The Good, the Bad and the Hügli

En ce début de mois d’octobre, trois semaines après la rentrée des glaces, il est déjà plus que temps de s’enfla… de faire un premier bilan de la saison du LHC et de son nouveau maillot dont le concept est d’une originalité à briser le sol, voire même à fracasser la terre (comme on dit au Québec). Un chandail rutilant qui a en tout cas pris le concept littéral de “new jersey” très au sérieux. Vous dites ? 9 matches, c’est trop faible comme échantillon ? Vous vous croyez peut-être sur un site sérieux dont les rédacteurs ont élevé l’objectivité au rang d’art de vivre ? Si c’est le cas, fuyez, pauvres fous.

« Qui peut me donner la différence entre le LHC 2023/24 et nos primes d’assurance maladie ? Oui, Kevin ? »

« Une des deux hausses est moins prévisible et probablement plus éphémère que l’autre… »

« Très bien ! Et si elle peut contribuer à faire baisser les coûts de la santé mentale sur l’arc lémanique, ce sera tout bonus. »

Allez, c’est l’heure de la distribution des bons et mauvais points vaudois de ce début d’année scolaire en mode conseil de glace. Suivez-nous et arrêtez de chahuter au fond.

Au vu des antécédents en la matière, c’est peu dire qu’on attend le troisième jeu de maillots vaudois avec impatience !

Les premiers de glace

Le duo Connor Hughes (surtout) – Ivars Punnenovs (quoique), très à son affaire en cette rentrée des classes. Cahiers fourrés sans délai et stylos au garde-à-vous dans un plumier flambant neuf. Et ce malgré une fissure comparable à celle du plafond du tunnel du Gothard dans leur arrière-garde d’entrée de jeu. On en veut pour preuve le repli défensif (sic) qui a conduit au but fribourgeois vainqueur en prolongations le 13 septembre dernier et qui aurait rendu fier n’importe quel héliciculteur du Pays de Vaud. On rappellera aussi au passage que Punnenovs était probablement le seul élément du contingent qui n’était pas à jeter de toute urgence la saison dernière. Voilà qui tombe bien puisque le Letton est un alliage qui n’est ni recyclable ni incinérable.

Le prix de la meilleure progression (par le truchement de la bande)

Celle de Miika Salomäki. On savait qu’il ne trichait pas et qu’il manquait sacrément de talent pour briguer le poste de fer de lance (à ne pas confondre avec celui de Letton de lance mentionné plus haut) importé qui lui avait été imposé la saison dernière par la force des choses. Il ne triche toujours pas et il semble libéré par le fait d’enfin pouvoir évoluer en tant qu’étranger numéro 6 dans la hiérarchie – qui ne doit d’ailleurs probablement sa présence dans l’alignement qu’à l’absence de Raffl – derrière Pilut, Suomela, Djoos, Sekáč et Kovacs. Franchement, on ne se souvient même plus du nom des prédécesseurs des trois premiers nommés la saison dernière… Comme quoi, même si contrairement à Berne on n’a pas gagné au Luoto, on peut avoir un nom de sushi et ne plus en causer à son équipe.

Evidemment il suffisait qu’on écrive ça pour que notre California Roll favori se blesse et soit indisponible pour les trois derniers matches disputés par la phalange intercommunale.

Ne pas se mettre Miika à dos. Il est (littéralement) en feu.

Le maître décolle

Lawrence Pilut. Ça plane pour lui en ce moment. On nous avait averti que c’était un gros poisson, Pilut, mais on est quand même impressionné. Pilut de ligne défensive au LHC, anciennement Pilut de Traktor en KHL (quand on n’intéresse pas les Flyers ou les Red Wings, on se contente de ce qu’on a), Pilut de chasse au titre dans un futur proche ? Pourquoi pas. Aligné sur l’aile en cas de besoin ? Qui sait ? Bref, il a un projet, Pilut.

Au même moment, un peu plus au nord…

Le délégué de glace

Ou alors le prix de dissertation. Il ne fait pas (encore) partie de l’organisation, mais comme le chef de presse change en moyenne deux fois par saison du côté du Chemin du Viaduc, ça ne saurait tarder. On veut parler ici de David Pietronigro, coutumier des formulations pour le moins scabreuses dans le dialecte bernois de la langue de Molière. Le commentateur prévôtois de la chaîne québécoise MySports-c’est-le-hockey mériterait le job au sein de la cellule communication du LHC rien que pour cette sortie du 15 septembre dernier lors de Berne-Lausanne, au moment de la réduction du score de Makai Holdener: « ‘Enfin’, peut-on écrire en majuscules dans nos propos verbaux ! » Et franchement, quelle plus belle preuve d’une solidité mentale suffisante pour un séjour prolongé dans le chantier à ciel ouvert qu’est devenu l’Ouest lausannois qu’être né à Moutier ?

Gros plan sur l’un des multiples chantiers qui s’étendent de Longemalle jusqu’au 14-Avril (la date de fin des travaux semble plus proche depuis le dernier derby du Léman).

Le délégué de glace suppléant

Damien Riat. Ah, les interviews d’avant, pendant et après-match avec des sportifs, cet exercice ô combien vain, voire carrément saugrenu. La preuve avec le retour de blessure du numéro 9 lausannois lors de la troisième rencontre de la saison face au faiblissime Langnau, tombeur le soir d’avant d’un Genève-Servette pas beaucoup plus vif en ce début de saison, débriefé par Blick. Morceaux choisis: « On n’est qu’en début de saison. » / « Je me donne à fond à chaque match. » / « Je fais juste mon job et je me concentre sur ça pour aider l’équipe au maximum. » / « On a à coeur de se racheter cette saison. »

Comme la grille de bingo du parfait petit interviewé sans contenu sémantique sponsorisée par Frédéric Michalak n’était pas encore entièrement remplie, son coach Geoff Ward est heureusement venu à sa rescousse: « C’est un joueur important de notre effectif, qui peut jouer des deux côtés de la patinoire. » Rappelons tout de même encore qu’il faut jouer simple, pendant 60 minutes (à marteler un soir de défaite), qu’il faut être prêt (surtout à la sortie du car à Davos ou à Lugano), que ce n’est jamais facile de jouer à l’Ilfis (d’où la fameuse sortie de Jules César: « Toi aussi, mon Ilfis »*) et qu’on prend match après match. Ah, et tous les points pris ne sont plus à prendre bien sûr. Surtout si le groupe vit bien. Jusqu’au match 3 d’une série de playoffs qui est, comme chacun sait, décisif. Tout comme le match 5. Et le match 7. Qui se jouent naturellement sur des petits détails.

*Selon certains historiens révisionnistes, César aurait plutôt dit « Toi aussi, mon Emmental Versicherung Arena ».

Le fort en maths

Antti Suomela. Il tire tellement souvent que sur le nombre il y en a forcément quelques-uns qui vont rentrer. À propos de chiffres, on ne se souvient déjà plus de son numéro de maillot tant la nouvelle gâchette vaudoise nous a déjà habituée à sa tunique de top scorer. 11 points dont 4 buts en 9 matches, c’est ce qu’on attendait du meilleur pointeur du championnat de Suède de l’an dernier, ni plus ni moins. C’est bien simple: quand Suomela, peu importe que Jiří Sekáč. De là à affirmer qu’on est pro-Antti, ne nous faites pas dire ce qu’on n’a pas (encore) dit.

Le dispensé du cours de sport

Michael « Jérémy Gailland » Raffl. En tant que fan inconditionnel des Dallas Stars, même le soussigné commence tout doucement à tristement admettre qu’on ne verra jamais l’Autrichien évoluer à Malley autrement que sur une civière. Celui qui n’avait manqué que 6 matches de saison régulière et avait participé à l’entier des 7 rencontres de playoffs de son club texan en 2021/2022 n’a joué que 25 parties officielles avec le LHC sur 61 possibles. L’ailier de 34 ans et presque autant de fractures en deux ans est actuellement en convalescence longue durée après une opération au genou. De la à se demander si notre pré-retraité joue la (les) saison(s) de trop ou est aussi sérieux que Sekáč dans sa préparation foncière estivale, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas. Même en béquilles.

Toujours est-il que son employeur, toujours soucieux de faire les gros titres pour des raisons absurdes, a réussi à le nommer co-capitaine pour cette saison 2023/24 que le porteur de la tunique numéro 12 – qui aurait clairement dû être retirée après le départ de Tim Traber – débutera en… janvier (si tout va bien).

Bon, mais donner le capitanat à un gars qui débarque, ça n’arrive jamais à la Vaudoise aréna. Et quand ça arrive c’est la faute à Svoboda.

Murat Yakin peut en prendre de la graine: à Lausanne on a doublé tous les postes.

P.S. On se moque parce que c’est notre boulot hobby non rémunéré, mais sachez que cette Raffl de balles perdues arrache un torrent de larmes de sang au Texan d’adoption signataire de ce torchon qui avait à cœur de fermer le caquet du monde entier au sujet de la valeur des joueurs passés par la meilleure franchise du superamas de la Vierge, voire même de Laniakea dans son entier. Ça attendra les playoffs (ou pas). Et au pire on se rabattra sur Julius Honka, qui, en trois saisons, a quand même fait trembler les filets de NHL autant de fois que Michael Hügli ceux de NL cette année.

Allégorie du stress post-traumatique avec thousand-yard stare à l’appui. 

P.S. On risque bien de devoir commettre un passage similaire au sujet d’Andrea Glauser assez rapidement. Rassurez-vous, nos relations avec la municipalité de Fraubrunnen ne sont pas assez puissantes pour le rendre aussi déchirant que ce que vous venez de lire.

Le redoublant encore mis en échec 

Ronalds Kenins, auteur de 5 points en 46 sorties pour le LHC et envoyé à Sierre pour deux matches la saison passée. On n’a même pas laissé le temps au médaillé de bronze (un comble pour un Letton) du dernier Mondial d’atteindre des totaux aussi stratosphériques avant de l’envoyer à Martigny pour trois rencontres cette année. C’est la femme de Punnenovs (lui aussi bronzé cet été, mais ne lui en parlez surtout pas) et ses bons petits plats qui ont dû se sentir orphelins.

Le casque d’âne

Il revient au joueur de Hockey Manager qui avait bêtement misé sur le champion en titre Genève plutôt que sur un Lausanne qu’on annonçait convalescent (pour rester poli) cette saison et qui se fait poutrer chaque week-end au tableau des scores. En même temps comment voulez-vous construire une équipe de fantasy hockey qui tient debout quand vous lisez dans les colonnes de Blick (et donc pas dans le Gorafi) au sortir d’une victoire à Kloten que « la triplette Holdener-Almond-Hügli a été la plus remuante offensivement » et que « ce n’est pas un hasard si deux des trois buts sont venus de ces joueurs » ? Notre ami Hügli mentionné en titre a d’ailleurs déjà doublé son nombre de réussite (oui, 1) par rapport à la saison dernière.

Quel moment.

Le chouchou du coach consultant

Théo Rochette. À l’image du Colonel McStraggle et son rejeton Grover dans Le 20ème de Cavalerie, on se réjouissait beaucoup d’entendre son papa Stéphane l’enguirlander en live sur MesSports.ca avant de lui faire éplucher les patates pour être sûr qu’on ne l’accuse pas de favoritisme. Prilly n’étant pas Fort Cheyenne, on a été déçu. En effet, l’éminence (zone) grise de la chaîne payante de Rossens ne s’est permis qu’un « Je le connais comme si je l’avais fait » en début de reportage lors du Fribourg-Lausanne inaugural avant d’observer un silence radio total au sujet de son fiston jusqu’à la partie suivante, théâtre du premier but professionnel de Théo. Il y avait probablement bien trop à analyser ce soir-là au sujet du box play vaudois et sa tactique des plus risquées. Comme le disait si bien Régis Cerf en ce 13 septembre, « c’est pas dangereux de renverser un T ? » Mais revenons à la première réussite du numéro 90 lausannois, qui tient apparemment ses talents de buteur de sa mère alors que ses passes viennent plutôt du paternel. On nous avait promis qu’on en aurait pour notre argent – et l’abo mensuel coûte un paquet de pognon, croyez-nous – en termes d’analyse fine (comme les épluchures), on ne nous avait pas menti.

« Sergent ! Vous punirez cet homme ! »

Le doyen de (haute) volée

Joël Genazzi. Purée ça nous fait plaisir de le voir enfin (co-)capitaine ! Sa pointe de vitesse ressemble de plus en plus à celle d’un astreint de la protection civile en pause (excusez ce pléonasme), mais son tir n’a rien perdu de son mordant, tout comme ses performances à l’interview d’après-match (comme quoi ce genre de rareté existe). Après le tronçonnage du Sycamore Gap Tree dans le Northumberland la semaine dernière, on ne pouvait quand même pas se permettre de perdre un autre quasi-bicentenaire. Même s’il a longtemps été l’arbre qui cache la forêt en termes d’état d’esprit dans le vestiaire.

Le cours fac’ de musique

Notre compère Pierre Diserens s’est fait traiter ni plus ni moins de vieillard sénile en réponse à son regard amusé sur le nouveau light show d’avant match et notamment son thème musical (on vous remet le lien au cas où vous n’auriez pas cliqué en lisant le chapeau). On admet volontiers que tout cela – rideaux grotesques mis à part – est vraiment du plus bel effet. Mais on ne nous enlèvera pas de l’idée qu’après le timide « Cold-Blooded » de Zayde Wolf qui berçait les travées de Malley jusqu’à l’année dernière, Imagine Dragons et leur « Warriors » cher à la Génération Z manque toujours singulièrement de rythme pour une entrée sur la glace censée porter notre tachycardie à son comble. Au risque de confirmer notre anachronisme plus qu’avancé, on ajoutera même que League of Legends nous était absolument inconnu jusqu’à la semaine dernière. Bref, tant que le rappel des retardataires retenus aux buvettes reste battu au son de « The Kids Aren’t All Right » en début de deuxième et troisième tiers, tout va bien.

Pour le reste, on attendra qu’un groupe de metal local compose une musique de but spécialement pour le club.

L’élève TDAH au bénéfice de mesures particulières

Le fameux 7ème homme. Bien dispersé en ce début de saison (la faute probablement à la concurrence directe de la Laver Cup, du Tour du Luxembourg et de la Fête des Vendanges de Lutry), le supporter lausannois lambda assis a bien du mal à se rendre au stade pour l’instant. Même pour voir les Harlem Globetrotters mettre une énième branlée aux Washington Generals. Au vu des prix pratiqués à la Vaudoise aréna et des traumatismes divers et variés subis au cours des 101 dernières années (et on ne parle pas ici uniquement de la bière frelatée), difficile de les blâmer.

Le Virage Ouest, lui, ne perd pas le nord.

Le premier test manqué

La performance digne d’un quart de finale retour de Champions League du PSG à la Gottardo Arena mardi dernier. En effet, en moins de temps qu’il n’en faut à Philippe Nantermod pour dire « budget », les hommes de Geoff Ward se sont fait remonter de 1-4 à 5-4. La session de rattrapage avait lieu deux jours plus tard à domicile face à une cylindrée d’une taille suffisante pour attirer des activistes climatiques à la Vaudoise aréna. Un derby Hughes-Grant dont la fin ne plaira pas aux romantiques.

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Le fan transi du LHC au rayon maillots du shop de la Vaudoise aréna (non, c’est pas Hugh Grant, mais il est dans le film, jouez le jeu).

Les questions à développer en devoir pour la prochaine séance (et lâchement basées sur les deux derniers tiers du match à Ambrì)

Suomela et Cie semblent capables de fulgurances flamboyantes, mais sauront-ils mettre leur rouge et blanc de chauffe et tremper les gants dans le cambouis quand il le faudra ? Le Lausanne Hockey Club ne manque plus de talent cette saison, mais manque-t-il encore un peu de cœur ? Brad Gilbert devra-t-il faire rééditer son célèbre best seller Winning Hügli au profit du vestiaire prilléran avant le début des play-in ? Vous êtes plutôt Djoos ou Jäger à l’apéro ?

Le premier guichets fermés de la saison aura donc lieu le 15 octobre (à 61,10.- la place debout).

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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