Un train d’enfer

Malgré une belle résistance et un Tobias Stephan des grands soirs, Genève-Servette n’a cette fois pas pu résister au Sturm und Drang zougois. Pourtant, le hold-up n’était pas si loin.

On ne remerciera jamais assez Fribourg. Non seulement ils ont laissé filer bêtement une série qui leur tendait les bras, ce qui est toujours jouissif. De plus, ce renversement de situation a contribué à souder une équipe genevoise qui montrait une forte tendance à partir dans tous les sens. Mais surtout, au passage, ils ont redonné confiance à un Tobias Stephan qui, jusque là, confirmait sa propension à plier dans les matches à enjeu. En tout fin du premier tiers lors du sixième acte, Corsin Casutt, ex et futur Zougois d’ailleurs, donnait l’occasion au portier zurichois de réaliser une brillante parade de la mitaine. Le dernier rempart grenat n’allait plus être le même par la suite.Si le deuxième match de cette demi-finale est longtemps resté incertain, c’est en grande partie à Stephan que les Aigles le doivent. Une nouvelle fois, les joueurs de Suisse centrale leur ont causé mille tourments par leur jeu de transition ultra-rapide et précis. Mais rien ou presque ne voulut rentrer. Dans la période intermédiaire particulièrement, les locaux, menant 2-1 grâce à un but chanceux de Wesley Snell (désolé pour le pléonasme), auraient dû prendre le large. Mais l’ancienne Étoile de Dallas opposa son véto à plusieurs breaks, avant d’aller chercher dans la lucarne un envoi à bout portant de Josh Holden concluant un 4 contre 1 (!) parfaitement maîtrisé. Dans d’autres pays, la séquence tournerait en boucle.
Et pourtant, ce fut au contraire Morris Trachsler qui, d’un missile parfaitement placé comme il en réussit un toutes les 50 tentatives, remettait les deux équipes à égalité. Du côté des bouffeurs de tourte au kirsch, on songeait à appeler la police.

Ce projet fut toutefois abandonné au début du troisième tiers, lorsque les Grenat ajoutaient une pénalité à leur longue liste. S’ils avaient eu l’occasion de se plaindre du médiocre duo Brent Reiber-Roland Stalder, ce dernier étant par exemple le seul de la patinoire à s’être laissé abuser par un plongeon inzaghiesque de Fabian Schnyder, il s’agissait en l’occurrence d’un bon vieux surnombre des familles, comme le banc genevois les aime tant. Trente secondes plus tard, Damian Brunner se trouvait tellement seul dans le slot qu’il avait le temps de foirer misérablement deux tirs avant de réussir à moitié celui qui allait donner une victoire méritée aux siens.
Dans cette partie comme lors du premier acte, Genève-Servette avait fait preuve d’une efficacité glacée qui laissait donc encore quelque espoir de renversement. Malheureusement, malgré une emprise sur le jeu, les visiteurs se montraient incapables de créer le danger devant Jussi Markkanen. À leur décharge, il faut tout même préciser qu’ils évoluaient alors sans leurs deux meilleurs joueurs. Juraj Kolník avait déjà dû renoncer à disputer la partie, et Tony Salmelainen, qui en avait plein le cul, abandonnait ses camarades à la fin du deuxième tiers.
Privé de sa pile électrique, le jeu de puissance provoqué par le retrait de Stephan revenait à la bonne époque du «à toi à moi». C’est donc sans grande surprise que les Zougois pouvaient profiter d’un manque de lucidité de Daniel Rubin pour aller assurer leur succès dans la cage vide, malgré un premier sauvetage de Goran Bezina, qui semble prendre goût aux plongeons à la Gobbi depuis peu.
Après cette deuxième rencontre, l’issue de la série apparaît de plus en plus incertaine. Si Zoug domine sur le plan du jeu, les Genevois, quand ils n’enchaînent pas les pénalités et qu’ils pensent à ne pas oublier quelqu’un devant leur gardien, savent les contenir. En attendant, si le supporter souffre de ces matches qui se décident sur des bagatelles, l’amateur de hockey se régale de voir, enfin, du beau jeu.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports

EV Zoug – Genève-Servette 4-2 (1-1, 1-1, 2-0)

Herti, 5424 spectateurs.
Arbitres : MM. Reiber, Stalder, Wehrli, Wirth.
 
Buts : 06:02  0-1  Savary (Déruns, Bezina)  5c5 ; 19:04  1-1  Christen (Fischer Patrick) 5c5 ; 21:42  2-1  Snell (McTavish, Christen)  5c5 ; 38:30  2-2  Trachsler (Rivera)  5c5 ;
41:54  3-2  Brunner (Holden)  5c4 ; 59:48  4-2  Schnyder (Holden)  4c5 – dans la cage vide.
 
EV Zoug : Markkanen, Zurkirchen ; Oppliger, DuPont ; Fischer Patrick, Diaz ; Snell, Blaser ; Schefer. McTavish, Rüfenacht, Christen ; Schnyder, Holden, Brunner ; Camichel Corsin, Camichel Duri , Kress; Lüthi, Steinmann, DiPietro ; Bodemann.
 
GSHC : Stephan, Tamo ; Mercier, Gobbi ; Malík, Vukovic ; Breitbach, Höhener ; Bezina.
Conz, Rubin, Toms ; Salmelainen, Savary, Déruns ; Suri, Trachlser, Rivera ; Pivron, Hürlimann, Maurer ; Antonietti.
 
Pénalités : 4×2’ contre EV Zoug ; 9×2’ contre GSHC.

Écrit par Yves Grasset

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3 Commentaires

  1. Si les absences de Juraj et Tony se prolongent, il va falloir aller brûler quelques cierges pour ne pas voir cette série se conclure dès samedi aux Vernets….

  2. Sans le meilleur playmaker du servette et sans le joueur le plus rapide, le plus efficace et top scorer, ca sera mission impossible. Mais on y croit!

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