz; Weisskopf; Rüfenacht, Yake, Bonnet; Lüssy, Staudenmann, Baumann; Charpentier, Miéville, Gailland; Frunz, Zeller.
Viège : Lory; Portner, Heldstab; Anthamatten, Schüpbach; Wiedmer, Bucher; Summermatter, Bürgin; Botta, Pecker, Brulé; Dolana, Brunold, Triulzi; Brechbühl, Bühlmann, Furrer; Imhof, Masa.
Notes : Lausanne sans Tremblay, Sigrist, Schäublin (blessés); Viège sans Lauber, Guerriero, Herren et Wyer (blessés).

Écrit par Mathieu Nicolet

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11 Commentaires

  1. Un peu severe ton analyse selon moi. Le retour du LHC fut assez spectaculaire, et non « que des efforts personnels ». Tobler n’est pas si inconstant (voir play off l’an passé, où il fut solide). Et pour pecker, le gachis est plus à mettre de son côté que celui du club, selon moi.

    ce fut 10 minutes à la hauteur du 1er tiers contre Sierre.

    Bon sang que cette équipe est frustrante, là on est d’accord par contre. Comme pour Staudi et Charpentier.

  2. L’article reflète bien ce qu’on a vu.
    Le plus désespérant est le manque de schémas de jeu. La question que je me pose: est-ce un manque de compétence de Gélinas ou une incapacité crasse des joueurs à les appliquer?
    Or, les joueurs étaient capable de jouer un tant soit peu technique dans leurs anciens clubs et de jouer selon les schémas de leurs entraîneurs.
    Conclusion: le problème est au niveau de Gelinas qui n’a que pour seul théorie, je jeu physique, la puissance et fatiguer l’adversaire pour faire la différence en fin de rencontre.
    Avez-vous remarqué que Gailland n’a pratiquement plus joué les dernières minutes, alors qu’il était un des rares à être dangereux.
    Va-t’on revoir Chavaillaz au retour de Schäublin ou Gelinas estimera-t’il plus important de le laisser avec les élites en play-off ou avec le Star?
    On ira pas très loin ainsi.

  3. Arrêtons de nous leurrer au sujet de cette équipe. LHC ne fonctionne QUE au coeur et à l’émotion. En ce qui concerne le seul élément qui permettra à une équipe de monter en LNA, c’est à dire le fond de jeu, il n’y en a aucun à malley, et notre ami Gélinas en porte la seule responsabilité.
    La preuve? hier lorsque LHC a retrouvé des couleurs en fin de partie, c’était le seul moment du match où les joueurs ne semblaient plus obéir à un pseudo système de jeu, mais à leur instinct. C’est malheureusement insuffisant pour prétendre battre le dernier de LNA.

  4. Bravo, bel article ! je crois que ça résume assez bien ce que tout supporter lausannois ressent à chaque sorties de ses protégés. J’avoue que j’aimerai assez savoir ce qui s’est passé dans la tête de nos joueurs après le 5 ème but viégois encaissé, on le saura sans doute jamais mais d’un côté tant mieux ! Alors oui les 10 dernières minutes du match on été extrêmement animées et pleines de suspense mais ça serait vraiment sympa que dorénavant on ait droit à un match plaisant de A jusqu’à Z.

  5. Bel article et comme lu dans les commentaires précédants, c’est dans les têtes ou la tête que cela ne va pas.

    Au fils des matchs on ressent une peur des joueurs et cela est de plus en plus visible que cela doit être leur entraîneur qui doit leur répéter et encore répéter « une erreur et tu te retrouveras sur le banc ». Un psy verrait tout de suite que l’animal blessé (le lion) est le « dompteur ».

    SVP, diagnostic et puisque l’on est sur CartonR(B)ouge, R….aus M. l’entraîneur et les joueurs pourront enfin respirer l’air de Malley.

  6. A rire et se rouler sur la glace (arôme au choix)

    Cartonrouge est juste l’endroit pour mettre cet article du même jour (puckmag.ch) où Dany Gélinas fait les beaux jours d’Ajoie lors de leur dernier match Ajoie – EHC Olten 4-2:

    « Ajoie – Olten : Ajoie vainc sa bête noire
    Écrit par Petignat Julien
    29-11-2008
    Trois points de plus dans l’escarcelle pour le HC Ajoie grâce à son succès de vendredi soir face au EHC Olten. Les ajoulots ont livré un bon match et remporte la victoire de façon méritée.

    Grâce à un hat-trick de Steven Barras surtout. Les jurassiens ont bien eus du mal à se mettre dans le bain. Les soleurois commettant beaucoup de fautes, les protégés de Dany Gélinas en ont profité pour mettre à exécution, les plusieurs opportunités d’installer leur jeu puissance. Il faut toutefois attendre la 16ème minute pour voir l’ouverture du score des soleurois. Schwarz va donner l’avantage à ces couleurs en supériorité numérique. Le premier tiers en restera là.

    Dans le deuxième tiers, tout s’anime.Les hommes à la vouivre gagnent de l’éclat et ce deuxième vingt est très enthousiasmant pour les partisans du voyeboeuf. Olten, qui proposait un jeu physique, avait plutôt tendance à casser le jeu. Pourtant, à ce jeu là, les ajoulots vont si faire et parvenir à contrer leurs adversaires. A la 34ème c’est Steven Barras qui va sonner le réveille jurassien en égalisant pour les siens. Dans la foulée, 37 secondes plus tard, Spolidoro va donner l avantage à son equipe. Tout s’enchaîne, puisque une minute plus tard , Olten recolle au score grâce à Portmann. Mais dans la minute suivante, Barras va répliquer en marquant le troisième. Que d’émotions en cette fin de tiers.

    Le dernier tiers était celui du remplissage. Le jeu étant plutôt fermé, cet ultime « vingt » ne verra qu’un petit but d’inscrit. Il sera l’œuvre encore une fois de Steven Barras pour le coup du chapeau et pour clore le score final à 4-2 à la 49ème minute.

    Voyeboeuf : 1803 spectateurs

    Pénalités : 4×2’ contre Ajoie et 7×2’ contre Olten

    Arbitres : M. Küng, M.Huggenberger et M.Micheli

    Buts:
    16ème Schwarz(Wütrich)
    34ème Barras(Desmarais, Hauert)
    35ème Spolidoro(Mano)
    36ème Portmann(Ramholt)
    37ème Barras (Desmarais)
    48ème Barras (Desmarais)

    Martin Rauch fête son 1100ème match de ligue national

    Voir toutes les photos du match (Par S. Mure)

    Dernière mise à jour : ( 29-11-2008 ) « 

  7. Petite correction: c’est Bonnet qui a été élu meilleur joueur lausannois et non pas Charpentier. Concernant ce dernier c’est bof… il est certes rapide mais fait de mauvais choix en zone offensive. C’est pas non plus pour rien qu’il a déjà fait la moitié des clubs de LNB cette saison…

  8. Petite curiosité d’avant match. A l’issue de l’échauffement, tous les joueurs sans exception quittent la glace, sauf Cory qui ramasse les pucks en compagnie du gamin de service jusqu’à la fin, lui tapote le casque, lui parle à l’oreille et s’offre un tour de patinoire en cherchant des regards d’amitié. A mon sens, IL REGRETTE LAUSANNE. (mais il fallait y penser avant)

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