Ils étaient trois mousquetaires; donc forcément quatre. Roberto, Michael, Philippe et Régis. Quatre insupportables grandes gueules de 20 ans. Des braillards et des fêtards (j’en fis un soir l’expérience) avec un cœur 36 panneaux. Des classieux, plus de 100 sélections chez les Diables à eux quatre. Mais des merdeux à s’engueuler avec tous leurs coaches, à se fâcher avec tous les journalistes parce que « Tu m’emmerdes », c’était pas « Monsieur, votre présence m’importune ». S’ils n’avaient pas été Liégeois, ils auraient été Écossais.
Le foot chevillé au corps, le beau maillot rouge du Standard greffé au cœur. Blessés ou suspendus, ils se retrouvaient dans le kop. L’aller/retour des gradins au terrain. Mais les grandes gueules, ça gêne et ça finit par devenir anonyme, écarté par le système, et ça fait pourtant une carrière dont peu se souviennent.Roberto Bisconti a transité par Nice, Kilmarnock, Bucarest et Guingamp, entre autres. Mika Goossens a connu Gênes et Schalke. Philippe Léonard a planté ses crampons à Monaco et Feyenoord. Régis Genaux a porté le maillot de Coventry et de Udinese. Pour des merdeux, excusez du peu. Les trois premiers poursuivent une carrière d’amateur. Un footeux sans ballon, ça ne vit pas.
Genaux, meurtri par trop d’engagement, a quitté le foot pro à 29 ans. On voyait en lui le digne successeur d’Éric Gerets. Porter le n° 2 au Standard, ça n’est pas rien. Leur point d’attache était en bord de Meuse et leur bol alimentaire un rectangle d’herbe de 100 m sur 60 m. Passé la trentaine, on se retrouve entre potes pour le plaisir de réussir 3 passes, de marquer un beau but que les télés ne montreront jamais et de vider quelques pintes dans les vestiaires.
Au retour d’un de ces matches de potes où il avait délivré 2 assists et mis un but, Régis Genaux, formidable anonyme de l’histoire du foot, est mort d’un arrêt cardiaque sous les yeux de ses mômes. Il avait 35 ans.
Écrit par XXL
Joli article
bel hommage