Sens dessus dessous

Rappi aux avants-postes, Genève large leader avec trois fois plus de points que de matchs, ce premier dixième de la saison régulière ne répond décidément à aucune logique. Si tu veux savoir pourquoi l’ordre naturel sera bientôt rétabli, c’est ici que ça se passe.

Les trois derniers matchs de Gottéron dessinent une tendance que l’on subodorait après les deux premiers déjà: il y a de la qualité dans le groupe qui a gagné en homogénéité (tiens, tu savais que le mot de la langue française avec le plus d’accents aigus, c’est «hétérogénéité» ?) vu le peu de transferts cet été et possède une vraie identité de jeu, mais tant qu’il nous faudra quarante occases pour mettre un goal, on tremblera contre n’importe quelle équipe de bas de tableau.

Qui dit bas de tableau dit évidemment Rappi, et c’est chez eux que nous avons renoué avec notre ancienne spécialité, le galvaudage de deux buts d’avance. Tu joues chez les SCRJ «ils ont battu Davos et Zurich» Lakers, tu mènes 0-2 en total contrôle, et tu te retrouves à 3 contre 5 en prolongation… Deux points à l’arrivée, dommage Abby, tschüss, schöne, il y a Kloten qui vient demain.
Un samedi soir à la maison contre les Gaydoul Buebe. Ces mecs pensent qu’en reprenant le logo avec lequel ils sont devenus champions quatre fois de suite, ça remarchera pareil. Pas ce samedi à la Patinoire Sainte-Banque-Cantonale, en tout cas, mais méfiance. On a déjà vu des équipes zurichoises totalement ridicules en début de saison finir le cigare à la bouche au printemps… «Tiens, on est deuxièmes», constates-tu en allant récupérer le fric de tes gobelets. Cool, ça fera un match au sommet mardi et on talquera les Frouzes, pardon, les Genevois !
Autant te dire que tout le monde était bien chaud pour montrer à la face du monde qui c’est, les boss. Bien chauds aussi, les habituels Prix Nobel bas du front du haut du kop. ‘Fin bref. Vortex spatio-temporel ou magie du classement, ce Gottéron-Genf a clairement fait exception à la longue litanie de derbys (©RTS) tendus et moches, avec bien plus de jeu que d’habitude, des retournements de situation et de l’intensité dramatique. Rivera qui ouvre la marque chez nous, juste après un gentil chant exprès pour lui, voilà qui lançait déjà pas mal la soirée. Les deux minutes de folie de la mi-match, avec nos trois goals coup sur coup, c’était sympa aussi. Mais franchement, le retour de la volaille, le miracle de Stephan à une minute de la sirène finale et le 3-4 sur le contre, pfffiiouuu.

Pourtant, j’avais mis les fringues servettophobes.

Nous voilà donc avec un bilan mitigé après cinq sorties, mais quelques certitudes aussi. Le jeu est là, les occases aussi, la défense – hormis Heins – est solide. Il ne reste plus qu’à trouver le moyen de conclure un peu plus souvent (à ce propos, vivement le retour de Julien, tant Bykov et Plüss ne sont plus les mêmes sans lui), et moteur Gisèle, direction le sommet du classement. Sans gréviste de NHL.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Hilde Blatter