Hänsel et Gretel revisité

Les championnats allemands reprennent dans une semaine, c’est l’heure des présentations du 2e tour. En commençant par la Zweite Liga, avec un virtuel champion d’automne très surprenant, le néo-promu Erzgebirge Aue et son buteur Marc Hensel, qui vivent un véritable conte de fées.

FC Augsburg (1er, 17 matchs/33 points)

Après avoir échoué en barrage l’an passé, l’ambitieux et fortuné Augsburg s’était donné les moyens d’accéder enfin à la Bundesliga pour la première fois de son histoire, il est fidèle au rendez-vous. Le premier tour des Bavarois peut se décomposer en trois phases : un début de saison tonitruant puis une série noire de quatre défaites consécutives qui a bien failli coûter son poste à l’entraîneur Jos Luhukay, sauvé par une victoire sur un but rocambolesque à la 90e contre Union Berlin, et enfin une fin de 1er tour impériale, marquée par sept victoires et deux nuls, en marquant beaucoup de buts dans la sillage du buteur Nando Rafael. Seul un nul 1-1 dans le match au sommet houleux (quatre expulsions) de la 17e journée contre le Hertha a empêché les Bavarois de fêter un vrai titre de champion d’automne. Mais si la logique est respectée au 2e tour, on devrait retrouver Augsburg, encore renforcé durant la trêve, et Hertha pour les deux places de promus directs.

Hertha BSC Berlin (2e, 17/33)

Après dix journées, on pensait que le Hertha, qui comptait déjà sept points d’avance sur la 4e place, allait tranquillement se détacher en tête du classement et retrouver sans coup férir la Bundesliga. Mais les choses se sont gâtées par la suite, avec quatre défaites en cinq matchs qui ont permis à la concurrence de revenir. Comme prévu, l’Alte Dame doit affronter tous les week-ends des adversaires qui jouent leur finale de Coupe du Monde contre l’ogre berlinois et chaque déplacement ressemble à un traquenard. En plus, certains cadres de l’équipe comme Raffael ou Ramos n’ont pas vraiment livré la marchandise, ce sont souvent les jeunes lancés par l’entraîneur Babbel qui ont sauvé la maison berlinoise. Le Hertha reste favori mais il a intérêt à se détacher rapidement en tête car sinon la pression va devenir insoutenable pour un club qui peut difficilement se permettre d’échouer dans la course à la promotion.

Erzgebirge Aue (3e, 16/31)

Seule la neige, qui occasionné le renvoi du dernier match contre Francfort, a empêché Aue d’être sacré champion d’automne. Une incroyable histoire pour un néo-promu qui paraissait voué à la lutte contre la relégation avec un effectif d’illustres inconnus (le joueur le plus coté, Enrico Kern, reste sur une relégation en 3. Liga avec Rostock). Très solide défensivement (en dehors d’un 0-6 encaissé dans le derby à Cottbus), Aue a remporté 8 de ses 9 victoires par un but d’écart grâce à une combativité et une homogénéité à toute épreuve. Petite cité de 18’000 habitants située dans les Mont Métallifères, en ex-Allemagne de l’Est, aux confins de la frontière tchèque, Aue fait ainsi la nique au grand Hertha Berlin. Il nous étonnerait que l’Erzgebirge puisse aller au bout de sa belle aventure ; mais, le cas échéant, les dirigeants vont se faire quelques cheveux gris, car le club n’a ni les structures ni les infrastructures pour jouer en Bundesliga, même s’il fut jadis, en 1958-1959, sous son ancien nom de Wismut et pour le compte de la RDA, quart de finaliste de la Coupe des Champions, battu par… Young Boys (ça faisait plus rêver la C1 avant, que les répétitives et formatées affiches d’aujourd’hui…).

Energie Cottbus (4e, 17/31)

Cottbus, c’est l’équipe la plus spectaculaire et la plus imprévisible de la ligue, le cauchemar des parieurs, capable de passer six buts au leader Aue avant d’en prendre quatre la semaine suivante à Augsburg. Meilleure attaque de la ligue grâce au quatuor magique Reimeirink-Shao-Yula-Petersen, Cottbus peut vraiment jouer la montée s’il parvient à trouver un peu plus de constance et d’assise défensive. Avec, cerise sur le gâteau, un quart de finale de Coupe d’Allemagne à jouer à domicile contre l’infâme Hoffenheim.

MSV Duisburg (5e, 17/30)

Duisburg me fait penser au Kaiserslautern promu l’an passé, avec un jeu pas toujours chatoyant mais une équipe très solide défensivement, efficace en attaque et redoutable sur balles arrêtées avec le double mètre de l’Autrichien Maierhofer. Paradoxalement, c’est au moment où un succès extrêmement probant sur la pelouse du Hertha Berlin (0-2) l’a faite passer du statut d’outsider à celui de candidate à la promotion que cette jeune équipe duisbourgeoise a coincé (un seul point lors des trois derniers matchs). Il n’empêche, les Zebras, emmenés par un éblouissant capitaine d’à peine vingt ans, Julian Koch, prêté par Dortmund (qui serait bien inspiré de le rapatrier prochainement), vont au devant d’une deuxième partie de saison plutôt exaltante, avec encore une chance de promotion et un quart de finale de Coupe d’Allemagne.

SpVGG Greuther Fürth (6e, 17/30)

Toujours placé, jamais gagnant : Fürth se retrouve là où il finit presque chaque saison, soit aux places d’honneur, juste derrière les promus. C’est d’ailleurs plutôt une bonne surprise de retrouver Kleeblatt en si bonne position, alors qu’il semblait affaibli par les transferts estivaux, mais l’entraîneur Büskens fait vraiment du bon boulot. De quoi s’offrir un rôle de trouble-fête pour le 2e tour, sans aucune pression, même si l’on voit mal Fürth faire mieux qu’une énième place d’honneur.

FSV Frankfurt (7e, 16/28)

Après avoir évité de justesse la relégation l’an dernier, le FSV Francfort s’immisce désormais dans la course à l’ascension. L’arrivée d’éléments expérimentés en défense a considérablement bonifié l’équipe, qui s’est même trouvé un buteur providentiel avec Sascha Mölders. A mi-parcours, le maintien est presque acquis, c’est dire que le deuxième club de Francfort pourra lui aussi jouer le second tour l’esprit complétement libéré. 

VfL Bochum (8e, 17/28)

Le VfL Bochum a mis du temps à digérer la relégation subie en mai dernier et n’a pas assumé son rôle de favori dans cette 2. Liga. On n’est pas sûr qu’engager un entraîneur, Friedhelm Funkel, qui restait lui-même sur une relégation avec le Hertha Berlin, était la meilleure idée, on se demande d’ailleurs comment il a réussi à survivre à la mortifiante défaite (1-4) concédée à domicile contre le modeste Ingolstadt. Néanmoins, le VfL a redressé la barre en terminant le 1er tour par quatre victoires, notamment un capital 1-0 dans le sehr klein Revierderby à Duisburg. De quoi caresser encore quelques rêves d’ascension ce printemps, surtout si les joueurs cadres de l’équipe, très décevants cet automne, parviennent à revenir à leur meilleur niveau.

TSV Munich 1860 (9e, 17/25 points)

Munich 1860 travaille intelligemment en lançant beaucoup de jeunes prometteurs mais ses ambitions sont plombées par les problèmes financiers récurrents du club. Qui lui ont coûté deux points de pénalité au classement et le contraignent à vendre régulièrement ses meilleurs espoirs. Dans ce contexte et malgré l’efficacité retrouvée de l’ancien international Benny Lauth, difficile d’espérer mieux que le ventre mou du classement.

Alemania Aachen (10e, 17/24)

Aachen a fini sa première partie de saison dans la liesse avec un succès épique en Coupe contre l’Eintracht Francfort qui ouvre la porte à un quart de finale à domicile contre le Bayern Munich. Sans aucun doute l’événement du 2e tour car, en championnat, cette très jeune équipe d’Aachen est un peu trop inconstante pour viser l’ascension. Mais l’entraîneur Peter Hyballa, ancien mentor de la réserve du Borussia Dortmund, où il a vu passer quelques-uns des joueurs qui dominent aujourd’hui la Bundesliga, est incontestablement en train de préparer des lendemains qui chantent du côté du Tivoli.

Fortuna Düsseldorf (11e, 17/22)

Quand tu débutes avec six matchs/zéro point, tu te doutes que le championnat ne va pas être une partie de plaisir. Néanmoins, le Fortuna Düsseldorf a bien redressé la barre et a quitté la zone dangereuse. La faiblesse du secteur offensif ne devrait toutefois pas permettre de remonter beaucoup plus haut dans le classement, en tous les cas pas pour jouer la promotion. On s’achemine donc plutôt vers une saison de transition pour le Fortuna, ce qui serait déjà pas mal vu son entame calamiteuse. 

SC Paderborn 07 (12e, 17/21)

Comme prévu, Paderborn est moins brillant que l’an dernier mais pour l’instant il parvient à surnager au-dessus de la barre malgré les départs importants subis durant l’été. Les Est-Westphaliens ont même eu l’honneur d’infliger sa première défaite de la saison au Hertha Berlin. Avec cinq points d’avance, le SCP a passé les fêtes au chaud mais il faudra encore beaucoup lutter au printemps pour assurer le maintien.  

FC Union Berlin (13e, 17/19)

A l’instar de Paderborn, Union Berlin connaît une deuxième saison en 2. Liga plus difficile que la première. Un succès contre Karlsruhe lors de l’ultime journée a permis à Eisern Union de boucler ce premier tour au-dessus de la barre mais le chemin du maintien est encore très long, surtout si le trio offensif Mattuschka-Mosquera-Benyamina continue à décevoir. Le club de Berlin-Est n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise, même s’il est assuré de participer à l’un des événements de la saison, le derby contre le Hertha à l’Olympiastadion en février, où l’on va sans doute dépasser la barre des 70’000 spectateurs. Pour un match de 2e division !

VfL Osnabrück (14e,  17/18)

A domicile, Osnabrück joue presque comme un candidat à la promotion ; même le grand Hertha est tombé dans l’ambiance surchauffée de l’Osnatel-Arena ; à l’extérieur, en revanche, le néo-promu présente un bilan proche du néant (8 matchs/1 point). Difficile dans ces conditions de quitter la zone rouge. Sans un sursaut de fin de match (à domicile bien sûr) contre Ingolstadt lors de la dernière journée, le VfL aurait même passé les fêtes en relégable. Il lui faudra donc s’accrocher pour ne pas faire une nouvelle fois l’ascenseur.

Rot Weiss Oberhausen (15e, 17/18)

Contrairement à l’an dernier, Oberhausen n’a pas profité de son bon début de saison pour creuser un écart décisif sur la barre ; du coup, il est plus menacé que jamais. Même le retour de blessure du buteur Lamidi n’a pu freiner la dégringolade, ne parvenant pas à compenser les errements d’une défense trop friable. Incontestablement, un client pour la relégation.

Karlsruher SC (16e, 17/16)

Il y a trois ans, Karlsruhe entamait le 2e tour en Bundesliga avec encore des vues sur l’UEFA, aujourd’hui il lutte contre la chute en Dritte Liga, après des années de problèmes financiers, bradage des meilleurs éléments, querelles intestines et résultats décevants. L’arrivée d’un nouveau président, d’un nouvel entraîneur, une vieille connaissance du foot suisse, Uwe Rapolder, et du vétéran Delron Buckley (ex-Dortmund et Bâle) doit permettre de stopper la descente aux enfers. Le contingent, avec beaucoup de jeunes entourés de quelques anciens comme Porcello, Timm, Aduobe, Staffeldt ou Iashvili, qui ont vécu les heures de gloire puis la longue déchéance du KSC, paraît suffisant pour s’en sortir, pour autant que le club retrouve un peu de confiance et de sérénité. A défaut, le pire ne peut être exclu.

FC Ingolstadt 04 (17e, 17/12)

Malgré un contingent expérimenté, le promu Ingolstadt a eu de la peine à faire le grand saut. Il a fallu l’arrivée d’un nouvel entraîneur, Benno Möhlmann, qui a déjà réussi quelques miracles avec Fürth, pour redresser la barre mais la situation reste très précaire. Grâce aux millions d’Audi, les Schanzer pourront cependant compter sur un recrutement hivernal plus costaud que celui de leurs adversaires directs. Si l’amalgame se fait rapidement, ça peut permettre d’arracher le maintien.

Arminia Bielefeld (18e, 17/7)

Dix-huit mois après avoir quitté la Bundesliga, Bielefeld se dirige tout droit vers la Dritte Liga. Même l’option choc psychologique n’a pas fonctionné après le départ de l’entraîneur Christian Ziege (on ne sait pas si le club a eu la délicatesse de lui rembourser le camp d’entraînement qu’il avait payé de sa poche…). Son successeur, l’expérimenté Ewald Lienen, n’a pu que constater que le problème venait avant tout de l’insigne faiblesse de l’effectif. Et les finances du club, à l’agonie, ne permettront pas vraiment un recrutement cinq étoiles durant la trêve, en dehors du prêt de quelques joueurs réservistes en 2. Liga : c’est dire s’il faudrait un miracle pour combler l’important retard concédé. C’est dans contexte un peu glauque qu’Oliver Neuville a choisi de tirer sa révérence, sans attendre la fin de la saison. Dommage, le sauveur de la nation germanique en 2002 contre le Paraguay et en 2006 contre la Pologne aurait mérité une sortie plus glorieuse.

Écrit par Julien Mouquin

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3 Commentaires

  1. Merci encore Julien pour ces articles ! J’espère que tu auras l’occasion d’aller à Berlin en février pour nous relater ça de l’intérieur !

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