L’Empire des Loups

Le VfL Wolfsburg a pris la tête de la Bundesliga en atomisant le Bayern Munich 5-1, alors que le Hertha Berlin était battu à domicile par le Borussia Dortmund (3-1). Même si la situation reste très serrée en tête du classement, les Wölfe font aujourd’hui figure de favoris dans la course au titre de champion d’Allemagne.

Club d’entreprise (Volkswagen) sans histoire ni grand engouement populaire, le VfL Wolfsburg n’est sans doute pas le club le plus sympathique d’Allemagne. Il a longtemps été considéré comme une sorte de Bayer Leverkusen du pauvre. Le club de Basse-Saxe a été promu pour la première fois de son histoire en 1997 en Bundesliga, où il milite depuis lors sans interruption. Malgré les sommes importantes investies par Volkswagen, le palmarès des Wölfe est aussi lilliputien que celui du HC Fribourg-Gottéron, avec comme principaux titres de gloire une finale de Coupe d’Allemagne perdue en 1995 et deux participations à la Coupe UEFA.

Magath, l’homme fort

Le tournant dans l’histoire de Wolfsburg intervient sans doute au printemps 2007 : le club flirte avec la relégation et se sauve de justesse. Les dirigeants du club de Basse-Saxe décide alors de confier les pleins pouvoirs à un entraîneur très expérimenté au palmarès éloquent, Felix Magath, viré quelques mois plus tôt par le Bayern. Cumulant les fonctions d’entraîneur, directeur sportif et manager, le champion d’Europe 1983 (comme joueur avec Hambourg) renouvelle presque entièrement l’effectif des Wölfe. La mayonnaise tarde à prendre, le VfL connaît un premier tour 2007-2008 très moyen et de nombreux changements sont à nouveau effectués durant la trêve hivernale. Grâce notamment à une défense stabilisée par l’arrivée de Diego Benaglio dans les buts, les Wölfe réussissent un 2e tour étourdissant et viennent arracher sur le fil une qualification en Coupe UEFA. Sur cette lancée, les dirigeants du VfL affichent de grandes ambitions pour cette saison. Comme l’an dernier, le premier tour est un peu poussif mais, depuis la reprise, les Wölfe sont irrésistibles avec une équipe extrêmement homogène et solide, ainsi qu’un trio offensif Misimovic-Dzeko-Grafite capable de faire exploser toutes les défenses de Bundesliga. Wolfsburg reste ainsi sur huit victoires consécutives en championnat.

La démonstration

Samedi, avant le match, Wolfsburg et le Bayern était à égalité parfaite : même nombre de points, de victoires, de buts marqués et encaissés ! Mais cette analogie a volé en éclat dans une Volkswagen-Arena comble, avec la victoire des Wölfe 5-1. Wolfsburg n’a connu qu’une seule alerte, lorsque Luca Toni a égalisé en fin de 1ère mi-temps, non sans que Diego Benaglio ne soit passé tout près d’un double arrêt miraculeux. Mais en deuxième mi-temps, la défense bout de bois des Rekordmeister, amoindrie par les absences de Van Buyten et Demichelis et la sortie sur blessure de Lucio, a volé en éclat. Notamment sous les coups de boutoir d’Edin Dzeko, étoile montante du football mondial, auteur d’un doublé. Avec un 3-1 qui est un modèle de contre : corner pour le Bayern, prise de balle de Benaglio, relance à la main, Misimovic et Dzeko traversent tout le terrain en dix secondes pour inscrire le but du break. Lui aussi auteur d’un doublé, le Brésilien Grafite prend seul la tête du classement des buteurs. La manière dont Dzeko et Grafite ont ridiculisé la défense bavaroise sur le 5-1 avait des airs de passation de pouvoir. Surtout si l’on sait que Wolfsburg est intraitable à domicile (13 matchs/37 points !) et qu’il aura l’avantage de jouer les gros matchs sur son terrain (Leverkusen, Hoffenheim, Dortmund, Brême) en fin de saison et les adversaires plus abordables à l’extérieur (Mönchengladbach, Cottbus, Stuttgart, Hannover).

Hambourg s’accroche

Wolfsburg doit toutefois partager la tête du classement avec le SV Hambourg. Les Rothosen ne font pas beaucoup de bruit, sont moins impressionnants mais sont toujours en course pour un triplé Coupe-championnat-Coupe UEFA. Qui l’eut cru en début de saison, après les départs de Rafael Van der Vaart et Huub Stevens ? Pas grand monde, pas même les supporters hambourgeois qui avaient un peu chahuté leurs dirigeants, leur reprochant de n’avoir pas fait de transfert spectaculaire avec la manne issue des ventes de Van der Vaart et de Jong. Samedi, devant une HSH Nordbank Arena pleine, le HSV a assuré l’essentiel contre Hoffenheim (1-0), malgré la sortie sur blessure de l’homme en forme du moment, le Péruvien Guerrero. Son remplaçant, l’international Piotr Trochowski, a offert l’unique but du match au Burkinabé Jonathan Pitroipa, qui inscrivait là son 1er goal en Bundesliga.

Berlin cale

Le Hertha Berlin a peut-être laissé passer sa chance de devenir champion en ne faisant pas fructifier les 4 points d’avance qu’il possédait il y a encore 2 journées. Samedi, devant un Olympiastadion comble (74’224 spectateurs) pour la deuxième fois de la saison, l’Alte Dame a perdu la tête du classement en s’inclinant logiquement 1-3 contre Dortmund. Un superbe solo de Raffael avait répondu à l’ouverture de score d’Alex Frei, bien lancé par Hajnal, mais le Borussia a fait la différence en deuxième mi-temps : avec un 1-2 qui a fait particulièrement plaisir au merveilleux public dortmundois car issu de deux figures emblématiques du club longtemps handicapées par des blessures, le Brésilien Dede au centre et le capitaine Sebastian Kehl à la reprise. Valdez a profité d’un mauvais renvoi du gardien berlinois Drobny pour inscrire le 3e but. Dortmund garde ainsi une infime chance de jouer la Coupe UEFA, ce qui suffit à enflammer le Westfalenstadion, qui affichera complet lors des deux prochains matchs du BVB à domicile. Le Hertha peut lui regarder dans son rétroviseur où il apercevra le Bayern mais aussi Stuttgart, qui revient fort. Les affaires souabes étaient pourtant mal emmanchées à Bochum lorsque Jens Lehmann s’est emmêlé les pinceaux sur un centre tir d’Epallé. Mais une dernière demi-heure de feu a permis au VfB de renverser la vapeur sur deux balles arrêtées (1-2).

Le retour des Eurofighter

Mike Büskens et Youri Mulder sont en passe de devenir les Jean-Claude Richard de Gelsenkirchen. Accompagnés de l’ancien gardien Oliver Reck, ils ont été chargés d’assurer l’intérim à la tête de Schalke 04 jusqu’à la fin de la saison après le limogeage – prévisible – de l’entraîneur Fred Rutten. Comme ils l’avaient fait l’an passé après le licenciement de Mirko Slomka. Le choc psychologique a fonctionné, puisque Schalke est allé s’imposer 2-0 à Bielefeld. Les nouveaux hommes forts des Knappen avaient choisi de titulariser – enfin – l’excellent latéral gauche Christian Pander ; ce dernier leur a donné raison en offrant le 1-0 à Jefferson Farfan. Et même Kevin Kuranyi a retrouvé le chemin des filets en fin de match, c’est dire si un vent de renouveau souffle sur Gelsenkirchen. À confirmer, pour tenter de sauver la saison en arrachant une place en UEFA.

Les derbys du week-end

Même s’il a presque assuré son maintien, le 1. FC Köln ne parvient plus à gagner à domicile : sa dernière victoire au RheinEnergieStadion remonte au 7 novembre ! Pire, les Geissböcke viennent de perdre les deux rheinische Derby à domicile contre les ennemis jurés de Mönchengladbach et, dimanche, Leverkusen (0-2). Les 50’000 supporters (guichets fermés évidemment) des Domstädter ont bu le calice jusqu’à la lie puisque le 0-2 a été inscrit sur penalty par le traître Patrick Helmes, héros de la promotion de Cologne la saison dernière mais haï depuis pour avoir commis le plus abominable crime qui soit : signer à Leverkusen, club de la banlieue industrielle de Cologne, beaucoup moins populaire mais plus riche que le FC. C’est également dans un stade plein que s’est joué l’autre derby du week-end, le Nordderby entre Brême et Hanovre. Malgré un penalty manqué par Diego et l’égalisation de Krzynowek quelques minutes plus tard, le Werder l’a emporté 4-1, grâce à trois buts dans le dernier quart d’heure et un triplé de Claudio Pizarro.

Les Kellerderbys du week-end

Il y avait deux duels contre la relégation ce week-end, les fameux derbies de la cave. L’Eintracht Francfort a fait le bonne opération en battant Cottbus 2-1 : un penalty généreux transformé en début de match pour chaque équipe et un but victorieux sur autogoal, ce match ne restera pas dans les annales. Tout comme le 0-0 entre Karlsruhe et Mönchengaldbach, qui enfonce encore un peu plus le KSC, dont le maintien apparaît de plus en plus aléatoire. En 2. Liga, le trio Freiburg, Mainz et Fürth mène le bal. Mais attention, le 1. FC Nürnberg revient très fort : après un 1er tour catastrophique qui l’avait relégué dans les profondeurs du classement, der Club n’est plus qu’à quatre points de la 2e place, synonyme de promotion directe, et à deux point de la 3e place, qualificative pour un barrage contre l’antépénultième de la Bundesliga. En revanche, Kaiserslautern et Duisburg peinent à suivre le rythme et risquent d’être bientôt écartés de la course à l’ascension.

Écrit par Julien Mouquin

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11 Commentaires

  1. Comme Grafite a ridiculisé l’espèce de défense sur le 5-1. C’t’e*culé de Beckenbauer doit avoir les poils des testicules qui ont frisé

    SUBLIME.

    Toujours un régal les textes à Mouquin. Applaus’

  2. Tu vois bien les choses mon ami Chrimani.
    J’ai été sur le site des Talentueux le soir juste avant d’écrire mon message ici. Y avait encore rien concérnant le match à Pailly. Raison pour laquelle j’ai écris mon mot sur CR.

    Je suis aussi d’avis comme toi, que chaque équipe devrait avoir un contigent sans va-et-viens avec d’autre(s) garniture(s) du club.
    A ce propos, il y a fort longtemps suite à la prémière vilaine déchirure de mes pauvres ligaments, mon physio, belge, m’avait
    expliqué comment se passe le championnat amateur en Belgique.
    Je partage volontiers, en qq mots, ce qu il m avait expliqué :
    Les premières équipes de chaque cloub sont comme chez nous dans une ligue. Rien de différent.
    Les deuxièmes garnitures sont automatiquement, quel que soit leur
    niveau, une ligue en dessous. Ils jouent également tous les weekends mais le classement est « pour beurre ». Il n’y a ni promotion ni relégation.
    « La Deux » est donc principalement la pour intégrer les jeunes, et/ou pour permettre aux bléssés de mieux renouer avec la compétition. Ceci est logiquement comme tu l’as compris afin d’eviter de renforcer sa « Deux » , ce qui influencerait le classement.

    Chez nous en Wadtland, je pense que chaque groupe de chaque petite ligue est influencé (ou faussé) par ce (notre) foutu réglement. Ca ne sert à rien de traiter un adversaire de
    bobet (Copyright) ou fils de topu (TradeMark), ni de vouloir « péter une jambe » () parceque tu affrontes un gars qui joue normalement un niveau en dessus.

    Si cela irrite à un tel point, il y a l’assemblée de ACVF. Et ceci chaque année meme.

  3. Et pendant ce temps la, j’assistais au stade des Boralles, en bordure de forêt sur les hauts de Pailly, dimanche matin à 10h et devant 42 spectateurs ( ouf, moi qui tente de battre le record des affluences de plus de 40 spectateurs ! ) dont le deuxième meilleur latéral gauche de tout les temps de la région après Ludovic Magnin, au choc de milieu de classement du groupe 3 de 5ème ligue ( la vrai, la seule, l’unique appelation d’origine contrôlée football des talus ! ) un derby du Gros-de-Vaud en plus, entre Nord Gros-de-Vaud 2 ( club né de la fusion du FC Penthéréaz-Vuarrens et du FC Pailly ) et le FC Le Talent 2 ( fusion SC Oulens-FC ST-Bart ( pas les Caraïbes ) hélemy. Un match très équilibré, d’un niveau technique en rapport avec un terrain difficile à jouer, ceux qui y ont déjà joués verront bien ce que je veux dire ( de la kro… à la buvette, je savais pas ou la placer ! ) et un petit 0-1 mi-temps 0-0 pour mes favoris du sud-ouest d’Echallens ( un petit coucou à Julien et à Ch.Logoz ) qui permet à la deux des Condemines de rester en embuscade à la troisième place dans ce groupe, à 4 points de Venoge 2 et à 2 points du FC Froideville, excellent deuxième de ce groupe passionnant…

  4. Très bonne analyse une fois de plus. Wolfsburg est en effet un club sans âme ni passé, à l’instard de Leverkusen ou de Hoffenheim. J’étais à Hambourg samedi et j’ai pu constater la haine suscitée par « Hoppenheim » en Allemagne.

    La course au titre s’annonce extrêmement indécise. Le HSV est décimé par les blessures et jouer sur trois tableaux ne va pas aider les joueurs valides à récupérer. Samedi en fin de match, ils étaient complètement épuisés.

    Alors oui, Wolfsburg fait en effet figure de favori mais il ne faut pas vendre la peau du Bayern pour autant. Selon Magath, rusé tacticien, ce sont les Bavarois qui sont toujours favoris…

  5. Je trouve que Chrimani est au football des talus (et à Pailly croyez-moi le terme talus prend tout son sens) ce que Julien est à la Bundesliga…soit un excellentissime chroniqueur !

    Je crois que la Rédac cherche justement un (des) chroniqueur(s) pour le foot régional. Tu devrais postuler mon cher Chrimani 😉

  6. Le problème mon ami Ch.Logoz, c’est que mes centres d’intêrets se limitent malheureusement à la région du Gros-de-Vaud pour des raisons affectives et sportives, et aux équipes du Vallon du Nozon vu que mon fils joue à l’école de football du mouvement juniors Arnex-Croy-Vaulion. Je me vois mal aller voir un Aigle 3 – Yvorne 2 ( quoique niveau pinard ça irait pas mal ! ) ou un Bursins 2 – Genolier- Gingins ( là bon, le la Côte, c’est tout de même pas la même chose ! ) Déjà que je peine à trouver du temps pour venir voir cette une du club de ton coeur…

  7. @Chrimani :
    Pour lancer ta carrière, je vois assez bien un petit Chile IV-Turc III ( entraîné dorénavent par Gabet ? 😉 ) sur le terrain 18 de Chavannes un dimanche matin à 8h45…mais non, je plaisante, en tout cas si tu as le temps, demain soir mercredi à Echallens, le EFC reçoit Fribourg, tu es cordialement bienvenu aux 3 Sapins.

  8. Merci barthelino pour ces précisions,
    Disons que je pensais que tu étais un supporter de Champvent, et vu qu’ils sont dans ta liste ça tombe bien puisque c’est suite au dernier match du premier tour Champvent 2 – Le Talent 1 ( du groupe 3 de 4ème ligue pour ceux qui veulent suivre ) que les talentueux s’étaient sentis floués par la présence de 4 joueurs de la une ( il y avait 18 spectateurs ce soir là par une température  » Brévinesque « , dont mescolles venu en proche voisin ). Personnellement ça m’est bien égal toutes ces histoires, j’ai souvent de part la position en 4ème ou 5ème ligue des clubs ou j’ai joué ( Oulens et Penthéréaz ) eu affaire à des 2ème équipe qui bénéficiaient de temps en temps de l’apport de joueurs de la une et même si je trouve que ce n’est pas normal ( pour moi les contingents devraient-être bloqués jusqu’à noël ), dans le cas du match pré-cité, je ne me suis mêlé de rien et n’ai fait aucune remarque au bord du terrain ou à la buvette, ou c’est la seule fois que j’ai bu du café tellement il faisait froid. Pour répondre à ta question, une petite visite sur le blog des talentueux.skyrok.com te permettra de te rendre compte que trois joueurs sont allés complèter et non pas renforcer la deux à Pailly, et je t’assure que je n’ai pas vu de différence de niveau, comparativement au match à Champvent ou les deux ligues d’écart s’étaient bien fait sentir. Salut mon ami, et au plaisir de te croiser autour d’un terrain…

  9. Chrimani,
    disons que j’apprécie suivre des matchs à Ependes, Suchy, Champvent, Donneloye, Thierrens, puis parfois Echallens (l’entrée est trop cher), Rances ou Bosna. Avant j’allais à Baulmes.

    Si tu veux savoir pourquoi je posais la question, c’est que Le Talent n’aime pas lorsque les équipes adverses mettent des joueurs de leur « I » dans le contingent de la « II ». C’est tout.

  10. A bartelinho,
    Si tu me dis quelle est ton équipe favorite ( dans la région bien sûr pas le Barça ou St-Etienne ! ), je réponds volontiers à ta question…

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