La rédemption miraculeuse de Genève-Servette

Depuis quelque temps, les Aigles avaient oublié la Sainte Parole du Seigneur McSorley-Chris(t) et se comportaient en pêcheurs. (C’est-à-dire qu’ils paumaient tous leurs matches de façon navrante et se rapprochaient dangereusement du fond du classement.) Mais ils furent toutefois ramenés de façon magistrale sur le droit chemin en ce dernier dimanche avant l’Escalade.

En début de semaine, McSorley-Chris(t) avait posé cette question à ses apôtres : «Quel est votre avis ? Si un homme possède vingt-deux joueurs et qu’un seul est particulièrement perdu depuis plusieurs années déjà, ne va-t-il pas laisser les vingt-et-un autres pour aller l’engueuler ?» Alors saint Hans suggéra que plutôt que de s’esquinter les nerfs et de donner du grain à moudre à la Tribune, il valait mieux laisser la biquette égarée à la maison en prétextant un accident de scooter. Le Seigneur jugea que cela était bon et agit ainsi. Et elle lui causa ainsi plus de joie que les vingt-et-un autres présents dans la patinoire bleu ciel au-delà de la barrière de rösti.Alors McSorley-Chris(t) jugea dans sa grande sagesse qu’il était grand temps d’exécuter un miracle, histoire de voir s’il n’avait pas perdu la main. Alors que Genève-Servette se trouvait dans une situation désespérée, il réunit ses disciples et leur déclara : «Mes bien chers frères, en vérité, je vous le dis, cette crosse n’est pas conforme. Alors croissez et multipliez les buts, ou il va y avoir des pleurs et des grincements de dents, c’est moi qui vous le dis.» L’apôtre Jan, l’Aigle de Davos, s’en alla donc rapporter les paroles de son maître au directeur de jeu. «Notre Seigneur nous l’a révélé : un tricératops obèse a plus de chance de passer par une des lézardes de la tribune supporters des Vernets que la crosse de l’idolâtre Oliver d’entrer dans le royaume du matériel réglementaire.» L’arbitre constata qu’il en était ainsi. Mais la chair est faible, et les saints grenat ne purent profiter de cette intervention divine pour retourner la situation.


Photo © Pascal Muller

Cependant, McSorley étant infiniment magnanime, il leur pardonna pour cette fois et fit œuvre de pédagogue, arrêtant le car en de nombreuses stations pour leur répéter la Bonne Parole, et ce en des termes choisis afin qu’ils la comprissent parfaitement.
Le lendemain marquait la première fois de la saison que les Genevois jouaient le jour du Seigneur. C’était un signe. Et instantanément, ils retrouvèrent leur foi en le Système. En cinq minutes, ils en étaient récompensés. Alors que saint Kirby vérifiait soigneusement si chaque recoin de la surface de glace offrait une conduite de puck idéale, l’idolâtre Marcel frappa, et on lui ouvrit la porte du banc des pénalités.
Alors McSorley-Chris(t) dit : «Que la lumière rouge soit.» Et la lumière rouge fut. Et sur un tir de saint Jonathan, en plus, c’est dire s’il est balèze.
Ensuite, alors que saint Thomas croyait en l’existence du banc d’infamie, puisqu’il le voyait de près, saint Jonathan profita de ce que le païen Ronnie la Malice fut momentanément changé en statue de sel pour glisser le palet entre ses jambières. Ronnie décida par la suite que la plaisanterie avait assez duré et empêcha que saint Jonathan ne trompe sa vigilance une troisième fois avant que la sirène ne chante trois fois.


Photo © Pascal Muller

Toutefois, les idolâtres convinrent qu’il eût été blasphématoire de gâcher un tel jour de miracles et refusèrent courageusement de tenter de prendre en défaut l’apôtre Gianluca, dont la cage conserva ainsi sa virginité.
McSorley conclut par ces mots à ses fidèles : «Je vous le dis encore, si vous abandonnez toute velléité de beau jeu et que vous me suivez, nous allons remonter au classement. Car à l’heure du jugement des playoffs, beaucoup de premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers. Sauf Fribourg, faut pas déconner, non plus.»
Des journalistes s’avancèrent alors vers lui pour le mettre au défi : «Est-il permis d’engueuler ses apôtres à la moindre occasion ?» McSorley-Chris(t) répondit ainsi : «Il y a des fonctionnaires de la Ligue qui font rien qu’à organiser des tournois de la Nati juste quand on gagne, il y a aussi des arbitres qui ne sifflent pas comme il faut, il y a également des joueurs qui n’appliquent pas le Système, et il y a encore la faute à pas de chance, accessoirement. Que celui qui peut comprendre comprenne.»
Perso, j’ai rien capté.

Genève-Servette–Kloten 2-0 (1-0 1-0 0-0)

Patinoire des Vernets : 4’952 spectateurs.
Arbitres : Alexeï Ravodine ; Gilles Mauron, Paul Rebillard.
Buts : 5’16 Mercier (Law / 5 c. 4 / Jenni) 1-0, 36’16 Mercier.(Keller / 4 c. 5 / Deruns) 2-0, et ce sera tout pour aujourd’hui.
Pénalités : 7 x 2’ contre Genève-Servette, 5 x 2’ contre Kloten.
Genève-Servette : G. Mona ; G. Bezina, P. Rytz ; O. Keller, J. Mercier ; S. Schilt, J. Gobbi ; J. Horak ; J. Wright, S. Aubin, K. Law ; M. Knoepfli, L. Meunier, Y. Treille ; T. Deruns, M. Trachsler, J. Cadieux ; Jér. Bonnet, G. Augsburger, C. Rivera. Absents : I. Fedulov, P. Savary, R. Breitbach (blessés).
Kloten : R. Rüeger ; R. Hamr, P. von Gunten ; M. Klöti, A. Brimanis ; M. Hofer, M. Schultess ; F. Stephan, R. Grossmann ; K. Rintanen, R. Lemm, S. Lindemann ; D. Brunner, C. Herperger, F. Rothen ; R. Wick, M. Jenni, C. Bühler ;S. Kellenberger, G. Ehrensperger. Absents : F. Guignard (blessés) et D. Pittis (suspendu).
Notes : 59’15 Ronnie la Malice quitte sa cage. 59’26 Kloten demande un temps mort (et l’obtient).

Écrit par Yves Grasset

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