Lorsque même trois entraîneurs ne suffisent plus…

Dans un derby suscitant l’ébullition de toute la Suisse romande, le public a été gâté : un nouvel épisode dramatico-comique du FC Sion, des retrouvailles piquantes, un enjeu certain, et accessoirement un bon match de football. Si le Grenat semble caresser les solutions pour éviter les enfers, ce sont des Sédunois prisonniers du néant qui ne savent plus dans quelle direction regarder afin de trouver leur salut (et sauver leurs âmes).

Dans un imbroglio transalpin orchestré en main de maître par Vous-Savez-Qui, une question hantait les travées du très animé stade de Tourbillon depuis l’annonce de l’identité du nouveau seigneur des vestiaires sédunois Arno Rossini (retenez bien ce nom) : qui allait être «Il Commandante» du navire rouge et blanc ? Le très connu et distingué Rossini ou le discret et modeste Gennaro Gattuso ? Si les promesses sous serment valaisannes affirmaient ce que tout connaisseur du football local imaginait, à savoir que Rossini allait diriger et mener Sion vers la gloire, quelle ne fut pas notre surprise de voir un Gattuso à la baguette, spectaculaire et théâtral comme on l’adore. Un nouveau tour de passe-passe joué par le club le plus médiatique de Suisse suscitant une nouvelle fois l’admiration de tous. En effet lorsque même un arbitre de la ligue est intimidé à faire venir respecter le règlement sur le banc de touche du FC Sion, on ne peut qu’admirer la grâce de ce club, décidément particulier, qui pourtant ne perd jamais une occasion de se déclarer victime d’un système qui ne veut, soi-disant, plus de lui.

Un grand Servette, un Sion petit bras (standard)

Parlons football (enfin) ! Première information ou rappel qui ne surprendra personne : Sion joue toujours aussi mal. En effet, si les Grenats ne menaient pas par deux buts d’avance après la première demi-heure, c’est la faute au dernier geste, un dernier petit geste qui semble être le point faible d’une équipe qui se retrouve peu à peu sous l’égide d’un Sébastien Fournier sans doute ému de retrouver l’institution qui l’a exilé. Pasche tout d’abord, plein de bonnes idées sauf lorsqu’il s’agit de conclure, et Vitkieviez quelques minutes plus tard qui se heurta au seul vrai talisman de la Porte d’Octodure, le gardien Vanins. L’euphorie passée, Servette va retomber pour le dernier quart d’heure dans ses travers, laissant place à la vista de son ange gardien Barroca et à un Vanczak qui prouva une fois de plus que, sans son jeu de tête, il pourrait éventuellement intéresser quelques club en ligues amateurs, à voir. Au terme d’une première mi-temps de bonne intensité c’est une pause méritée qui sonna pour les 22 acteurs sur le terrain, excepté Gelson, qui s’est joué de transparence, faute de crever l’écran, laissant cette tâche à ses coéquipiers (lorsqu’on pense que ce brave a participé, et marqué, lors de notre victoire historique à la Coupe du Monde en Afrique du Sud contre la grande Espagne, l’expression «dans le football tout va très vite» prend tout son sens).

Cirque, miracle et justice

Au retour du thé, aucun changement à noter des deux cotés quant aux joueurs de champ. Par contre sur le banc sédunois, on pouvait observer l’entrée en jeu de Dieu lui-même chevillant le corps de Vous-Savez-Qui ; le Tout-Puissant descendu du ciel pour prêter main forte à «Rino» et son vassal, dont tous ont déjà oublié le nom, pour le bien d’une équipe en manque de chefs d’orchestre. Sur la pelouse, Servette reprit les commandes de la partie comme en première mi-temps mais devra cependant s’incliner devant le but du mois (du siècle en Valais) signé Leo, un retourné acrobatique parfait qui méritait des applaudissements nourris malgré une probable faute de jeu dangereux non-sifflée par un arbitre bouche-bée, ne croyant certainement pas à ce qu’il venait de voir. En effet, le miracle de Dieu a bien eu lieu, Sion ouvra le score et qui plus est sans l’aide d’un coup franc ou autre corner !
Les festivités seront cependant de courte durée pour un staff valaisan euphorique puisque, dans la foulée, Adailton sera expulsé pour une faute stupide qui ne méritait rien d’autre qu’un deuxième carton jaune, un fait de jeu qui ne sera pas contesté en fin de match, c’est dire. Une occasion en or donc pour les Genevois de rendre justice à cette partie et de se récompenser d’une prestation convaincante, ce qui sera chose faite par De Azevero profitant d’un ballon heureux pour crucifier un stade aveuglé par le coup de génie brésilien sur l’ouverture du score. Une égalisation tout à fait logique qui, pour une trentaine de centimètres, ne sera pas suivie par le coup de grâce servettien qui aurait sans nul doute programmé l’exécution publique dans Tourbillon d’un malheureux dont on ne se rappelle décidément le nom.
Au terme d’une fin de match un peu folle, entre espoir et désespoir, c’est un partage des points qui sanctionnera ce derby de très belle facture. On ne prend pas grand risque en affirmant que personne ne s’est ennuyé à Sion en ce samedi pascal, encore heureux. Malgré tout, on constatera un Sébastien Fournier un tantinet déçu de ne pas avoir violé son ancien sanctuaire et un FC Sion qui continue à patauger dans son marasme, craignant le retour du FC Zurich qui ne saurait tarder malgré la défaite de ce dernier face à Saint-Gall. L’occasion éventuellement de revoir ses ambitions pour Vous-Savez-Qui et cie qui parlaient voilà encore un gros mois de titre et de Ligue des Champions, au pire d’Europe. Et si même l’Europe leur échappait ?
Photo Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

FC Sion – Servette FC 1-1 (0-0)

Tourbillon, 11’800 spectateurs.
Arbitre : M. Bieri.
Buts : 62e Itaperuna 1-0. 77e De Azevedo 1-1.
Sion : Vanins; Vanczak, Adailton, Dingsdag, Lacroix, Bühler; Crettenand (83e Lafferty), Gelson Fernandes; Darragi (90e Regazzoni); Ndjeng (73e Basha), Leo Itaperuna.
Servette : Barroca; Diallo, Schneider, Mfuyi, Ruefli (85e Routis); Lang (63e De Azevedo), Pasche, Kouassi, Treand; Karanovic, Vitkieviez (74e Eudis).
Cartons jaunes : 25e Adailton. 35e Dingsdag. 44e Diallo. 45e Vanczak. 56e Leo Itaperuna. 88e Lafferty. 90e Mfuyi.
Carton rouge : 63e Adailton (2e carton jaune).
Notes : Sion sans Gattuso (suspendu), Margairaz (blessé), Aislan (malade) et Mrdja (pas convoqué). Servette sans Kossoko, Grippo (blessés), Kusunga, Moubandje et Pizzinat (convalescents).

Écrit par Thierry Rossier

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4 Commentaires

  1. Je ne dirais rien sur la pauvreté du jeu Sédunois, on le sait déjà,

    Mais j’aimerais bien savoir comment Servette aurait pu mener de deux buts après 30 minutes…
    Comme vous le dites il manquait le dernier geste.. En y ajoutant les 30 metres qui le précede…

    Servette 2 occasions un but, c’est pas trop mal payé, Sion même en jouant moins bien a eu plus d’occas.

    Et jeu dangereux de Leo, mais s’il vous plait. Il n’y a personne autour de lui quand il commence son geste, et Schneider plonge 2 metres on avant pour mettre sa tête sur le pied de Léo. Alors supporter ou pas, la mauvaise foi a des limites.

  2. hey voilà encore un match où on joue bien on domine et soit on se marche nous memes sur les panards alors qu’on a plus qu à la mettre 8 fois au fond soit l’arbitre nous enfle. ça commence à faire beaucoup de points b(i)aisés.

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