« Ce qui ne se mesure pas ne s’améliore pas », dit la citation managériale. Dès lors, quoi de plus logique que le sport embrasse la technologie pour parvenir au Saint Graal : les microgains ! Toutefois, on peut s’interroger sur les limites de cette mathématisation à outrance et se demander où commence le snobisme mal placé.
Tant qu’il y a de la vie, y’a de l’espoir
Tout a commencé le jour où j’ai découvert une statistique en football que je ne connaissais pas : les « Expected Points » ! Moi qui pensais bêtement qu’une équipe jouait un match pour gagner trois points en cas de victoire ou un point en cas de match nul, et bien figurez-vous que je n’étais plus du tout à jour !
Voyez plutôt la définition qui figurait dans un article du Blick :
La technique moderne permet de calculer le nombre de buts qui devraient être marqués en fonction de la qualité des occasions de but, les « Expected Goals ». Avec les « Expected Goals Against » (buts attendus contre), on peut calculer les « Expected Points ».
Toutes ces nouvelles stats viennent souvent des bookmakers, qui ne savent plus quoi inventer pour rajouter de l’incertitude. Pour paraître encore plus intelligent, utilisez les abréviations « xP » (Expected Points), « xG » (Expected Goals), « xGF » (Expected Goals For) ou « xGA » (Expected Goals Against), voire « xGOT » (Expected Goals on Target), et vous pourrez assister incognito à la prochaine conférence de la NASA sur les fractales !
Windows aurait clairement dû marquer plus de points et gagner le championnat !
Mon confrère Raphaël Iberg a d’ailleurs lui-même été précurseur en créant la statistique indispensable des « Expected Urinals » (xU) dans un article en direct de la Swiss Life Arena. Voyez plutôt : « Il est temps pour nous d’aller tester la fameuse stat’ très avancée des expected urinals. Et il faut bien l’admettre, le nombre de pissoirs au mètre carré est bien supérieur à celui qui a cours à la Vaudoise aréna (on le rappelle : environ trois pour 9600 personnes). »
C’est vrai que tant qu’à créer des stats pour tout et surtout n’importe quoi, autant y aller franco et être créatifs !
« Les gars, j’ai dû virer Kevin : son xPP (Expected Pauses Pipi) était bien trop faible ! »
Le royaume de l’esbroufe
Un de ces quatre matins il faudra que le football redescende sur Terre. On l’a encore vu début octobre, où Luis Enrique a sorti des perles comme « Je n’ai aucune intention d’expliquer ma tactique, car vous ne la comprendriez pas » et « Vous ne savez pas que pour expliquer la tactique, il faut 40, 50 ou 55 minutes » et où Luis Suárez a ouvertement critiqué sa sainteté Marcelo Bielsa, oubliant qu’il est interdit de douter de ce génie incompris de nous pauvres mortels et accessoirement docteur en mécanique des fluides durant son temps libre. Au train où ça va, je vous annonce en exclusivité qu’il y aura prochainement un prix Nobel de football et qu’on enverra Emiliano Martínez en émissaire pour négocier la paix au Proche-Orient.
À un moment, il faudra bien dire stop à cette pseudo-intellectualisation du football où les coaches sont les nouveaux Léonard de Vinci et où nous sommes trop stupides pour comprendre le vortex spatio-temporel que crée le passage d’un 4-3-3 à un 3-5-2.
Arthur Schopenhauer en train d’essayer de comprendre la tactique du PSG contre Arsenal…
En vérité, nous aurions tous dû prendre au sérieux l’avertissement de Nicole Kidman, qui nous avait bien expliqué comment la technologie pouvait nous mener en bateau. Voyez plutôt :
Bah… des buts pardi Nicole !
Crédits photographiques
Statistiques : photo de Bozhin Karaivanov sur Unsplash
Windows XP : https://www.needpix.com/photo/338585/monitor-crt-vintaje-old-windows-xp-cathode-ray-pc-computer-free-pictures
Coach junior : photo de Adrià Crehuet Cano sur Unsplash
Schopenhauer : Eberhard Mayer-Wegelin, Frühe Photographie in Frankfurt am Main 1839-1870, 1982, Nr. 10., https://picryl.com/media/schopenhauer-1852-3dbac9
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