Au moins on a pris le soleil

En arrachant un pâle match nul contre Young Boys, le Lausanne-Sport parvient à suivre le rythme effréné imposé par la lanterne rouge servettienne. C’est à peu près le seul point positif que l’on retiendra d’un après-midi de football qui eût été bien triste sans le généreux soleil de la Pontaise. En jouant de la sorte, le LS n’est pas encore tiré d’affaire.

Young Boys, cela reste un peu une énigme. On pensait il y encore une ou deux saisons que le club bernois avait tout pour s’imposer comme la deuxième place forte du football helvétique et concurrencer sur la durée le FC Bâle : un stade magnifique, un public nombreux et fidèle, des ressources importantes, des finances saines et pas dépendantes d’un mécène excentrique, une gestion rationnelle… Le problème des jaunes et noirs, cela a été leur incapacité à convertir en trophées les bonnes performances des saisons passées. Les échecs de 2006 et 2009 en finale de Coupe de Suisse contre Sion, ainsi que les titres perdus en 2008 et 2010 lors de l’ultime journée contre Bâle, de même que l’incapacité à atteindre les lucratives phases de poule de la Ligue des Champions, ont laissé des traces. Et depuis quinze mois, on a l’impression qu’YB fait un peu n’importe quoi. Il y a le flop onéreux Christian Gross, la démission du manager Ilya Känzig, chantre d’une gestion raisonnable et pérenne du club, un effectif sans cesse remanié, la vente des meilleurs éléments, parfois directement au rival bâlois, et le maintien d’un entraîneur, Martin Rueda, fragilisé dès son entrée en fonction mais toujours en poste. Peut-être parce qu’il n’y a plus personne pour prendre la responsabilité d’un changement d’entraîneur. Ou alors c’est qu’on a déjà intégré dans la capitale qu’il s’agissait d’une saison de transition et qu’il serait superflu d’assumer les coûts d’un licenciement. Bref, cet YB-là semblait bon à prendre pour le Lausanne-Sport, une occasion rêvée de creuser un écart rédhibitoire sur la lanterne rouge Servette et ce d’autant plus que cette équipe bernoise a plutôt bien réussi aux Vaudois lors des dernières confrontations entre les deux clubs.

Anthony Favre en sauveur

Oui mais voilà, le LS n’est lui non plus pas au mieux en ce 2e tour. Et les absences de Khelifi et Malonga ont encore réduit le déjà faible potentiel de créativité de la troupe de Laurent Roussey. C’est sûr qu’un milieu de terrain Sanogo-Gabri-Martin-Marazzi, cela n’offre pas beaucoup de possibilités de percussion et d’inspiration. Comme, en plus, les deux attaquants Roux et Moussilou ont été bien maladroits sur les rares ballons qu’ils ont eu à négocier, la production offensive lausannoise a confiné au néant. Il y a eu un tir lointain de Gabri détourné en corner par Wölfli en tout début de match mais c’est longtemps resté la seule offensive lausannoise. Sans être géniaux non plus, les Bernois ont pris le match à leur compte et se sont créés les meilleures occasions.
Mais Anthony Favre, de retour dans le but du LS, s’est montré impeccable sur deux essais de Zverotic, une percée de Zarate ou une frappe de Nuzzolo. Le sans-faute du gardien vaudois, couplé à la maladresse des attaquants bernois, a permis au LS d’atteindre la pause sur une parité plutôt flatteuse, même si l’on a noté un léger mieux après l’entrée en jeu de Michel Avanzini qui a enfin amené un peu d’animation et de mouvement dans le jeu lausannois. L’ancien joueur de Gossau aurait même pu et dû obtenir un pénalty en fin de mi-temps pour une faute de Raimondi mais l’arbitre n’a pas bronché. Dommage, cela aurait peut-être été contre le cours du jeu mais cela aurait débloqué un match fermé.

Quelle tristesse !

On se disait que la deuxième mi-temps ne pourrait qu’être meilleure que la première, on se trompait : ce fut encore moins animé. YB a compris qu’il suffisait de boucler Avanzini pour annihiler presque toute velléité offensive vaudoise, alors que les Bernois n’arrivent plus à inquiéter une défense lausannoise plus compacte qu’en 1ère mi-temps. A part un coup franc de Schneuwly bien détourné par Favre, le meilleur Lausannois lundi, et une tête trop molle de Moussilou, il ne s’est pour ainsi dire rien passé après la pause. En étant gentil, on notera encore un hors-jeu litigieux de Tafer qui annihile une occasion en or pour Moussilou et une frappe de Tafer directement dans les bras de Wölfli. Mais pour le reste, on a eu droit à un festival de passes à l’adversaire, de centres dans le vide, d’ouvertures trop longues, de passes en retrait et d’actions avortées avant même d’avoir débuté. Fin stratège, notre rédacteur en chef tente le tout pour le tout en allant chercher la tournée : généralement, dans un match aussi pauvre, il suffit que quelqu’un s’absente quelques instants pour que survienne le seul éclair du jour. Las, même la fameuse tactique de l’escapade à la buvette ne fonctionne pas, et Marco revient avec son plateau de bières sans n’avoir rien raté qui mérite d’être signalé. Heureusement que le soleil avait décidé d’arroser généreusement la vénérable Pontaise de ses rayons, sinon on aurait vraiment eu l’impression d’avoir perdu notre après-midi.  

Attention danger

Le pire, c’est que ce résultat nul et vierge ne fait l’affaire d’aucune des deux formations, l’une dans sa course au maintien, l’autre dans l’espoir d’une hypothétique qualification européenne. Et pourtant, Vaudois et Bernois ont paru se satisfaire de ce point sans franchement aller chercher la victoire. Certes, au vu des occasions de but et de la pauvreté de son jeu offensif, le LS ne s’en tire pas si mal avec ce point qui lui permet de conserver neuf unités d’avance sur Servette. Néanmoins, les Lausannois jouent avec le feu en ne profitant pas de nombreuses occasions de définitivement creuser le trou sur le cancre du football suisse. Car, en alignant des performances du même acabit que celle livrée contre YB, ils n’ont pas la garantie de marquer tant de ces points dans ce deuxième tour et ne sont donc pas complètement à l’abri d’une éventuelle série victorieuse des Genevois. En recevant Thoune dimanche prochain pendant que Servette se déplacera à YB, le LS aura une nouvelle occasion de se mettre un peu à l’abri mais il faudra se montrer plus inspiré qu’en ce lundi de Pâques. Sinon, la fin de saison pourrait s’apparenter à un long chemin de croix.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne-Sport – BSC Young Boys 0-0

Pontaise, 5’300 spectateurs.
Arbitres : M. San, assisté de MM. Helbling et Bühlmann.
Lausanne : Favre; Chakhsi, Katz, Tall, Meoli; Sanogo, Gabri, Martin (80e Facchinetti), Marazzi (30e Avanzini); Moussilou, Roux (72e Tafer).
YB : Wölfli; Gonzalez, Nef, Bürki, Raimondi; Doubai, Zverotic; C. Schneuwly (69e Farnerud), Zarate (77e Afum), Nuzzolo; Gerndt (77e Frey).
Carton jaune : 80e Avanzini.
Note : Lausanne sans Sukaj (suspendu), Khelifi, Malonga, Guie Guie, Sonnerat ni Lavanchy (blessés), YB sans Tabakovic (suspendu), Simpson, Spycher ni Affolter (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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