L’arnaque seelandaise

Supporter, dirigeant, sponsor ou suiveur du EHCB, on se fout de toi ! À quoi bon faire jouer ton équipe de cœur contre la relégation si elle décide de jouer pour ?

Car c’est bien la question. Ce Bienne-ci qui a affronté Langnau hier soir n’a certainement pas plus de détermination et d’honneur qu’un fraudeur de l’AI. S’il fallait lui chercher un totem, on irait plus du côté de la limace que vers un animal possédant une dentition effrayante.Et sincèrement, je n’aimerais pas me réveiller ce matin à la place d’un joueur, quoique je n’aie sans doute pas à me plaindre de courbatures. Par contre, il me semblerait difficile de pointer le bout de mon nez dehors. C’est Pascal Caminada qui doit être content. Car depuis hier soir, plus aucun joueur n’est en mesure de se moquer de ses frasques carnavalesques. Bien qu’on ignore si les joueurs étaient bourrés, ils se sont dans tous les cas ridiculisés en public. Peut-être devons-nous presque regretter qu’ils n’aient pas passé la nuit en cellule de dégrisement, histoire de leur remettre les idées en place et leur faire réfléchir un peu sur le concept de dignité humaine.

En fait, il n’y a simplement rien à retenir de positif de la soirée d’hier. Les buts de Peter ? Génial, si ça ne faisait pas écho à son capital amassé durant la saison qui, s’il était supérieur, aurait bien pu faire passer de l’autre côté de la barre. Mentionner la fougue de Beccarelli ? Ça laisse sans voix… Certains auront bien tenté de siffler les arbitres (mais pas seulement) pour les rendre responsables de tous les maux, mais il fallait bien se faire à l’évidence. Ils se doivent habituellement d’officier entre deux équipes qui jouent au hockey. Pas entre une qui y parvient tout juste et une autre qui pratique une forme dérivée dans laquelle le sens du jeu, l’intensité et «l’esprit de gagne» est proscrit.

Qui est le plus à bannir ?

Nüssli, qui, aligné ou pas, a pris la décision évidente de ne plus jouer pour Bienne, lui qui s’imagine sans doute un avenir radieux à Lugano là où des rumeurs de transfert l’envoient ?
Ruhnke, qui prétend que l’acte III contre Ambri-Piotta basé sur un seul schéma de jeu plus qu’inefficace fut le meilleur de la saison et qui, au passage, est incapable de la moindre once d’autocritique ?
Fata, qui à part patiner très vite ne sait absolument rien entreprendre ?
Steinegger qui semble avoir la carrure d’être un leader, un vétéran, mais qui visiblement laisse l’équipe aller dans tous les sens ?

Ou simplement tout le collectif ? Car c’est bien joli d’avoir une bonne ambiance, de s’entartrer par-ci par-là quand la télévision passe dans le coin. De tenir des discours pour dire qu’il va falloir travailler plus fort. Mais la réalité c’est qu’il n’y a rien qui lie ce groupe. Il n’y a aucune émotion, aucun esprit d’équipe. Même les petites réunions de joueurs dans les situations spéciales ressemblent plus à une concertation sur un parcours de golf qu’à la véritable volonté de tirer l’équipe en avant, de mettre de l’animation dans le jeu.
Une chose semble certaine, si Bienne ne réagit pas samedi, la série ne durera pas. Bienne déjà en LNB ? Vu le niveau proposé qui est plus digne d’une ligue amateur, ce serait leur faire un compliment.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Bienne – Langnau 2-5 (1-1 0-2 1-2)

Stade de Glace, 3420 spectateurs (moins bonne affluence depuis le retour en LNA !).
Arbitres : Mandioni/Rochette, Zossi/Abegglen.
Buts : 1’47 Kelly (Simon Moser, Reber, à 5 contre 4) 0-1. 5’00 Peter (Bärtschi, Schneeberger) 1-1. 21’23 Helfenstein (Conz, à 5 contre 4) 1-2. 29’50 Kelly (Gerber, Brooks) 1-3. 40’26 Peter (Beccarelli, Ehrensperger) 2-3. 54’16 Kelly (Naumenko, Camenzind, à 5 contre 3) 2-4. 57’45 Bieber (Claudio Moggi, Helfenstein) 2-5.
Bienne : Berra; Jackman, Trunz; Schneeberger, Steinegger; Kparghai, Seydoux; Meyer; Jinman, Bordeleau, Barras; Ehrensperger, Fata, Nüssli; Tschannen, Gloor, Beccarelli; Lötscher, Peter, Bärtschi; Gaëtan Haas.
Langnau : Conz; Naumenko, Lardi; Christian Moser, Murphy; Blum, Gmür; Reber, Lüthi; Sandro Moggi, Camenzind, Claudio Moggi; Schild, Lukas Haas, Simon Moser; Helfenstein, Bieber, Lemm; Kelly, Gerber, Brooks.
Pénalités : 6 x 2’ contre Bienne; 1 x 2’ + 1 x 5’ (Sandro Moggi) + méconduite de match (Sandro Moggi) contre Langnau.

Écrit par Jean-Boris Cochet-Lamouche