Collet 1 – Develey 0

Il est des jours comme ça où on se lève un peu aigri, avec la ferme envie de râler, même sans raison particulière. Autant dire que ce matin, en lisant la vitamine orange online (parce qu’on ne va quand même pas l’acheter), l’article «Le LS en direct en Russie !» s’est d’emblée profilé comme l’hérésie du jour. Rien que le point d’exclamation dans le titre en dit long sur l’esprit et le parti pris de ce triste papier.

Ainsi donc Jean-François Collet, président du Lausanne-Sport, a refusé de déplacer le match de jeudi à 18 heures pour arranger une chaîne de télévision qui s’avère être aussi événementielle que le public de la Pontaise. Pire encore, ce grand méchant businessman obnubilé par le fric accepte de retarder le coup d’envoi et a «vendu» les images de la TSR à une chaîne russe. Monsieur Develey trouve la démarche «un peu inélégante». Nous la trouvons en tout cas plus élégante que de se farcir Pierre-Alain Dupuis qui n’aurait sans doute réalisé qu’à la 8ème minute que c’est Lausanne qui évolue en bleu avant de nous informer à la 35ème que Katz passe à côté de son match car on ne l’a pas encore vu. Plus élégante aussi que les «ouééééééééé» et autres «intéééressant» dont Yannick Paratte a le secret. Connaissant la maison, dans un instant d’égarement qui les caractérise, ils auraient même été capables d’appeler le club de Getafe pour inviter Celestini comme consultant sur le plateau afin d’avoir les impressions d’un ancien Lausannois sur cette nouvelle aventure européenne… C’eût été élégant, tout comme faire passer, via médias interposés, les dirigeants du seul club romand encore en lice en Coupe d’Europe pour des requins avides de pognon.

Au lit, les gosses !

Selon Jean-François Develey, le LS a fait une grave erreur en refusant de déplacer le match plus tôt à cause… des enfants ! «Cela aurait permis aux parents d’aller assister au match avec leurs enfants», ose affirmer le docteur es théories. Mais oui, les 12’500 enfants qui auraient envahi le stade en fin d’après-midi ne seront plus que 350 en début de soirée. C’est bien connu : en pleines vacances scolaires, le couvre-feu est à 20h en Suisse romande ! Avancer le match à 18h, ça aurait été la garantie de se priver d’une grande partie du public, bloqué au travail ou qui aurait tout simplement préférer le confort de son canapé aux sièges vétustes de la Pontaise, tel le bon Suisse romand moyen.

Le pognon, revenons-y : à lire les commentaires on se croirait à Woodstock lorsque le mélange de LSD et de THC stimulait l’éloquence de ces humanistes décidés à créer un monde meilleur ; les salauds ont vendu le match à YB et maintenant ils vendent les images de la TSR (pour autant qu’il n’y ait pas un de leurs habituels problèmes techniques) aux Russes. Certes Collet est un homme d’affaires qui ne laisse que peu de place aux sentiments, mais honnêtement, les excellents transferts de cette saison, vous pensez qu’ils ont été financés comment ? Avec les 3 schubligs vendus par match ?
Rappelez-vous juste que lorsqu’il a repris le club, ce dernier était au bord du gouffre. On est encore loin de la structure d’un club de Super League, mais depuis que Collet est arrivé avec ses feuilles Excel, le club ne survit plus, il revit gentiment. Il a réussi à se faire de l’argent sur le dos de la TSR ? Et bien chapeau bas, on préfère que le fruit de nos redevances Billag finisse dans les caisses d’un club sportif plutôt que dans l’apéro d’anniversaire de PAD. Il s’est fait du blé sur le dos de YB ? Et bien bravo encore. On se lamente toujours que les Suisses allemands nous prennent pour des ânes. Là c’est un Vaudois pur souche qui s’est rempli les poches chez eux pour un match qui aurait certainement été déficitaire à la Pontaise, quoi qu’en disent les quelques supporters hippies.
Aujourd’hui, Lausanne est en play-off de l’Europa League, en tête du championnat de LNB, avec des jeunes du cru encadrés par des joueurs d’expérience, le club est financièrement sain et le public revient petit à petit. Malgré ça, d’aucuns arrivent encore à regretter que le LS ne se sacrifie pas pour répondre aux desideratas de «notre» télévision. Ce billet d’humeur est certainement aussi inutile que l’article du Matin. Reste que Jean-François Develey a perdu une bonne occasion de se taire. Une fois de plus.  
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Sébastien Junod