Dans le régional de l’épate de ce mois, partez à la découverte du Dodgeball, ce sport qui ressemble à un jeu généralement joué à l’école : la balle à deux camps (ou balle au prisonnier). Carton-Rouge est allé suivre un entraînement des Lausanne Foxes Dodgeball Club, triples champions suisses (hommes, femmes et mixtes) en titre et premier club de Suisse.
C’est quoi ce club ? C’est quoi ce sport ? Les réponses avec le principal intéressé, Benjamin Favre, 27 ans, président et fondateur des Lausanne Foxes Dodgeball Club.
Il est tout d’abord important de noter que ce sport est bien connu de notre fondateur Marco, double vainqueur du tournoi inter-bars de Lausanne. Certes grâce à un véritable talent au pierre-feuille-ciseaux, mais ça c’est une autre histoire. Plus sérieusement, le dodgeball, c’est 2 équipes de 6 joueurs et 5 ballons. Le but est de tirer sur l’adversaire et qu’il ne rattrape pas la balle. Une touche est synonyme d’élimination et un rattrapage (appelé « catch » dans le jargon) permet de faire revenir un coéquipier en jeu. La folle aventure de Benjamin Favre commence en 2014 lorsqu’il regarde (pour la 11e fois avoue-t-il) le film « Dodgeball ! Même pas mal ! ». Ce film est une comédie sportive américaine classique ; des gentils nuls qui vont finir par gagner contre des méchants forts au dodgeball avec un super happy-end. Une sorte de « Space Jam », sans Jordan et Bugs Bunny. Benjamin cherche donc comment pratiquer ce sport et trouve un tournoi sur sable à Portalban. Il réunit quelques amis, ils s’inscrivent au tournoi et en sortent vainqueurs. La compétition de Portalban étant la seule réelle compétition suisse, ils sont propulsés champions suisses mixtes à leur surprise générale. Ce titre est même synonyme de ticket pour les championnats d’Europe se déroulant à Belfast en 2015.
L’équipe relève le défi et part en Irlande du Nord pour défendre les couleurs helvétiques. En même temps, ce n’est pas tous les jours que l’on peut participer à des championnats d’Europe. Mais il faut avouer que ce ne fut pas glorieux. « On s’est clairement fait exploser contre les grosses équipes. On n’était pas bien préparés. On n’était pas préparés du tout ! » explique Benjamin. « Mais on était loin d’être ridicule contre les plus petites équipes ». Ca veut donc dire que oui, des adultes s’entraînent plusieurs fois par semaine à un jeu d’école et sont des experts au dodgeball. Pas forcement le meilleur moyen de briller en société, comme presque tous les champions qu’on retrouve dans cette rubrique. Des sportifs méritants mais qui font des sports pas communs.
L’expérience de l’Euro était trop belle pour les Lausannois pour ne pas être retentée. L’année suivante, ils deviennent à nouveau champions suisses et obtiennent leur billet pour les championnats d’Europe à Paris avec tout de même de meilleurs résultats à la clé. Fort de cet engouement, ils décident de créer le premier club de Suisse, les Lausanne Foxes. « C’était pour nous un moyen d’avoir une entité officielle pour obtenir des salles, s’entraîner et poursuivre cette aventure ! » Benjamin étant le seul réel contact pour les championnats d’Europe, il décide donc de créer la fédération suisse de Dodgeball avec pour but de cadrer et de faire découvrir ce sport à plus de monde. « Je souhaitais aussi créer une véritable équipe Suisse et pas seulement une bande de potes qui partaient pour l’Euro. Réunir les meilleurs joueurs pour se défendre au mieux. » C’est alors qu’un autre club se crée, les Phoenix Broye. Benjamin décide de les contacter afin de sélectionner les meilleurs joueurs et joueuses. Après quelques négociations, les deux clubs décident d’unir leur force pour créer un véritable « Team Suisse » en vue des championnats d’Europe de Glasgow qui se déroulaient en août dernier. 27 joueurs sont donc partis en Ecosse avec de bons résultats pour une nouvelle équipe (14e chez les hommes, 8e chez les femmes et 9e en mixte) « Sur le papier, cela peut paraître assez mauvais mais c’est la première fois que le niveau suisse est vraiment reconnu. » Un championnat suisse est aussi créé. L’équipe suisse est maintenant composée de joueurs choisis individuellement lors de ce championnat par un sélectionneur national. « Cela me tenait vraiment à cœur. Le but est de créer une équipe compétitive et sélectionner un club dans son entier plutôt que des joueurs était un non-sens. » De plus, la première expérience du Team Suisse à Glasgow fut une réussite. « Tout le monde était heureux. Le fait de se sentir uni et d’aller encourager les autres équipes, c’est vraiment génial. De jouer et d’entendre « Allez la Suisse ! », ça change tout ! » Bon ce n’est pas encore le mur jaune de Dortmund mais il est vrai que ça doit être sympathique.
Et cela ne s’arrête pas là. La fédération suisse a des projets. « En 2020, ça serait bien que deux autres clubs aient vu le jour et que la fédération compte une centaine de membres. Et puis, on aimerait organiser le championnat central européen, le tournoi de préparation pour l’Euro. » Malgré l’ambition affichée, les entraînements se déroulent dans la bonne humeur et la rigolade. En témoigne les photos sur leur page Facebook…
Il serait facile de se moquer de ces petits sports qui ressemblent à des jeux pour enfants. Cependant, ce sport deviendra peut-être majeur dans 10 ou 15 ans avec des stars mondiales du ballon mousse ! Impossible ? Une farce ? Je vous rappelle que la pétanque est sur la liste pour devenir olympique à Paris, partant de là tout est possible. Alors si vous avez toujours rêvé de représenter la Suisse et de mettre la main sur le cœur lors de l’hymne national, le dodgeball est peut-être votre dernière chance…
Fort de ses 26 membres, le Lausanne Foxes Dodgeball Club ne demande qu’à grandir. N’hésitez pas à les contacter sur leur page Facebook ! Vous pouvez aussi visiter celle de la fédération suisse.
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