
Dimanche 11 mai 2025. Même si le rêve américain semble bien loin depuis que l’oncle Donald a décidé de foutre en l’air le peu de cohérence qui régnait dans ce bas monde, j’ai traversé l’Atlantique pour la première fois de ce millénaire et ai décidé de me plonger dans la culture ricaine. Quoi de mieux donc que de profiter de mon séjour dans la capitale Washington pour assister à un match de baseball, un des sports US les plus suivis. Finalement, il n’y a pas de quoi fouetter un chat.
Les règles du jeu
Vous vous rappelez de la balle à brûler à laquelle on jouait à l’école primaire ? Et ben c’est ça, mais en professionnel. À mon avis les Ricains vont bientôt nous inventer une ligue professionnelle et nationale de marelle.
En gros : « Une équipe comporte 9 joueurs et joue en attaque pendant une demi-manche, puis en défense pendant une autre demi-manche (ou dans l’ordre inverse évidemment pour l’autre équipe). 2 demi-manches = 1 manche, et 9 manches = un match. L’équipe qui attaque a un batteur qui doit reprendre la balle lancée par un membre de l’équipe qui défend. S’il réussit, il doit parvenir à atteindre les 3 bases pour marquer un point sans se faire brûler. »
Vous n’avez pas compris et que vous avez du temps à perdre : bons plans: comprendre le baseball. Bonne chance.
L’affiche
Les Washington Nationals sont les anciens Expos de Montréal qui ont déménagé en 2004. Ils ont gagné les World Series en 2019. Ah oui, en fait dans certains sports, lorsque vous êtes champions américain, vous êtes automatiquement « World Champion ». Ce n’est pas que vous avez battu qui que ce soit d’autre dans le monde, c’est simplement qu’ils ignorent que d’autres pays existent. Cette saison, les Nationals ne sont pas terribles, puisqu’ils ont gagné 17 matches et perdu 23 (24 après celui-ci, on ne va pas tenter de garder un quelconque suspense), dont les deux premiers de la série contre St-Louis ces deux derniers jours, 0-10 (!) et 2-4. Quand aux St-Louis Cardinals, détenteur du record des victoires de MLB (11), ils ont gagné le titre pour la dernière fois en 2011 et ont un bilan de 23 victoires et 19 défaites après ce match.
Ne vous méprenez pas, nous ne sommes pas en période de play-offs. À cause de la distance entre les villes d’Amérique du Nord, il n’est pas rare que les équipes s’affrontent 3 ou même 4 fois en autant de jours. Il y a eu 3 matches en 3 jours entre Washington et St-Louis, mais les joueurs de la capitale s’apprêtent à affronter à 4 reprises les Atlanta Braves ces 4 prochains jours. Il y aura même 7 matches entre les deux équipes du 12 au 22.05.2025.
Cela fait beaucoup, c’est sûr, mais bon il faut bien placer les 162 (!) matches de saison régulière pour chaque équipe avant les play-offs. La quantité est clairement privilégiée à la qualité pour les 30 franchises de la MLB. Prends ça Ligue nationale suisse de hockey sur glace.
Le stade
Je dois bien admettre qu’il est impressionnant. D’une capacité de plus de 41 000 places et construit en 2008, il est urbain, de style ancien et ouvert. Dès l’entrée, il en jette :
Malheureusement, malgré une météo agréable et au vu des résultats moyens de l’équipe actuelle, il n’était rempli qu’à environ un tiers. J’imagine que tous les Washingtonois étaient en train de visiter leur maman.
Pour les spectateurs ayant des problèmes d’yeux à cause de leur âge, par exemple moi, des télévisions ont été installées sur tout le pourtour afin de pouvoir vraiment suivre le match. Merci.
J’ai payé CHF 56.- pour le billet, ce qui me semble raisonnable. La réputation et les résultats de l’équipe semblent avoir une influence, vu qu’un billet pour un match des New York Mets deux semaines plus tard a coûté le double.
Le ravitaillement
Alors là franchement, plus jamais je ne me plaindrai de la Vaudoise Arena. Sans me vanter, j’ai pas mal bourlingué, mais jamais, non jamais, je n’ai dû payer 17 dollars (environ CHF 15.–) pour une bière. J’ai mangé un espèce de wrap au porc dont le papier avait fusionné avec le pain et que j’ai payé USD 13.00.
Une Budweiser à 17 dollars ? Rien ne va dans cette phrase…
Il est marrant de constater que les bières sont servies dans des cannettes et que cela ne cause problème à personne qu’on se promène avec ces potentiels projectiles dans les gradins.
Le match
6-1 pour St-Louis, il n’y a pas eu photo. On se serait cru au tennis. St-Louis a probablement bénéficié de l’élan catholique amené par la nomination du nouveau pape américain Léon XIV.
Fait de jeu du match, nous avons eu droit à un « homerun », soit un lancer de balle qui finit en dehors de la surface de jeu et qui « nettoie » les bases, ce qui veut dire que tous les joueurs qui pourraient s’y trouver marquent un point :
Washington Nationals sur X : « nathaniel did it for mom ❤️❤️❤️❤️ https://t.co/Vlhjl9Q3RA » / X
On doit cet exploit à Nathaniel Lowe, qui a inscrit ainsi le seul point de l’après-midi de son équipe et qui l’a dédicacé, d’après le compte X de son équipe, à sa maman en ce jour de fête des mères. J’imagine qu’elle aurait mieux aimé une victoire… mais c’est mignon, un peu de tendresse dans ce monde de brutes.
Les métiers les plus ingrats du baseball
L’œil aguerri de tout rédacteur de CR nous permet de détecter certains détails qui passeraient inaperçu pour toi, simple lecteur. Voici une synthèse des métiers les plus ingrats du baseball :
Dame de coin : son travail consiste à attendre assise au coin près du public, qu’une balle soit perdue près d’elle pour pouvoir la ramasser et la jeter dans le public, de préférence à un enfant et sans blesser personne, surtout si la télévision est en train de filmer. Nous ignorons quelle est la formation nécessaire à l’obtention de ce poste.
Dame de coin et heureuse de l’être, elle transpire la joie de vivre
Coach de 3ème base : en gros, son travail consiste à conseiller tout joueur qui réussirait à parvenir jusqu’à la troisième base, et qui pourrait donc potentiellement marquer un point s’il passe à la dernière. On va pas se le cacher, aujourd’hui ce n’est jamais arrivé. Le travail des deux coachs de 3ème base des deux équipes a donc consisté à attendre, debout et sous le soleil, que la routourne tourne.
Policier de garde sur le terrain : à chaque pause dans le jeu, ce policier se postait aux abords du terrain et regardait le public de son air décidé. Il faut savoir qu’à cet endroit-ci, un grillage de plusieurs mètres empêchait les potentiels candidats d’atteindre le terrain et donc de finir comme le SDF dont nous parlerons ci-dessous. C’est encore plus beau quand c’est inutile.
Le conducteur de la voiture-casquette électrique : une bonne dizaine de fois, on a vu ce véhicule faire le tour du terrain à fond la caisse, alors qu’il n’est pas couvert de publicité. On avoue, on n’a pas compris pourquoi.
L’intrus
Un SDF a refusé vigoureusement de quitter l’enceinte. Il aurait pas dû. Quatre « cops » l’ont maîtrisé et expulsé du stade. On n’était pas loin d’une « Rodney King ».
Police partout, justice nulle part
Et sinon dans les tribunes ?
Le baseball c’est calme, très calme. On regarde d’un œil et on attend qu’un truc arrive, ce qui enflamme la foule durant au moins 10 secondes. J’ai eu parfois l’impression que les spectateurs étaient là pour manger et boire des choses pas bonnes et très chères, tapoter sur leur Natel ou réussir à attraper une balle perdue. Le manque de rythme de ce sport y est vraisemblablement pour beaucoup.
Les bizarreries
À un moment, deux mascottes représentant les deux anciens présidents Théodore Roosevelt et Abraham Lincoln sont apparues pour effectuer une petite danse. J’ai pas compris et j’ai ressenti un certain malaise… À quand la mascotte Donald ?
En parlant de mascotte, celle des Washington représente un aigle, à l’instar du HC Genève-Servette. On peut pourtant se demander pourquoi les dirigeants du club de la capitale américaine ont décidé de lui donner l’air d’un trisomique.
Je ne lui confierais pas mes enfants…
Il s’agit probablement là encore d’un signe de la culture « woke » qui régnait dans ce pays avant le retour aux affaires de Donald Trump qui va sauver l’Amérique et lui rendre sa grandeur.
Le constat
Avec le nombre de matches de baseball, de basket, de hockey, de football américain, de hornuss et depuis peu de soccer, vous vous imaginez le job des reporters de « Sport dimanche », qui s’appelait encore à mon époque « Fan de sport » ? L’époque est à la multiplication du nombre de matches, à l’instar de la Coupe du Monde de football à 48 équipes, ce qui induit indubitablement une baisse de la qualité et de l’intérêt. La prochaine fois qu’un collègue se plaint du nombre de parties de saison régulière en hockey suisse, soit 52, rappelez-lui qu’en ligue majeur américaine de baseball, c’est 162.
Le baseball c’est cool, mais franchement, ça manque vraiment d’action. Physiquement, on est plus proche des échecs ou du Mikado que du rugby. Si un jour comme moi vous avez réussi à passer l’immigration US sans vous faire expulser, profitez pour aller voir un match et vous faire votre propre opinion.
Crédits photographiques :
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