La Suisse en sursis

Les compétitions européennes reprennent leurs droits cette semaine. Sans club suisse malheureusement. Toutefois, notre pays garde une chance d’obtenir une place fixe pour la Ligue des Champions 2011-2012.

Au début de cette saison, j’avais évoqué l’éventualité pour la Suisse d’obtenir une place fixe pour la Ligue des Champions 2011-2012, soit pour que le champion suisse 2010-2011 puisse être dispensé de qualifications pour accéder à la plus prestigieuse compétition de club du monde. Cette hypothèse est toujours d’actualité mais est devenue beaucoup plus aléatoire après l’élimination de nos quatre représentants en Coupe d’Europe l’automne dernier. En effet, pour être absolument certain d’obtenir cette place fixe en C1, il faut figurer dans les 12 premiers du classement UEFA. Or, la Suisse s’est faite piquer cette 12e place par la Grèce suite à la qualification de l’Olympiakos pour les 1/8e de finale de la Champions League et n’a plus aucun espoir de la récupérer cette saison, puisque nos clubs ne marqueront plus aucun point. La 13e place peut elle aussi garantir une place en Ligue des Champions (plus une autre en qualifs), pour autant que le vainqueur de la C1 l’année précédente obtienne sa qualification pour la compétition dans son championnat, ce qui est généralement le cas. Donc, le 13e rang actuel pourrait nous permettre d’accéder au Graal, encore faut-il parvenir à maintenir cette position face à des pays qui eux ont encore des clubs en lice susceptibles de marquer des points.

La menace vient du nord

Si l’Ecosse ne représente plus un danger après l’élimination de tous ses représentants, la menace vient du Danemark et de la Belgique. Les Danois accusent un peu plus d’un point de retard et ont encore un club en lice (FC Copenhague), les Belges plus de trois points avec encore trois clubs en compétition (Brugge, Anderlecht et Standard). Pour que ces deux pays dépassent la Suisse, il faudrait que leurs rescapés passent au moins deux tours. Ou alors qu’un club belge parvienne au moins en ½ finale de l’Europa League. Sachant que Copenhague affrontera Marseille, Anderlecht Bilbao, Brugge Valence et le Standard Salzburg, on peut se montrer raisonnablement optimiste quant aux chances de la Suisse d’obtenir cette place fixe en Ligue des Champions. Dans le cas contraire, on pourra nourrir beaucoup de regrets : que Zurich n’ait pas eu l’audace nécessaire pour piquer la 3e place synonyme de repêchage en Europa League à un faible Marseille, que Bâle ait dominé 180 minutes contre Fulham sans inscrire le moindre point, qu’YB ait laissé échapper un exploit qui lui tendait les bras contre Bilbao et de ne pas avoir pu compter sur un quatrième représentant un peu plus crédible que Sion, éliminé comme d’habitude sans gloire dans l’indifférence générale.

L’Angleterre toujours devant

La Premier League domine toujours ce classement UEFA. Pourtant, après l’élimination prématurée d’Aston Villa en qualifications de l’Europa League, l’Espagne avait une belle occasion de refaire son retard. Mais sept clubs espagnols n’ont pas été capables d’inscrire beaucoup plus de points que six représentants anglais. Et en général, la deuxième partie de la saison européenne est beaucoup plus favorable à la densité supérieure de la Premier League par rapport à la Liga. On peut donc penser que l’Angleterre n’aura pas trop de peine à conserver son titre honorifique de meilleur championnat du continent. Et ce même si le classement pour la saison en cours place pour l’heure l’Espagne en tête.

Le scandale des bonus

Sous ce sous-titre aguicheur, tu ne trouveras pas de théories démagogiques sur les grands méchants banquiers et leurs émoluments somptuaires. Non, les bonus dont il est question, ce sont ceux accordés aux équipes participants à la Ligue des Champions, y compris aux clubs qualifiés d’office. Ainsi, l’Angleterre, l’Espagne et l’Italie obtiennent déjà douze points de bonus gratuits, avant que leurs clubs n’aient joué un seul match. Au total, les trois premiers pays du classement UEFA, avec chacun un éliminé au 1er tour de C1, ont accumulé 31 points de bonus chacun ; Allemands et Français, avec également un seul club sorti au 1er tour de la C1, n’ont eux bénéficié que de 22 points de bonus. Sans ces fameux bonus, le pays dont les clubs ont marqué le plus de points sur le terrain, c’est… l’Autriche, devant l’Allemagne, l’Espagne et la Hollande ; l’Italie et l’Angleterre n’arrivent qu’en 5e et 6e position. C’est dire que, si, d’un côté, Michel Platini a favorisé l’accès à la Champions League à quelques clubs de petits pays, d’un autre côté il a bétonné les positions des championnats majeurs avec un système de points qui favorise les grandes nations et garantit leurs sièges en Ligue des Champions.

Italie – Allemagne, le duel continue

Avec un comptage des points qui tend à figer la hiérarchie, il est essentiel de ne pas perdre des places qui seront ensuite très difficiles à reconquérir. C’est dire l’importance du duel opposant actuellement l’Italie et l’Allemagne pour la 3e place du classement, synonyme de 4 places en Ligue des Champions au lieu de 3. A priori, vu les points qu’auront à défendre ces deux pays lors des prochaines saisons, la passation de pouvoir est inéluctable. Reste à savoir si ce sera déjà pour cette saison (soit pour le championnat 2010-2011), soit ultérieurement. Pour l’instant, le Calcio résiste. Mais attention, les résultats des dernières saisons ont montré que l’espérance de vie des clubs transalpins et germaniques lors des phases à élimination directe de la C1 était à peu près aussi élevée que celle d’un tennisman français en deuxième semaine de Roland-Garros. C’est dire que ce duel pourrait se jouer au niveau de l’Europa League, où les points sont plus faciles à acquérir au printemps, et là la supériorité numérique allemande est manifeste (Wolfsburg, Hambourg, Brême, Berlin contre les seules Juventus et Roma). L’issue du duel entre le Bayern Munich et la Fiorentina sera également capitale dans cette lutte germano-italienne.

Le «triomphe» français

Qu’est-ce qu’on n’a pas entendu cette automne sur le triomphe du foot français ou la renaissance de la Ligue 1. Il a suffi que Lyon et Bordeaux parviennent à profiter de quelques crises à Liverpool, Turin ou Munich pour enflammer nos voisins tricolores. Le président de la LFP, Frédéric Thiriez, a même déclaré que la France espérait dépasser l’Italie et l’Allemagne au classement UEFA, ce qui, au vu du retard accumulé, est aussi improbable à court et moyen terme que de voir le Sénégal remporter le tableau des médailles de JO d’hiver. La logique des chiffres est implacable : ce football français «triomphant» a encore perdu plus d’un point l’automne dernier sur un foot italien présentant un bilan négatif contre les clubs suisses et sur des Allemands pourtant représentés par quatre clubs en crise (Berlin, Bayern, Stuttgart et Wolfsburg) et un autre décimé par les blessures (Hambourg). Ceci dit, les bons résultats de nos voisins tricolores, couplés à la débâcle russo-ukrainienne, leur ont moins permis de creuser le trou sur les deux pays de l’Est qui menaçaient la troisième place française en Ligue des Champions. En août dernier, l’hypothèse de voir la France devoir se contenter du même nombre de représentants que la Suisse en Ligue des Champions n’avait rien de farfelu, elle est aujourd’hui écartée pour quelque temps, c’est déjà ça.
Ranking UEFA au 15 février 2010 (entre parenthèses : nombre de clubs encore en lice en Coupe d’Europe/nombre de clubs engagés cette saison – points inscrits cette saison)
1. Angleterre 76.142 (6/ 7 – 12.214)
2. Espagne 74.457 (7/ 7 – 12.928)
3. Italie 61.195 (5/ 7 – 12.285)
4. Allemagne 58.374 (6/ 6 – 12.250)
5. France 49.740 (4/ 6 – 11.000)
6. Russie 42.458 (2/ 6 – 4.833)
7. Roumanie 39.491 (1/ 6 – 6.083)
8. Ukraine 39.350 (1/ 5 – 5.600)
9. Portugal 35.796 (3/ 6 – 7.500)
10. Pays-Bas 35.713 (3/ 6 – 8.583)
11. Turquie 34.050 (2/ 5 – 7.200)
12. Grèce 29.099 (2/ 5 – 7.100)
13. Suisse 28.375 (0/ 4 – 5.750)
14. Danemark 27.350 (1/ 5 – 4.400)
15. Ecosse 25.791 (0/ 6 – 2.666)
16. Belgique 24.900 (3/ 5 – 5.700)
17. Bulgarie 22.000 (0/ 4 – 3.125)
18. République Tchèque 21.975 (0/ 5 – 4.100)
19. Autriche 19.325 (1/ 4 – 9.125)
20. Israël 18.625 (1/ 4 – 7.000)
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. De jolies théories qui se heurtent à la réalité du classement à la fin de l’article : la Suisse est 13è, avec plus aucun club en lice en coupe d’Europe…
    Pendant ce temps la France reste 5è et Lyon bat le Real (comme d’habitude, avant de sortir en 8è ou en quart comme d’habitude ?). Mais bon, je dis ça, je dis rien…

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