Tcheu c’te panthère !

En Suisse romande, on est fan du Canadien de Montréal, par principe. Comme on est dingue de Liverpool, du Barça ou des vétérans du FC Rostov (pour Robin Carrel, Tim Guillemin ou Olivier Di Lello). Ou alors des Nashville Predators de Roman Josi. A la rigueur, on a une certaine sympathie pour les New Jersey Devils de Nico Hischier, les San Jose Sharks de Timo Meier, le Minnesota Wild de Kevin Fiala ou les Carolina Hurricanes de Nino Niederreiter (on n’ira pas jusqu’à prétendre qu’on en a quoi que ce soit à foutre de Jonas Siegenthaler, Dean Kukan, Sven Bärtschi, Yannick Weber, Luca Sbisa et Gilles Senn, honnêtement on les avait oubliés ceux-là). Certains ont même récemment rejoint les fair weather fans du continent nord-américain (et la NBC) et prêté allégeance aux Chicago Blackhawks de Pius Suter, Philipp Kurashev et Dominik Kubalik. En tout dernier recours, le supporter welsch peut encore décider de se rabattre sur les Edmonton Oilers de Gaëtan Haas (et de deux peintres en bâtiment nommés Connor McDavid et Leon Draisaitl). A Carton-Rouge, comme on aime le hockey vrai, feu la Valascia et les défaites cuisantes, on préfère vous parler de deux équipes dont tout le monde se lustre l’asperge avec un pinceau à jaune d’œuf en Europe et dont les 28 ans d’histoire n’ont d’égal que la pauvreté de leur palmarès.

Préambule

Pour ceux qui suivent un peu, on vous avait déjà parlé des drama queens de Victory Avenue, alias les Dallas Stars à six reprises (et certains à la rédac’ se demandent encore pourquoi on a de moins en moins de lecteurs…) la saison dernière, du Winter Classic à la finale de la Coupe Stanley en passant par un septième match épique et quelques montagnes russes. En ce qui concerne les Panthères de l’Etat en forme de manche de poêle à frire, c’est en revanche une première.

Le match en deux mots

Must-win.

C’est le lot d’à peu près chaque rencontre des Texans depuis leurs 10 défaites en 16 parties initiales. Depuis, les hommes de Rick Bowness ont continué sur un rythme de sénateur (même s’ils ne sont quand même pas aussi mauvais qu’Ottawa) avec environ deux tiers de déconvenues. Mais comme en NHL la victoire ne vaut que 2 points (dans le temps réglementaire ou non) et les défaites après 60 minutes sont comptées séparément, dans une troisième colonne, on peut faire illusion avec une impossibilité chronique à creuser un écart conséquent et un ratio de 50% de victoires (14-14-10) du côté de l’American Airlines Center. Voilà qui est bien pratique.

Le classement avant le match de samedi soir n’a pas de prix. Pour tout le reste, il y a Discover, son sponsor-titre.

Pratique, tout comme les matches que les Stars ont à rattraper (entre 1 et 4) sur les autres équipes de la Central Division depuis que 17 joueurs ont été testés positifs au Covid lors du camp d’entraînement de janvier et qu’une tempête de neige s’est abattue sur le Lone Star State un mois plus tard. Si le supporter lambda qui ne s’est pas encore crevé les yeux au couteau de sommelier les ferme sur le fait que ces fameux games in hand résulteront en plus de 60% de défaites, il y a en effet de quoi entretenir une flamme aussi vacillante que la monarchie britannique.

Les trois étoiles du match

⭐️ Jason Robertson. Le candidat au Calder Trophy du rookie de l’année s’est fait l’auteur d’un doublé. Dommage que le deuxième goal (4-1, 42ème) soit aussi moche quand même.

⭐️ ⭐️ Anton Khudobin. Un faux positif au Covid assorti d’un isolement samedi dernier, 3 victoires consécutives, 79 arrêts sur 82 tirs. Une semaine normale dans la vie de Dobby, l’elfe qui garde la maison texane.

⭐️ ⭐️ ⭐️ Joel L’Esperance. Quand il marque cette saison, son équipe g… ah non, son équipe égalise et perd en prolongation. Bon, ce n’est arrivé qu’une fois avant samedi, mais à CR on a suffisamment de mauvaise foi pour en faire une statistique en béton armé. « L’espérance fait vivre », comme disait Paul Valéry, grand fan de hockey sur glace devant l’Eternel.

La buse du match

Radko « Cadonau » Gudas. On ne va pas en faire tout un fromage, mais le défenseur tchèque est apparemment connu pour sa science de l’esquive en ce qui concerne les sanctions, malgré une réputation d’enforcer. Coupable sur le deuxième but adverse, celui qui pourrait aisément jouer le rôle de l’un des personnages principaux consanguins de la série Making a Murderer était sur le banc d’infamie depuis 22 secondes quand Jamie Benn (3-0, 10ème) scellait le sort des résidents de l’Etat responsable de l’élection de George W. Bush en power play.

Notre joyeux luron à l’époque où il portait les couleurs du Syracuse Crunch, un nom qui rappelle étrangement le bruit de la boîte crânienne adverse qui heurte la bande.

Le tournant du match

Les deux premières minutes. Deux tirs, deux goals, 2-0 Dallas. Presque aussi efficace qu’une triplette Tiger Woods – Ashley Cole – John Terry dans une chambre à coucher adverse.

Le slapshot en pleine lucarne du match

Le vieux rotoillon en cloche du match

La décision de la franchise du Sunshine State de se séparer de cet homme le 19 février 2020.

via GIPHY

Les répercussions se sont clairement fait sentir samedi soir au niveau offensif.

Le chiffre à la con

25. Comme le nombre de cases de notre bingo spécial Dallas Stars. Un moyen comme un autre de relativiser le fait que l’infirmerie locale ressemble à la place du village de Moutier après un vote de sécession (sans les scènes de liesse).

5/25, à peu près le taux de réussite aux tirs du Bayern face au PSG.

Les anecdotes

1) Le club affilié aux Florida Panthers en ECHL (East Coast Hockey League, troisième échelon au niveau national) s’appelle les Greenville Swamp Rabbits et joue à la Bon Secours Wellness Arena. Voilà, c’est tout. Enfin non, leurs prédécesseurs, qu’on imagine remplis d’emphase, s’appelaient les Greenville Grrrowl. Ils ont bien fait de changer de nom, c’est vrai que le premier était un peu nul.

La ECHL, c’est du sérieux.

2) Les Florida Panthers sont basés à Sunrise, ville de 84’000 âmes dans la banlieue nord de Miami créée de toutes pièces par un promoteur immobilier en 1960. Son nom et sa localisation ont ensuite causé quelques problèmes, comme nous le confirme Wikipédia, mère de toutes les sources fiables:

Alors que le soleil se couche sur la crédibilité de ce patelin, difficile de choisir ce qui nous fait le plus rire. 

Et sinon dans les tribunes ?

Depuis que Greg Abbott, gouverneur de son état (et accessoirement de l’Etat du Texas), a levé toutes les mesures sanitaires en vigueur, on est de retour au Far West: my house, my rules sur tout le territoire. Eh bien figurez-vous qu’à l’American Airlines Center on est un peu moins obtus que 30 kilomètres plus loin, au Globe Life Field, antre de l’équipe de baseball des Texas Rangers. Du coup, les tribunes, ça ressemblait plutôt à ça:

Et non pas à ça:

Dire que ce cluster géant a été organisé pour assister à une sorte de balle brûlée des plus absconses qui ferait passer le Bo-Taoshi et le Hobby-Horsing pour des activités sociales tout à fait rationnelles…

La minute Samuel Beckett

Stan Wawrinka en a fait un tatouage, Massimo Lorenzi est apparemment en charge de son adaptation twittographique (il est vrai fort libre), déjà disponible sur tous les écrans de Romandie: 

Nul doute que les protagonistes des débats hockeyistiques de samedi soir ont pris bonne note de cette sentence aussi doctorale que péremptoire. Surtout les Stars et leur ratio d’un goal pour cinq tirs cadrés sur l’ensemble de la partie.

La rétrospective du prochain match

Sortie de route interdite à la Bridgestone Arena de Nashville dans la nuit de dimanche à lundi suivie d’un autre duel face aux Florida Panthers à Dallas dans la nuit de mardi à mercredi. Mêmes équipes, même endroit, à peine plus de 72 heures d’écart. On se demande s’il était VRAIMENT impossible d’inverser les deux affiches pour ainsi éviter un aller-retour de 2236 km entre les deux parties d’un double affrontement.

 

Crédits photographiques :

Radko Gudas : Dolovis/CC0/Wikimedia Commons: https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Dolovis

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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