Quelle catastrophe !

Quatre petits points acquis sur les trois derniers matchs, le doute n’est plus permis : Lausanne est bel et bien en mode play-off. Mercenaires inconstants, situations spéciales spécialement mauvaises et manque d’engagement aux engagements, le LHC persiste a jouer avec les nerfs de ses supporters supportant tant bien que mal les performances lausannoises.

Pour le dernier match de l’année 2010, le ciel s’était abattu sur les 8065 spectateurs de Malley. Alors que ce match contre le HCC représentait le pinacle de la saison pour les supporters lausannois, de multiples coups du sort, un Todeschini qui marchait sur l’eau avec sa canne blanche et un opportunisme fort bien provoqué par les Chaux-de-Fonniers auront eu raison des espoirs lausannois d’avoir, enfin, une saison réussie.

On arrête pas le progrès

Réjouissons-nous, c’est l’heure des bonnes résolutions. Selon nos informations, la prochaine édition de la mythique descente de la Streif devrait avoir lieu sur un parcours reconstitué à l’identique, en indoor, à Doha. Le championnat du monde de hockey pourrait se tenir dans 14 patinoires écologiques et sans bières, les unes à côté des autres à Abu Dhabi et le prochain Vendée Globe devrait se courir, fait exceptionnel, uniquement sur un plan d’eau du désert qatari, en 2496 palpitants allers-retours (avec vents, vortex arctique et Cap Horn fidèlement reproduits). Et pour la LNB ? C’est pas les idées de bonnes résolutions qui manquent, pourtant. Mais même avec la plus grande motivation du monde, comment rendre cette petite ligue plus intéressante que ce qu’elle est ?

Si la masturbation rend sourd, la masturbation intellectuelle rend aveugle. Et celle-ci s’active à plein régime pour se convaincre que le niveau s’est renforcé depuis l’année passée, alors que tout indique que c’est exactement le contraire qui s’est produit. Comment expliquer qu’Ajoie, avec son gentleman Desmarais blessé et ses douze pénalités de match par match pour attentats contre la bande par derrière avec la crosse dans la gueule, puisse être au-dessus de la barre des play-off ? Et pourtant, ils ont même réussi à être premiers de LNB avec comme seuls transferts «de poids» Vauclair et Tschuor. À l’inverse, le rythme de papys avançant en déambulateurs, choisi par le LHC, montre bien qu’en faisant le minimum du minimum, il est quand même possible de truster le haut du tableau. Mais revenons sur les trois matchs que les Lausannois ont oublié de livrer avant et après le champagne du 31 qui n’aurait jamais dû être débouché.

«Le match de leur vie»

Les hasards des rencontres d’avant-match m’ont vu discuter avec un supporter du HCC, qui descendait de son paradis terrestre – véritable joyau de l’Unesco à égalité devant le Taj Mahal, Versailles et les Pyramides de Gizeh réunis – où, comme d’habitude,  il neigeait comme vache qui pisse avec une température de -126°F (les fameux degrés Frustrés, ce qui équivaut à -48°C, en degrés de la Civilisation). «Ce match n’a pour moi aucune saveur particulière, me raconte ce supporter meuqueux. Bien sûr, il y a de grandes affluences à Malley quand le HCC vient, mais c’est uniquement parce que toutes les équipes de LNB veulent à tout prix accrocher à leur tableau de chasse le sextuple champion suisse de LNA. Mais personnellement, je préfère de loin me rendre au Güttingersreuti et chanter mon chant favori «Si tu n’aimes pas les Thurgoviens, tape dans tes mains». La rivalité avec eux est à son paroxysme et ce sont les vrais derbys du point de vue chaux-de-fonnier.
À l’inverse, c’est toujours touchant et assez drôle de voir à quel point les Lausannois veulent qualifier nos confrontations de derbys. Ils ont manifestement un sentiment d’infériorité par rapport à nous et sont envieux de notre niveau de vie. Je les comprends. Cette victoire représenterait tellement pour eux, alors que pour nous, elle est tout bonnement anecdotique.» Malgré cette légitime condescendance, les supporters des Abeilles n’ont pas hésité à faire des folies en amenant dix ballons et trois drapeaux et en encourageant courageusement son équipe sans discontinuer durant les trois dernières minutes du match et pendant vingt secondes après chaque goal.

Alors que John van Boxmeer assène qu’il «vaut mieux quelques défaites en saison régulière, afin que ses joueurs écoutent les améliorations qu’il a à leur proposer et essaient ainsi de progresser», Gary Sheehan, lui, sait bien que la saison est bien plus importante que la chimère des play-off et que la promotion visée par tous les dirigeants haut-neuchâtelois in corpore pour cette saison (la prochaine dans le pire des scénarios envisageables) passe par un maximum de victoires et une première place dans la partie championnat. Ce n’est pas à un vieux singe que l’on apprend à faire des grimaces. Beaucoup trop malin, le Gary.
Après ce match du 30 décembre 2010 où tout le talent de Setzinger n’aura pas suffit à renverser la vapeur – encore faudrait-il que le Gretzky des Alpes soit une fois compris par ses coéquipiers systématiquement dans le vent – le  LHC semble résigné à l’idée que la promotion sera fatalement dévolue au HCC, tel que déclamé par ses modestes et réalistes dirigeants. Ce n’est que légitime, vu qu’ils se sont donné les moyens de maintenir sous contrat l’essentiel de leur brillante équipe de l’année passée. Les hommes de John van Boxmeer ne cherchent donc plus que ce qui est à leur portée, à savoir l’exploit d’un soir, comme ils ont vainement tenté de le faire face aux incontestables leaders de la catégorie. À noter, quand même, que pour son 1000e match de ligue nationale, Olivier Keller a réussi une très belle prestation à ce point qu’il était probablement le meilleur défenseur lausannois aux côtés de la révélation Kamerzin.

Opération rachat soldé

Quatre jours et une tête dans le cul carabinée plus tard, la confrontation avec les fameux rivaux de la catégorie du HCC, le HC Thurgovie, s’annonçait comme l’illustration littérale de la tête dans le derche susnommée. Et à ce niveau, on a pas été déçu. Festival de ratés, manque d’engagement des deux côtés, un match soporifique à souhait qui s’est quand même soldé, paraît-il, par une victoire des Lions. Mais quel intérêt à cela vu que seules les victoires de prestige comptent encore, maintenant que le candidat à la promotion est connu ? Et ce n’est pas les sexys déplacements à Langenthal puis à Ajoie (ils partirent vingt-trois puis, par de prompts coups de pute, ils se virent quatorze en arrivant à Porren) qui pourront désormais sauver cette saison bien mal emmanchée.

Pour terminer, le déplacement du Schoren a terminé de mettre en évidence un souci qui pourrait d’avérer ennuyeux au niveau du poste de gardien. Absent contre Langenthal, Gianluca Mona a laissé sa place à la jeune relève du LHC, avec comme résultat de se retrouver mené de trois longueurs après 15 minutes de jeu, sans naturellement accabler le gardien remplaçant Bays (on attendra encore quelques temps avant de passer à la moulinette). Cela dit, les Lausannois ont eu le mérite de ne pas baisser les bras et d’arracher une prolongation inespérée qui ne leur a toutefois pas souri. Qu’importe, nous parlerons ici plus d’un point gagné que deux de perdus. Les prochaines échéances seront intéressantes : Tremblay jouera-t-il le jeu jusqu’au bout en faisant taire ses détracteurs ? Sigrist redeviendra-t-il l’homme aux mains magiques ? Alston nous prouvera-t-il qu’il ne fait pas la saison de trop ?
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Yves de St-Aÿ