Après la 14e journée : vers un duel Inter-A.S. Rome ?

Le point sur une Serie A qui jusqu’à présent fournit plus de points d’interrogation que de sentences définitives, à l’exception peut-être de la course à deux vers le titre qui semble se dessiner peu-à-peu, entre l’Inter de Milan et l’A.S. Rome. Pour le reste, c’est un classement haut en couleurs et en surprises qui s’offre à nous, avec notamment des placements européens pour des petits poucets, et une navigation en zone dangereuse de puissantes armadas.

L’Inter fait le break face à Palerme

Désormais, l’Inter occupe solidement la première place au classement, et ce en solitaire. Les Milanais ont distancé Palerme, qui occupait jusqu’à trois semaines en arrière la place de co-leader. La faute à une baisse de régime en cette période des Siciliens, dont les Milanais ont bien profité en s’imposant la semaine dernière à Palerme par deux buts à un. Dans un stade en pleine ébullition pour ce choc, les hommes de Mancini ont en fin de compte facilement dompté leur adversaire, malgré le résultat étriqué. Bien sûr, les Palermitains ont opposé une résistance courageuse, mais plusieurs éléments rendent compte de manière évidente de l’inéluctabilité de la défaite. Tétanisés par l’enjeu, les Siciliens ont laissé les vingt premières minutes à leur adversaire, qui a inscrit rapidement le 1-0 par Ibrahimovic.
Et si l’Inter ne brille pas encore par son jeu, il est par contre clair qu’en ce moment, elle sait se montrer ponctuelle, cynique et très pragmatique dans sa gestion du match. Il sera difficile cette année de reprendre les Milanais si ceux-ci mènent au score, cela semble s’imposer. Le module de jeu trop frileux à une seule pointe (étrenné pour l’occasion) de Guidolin ainsi que la faiblesse manifeste des deux latéraux rosanero, Pisano et Cassani, ont fait le reste, mettant en exergue la différence de carrure des deux équipes. L’égalisation de Amauri juste avant la mi-temps n’a rien changé à cette donne, et l’Inter marqua le 2-1 par Vieira au moment où Palerme jouait peut-être le mieux. Pragmatique, disait-on. Typiquement le genre de «coup» qui réussissent au futur-champion… Comme est typique la victoire sans forcer, contre Sienne dimanche, par le plus typique des 2-0 !

Tout aussi typiques, mais de l’ivresse que peut représenter la tête du classement pour qui n’y est pas habitué, sont les trois dernières semaines de Palerme. Défaits par Cagliari une semaine avant de rencontrer l’Inter, et certainement trop focalisés sur ce match ; battus par les Nerazzurri à domicile dans le match-clou, les Siciliens ont concédé un triste nul à Parme (0-0) ce week-end. Il va falloir se reprendre du côté de Palerme, ne pas baisser les bras, et surtout ne pas jeter par la fenêtre une saison jusque-là excellente, même si le titre (qui n’est pas l’objectif du club) s’est manifestement éloigné après avoir concédé huit points en trois rencontres à l’Inter. 

Qui arrêtera la Roma ?

Lors de notre dernier compte-rendu sur la Serie A, il était fait état d’une A.S. Rome qui voyageait le vent en poupe, et ce malgré l’état de forme encore déficitaire de son capitaine et maître à jouer Francesco Totti. Bien, alors gardez toute la première partie, mais en dix fois mieux, et ajoutez que Totti est revenu, et en force s’il-vous-plaît. En ne prenant que les trois dernières rondes, comme on l’a fait pour l’Inter et Palerme, la Roma a empoché neuf points, et a inscrit treize buts (!), dont cinq de Er Pupone. 7-0 contre Catania, 4-2 à Gênes face à la Sampdoria et 2-1 contre l’Atalanta, pour autant de prestations de haut rang. Incluez à cela la défaite infligée précédemment à l’A.C. Milan par 2-1 à San Siro (où Rome n’empochait pas la mise depuis vingt ans…), et vous saisirez on ne peut mieux la portée du parcours des Giallorossi cette saison.

Le match contre la Samp, notamment, a été un véritable hymne au football, avec une application constante durant 90 minutes à jouer à deux touches de balle, des latéraux qui viennent suppléer les excellents ailiers romains, un milieu de terrain qui recherche sans cesse la profondeur des avants, des redoublements de passes entre Totti et les trois «mezzepunte» alignées par Spalletti… Magnifique ! Avec en prime un but incroyable de Totti, sur une reprise de volée dans un angle impossible, qui lui a valu les applaudissements de tout le stade Marassi. L’état de forme du capitaine représente un vrai cadeau de Noël pour les Romains, à l’heure où la maigreur de l’effectif pourrait commencer à peser. Gageons que la qualification des hommes de Spalletti en Champions League permettra au club d’investir sur le mercato de janvier et compenser, en partie, le gap qu’il existe avec le contingent de l’Inter, dont les Romains se posent désormais comme le principal (et unique ?) adversaire.

Livourne, Catania et les autres…

Le côté sympa des pénalisations de début de saison, c’est qu’on a plein d’équipes en haut de classement qu’on a pas tant l’habitude de croiser si haut… Bien sûr, parce que d’autres clubs comme la Fiorentina et le Milan doivent récupérer des points de pénalité, mais aussi parce que les «erreurs» d’arbitrage semblent connaître une répartition un brin plus démocratique cette saison.
Enfin, à l’exception de l’Inter, mais on ne peut pas (encore) parler de traitement scandaleusement favorable… On ne va pas trop en demander quand même ! Ainsi on trouve aux places européennes le promu Catania (qui illustre à la perfection la portée de l’adage «mieux vaut perdre une fois 7-0 que sept fois 1-0») avec son 3-4-3 étonnant et ultra-offensif. Aussi, Livourne, qui s’appuie toujours sur le fantastique Cristiano Lucarelli, confirme les bonnes choses démontrées sous la houlette de Donadoni (avant que celui-ci ne soit limogé de manière incompréhensible !) l’an dernier. L’impulsivité et la bonne dose de stupidité qui animent le président Toscan Spinelli représentent toutefois une limite certaine pour Livourne. Celui qui a licencié Donadoni parce que ce dernier avait «fait couler» son équipe de la 5ème à la 8ème place en trois matches, souffre d’ingérence chronique dans les affaires de l’entraîneur, et empêche le bon Arrigoni de travailler avec la tranquillité nécessaire, et surtout souhaitée, pour un petit club comme le sien.
Empoli, l’Atalanta et d’autres encore réussissent des débuts franchement étonnants, et l’on ne peut que se réjouir de cette Serie A ouverte et surprenante, malgré les Cassandres de ceux qui regrettent que la Juve et le Milan ne soient pas là pour assurer le spectacle (sportif et… économique).

Fiorentina et Milan ou les «joies» de la zone rouge

Les pénalités ont donc également des effets sur ce qui se passe en queue de peloton. La Reggina, partie de moins 15, occupe la dernière place du classement, et peut se lamenter, elle, d’arbitrages déplorables à son encontre. M’enfin, ça leur changera aussi. Et pour un des (nombreux) clubs qui auraient dû être relégués par les juges en B cette saison, on peut parler de «justice injuste à retardement»… La Fiorentina de Toni et Mutu circule aussi en zones troubles, mais la tendance depuis 5-6 matches est franchement à la hausse, et les hommes de Prandelli semblent avoir dépassé l’écueil psychologique représenté par leurs 15 points de pénalité de début de saison. Si ceci semblait avoir littéralement coupé les jambes des Florentins sur la ligne de départ, ces derniers ont maintenant réagi et ne tarderont pas à se sortir des marasmes du bas de classement.

A l’inverse, Milan ne donne pas l’air d’avoir trouvé la solution à ses problèmes. Inefficaces en attaque, prenables de tous les côtés dans leur défense de vétérans, martyrisés par les blessures, les Rossoneri sont à la peine. Ancelotti, aussi débordant d’idées qu’un fer à repasser, risque fort de ne pas manger le Panettone, comme on dit dans la Botte, cette année. La méforme de ses champions du monde Gattuso, Pirlo et Gilardino, doublée pour ce dernier de l’incompétence du coach qui ne comprend toujours pas qu’il faut le faire jouer seul en pointe, ne suffisent pas à expliquer la mauvaise passe milanaise.
Recrutement déficient, défense vieillissante, Kakà-dépendance… Des symptômes qui ont logiquement affecté le Diavolo. Sans oublier une attaque fébrile, au sein de laquelle figurent un seul attaquant de classe mondiale (Gilardino), un renard des surfaces derrière lequel l’équipe doit tourner à 100% (Inzaghi), un joueur correct et probablement sous-estimé mais pas non plus un Van Basten 2 (Oliveira) et un éternel espoir dont seul le foot italien a le secret (Borriello). Un peu maigre, un peu faible, un peu sans Sheva, quoi.

Gilardino, seul attaquant de classe mondiale

Certes, il y a aussi une bonne dose de poisse (treize poteaux en quatorze matches), mais étant donné que je suis un détracteur fervent de Carlo «Tortellini» Ancelotti, ce genre de paramètres, je les considère comme secondaires. Et je veux voir si les dirigeants milanais auront le courage de reprocher à quelqu’un d’être de mauvaise foi…

Écrit par Maurizio Colella

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