
Montez avec nous dans le train pour l’Allemagne ! Jusqu’au coup d’envoi de l’Euro 2024, nous vous présentons toutes les forces en présence. Aujourd’hui place au groupe E. Comme « Europe ». Et comme « Est ». Et comme « Et merde, je sais pas où je vais avec le chapeau de mon article ». Bref.
Belgique :
La star
Franchement, l’équipe de Belgique semble vraiment avoir laissé passer sa chance avec sa génération dorée (Witsel, les Hazard, Fellaini (oui oui, même lui), Meunier, Courtois, Alderweireld, Verthongen, …) tous vieillissants ou déjà à la retraite. Les stars ont donc peu à peu déserté le onze des Diables Rouges. On pourra néanmoins citer Jérémy Doku, qui compte à Manchester City cette saison. On encore Romelu Lukaku, toujours là même s’il a tendance à disparaître dans les gros matches. Coup de bol pour lui, ce groupe E est le groupe des tocards cette année. Il devrait donc empiler les buts en match de poule avant de disparaître totalement en quarts contre la France ou les Pays-Bas.
Le match de référence
Aucun puisque, malgré leur melon démesuré, les Belges ont toujours un palmarès aussi fourni que le Vanuatu.
Le geste technique phare
La conférence de presse, art dans lequel la Belgique a acquis une renommée internationale ces dernières années.
De Bruyne : « Je m’en bats les couilles tant qu’on gagne » https://t.co/9bh8IjEOGj pic.twitter.com/7EmRGOySIB
— Paul (@au_taquet) June 23, 2016
France – Belgique dans un peu plus de 24h.
Se refaire cette interview de Courtois était primordial pour passer une agréable journée. À consommer avec modération. pic.twitter.com/UkjN6wNQit
— 𝙅𝙤𝙧𝙙𝙖𝙣 (@PJordan__) October 6, 2021
La tête à claques
Marc Dutroux.
Le monument historique
À défaut du boulard de Thomas Meunier, et du Manneken Pis qui reste une statue de 55 centimètres représentant un enfant en train se soulager devant une nuée d’appareils photo et de touristes asiatiques qui les agitent, prenons un paragraphe pour parler de l’Atomium. Il s’agit d’une construction datant des années 50, réalisée pour l’exposition universelle de 1958 et censée représenter « la maille conventionnelle du cristal de fer ». Concrètement, c’est une improbable fabrication style Geomag de 102 mètres de haut, abritant l’ascenseur le plus rapide du monde à l’époque de sa création (de fabrication suisse, on profite d’être fier d’un ou deux trucs avant cet Euro qui s’annonce peu glorieux pour nous). Sorte de Tour Eiffel en moins bien, l’Atomium a été élu « monument le plus bizarre d’Europe » en 2013 par la chaîne CNN. Et cette chaîne est active dans un pays qui appelle « football » un sport qui se joue avec les mains hein.
C’est de l’abstrait hein ? Je crois que c’est de l’abstrait.
Le conseil Guide du routard
On vous avait déjà parlé de la charmante, quoiqu’un peu grise, ville de Liège dans nos présentations du dernier Euro. On va donc varier un peu les plaisirs en vous parlant de bière, forcément. Les Belges sont plutôt doués là-dedans, et en sont fiers, à tel point qu’ils ont carrément créé un marathon sur le thème. Bien sûr, on en trouve de tous types, des bonnes, des moins bonnes, des blondes, des brunes, des triples, des quadruples, des fortes, des très fortes,… La meilleure est bien entendu la Leffe. C’est totalement faux, elle est immonde et doit son image de bière d’abbaye uniquement au marketing du groupe auquel elle appartient, AB InBev, géant absolu du houblon puisque près du tiers des ventes de bibines au monde arrive directement dans ses poches.
Non, si l’on cherche de bonnes bières belges, il vaut souvent mieux se tourner du côté des brasseries arborant fièrement le logo « Authentic Trappist Product », signe qu’elles ont été brassées dans une abbaye de l’Ordre Cistérien de la Stricte Observance. Le plat pays n’en compte à ce jour plus que cinq, Orval, Chimay, Rochefort, Westvleteren et Westmalle, car Achel a perdu en 2023 son label suite à sa vente. Toutes sont trouvables sous nos latitudes, à l’exception notable de la Westvleteren, pour laquelle il faut commander en avance et passer la chercher sur place, en Flandre. Ou sinon, il faut avoir un copain de Carton-Rouge qui ait la gentillesse de nous la faire déguster. Et franchement, c’est un régal.
La prédiction de l’indice ADOLF
12. Une nouvelle édition compliquée pour les hommes de Domenico Tedesco (qui ?), qui vont évidemment sortir de ce groupe très faible avant de perdre piteusement en huitièmes. Si l’on sait les Allemands historiquement très efficaces sur sol belge, l’inverse ne sera pas vrai cette année.
Roumanie :
La star
Murat Yakin. Il a qualifié presque à lui tout seul la Roumanie dans ce groupe, probablement le plus faible de la compétition, en oubliant de prendre des latéraux et de terminer ses matches. Pour rappel, la Suisse était tranquillement en tête du groupe avant de se liquéfier et d’enchaîner trois matches nuls et une piteuse défaite alors qu’une voie royale se dressait. Donc vraiment, multumesc, Murat !
Le match de référence
Roumanie-Argentine, 3 juillet 1994, Pasadena. Comme la Suisse, la Roumanie a profité de la World Cup 94 pour se faire un nom dans le foot international. Comme la Suisse, la Roumanie a passé le premier tour. Certes en se faisant poutrer la gueule par Sutter et Cie, mais en finissant première du groupe après avoir battu les organisateurs américains et la Colombie du tristement célèbre Andres Escobar. Mais mieux que la Suisse, la Roumanie sort un match de titan en huitièmes face à l’Argentine de Batistuta, Simeone et même Maradona (si, si). Les Tricolorii, menés par leur légende absolue Gheorghe Hagi, sortent les champions du monde 1986. Avant de s’incliner aux tirs aux buts face à la Suède. Comme la Suisse de manière générale. Et la Roumanie aura bien du mal à capitaliser sur ce beau parcours. Comme la Suisse.
Le geste technique phare
Si on était mauvaise langue, on dirait l’occupation de terrains communaux en caravane. Mais comme on ne l’est pas (trop), on va rester sur la formation des médecins, véritable business parallèle créé par la Roumanie et qui lui permet d’accueillir chaque année nombre d’étudiants suisses, attirés par le bon niveau, le bas prix et le fait que l’échec définitif ne traverse pas les frontières. Le tout permettant forcément de booster l’économie locale grâce à la consommation de tous les jours de jeunes, certes aux études, mais dont les sous envoyés chaque mois par papa et maman permettent une vie bien plus confortable qu’à Lausanne (bordel dix balles une choppe de blonde). Le truc est tellement poussé que les cours sont désormais même donnés en français pour nos braves étudiants romands (et aussi français, pour qui les faire en anglais n’était apparemment pas une option).
La tête à claques
George Puscas. On le voit venir, l’attaquant roumain tout nul qui joue à Bari mais qui se la pète avec son nom piqué à une légende du foot. Une tactique foireuse qui nous rappelle les célèbres Trezeguet égyptien, Mohamed Zidan, Florentin Pogba, le Luis Suarez qui a joué à l’OM ou encore Timm Klose.
Sinon on signalera aussi la présence du mouton noir de l’équipe, le mystérieux Andrei Burca, véritable minaret de la défense roumaine. Un joueur banni dans de nombreux pays et qui a dû s’exiler, ça ne s’invente pas, dans un club d’Arabie Saoudite.
Le monument historique
Le pif d’Adrian Mutu. Attaquant star des Tricolorii dans les années 2000, le natif de Calinestt Çalisten Cąlisn Roumanie est au moins aussi connu pour ses exploits balle au pied que farine au nez. La légende raconte que son passage à Chelsea en 2004 aurait inspiré le fabriquant anglais Dyson pour créer ses aspirateurs sans sacs. Après les dents de Dracula, les Roumains ont quand même le chic pour s’illustrer au niveau de leurs organes faciaux.
Le conseil Guide du routard
Faites gaffe si vous voulez aller en Roumanie. Il faut choisir un billet pour Bucarest. Pas Budapest. Ça a l’air hyper con mais visiblement c’est pas simple pour tout le monde.
La prédiction de l’indice ADOLF
16. Même sans jouer contre Yakin, la Roumanie arrivera à se hisser de justesse parmi les meilleurs troisièmes, avant de se ramasser en huitièmes. Comme quoi, le coach suisse n’a pas tout tort, pourquoi se casser le cul à finir premier du groupe de qualifications si c’est pour avoir le même résultat au final. Work smarter, not harder.
Slovaquie :
La star
Ils ont des joueurs depuis les retraites de Marek Hamsik et de Martin Skrtel ?
Le match de référence
Petit instant « le saviez-vous ? ». La Slovaquie, nation certes créée en 1993 à la suite de sa scission d’avec la Tchéquie, a déjà eu une équipe « nationale », dans les années 30 et 40. En effet, en 1938, un petit moustachu allemand bien énervé décide d’annexer les Sudètes, une zone limitrophe, et de « récupérer » les régions de Bohême et de Moravie – en gros, la Tchéquie actuelle – pour en faire un Protectorat sous le joug du IIIe Reich. Mais pas la Slovaquie, sûrement pas assez germanique à son goût. L’année suivante, le Reich crée donc une équipe nationale de Bohême-Moravie (parce que oui, c’était visiblement clairement une priorité en 1939). Et, par ricochet, la Slovaquie, alors de fait plus ou moins indépendante, monte aussi une sélection (là aussi, clairement une priorité quand tu vois des centaines de chars arborant une croix gammée se masser devant ta frontière alors que tu n’as que des fourches pour te défendre) et ira même jusqu’à s’affilier à la FIFA ! Tout ce remue ménage fait que le premier match de l’histoire de la Slovaquie a lieu en réalité le 27 août 1939 face… à l’Allemagne nazie ! Et, fait rigolo, les Slovaques s’imposent sur le score de 2-0.
On n’allait quand même pas faire un article sur l’Euro en Allemagne sans atteindre un petit point Godwin.
Le geste technique phare
Un peu à la surprise générale, la Slovaquie, pays habituellement plutôt calme, s’est retrouvée sous le feu des projecteurs il y a quelques semaines quand un retraité mécontent s’est mis en tête de vouloir abattre le Premier ministre. Dans une nation connue pour avoir pris son indépendance sans le moindre heurt, ainsi que pour sa relative bonne entente diplomatique avec à peu près tout le monde, ça fait un peu bizarre. Mais bon, le tireur a dit ne pas vouloir tuer Robert Fico, mais juste le blesser. Alors ça va.
La tête à claques
Francesco Calzona. Le sélectionneur italien des Sokoli (les faucons, allez savoir d’où ils tirent ce surnom) a sa place ici pour deux raisons. Déjà, il s’appelle Francesco Calzona. Ce qui en français doit donner quelque chose comme François Caleçon. Ensuite, ce brave Caleçon est, en plus de sa casquette d’entraîneur de la Slovaquie, le coach du Napoli depuis février. Napoli qu’il a mené (bien aidé par Rudi Garcia et Walter Mazzari il est vrai) à une piteuse dixième place en Serie A. Ce qui fait un peu tache pour un champion en titre… Et une tache au caleçon, c’est souvent la merde.
Le monument historique
Peter Pekarik. Le solide défenseur, 124 sélections avec son pays – depuis 2006 ! – et légende du Hertha Berlin est, du haut de ses presque 38 printemps, probablement le seul joueur de la sélection à avoir théoriquement pu voir et se souvenir de tous les matches de son équipe nationale depuis la création de sa patrie, en 1993. Hormis ceux de 39-45 évidemment. Ils ne doivent pas être beaucoup à pouvoir se vanter de ça dans le monde. Hormis peut-être Roy Hodgson.
Le conseil Guide du routard
Si vous allez en Slovaquie, pensez à trouver un Horacsek et à lui offrir une bière de la part du soussigné ! En effet, il semblerait que ce curieux patronyme ait des origines du côté du grand Bratislava. Alors si vous croisez un ptit ptit ptit fillot, saluez-le bien !
La prédiction de l’indice ADOLF
9. Une belle neuvième place à l’indice ADOLF pour la Slovaquie, qui va donc être l’une des équipes surprises de cette édition. Après une phase de groupe passée sans encombre, notamment grâce à une victoire dans le « Carpatico » face à la Roumanie, les Sokoli confirment dans le jeu en huitièmes mais y échouent aux penalties. Comme quoi, bien viser une cible située à moins de dix mètres avec une balle n’est pas un art parfaitement maîtrisé actuellement dans ce coin de l’Europe.
Ukraine :
La star
Volodymyr Zelensky. C’est le seul Ukrainien dont on parle constamment depuis deux ans. Sinon, pour rester sur le fôte, on citera le récent nommé à la tête de la Fédération ukrainienne, un certain Andriy Shevchenko. De toutes façons, dès qu’on parle foot en Ukraine, ce nom revient. Que ce soit de 1995 à 2012 en tant que star de l’équipe, de 2016 à 2021 en tant que coach et depuis janvier en tant que président. À ce rythme, et sachant que le bougre fait également de la politique, on parlera de lui en tant que président du pays lors de la prochaine présentation de groupe. Puis en tant que Secrétaire Général de l’ONU la suivante. Puis président de la FIFA ensuite. Ah non ça pas, il est pas Haut-valaisan.
Le match de référence
On aurait bien parlé du tristement célèbre Suisse-Ukraine de 2006, mais cela a déjà été fait dans cette même rubrique. À la place, on se rabattra sur un mémorable – on suppose – Ukraine-Albanie quelques semaines plus tôt. Malgré un piteux match nul face à des Albanais qui étaient en ces temps une belle équipe de pives, cette partie, marquée par un but d’un certain Andriy Shevchenko, est avant tout celle qui a permis à la Sbirna de se qualifier pour sa première grande compétition en tant que pays indépendant ! Et quelle compétition, puisqu’elle ira jusqu’en quart – sans même passer par les huitièmes, ce match n’ayant jamais eu lieu – avant de perdre contre l’Italie, futur vainqueur du tournoi. Ah, ça a dû être la fête ce 8 octobre 2005 dans le Donbass. Autre chose que pour leur qualification de cette année. Ce qu’ils sont devenus blasés, ces Ukrainiens…
Le geste technique phare
À peu près tous les gestes techniques réalisés dans la carrière d’Andriy Shevchenko.
La tête à claques
Andriy Shevchenko. On parle quand même un peu trop de lui dans le foot ukrainien.
Même Andriy Shevchenko en est soûlé.
Le monument historique
Quand même, le palmarès d’Andriy Shevchenko, et pas uniquement parce que les monuments historiques sur place ont pris cher depuis deux ans. Voyez plutôt :
- 1 Ballon d’Or
- 1 Ligue des Champions
- 1 Supercoupe de l’UEFA
- 1 Serie A
- 1 Coupe d’Italie
- 1 Supercoupe d’Italie
- 1 FA Cup
- 1 Coupe de la Ligue anglaise
- 5 Championnats d’Ukraine
- 3 Coupes d’Ukraine
- 1 Supercoupe d’Ukraine
- 6 fois meilleur joueur ukrainien (seulement)
- 2 fois meilleur buteur de la saison en Ligue des Champions
- 2 fois meilleur buteur de Serie A
- 1 Golden Foot
- Meilleur buteur de l’histoire de la Sbirna
- Deuxième meilleur buteur de l’histoire du Milan AC
- Un nombre assez dingue de places dans des équipes de l’année ou du XXème siècle et même des honneurs nationaux en Ukraine et en Italie
- 1 Quart de finale d’Euro atteint en tant que sélectionneur, meilleur résultat de l’histoire du pays dans cette compétition
Bon, par contre il s’est vautré en politique. On ne peut pas être bon partout…
Le conseil Guide du routard
Voilà voilà…
La prédiction de l’indice ADOLF
21. Édition délicate pour la Sbirna, qui n’arrivera donc pas à se sortir de ce groupe pourtant à priori à sa portée sur le papier. En même temps, elle n’a pas de joueur de la trempe d’Andriy Shevchenko cette année…
Crédits photographiques :
Atomium : Dudvy/CCo/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Dudva
Andriy Shevchenko : Mr.Drax/CCo/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Mr.Drax
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