Traditionsvereine en péril

Le 2e tour de Bundesliga qui débute vendredi pourrait être synonyme de grosse désillusion pour quelques-uns des monuments historiques du football allemand. Etat des lieux, en commençant par la fin du classement.

Borussia Mönchengladbach (18e, 10 points)

Mönchengladbach a réussi deux succès historiques et retentissants sur la pelouse de ses rivaux locaux Leverkusen (3-6) et Cologne (0-4) mais à part ça et un nul héroïque contre le Bayern (3-3), tout le reste du 1er tour des Fohlen est à jeter. Le Borussia a certes quelques excuses à faire valoir, beaucoup de blessés, des décisions arbitrales souvent défavorables ou la méforme du gardien Bailly mais il a aussi brillé par son incapacité à gagner le moindre match à domicile, son inefficacité offensive, son indiscipline chronique et surtout la multiplication des bourdes en défense. Son glorieux passé de joueur sous le maillot des Fohlen a permis à l’entraîneur Michael Frontzeck de rester en place mais le pari est risqué : d’une part parce que l’entraîneur en question carbure au rythme d’une relégation tous les deux ans (Aachen en 2007, Bielefeld en 2009…), d’autre part parce qu’avec un tel retard Gladbach ne peut pas se permettre d’attendre cinq matchs avant de se rendre compte que Frontzeck n’est pas l’homme de la situation. Certes, avec le retour des blessés, notamment des piliers de la défense Dante et Brouwers, et quelques renforts intéressants, dont le revenant Hanke (Mike donc, n’y vois pas de blague de mauvais goût…), les Fohlen devraient faire un 2e tour bien meilleur que le 1er. Mais, de toute l’histoire de la Bundesliga, une seule fois une équipe avec aussi peu de points à Noël s’est sauvée, Waldhof Mannheim en 1988-1989. C’est dire si le maintien est loin d’être gagné.
Départs : Callsen-Bracker (Augsburg).
Arrivées : Hanke (Hanovre), Stranzl (Spartak Moscou), Nordtveit (Arsenal).

VfB Stuttgart (17e, 12 points)

Pour la troisième saison d’affilée, Stuttgart a complètement raté son début de championnat. Mais cette fois, contrairement aux deux années précédentes, l’arrivée d’un nouvel entraîneur à l’automne n’a pas permis d’entamer une remontée fantastique, le remplacement de Christian Gross par son adjoint, le pâle et inexpérimenté Jens Keller, s’étant avéré une erreur de casting. Du coup, peu avant la fin du 1er tour, Jens Keller cédait sa place à Bruno Labbadia, dont le mandat a débuté par deux défaites à domicile 3-5 (championnat) et 3-6 (Coupe) contre le Bayern. De quoi alimenter quelques doutes sur le choix d’un entraîneur dont la spécialité est de voir les équipes qu’il entraîne… s’effondrer au 2e tour (Fürth, Leverkusen et Hambourg). Un luxe que le VfB ne pourra pas se permettre cette saison.
Ceci dit, il serait faux de mettre tous les maux souabes sur le compte de l’entraîneur. La campagne de transfert a été un fiasco avec le départ de Khedira, la retraite de l’emblématique Jens Lehmann et l’arrivée d’une pléthore de joueurs moyens mais pas dominants. La défense, sans arrêt remaniée, est un vaste chantier avec un Tasci complètement à la rue depuis l’échec de son transfert au Real Madrid, alors que les leaders présumés du groupe comme Cacau ou Camoranesi ont été transparents. Paradoxalement, le VfB a engrangé les deux victoires les plus nettes de la saison en Bundesliga (7-0 contre Gladbach, 6-0 contre Brême) et s’est promené dans son groupe d’Europa League. Cela dénote tout de même un certain potentiel qui devrait permettre d’assurer le maintien. Même si l’exemple du Hertha Berlin l’an dernier montre que nul n’est à l’abri d’une mauvaise surprise dans la très relevée Bundesliga.
Départ :
Arrivée :

1. FC Köln (16e, 15 points)

Le 1er tour du 1. FC Köln a été cauchemardesque et a causé le départ de l’entraîneur Soldo puis du manager Meier. Malgré des résultats peu convaincants, l’entraîneur intérimaire Frank Schaefer devrait terminer la saison, alors qu’un nouveau directeur sportif a été nommé, Volker Finke, qui avait amené jadis Freiburg en Coupe d’Europe. L’arrivée d’une nouvelle direction n’a pas vraiment changé le principal critère de recrutement du club depuis que celui-ci s’est saigné aux quatre veines pour le retour de l’enfant prodige Podolski : les nouveaux venus ne doivent rien coûter. C’est dire si les renforts hivernaux des Domstädter n’incitent pas à un optimisme béat, avec notamment le remplacement du gardien emblématique Mondragon par l’ex-successeur de Kahn au Bayern, Michael Rensing, qui s’entraînait depuis six mois avec un club de 7e division de la banlieue munichoise en attendant de trouver un club.
Les Geissböcke n’auront pas beaucoup de temps pour intégrer leurs nouvelles recrues car ils joueront deux matchs cruciaux à Kaiserslautern et St. Pauli lors des trois premières journées. En effet, comme logiquement Stuttgart, Brême et Wolfsburg devraient s’en sortir, les deux places de relégués et la place de barragiste devraient se jouer entre Gladbach, Köln, St. Pauli, Kaiserslautern et Nuremberg. C’est dire si la position du 1. FC Köln n’est pas très enviable et son droit à l’erreur limité. Le maintien reste possible mais il faudra montrer beaucoup plus d’envie et de constance qu’au 1er tour et surtout que Lukas Podolski, promu capitaine, daigne enfin justifier l’investissement conséquent consenti pour son retour à Cologne. C’est pas gagné…
Départs : Mondragon (Philadelphie), Brosinski (Wiesbaden).
Arrivées : Makino (Sanfrecce Hiroshima), Rensing (sans club), Eichner (Hoffenheim), Peszko (Lech Poznan).

FC St. Pauli (15e, 17 points)

St. Pauli est plus ou moins là où l’on s’attendait à le trouver : l’équipe n’est pas larguée, elle fait preuve d’une belle combativité, elle a profité de l’euphorie de la promotion pour mettre des points au chaud en début de saison et le déplacement du Millerntor-Stadion, avec ses nombreuses places debout, ses Currywurst sur train électrique et sa boîte de strip-tease, n’est une partie de plaisir pour personne (enfin, pour l’adversaire s’entend). Mais elle manque de talent et d’expérience pour véritablement décoller de la zone rouge, avec notamment une attaque anémique (16 buts en 17 matchs) ; les Ebbers, Naki, Hennings et autres Takyi qui terrorisaient les défenses de 2. Liga s’avèrent un peu juste en Bundesliga et le revenant Asamoah n’a brillé que par (rare) intermittence. Fidèles à leurs valeurs, les Kiezkicker ont décidé de faire confiance au groupe en place et de ne pas recruter lors du mercato hivernal, cela paraît audacieux pour un club qui a fini le 1er tour, une fois dissipée l’euphorie de la promotion, avec 9 matchs/4 points. Tout miser sur la solidarité, la combativité et l’homogénéité c’est bien joli mais ça a quand même ses limites, lesquelles pourraient bien être atteintes lors de ce 2e tour où St. Pauli fait à notre sens figure de candidat numéro un à la relégation.
Départ : –
Arrivée :

Werder Brême (14e, 19 points)

On n’a pas vraiment l’habitude de retrouver Brême, habitué au podium, dans la zone des candidats à la relégation. Mais le Werder a connu son pire premier tour depuis l’arrivée de Thomas Schaaf en 1999. Comme l’inamovible entraîneur brêmois forme un vieux couple avec le manager Klaus Allofs, lui aussi arrivée en 1999, il n’a jamais vraiment été inquiété mais la grogne monte sur les bords de la Weser. Les Werderaner peuvent certes avancer une incroyable série de blessures pour justifier leurs piètres résultats mais ce n’est pas la seule raison. La campagne de transfert a été un fiasco : le champion d’Europe Arnautovic a surtout brillé par ses frasques, Silvestre a démontré qu’il n’avait vraiment plus le niveau (imagine, pour qu’Arsène Wenger se débarrasse d’un joueur français…) et le Brésilien Wendel a été trop balloté aux quatre coins du terrain pour assumer la lourde succession de Mesut Özil. Alors qu’une partie de l’équipe semble arriver en fin de cycle, à l’instar des Frings, Mertesacker, Pizarro, Borowski et autres Pasanen.
On ne se fait pas trop de souci pour le Werder qui, avec le retour des blessés, va facilement assurer son maintien mais pas mieux. Eliminé en Coupe d’Europe et en Coupe d’Allemagne, largué en championnat, un peu serré financièrement, Brême semble résigné à un deuxième tour de transition pour préparer l’avenir, comme en témoigne le départ de l’attaquant Almeida remplacé par le jeune Suédois Avdic («le nouveau Ibrahimovic»). Reste à savoir si cet avenir s’écrira avec ou sans Thomas Schaaf mais ça sent quand même un peu la fin de règne au Werder.
Départ : Almeida (Besiktas).
Arrivée : Avdic (Elfsborg).

Écrit par Julien Mouquin

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