
Et c’est reparti pour un tour ! Après le cuisant échec de la dernière candidature helvétique en date (Sion 2026), sèchement balayée dans les urnes par le bon peuple qui a toujours raison, nous pensions sincèrement que les obtus-bornés avaient une fois pour toute compris la leçon. Mais non, manifestement.
Voilà maintenant Suisse 2038. Roulement de tambour!
Après des décennies à regarder les autres candidates élues exploser joyeusement leurs budgets olympiques, tout en se faisant lamentablement recaler soit par le CIO (souvenons-nous du célèbre « and the winner is… Torino ») soit par sa propre population, notre nouveau comité de préparation à la construction d’un dossier suisse « en béton » semble décidé à retenter de jouer dans la cours des naïfs du gâteau olympique… Car, ne nous leurrons pas : dans l’histoire des Jeux, jamais, au grand jamais, un comité de candidature n’a respecté sa promesse de budget initial. Mais pourquoi s’inquiéter ? La tradition, c’est sacré: tout se fait bel et bien à chaque fois avec l’argent des autres.
Mais attention ! Cette fois, ce sera pas pareil. On fera mieux. On va « tous s’engager avec l’urgence nécessaire », dixit l’ancien descendeur de 2ème classe et désormais ancien Schettino des aspirations olympiques suisses Urs Lehmann, juste avant de trouver urgemment nécessaire de filer prendre le poste de CEO de la FIS (et de laisser tomber la tête de la candidature olympique). Traduction : on va tout schuss… vers le gouffre, bâtons sous les bras, tête baissée, lui et son légendaire tact diplomatique en pole position. Car, selon nos experts enthousiastes, il suffit de croire très fort au « rêve olympique » pour que les milliards rentrent tout seuls (dans les poches du cousin du beau-frère du copain d’enfance de l’un des membres du comité qui pourra couler son béton en toute tranquillité). Après tout, ce n’est pas comme si, chaque fois, la population avait dû mettre la main au portemonnaie pour boucher le trou béant laissé par la « fête » et les calculs « approximatifs » de ces docteurs ès planification financière.
On (Urs) nous a promis la lune habitée : pour deux petits milliards investis (trois, quatre, cinq, selon l’humeur, la météo et l’âge de la crémière), nous récolterions 1.5 fois plus de « retombées économiques ». Belle promesse. Comme ce souffle chaud qui passe dans ton pantalon quand la brune au bar te regarde plus de 2 secondes en début de soirée, avant de s’évaporer avec le seul type qui avait osé l’aborder pendant que tu priais ton bon dieu inexistant qu’elle fasse elle le premier pas. Illusion!
Les stades à l’abandon et les infrastructures inutiles ? Ce sont des « legs pour les générations futures ». Genre une belle gare à Martigny avec 8 quai, 16 voies et une galerie commerciale à faire pâlir Lausanne de jalousie, pour router le peuple des spectateurs en haut vers les stations « enneigées ». Un héritage, un vrai : béton armé, factures impayées, faillites en cascade et impôts qui flambent. Oui, on appelle ça un « héritage ». C’est comme offrir un poney à quelqu’un qui vit au 12ᵉ étage : ça coûte cher, ça ne sert à rien, et ça pue.
Bien sûr, quelques rabat-joie osent suggérer qu’on pourrait investir ces milliards dans le sport de base, la jeunesse, ou même des championnats du monde annuels dans diverses disciplines, avec un héritage clair en faveur des nouvelles générations. Mais franchement, qui veut voir des jeunes faire du sport toute l’année, alors qu’on peut admirer à la TV – car les billets seront hors de prix ou réservés à la « famille olympique » – pendant quinze jours, des superstars sur nos pistes sponsorisées par des marques mondialisées ?
En 2038, la Suisse pourrait donc enfin rejoindre le club prestigieux des nations qui ont entendu le Président du CIO balancer que cette édition a été la meilleure de toutes les éditions, dans son discours de clôture. Avant de disparaître avec la thune, en nous laissant les factures. Et nous serions, alors, bel et bien « tous engagés dans l’urgence obligatoire ».
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