Saga des cartons rouges : la cisaille portugaise

Tout le monde le sait, en 2002 la Corée du Sud a triché pour parvenir en demi-finale de sa Coupe du Monde. On ne va pas revenir sur la grande mascarade qui s’est déroulée lors du mois de juin 2002. Autant les Italiens que les Espagnols furent tour à tour lésés par les Diables Rouges du pays du matin tranquille. Mais un homme était au courant de la supercherie avant l’heure et il est Portugais.

Lieu : Munhak Stadium d’Incheon
Date : 14 juin 2002
Match : Groupe D Portugal-Corée du Sud (0-1)
Fautif : João Vieira Pinto
Victime : Park Ji-Sung

Le contexte :

La Coupe du Monde 2002 est l’une des plus bizarres de ces dernières décennies. Tout d’abord, elle s’est tenue sur sol asiatique. En Europe, les matchs avaient donc lieu à 8 heures du matin, pas franchement pratique. Du coup, on avait droit à des discussions du type : « Tu viens voir Cameroun-Irlande chez moi demain ? Ok. Avec plaisir. J’apporte les croissants ! ». Le football-croissant au sommet de son art. Ensuite, il faut bien avouer que cette édition a délivré son lot de surprise. Alors franchement, on n’a rien contre quelques surprises – au contraire elles sont souvent les bienvenues – mais de là à se taper un Sénégal-Turquie en quarts de finale… deux équipes en étant presque à leur première participation (seuls les Turcs avaient participé à une unique phase finale auparavant)… un peu bizarre quand même.


Joao Pinto, un gars qui a porté l’écarte-narine toute sa carrière

Le groupe D de ce Mondial ne fait pas exception à cette dernière constatation. Composé des hôtes Coréens, des éternels présents Américains, des inconnus Polonais et des presque favoris Portugais, il apparaît comme un groupe où il est relativement difficile de se prononcer sur une éventuelle issue. Une chose est cependant sûre, les coéquipiers de Luis Figo font office de grands prétendants à la première place et ils vont sacrément se foirer. Lors de la première journée, les Coréens surmontent une faible Pologne et les Portugais mordent la poussière 3-2 face aux surprenants Ricains, dans un match où l’autogoal fut roi. Cinq jours plus tard, les Portugais se rattrapent en étrillant la nullissime Pologne. Pedro Pauleta y inscrit un hat-trick sous une pluie battante. Dans l’autre duel, Coréens et Américains se partagent les points lors d’une rencontre agréable à suivre. La surprenante National Team composte ainsi son billet pour les huitièmes avant l’heure. Se profile ainsi en dernière journée un Pologne-USA pour beurre et un Corée du Sud-Portugal ayant des allures de seizième de finale.
Avec une victoire ou un nul, les Coréens visent un premier huitième de finale de leur histoire. Evoluant à domicile, ceux que le regretté Thierry Roland surnommait sympathiquement les Niakouais ont la possibilité d’écrire l’histoire de leur pays qui restait sur cinq participations consécutives à la Coupe du Monde. Une telle performance égalerait celle mythique des ennemis communistes du Nord de 1966 qui constituait jusqu’alors la meilleure performance asiatique de l’histoire. Côté portugais, tout autre résultat qu’une victoire signifie tout bonnement un cuisant échec et une élimination prématurée dans un tournoi où ils ont largement les moyens de bien figurer. Une telle contre-performance remettrait en cause la bonne prestation de l’Euro 2000 et n’augurerait rien de bon pour les futurs championnats d’Europe au Portugal deux ans plus tard. Elle aurait également signifié la fin d’un cycle où la génération des Fernando Couto, Vitor Baia, Paulo Sousa et Rui Costa allait devoir tranquillement prendre sa retraite internationale au profit des nouvelles stars comme CR7, Carvalho ou Deco et surtout ne pas passer pour de gros losers en se faisant éliminer dans un groupe au niveau aussi élevé que la Super League.


Le seul mec à avoir tapé un arbitre à la Coupe du Monde.

Les faits :

En ce 14 juin 2002, les Coréens jouent devant un public bien évidemment acquis à leur cause et reprenant parfaitement en chœur l’hymne à la joie de Beethoven. Pour une fois, un match de ce tournoi ne se déroule pas devant des gradins peu garnis où seuls siègent des supporters-figurants asiatiques ayant mystérieusement pris fait et cause pour le Paraguay. Pays qu’ils ne sauraient probablement pas plus placer sur une carte du monde qu’un candidat de Qui veut gagner des millions avec Jean-Pierre Foucault, le situant probablement à côté de l’Espagne, un peu vers le Mexique. Une partie qui démarre bien mal pour des Portugais qui sont assez vite mis en difficulté par des Coréens vifs emmenés par un Park Ji-Sung des meilleurs jours. Face aux rapides Diables Rouges, les vieux Portugais semblent bien dépassés. Rui Costa et consort tirent rapidement la langue dehors et sont constamment contraints à commettre de petites fautes afin d’hacher le jeu au maximum.
Jusqu’alors, les semi-hôtes de ce Mondial n’ont encore rien volé et ce n’est pas durant cette phase de poules qu’ils vont bénéficier de décisions scandaleuses, prêtant volontiers à croire à un complot pro-coréen dans cette Coupe du Monde. Tout amène néanmoins à penser qu’un homme était au courant de la blague qui va rythmer la suite de ce tournoi. Farce dont seront victimes les deux autres grandes nations latines d’Europe. A peine 30 minutes après le début de la rencontre, le rebelle Joao Pinto décide de découper la jambe droite de Park Ji-Sung, la star montante coréenne. Un tacle aérien et sauvage, d’une détermination rare à ce niveau. C’est ce que l’on appelle dans le jargon, une cisaille parfaitement exécutée. Sans hésiter, l’arbitre de la rencontre expulse le Portugais et l’envoie directement sous la douche, une telle agression au milieu de terrain ne pouvait connaître une autre issue.


Bravo les gars ! Bien triché !

Une question surgit alors. Comment le Portugais peut-il avoir pété un plomb à ce point dans un match aussi capital ? La première hypothèse plausible serait d’affirmer que Joao Manuel Vieira Pinto est un sale type au comportement parfois violent. Certes, l’ensemble de sa carrière le prouve, il a parfois été coupable de gestes absolument scandaleux (Paulinho Santos s’en souvient), mais à chaque fois il y a eu provocation d’un adversaire. Or, c’est bien connu, les joueurs asiatiques sont toujours des gentils en football et on a de la peine à concevoir que Park ait provoqué ou nargué le numéro 8 portugais. Une seconde hypothèse nous amènerait à penser que M. Pinto est simplement un débile profond. Mais cette possibilité est immédiatement balayée d’un revers de la main. Un mec qui croit encore que l’écarte-narine est une manière efficace d’améliorer ses performances en 2002 est forcément quelqu’un qui a tout compris. Un petit malin qui n’est pas né de la dernière pluie. La thèse du débile profond ne tient donc pas.
La dernière hypothèse nous semble donc la seule qui tienne debout. Au courant du trucage organisé par le pays hôte et la FIFA, l’auteur de la cisaille décide de se venger à la fois des Coréens et de la FIFA. Après avoir découpé le meneur de jeu asiatique, JVP s’attaque à celui qui incarne la bande à Blatter sur le terrain, l’arbitre. Car oui, non seulement content de balancer un tacle assassin qui reste dans les mémoires, Joao Pinto frappe l’homme en noir dans la foulée. Un petit coup de poing bien dissimulé dans le ventre de Monsieur Sanchez qui vaudra à son auteur la bagatelle de 4 mois de suspension. Deux gestes violents en l’espace de quelques secondes qui ne peuvent s’expliquer que par la vaste supercherie mise en place par la FIFA. Inutile de préciser que les Portugais ne vont pas se relever de cette expulsion et perdre la rencontre. Mais de toute manière, comme notre héros du jour l’avait compris, ils n’avaient aucune chance. Tout était prévu d’avance. Joao Pinto n’est donc pas un joueur violent, c’est un contestataire, un visionnaire qui s’est insurgé contre la toute-puissance de la FIFA. Reste une question à laquelle on ne pourra probablement jamais répondre. Pourquoi la Corée a-t-elle pu truquer sa Coupe du Monde et pas le Japon ?

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5 Commentaires

  1. Tellement de questions sans réponses.

    Pourquoi la Corée en 2002, l’Argentine en 78, la France en 98 ? C’est même mieux de ne pas connaître les réponses, on serait tellement déçus.

  2. Sympa les fautes d’orthographe dans la vidéo 😀

    sinon, carton rouge totalement mérité, y’a rien à dire. Le Portugal n’avait pas perdu sa qualif sur ce match mais lors de la défaite contre les USA.

    Sont quand même assez chauds les joueurs portugais, ça finit souvent mal lorsqu’ils sont éliminés… (criez pas au racisme, je suis d’origine portugaise mais lucide)

  3. @ Oruma

    Pourquoi France 98? Il me semble pas avoir eu du scandale non? Hormis peut-être le mystère Ronaldo en finale?!?!

  4. En lisant « cisaille portugaise » et plus loin la mention de l’année 1966, j’ai tout de suite pensé à la performance de haut vol des Portugais lors du match de groupe contre le Brésil lors de la Coupe du Monde en Angleterre.
    Les multiples tentatives de meurtre commises ce triste jour et surtout les 2 agressions coup sur coup sur Pelé dont la seule intention aurait valu un rouge à n’importe quel joueur actuel vont clairement dans le sens d’un manque de contrôle portugais lors de matchs chauds.

    Comme quoi, une tradition reste une tradition..

  5. CaptainMarvel (Email) 21.03.2014 12:53
    @ Oruma

    Pourquoi France 98? Il me semble pas avoir eu du scandale non? Hormis peut-être le mystère Ronaldo en finale?!?!

    Le mystère Brésil tu veux dire…Ce jour-là le Brésil était apathique, j’ai de la peine à croire qu’un finaliste de Coupe du Monde, Ayant qui plus est gagné l’édition précédente ainsi que la suivante, ait pu être aussi mauvais. Il n’a même pas été dangereux, ou alors ma mémoire me fait défaut…Je me rappelle juste du choc entre Barthez et Ronaldo qui aurait pu constituer une action dangereuse

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