Voir Ambrì et mourir

De froid

Vous en avez marre de l’atmosphère aseptisée de la Vaudoise aréna ? Votre smartphone n’a plus de batterie à la fin du premier tiers avant même d’avoir franchi la barre mythique des 30 stories Instagram en 20 minutes ? Malgré le fait que vous assistez habituellement aux rencontres en marcel, vous finissez quand même chacune d’entre elles en nage sans avoir levé le petit doigt pour encourager votre équipe ? Votre budget est perpétuellement plombé par votre addiction au tartare ? Après le Dry January et février sans supermarché, Carton-Rouge vous propose de passer une soirée (l’équivalent d’un mois dans le monde civilisé) à la Valascia en guise de cure de désintoxication à base de #HockeyVrai. Voici donc 5 raisons pour lesquelles la rédac’ a décidé de vous prescrire ce remède on ne peut plus naturel, expérience faite lors de la victoire du LHC dans le fief des Biancoblu samedi dernier.

1. Pas d’Extinction Rebellion et autre désobéissance civile en Léventine

Y a plus de saisons, ma bonne dame ! Eh bien si. Il vous suffit d’avaler les 15 bornes qui séparent Göschenen d’Airolo pour vous retrouver en hiver, le vrai, le blanc, le glaçant. On sort du Gothard avec l’impression tenace d’avoir enfin remis la main sur notre machine à remonter le temps dont l’aiguille s’est figée sur une période précédant la révolution industrielle et ses émissions de gaz à effet de serre.

C’est quoi ce truc vaguement blanchâtre sur les cimes?

La confirmation est tombée : c’est bien de la neige.

2. La pizzeria La Montanara

Lieu de pèlerinage obligatoire après les 250 km parcourus entre Lausanne et Ambrì. Un troquet hors du temps où sommités locales, supporters adverses et calendriers topless des joueurs du club se mélangent dans la bonne humeur. Payer par carte de crédit ? On ne mange pas de ce pain-là ici, il faudra rallier Piotta et l’unique bancomat de la municipalité de Quinto pour gagner le droit de se ravitailler. Se remplir l’estomac reprend tout à coup sa signification primaire de besoin réellement vital dans ce coin oublié du pays, vous allez vite comprendre pourquoi.

Superbe photo des alentours de nuit sur la page Facebook du bistrot.

3. LA CRAMINE

Vous vous ennuyez souvent lors des prestations de vos Lions préférés à Malley ? On va pas se mentir, vous allez vous faire tout autant chier à l’extérieur. Mais l’antique Valascia a l’énorme avantage de sa température qui, en plus de vous faire perdre le contrôle de chacun de vos membres à petit feu (un comble), maintiendra votre postérieur collé à son siège et vous forcera à vous concentrer sur le spectacle (tout relatif) se déroulant sous vos yeux engourdis. S’endormir c’est mourir.

Température ressentie : moins sept cent douze.

Les ultras de la Curva Sud l’ont bien compris, eux qui réagissent bruyamment au moindre pet de mouche et chantent plus pour survivre que pour aider leur équipe à arracher une improbable victoire. D’ailleurs, l’alcoolisme a été éradiqué en même temps que les parasols et les maillots de bain dans les villages d’Atlanca, Ambrì, Catto, Deggio, Lurengo, Piora, Piotta, Ronco, Scruengo et Varenzo et leurs 1026 habitants. Même avec des moufles, impossible de s’enfiler une bière glacée à la pause. Ce sera du thé brûlant avec une pincée de résilience. Juste le temps de dégeler le sucre sur le radiateur de la salle de presse et on y retourne. Même les joueurs, le très jeune et vigoureux Rocco Pezzullo en tête, semblent rigidifiés par le froid ambiant, c’est vous dire. On se surprend même à pouvoir se fier à notre odorat (le seul de nos 5 sens qui est encore actif à la mi-match) pour repérer une vague odeur de Pyralvex, probablement utilisé comme antigel par certains spectateurs.

Au LHC, on se réchauffe comme on peut après une prolongation de 18 secondes (de trop).

Allez, un petit bonus pour la (longue) route : le nom de Vadim Pereskokov, la nouvelle recrue russe de Jan Alston, est vachement plus facile à prononcer en claquant des dents. Bref, on était pas prêt. Et pourtant on avait fait le déplacement d’Yverdon en septembre.

Les deux meilleurs amis de celui qui veut finir la soirée avec plus de doigts que Mike Horn.

4. Les infrastructures

Alexandre Grenier a dû se sentir comme chez lui dans le vétuste galetas qui sert de stade au HC Ambrì-Piotta. On sent d’ailleurs une certaine influence médiévale dans le fait qu’il semble impossible pour un supporter mesurant plus d’1m80 de pénétrer dans l’enceinte.

L’échelle menant à Grenier et ses coéquipiers. Attention la tête!

En ce qui concerne la technologie à disposition, on vous disait plus haut qu’on risquait le décès immédiat en cas d’assoupissement. Figurez-vous que cligner des yeux peut également être rédhibitoire. L’ersatz de Vidéotron local étant trop embué (à moins que ce ne soit cette rangée de stalactites qui nous dérange) pour y discerner quoi que ce soit, on a meilleur temps d’avoir tout compris en direct. Il reste toutefois le plan B représenté par une vieille TV Saba (un modèle de 1987 à vue de nez) posée négligemment sous une poutre de la tribune de presse pour se faire une meilleure idée des forces en présence.

Le Vidéotron de la Valascia, sponsorisé par les opticiens de la région.

5. Une pompe aortique démesurée

Après une Saint-Valentin ratée du côté du Chemin du Viaduc, séance de rattrapage le lendemain au Tessin. Comme d’habitude, la machine à gagner les engagements Jiří Novotný et ses collègues s’arrachent sur chaque puck comme si la température ambiante permettait une activité physique humaine normale. On leur tirerait notre chapeau si on n’avait pas si peur de perdre une oreille en enlevant notre bonnet en triple laine renforcée.

L’amour vrai en Léventine. On n’ira pas jusqu’à dire que les Vaudois ont eu chaud en évitant la défaite, mais le cœur y est.

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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