A oublier au plus vite

La première manche de la finale de LNB était partie sur d’excellentes bases, avant qu’un arbitrage très local ne fausse complètement la donne. Dommage car, à la régulière, le LHC faisait largement jeu égal avec son adversaire viégeois.

Personnellement, je n’ai toujours pas digéré le scandale absolu qui avait consisté l’an dernier à voir un directeur des arbitres seelandais désigner un arbitre seelandais spécialiste de la tape amicale et du sourire complice avec les joueurs biennois pour les matchs décisifs de la série entre Bienne et le LHC. C’est dire si l’on n’a guère apprécié de voir la farce se poursuivre avec la nomination d’un arbitre valaisan pour le premier match de cette finale de LNB entre Viège et Lausanne. Et ce d’autant plus que le directeur de jeu en question, M. Favre pour ne pas le nommer, avait été en dessous de tout lors du dernier LHC – Viège disputé à Malley.


Pas de but mais 2 assists pour Pecker

Thierry Roland reviens !

Il doit y avoir une vingtaine d’arbitres de ligue nationale, aucun autre match ne se disputait hier soir, dès lors on est tenté de plagier Thierry Roland et de poser la même question que lui après Angleterre – Argentine en 1986, en remplaçant simplement Tunisien par Valaisan. Dans un contexte aussi tendu et explosif qu’une finale de play-off, désigner un arbitre du même canton que l’un des protagonistes, c’est ouvrir la porte à tous les soupçons et toutes les spéculations au moindre problème d’arbitrage. On n’ose même pas imaginer les cris d’orfraie que pousseraient nos amis de l’Amicale des clubs au grand cœur des zones sinistrées de l’arrière-pays si un arbitre vaudois dirigeait une finale du LHC en prenant quelques décisions tendancieuses en faveur du club le plus populaire de Suisse romande. De deux choses l’une : soit les mégastars de Viège et Bienne ont obtenu, comme les Canadiens aux JO, le droit d’être arbitrés par des compatriotes pour daigner honorer de leur auguste présence le modeste championnat suisse, soit Reto Bioutolotti est aussi bon comme chef des arbitres qu’il ne l’était comme arbitre.

Le tournant du match

Bref, on craignait le pire et ça n’a pas manqué de se produire. Au 2e tiers, au plus fort de la domination lausannoise, le EHC Visp était aux abois et multipliait dégagements interdits et interventions plus que limites mais tolérées par le duo arbitral. En revanche, à la moindre incartade bénigne lausannoise, MM. Stricker et Favre ont sorti Keller, permettant au redoutable jeu de puissance viègeois d’inscrire le 2-0. Quelques minutes plus tard, Alain Miéville était victime d’une charge assassine dans le dos, bien décollé de la bande, qui aurait dû valoir à son auteur au minimum 2+10’ mais l’arbitre, situé à deux mètres de l’action, ne bronchait pas. Sur le contre, Triulzi prenait de vitesse la défense lausannoise pour le 3-0. Ajoute à cela un 4-0 lui aussi litigieux et tu conviendras qu’il n’y a pas besoin de chercher de grandes explications à la défaite lausannoise vendredi. Face à cette adversité, les Lausannois n’ont d’ailleurs pas insisté, il était inutile de griller des forces dans un tel contexte, alors que le match suivant était agendé moins de 48 heures plus tard. On espère juste, sans trop y croire, que la «performance» du duo Stricker/Favre les disqualifiera pour le reste de la série.


Mona, remplacé à la 38e minute

LHC toujours aussi réaliste

Ceci dit, avant que les zébrés ne volent la vedette aux joueurs, on a vu du hockey et même plutôt du bon hockey. C’était bien la finale idéale attendue entre la meilleure équipe de la ligue sur la glace et la meilleure équipe de la ligue sur le papier avec du rythme, de l’intensité et beaucoup d’engagement, bref une vraie finale de play-off. Comme prévu, Viège dispose d’une profondeur dans son contingent largement supérieure à un Chaux-de-Fonds ou un Ajoie. Toutefois, durant la première moitié du match, il n’y a guère que la ligne de parade viégeoise qui se soit créée des occasions. C’est d’ailleurs après un piochage du duo Pecker – Forget qu’Heldstab a pu ouvrir le score. Un avantage pas complètement immérité au terme du premier vingt, même si un score inverse n’eût pas été non plus usurpé, les occasions vaudoises ayant été plus nombreuses quoiqu’un peu moins nettes que celles de leur adversaire haut-valaisan. En revanche, avant les facéties du duo arbitral, le 2e tiers était totalement à l’avantage du LHC, qui s’est créé 7 ou 8 occasions nettes entre la 20e et la 30e, sans parvenir à concrétiser et sans non plus que le portier Jonas Müller ne livre une partie héroïque. Récurrent durant toute la saison, ce manque de réalisme pourrait s’avérer rédhibitoire contre un adversaire qui concédera sans doute beaucoup moins d’occasions qu’Olten. C’est sans doute là que va se poser la question du retour au jeu d’Alexandre Tremblay, sachant qu’il sera difficile à un joueur à court de compétition d’être immédiatement dans le coup dans une série aussi intense. J’ai pourtant l’impression que John van Boxmeer n’aura guère le choix.

Avantage Viège

S’il n’y a aucun enseignement à tirer de la deuxième moitié tronquée du match, la première laisse entrevoir une série très indécise. On donnera tout de même un petit avantage à Viège, qui paraît plus compact et surtout mieux rodé, notamment en power-play. Soit tout l’avantage d’une équipe qui carbure à plein régime depuis le début de la saison face à une autre qui a multiplié les changements et les essais et qui arrive en finale en se cherchant encore un peu, notamment au niveau de ses lignes offensives. Je sais qu’à Malley la théorie «on fait n’importe quoi durant la saison régulière, l’important c’est d’être prêt en play-off» a de plus en plus d’adeptes mais personnellement je reste persuadé que l’équipe qui est à la rue durant les trois quarts de la saison et qui se révèle irrésistible durant les play-off, c’est l’exception plutôt que la règle. D’ailleurs, en 2001, lors d’une série mythique entre ces deux mêmes équipes, les automatismes acquis lors d’une saison triomphale, avec notamment deux lignes de parade inchangées depuis la 1ère journée, avaient permis au LHC de redresser une situation désespérée. L’autre élément qui avait, à l’époque, permis aux Vaudois d’inverser la tendance, c’était le public. Cela, c’est un atout sur lequel les Haut-Valaisans ne pourront à nouveau pas compter dans cette série : finale de LNB ou pas, le public de la Litternahalle a été fidèle à lui-même : silencieux, à part quelques timides «Hopp Visp» ou «Hé Ha Tzé» et une série de hurlements pour réclamer des pénalités avec une connaissance toute genevoise des règles du jeu. Cela doit être gratifiant pour des joueurs qui viennent de gagner 5-1 en finale de voir leurs supporters déserter la patinoire trois minutes après la fin du match, alors qu’un quart d’heure plus tard les chants des fans adverses résonnent encore dans les gradins.


Heldstab a lancé la fête de tir

Et la sécurité ?

Cet article a commencé par un coup de gueule, il se termine par un autre coup de gueule. On savait que la Litternhalle n’était rien d’autre qu’un vieux hangar délabré mais la nouvelle configuration du secteur supporters adverses viole manifestement les règles de sécurité les plus élémentaires, avec des grillages hermétiques tout autour et une minuscule sortie. On n’ose même pas imaginer ce qui aurait pu se passer en cas de mouvement de foule dans ce bloc archibondé, de nombreux supporters pourtant munis de billets n’ayant rien vu du match, le secteur étant déjà rempli vingt bonnes minutes avant le coup d’envoi. Manifestement, à Viège, on n’a jamais entendu parler de Sheffield.
Ce n’était guère mieux à l’extérieur : alors que l’on avait sagement suivi les indications de la maréchaussée pour parquer notre véhicule, quelle ne fut pas notre surprise au terme du match de voir la rue accédant au parking en question barrée par des grillages et un cordon de policiers intransigeants qui nous ont expliqué qu’il fallait soit dormir sur place, soit envisager un détour par Zermatt pour rejoindre notre voiture. On voudrait éparpiller les supporters pour provoquer des échauffourées dans quelques ruelles sombres que l’on ne s’y prendrait pas autrement. On déplore les problèmes de violence dans les stades ou patinoires en Suisse, on imagine des catalogues de mesure plus ou moins farfelues pour y remédier mais il faudrait commencer par se rendre compte que la sécurité est un métier et qu’il n’est plus possible d’organiser des matchs avec un tel niveau d’amateurisme et d’incompétence. Viège a paraît-il posé sa candidature pour jouer en LNA la saison prochaine : sur la glace, cela paraît plausible ; en dehors, cela a tout d’une farce.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Viège – Lausanne 5-1 (1-0 3-0 1-1)

Litternahalle, 4300 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : MM. Stricker et Favre, assisté de MM. Fluri et Müller.
Buts : 9e Heldstab (Pecker, Forget) 1-0, 31e Genazzi (Bucher, Pecker/5c4) 2-0, 37e Triulzi (Brunold, Anthamatten) 3-0, 38e Genazzi (Jörg, A.Furrer) 4-0, 43e Triulzi (4c5!) 5-0, 51e Leeger (J.Roy, F.Randegger) 5-1.
Pénalités : 3 x 2′ contre Viège ; 5 x 2′ + 1 x 10′ (Banham) contre Lausanne.
Tirs cadrés : 31-24 (8-16 15-4 8-4)
Viège : J.Müller; Summermatter, Heynen; Anthamatten, Schüpbach; Heldstab, Portner; Wiedmer, Imhof; Forget, Bucher, Pecker; A.Furrer, Genazzi, Jörg; Triulzi, Brunold, Dolana; K.Lindemann, Bühlmann, Tiegermann.
Lausanne : Mona (38e Tobler); Stalder, Zalapski; Kamerzin, O.Keller; Schilt, Leeger; Villa, Chavaillaz;  Bonnet, Staudenmann, St.Schnyder; Banham, J.Roy, F.Randegger; Gailland, Miéville, Fedulov; Hendry, Augsburger, Lussier.
Notes : Viège sans Bürgin (blessé); Lausanne privé de Tremblay, Chabloz, Cadonau, Frunz ni Abplanalp (surnuméraires).

Écrit par Julien Mouquin

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