
Ce devait être France-Espagne. Il n’y avait aucune raison – AUCUNE – pour que les Bleuettes ne passent pas enfin (!) un ¼ de finale d’un tournoi majeur, et pourtant. Et pourtant, même si les protégées de Laurent Bonadei purent exprimer leur incommensurable talent pendant plus de 75 minutes + les arrêts de jeu + 30 de prolongations en supériorité numérique, ce sont, à la fin, les Allemandes qui ont gagné. Comme d’hab’, on serait tenté de dire. Les Allemandes et surtout Ann-Katrin Berger, leur si talentueuse gardienne qui, hier soir, contre l’Espagne, une fois encore…
Le match en deux mots
Long et dur.
Comme ces réunions qui n’en finissent plus parce que mal préparées, sans objectifs, avec un PowerPoint qui devait tout résoudre mais qui, finalement, apparaît simplement plus joli que fonctionnel. La forme plutôt que le fond. Les Espagnoles ont attaqué, encore et encore, avec la délicatesse d’un bélier face à une porte blindée. En face, les Allemandes, stoïques et un brin kamikazes, tentaient de répondre par quelques contres aussi inspirés qu’un lundi matin. Mais rien à faire : la Berger allemande veillait au grain. Et puis, à cette maudite 113ème minute, Bonmati a décidé que la logique, c’était surfait et que des pénalties, pour elles, c’était du suicide. Elle a tiré dans l’angle mort, l’angle impossible. À un moment donné, fallait tenter n’importe quoi. Et c’est rentré.
Parce que pourquoi pas.
La joueuse qui a touché au mythique St-Gall
Ann-Katrin Berger, évidemment. On aurait pu dire Bonmati, mais son but est une faute professionnelle, donc on préfère quand même mettre en avant une joueuse qui a tenu son équipe vivante pendant 112 minutes hier et 120 contre la France.
La buse alpine du match
Parfois, on ferait mieux d’Esther. Parfois, pas. Par deux fois, en première mi-temps, notre buse alpine du jour reçoit un cadeau de la défense allemande. Par deux fois, elle gâche, elle galvaude, elle se viande. Sans compter son nouveau loupé à la 45ème minute.
Le tournant Tourbillon du match
Jouer au foot au Letzi, en 2025, c’est comme vouloir organiser une descente de Coupe du Monde à Zermatt en novembre. Les vrais savent, les autres rigolent en regardant le résultat. Ou le non-résultat. Autant tu mets pas des types à 120 km/h sur un glacier troué de partout qu’il faut rafistoler à la pelleteuse à une période où les vents violents pourraient les faire remonter la piste s’ils soufflaient de face, autant tu mets pas 22 footballeur-euses sur ce carré de pelouse bordé d’une piste d’athlétisme dans ce bol de tribune trop plat pour espérer obtenir un « bon match de fote ». À la télé, peut-être. Au stade, t’oublies.
L’action qui a Berné toute une défense
Pas besoin de chercher bien loin, il n’y en a eu qu’une. Une seule de tout ce long match où la totalité des clients du Kerrigan à Martigny-Bourg (dont 40 % de supportrices allemandes) n’en ont pas cru leurs yeux déjà un peu vitreux à cette heure-là lorsque le ballon a fini dans les filets, poussé du plat du pied par Ballon d’Or Bonmati. Comme ce que tu répètes inlassablement à tes juniors de pas faire. Parce que le centre en retrait…
L’aVARie qui aurait pu nous faire toucher le fond (du lac)
« Keine Pferdeschwänze ziehen » aboya mélodieusement Christian Wück, en théorie d’avant-match. Et de rajouter, toujours en allemand dans le texte, traduit pour vous « parce que l’Espagne, c’est pas la France ». Et ce fut gut kapiert.
Résultat : pas de tirage de queue de cheval discret dans les 16 (question 2025 : doit-on dire queue de jument, dans le cas présent ?) hier soir. Les Allemandes apprennent vite.
Le moment qui valait son pesant de Thun
L’Espagne a beau être championne du monde, il y a une tradition qu’elle respectait avec une rigueur presque allemande : ne jamais battre la Frauenschaft. En sept matchs, pas une seule victoire. Pas même un petit hold-up chanceux. Juste quatre défaites, trois nuls, et une constance admirable dans l’impuissance. Ce mercredi, en demi-finale de l’Euro 2025, la Roja Bonmati a brisé le sortilège.
Le chiffre un peu dé-Biel (ou à deux Bâle)
88. Soit en %, le taux de précision des passes des Espagnoles dans ce tournoi. Contre 80 pour les Allemandes.
Pour mettre d’accord les deux adversaires du soir, l’Allemand Toni Kroos, durant son passage dans la Liga espagnole (2014-2024), a atteint le chiffre faramineux de 96,5 %.
« Ouais mais bon, on peut pas comparer ».
L’anecdote qu’on aurait pu entendre sur la Bahnhofstrasse…
… si on avait été un peu plus (Zu)riche.
À Zurich, comme à Berne, Genève, Bâle, Sion ou même Lausanne (enfin, pas sûr), des fans zones ont été montées et achalandées de food trucks et autres débits de boissons. À Zurich, un stand nommé « Banana King » a été temporairement interdit de vendre ses bananes au chocolat. La raison : les organisateurs soupçonnaient que les fruits avaient été importés par avion, ce qui contrevient aux règles environnementales de la ville.
Ces règles interdisent les produits transportés par avion, en raison de leur forte empreinte carbone. Après vérification, il a été confirmé que les bananes arrivaient par bateau, et la vente a pu reprendre. Zurich applique des critères écologiques stricts pour les événements publics, dans le cadre de sa stratégie climatique visant la neutralité carbone d’ici 2040.
Et sinon, Serge, de Facebook, nous a balancé un « Hey, Banane, les joueuses, elles, elles viennent en bateau, aussi ? » #LaFinDuMonde
Si le match avait été un fromage
Ce serait sans aucun doute le Rainbow Grilled Cheese : bien coloré et dégoulinant de bonnes intentions fondantes, mais avec un arrière-goût de « peut mieux faire ».
Parce que, soyons honnêtes, même si l’Euro 2025 promettait un bel arc-en-ciel d’inclusivité, toutes les capitaines n’ont visiblement pas trouvé ce fameux brassard multicolore – synonyme de droits égaux pour tous sans enlever quoi que ce soit à ceux qui sont déjà plus égaux que d’autres – à leur taille.
Et ironie du sort, c’est la capitaine espagnole qui a décidé de faire l’impasse sur le brassard. Oui, l’Espagne. Ce pays à la pointe des luttes féminines dans le football – surtout quand il s’agit de parler finances. Pour les gros sous, les Espagnoles ont été au taquet. Pour le reste ? Disons que le Sud reste fidèle à ses traditions : un pas en avant, deux en arrière, un à gauche, un à droite,… on tourne en rond en souriant.
Bref, à défaut d’égalité pleine et entière, offrons-leur ce fromage. Au moins celui-là ne promet rien. À part ses couleurs.
La minute Smilla Vallotto
« On s’en bat les couilles, on a gagné », des Espagnoles, au sortir de ce match long et dur. La victoire, c’est tout ce qu’on retiendra.
La rétrospective du prochain match se jouant à Lausanne (on a déconné sur le sujet jusqu’à maintenant, soyons sérieux une fois)
À La Tuilière lausannoise, on aura « du vrai foot » ce 31 juillet prochain.
Sur le papier, la tâche semble presque trop facile pour Lausanne-Sport. Le Vardar Skopje, modeste club de Macédoine du Nord, ne devrait être qu’une formalité, à l’extérieur d’abord, puis à la maison (billets disponibles ici). Mais attention à la peau de banane pour le retour sur la scène européenne du LS après des décennies (en ressenti) d’absence. Si les Vaudois évitent de glisser, ils auront rendez-vous au troisième tour de la Conference League face au vainqueur du très glamour Zimbru Chisinau (Moldavie) – FC Astana (Kazakhstan).
Un programme qui fait déjà rêver. Dans l’intervalle, à Bâle se sera jouée la finale de cet Euro 2025 et ce chapitre inédit du football suisse sera clos. En attendant le prochain.
Le pronostic d’avant-match selon l’indice ALISHA (A-Level Inclusive Soccer and Holistic Approach)
Ce devait être serré, ce le fût.
Quoi qu’il en soit, jamais notre omniscient indice ne s’est trompé. Et une fois encore, preuve est faite : un match annoncé palpitant entre deux nations que notre précieux indice classait au coude à coude et qui, au final… se termine au coude à coude.
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